Trois articles pour cerner la marche du monde

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Les Lumières dans l'histoire de Jean Bricmont
tags: histoire article publié dans Espaces de liberté, février 2010 (Belgique)
extraits:
Les penseurs des Lumières avaient l'espoir que le  remplacement d'une vision religieuse du monde par une vision scientifique mènerait à une amélioration des conditions de vie de l'humanité et, grâce à un dépassement des préjugés et une démocratisation des institutions sociales, à une amélioration morale du genre humain. Mais l'exploitation forcenée des travailleurs dans le capitalisme du 19ème siècle, l'impérialisme et les expéditions coloniales, les guerres et massacres au 20ème siècle, l'histoire des fascismes, les heurts et malheurs du communisme, et aujourd'hui, le catastrophisme écologique (1) , ont peu à peu tempéré la vision optimiste du 18ème siècle et, finalement, encouragé un sentiment généralisé de déception face à la modernité.
Le problème principal auquel nous devons faire face est celui de l'adaptation à notre déclin, c'est-à-dire d'une transition pacifique à un monde post-colonial, ce qui suppose à la fois de renoncer aux aventures militaires et aux confrontations et de développer une forme d'économie qui cesse de dépendre d'une exploitation des ressources d'un monde que nous ne contrôlons plus.

tags: économie, déflation, inflation, crise  Posté le : 2 avril 2010
extraits:
Il est tout de même troublant de voir revenir la déflation comme moyen de gestion normale des récessions.

Dans des économies principalement agricoles, on parlait de crise de surproduction dont la résorption passait par des baisses de prix, de salaires et des restrictions malthusiennes. Jusqu'à ce que les prix remontent et entraînent à nouveau une phase d'expansion et d'investissements.
Ce système a volé en éclat en 1929
La gestion de la crise par la déflation fut partout un terrible échec entraînant des conséquences sociales et politiques qui à leur tour eurent leurs effets délétères.
Influencée par Keynes une nouvelle orthodoxie se mit en place qui renonçait aux déflations et tentait de mettre en place une organisation internationale ordonnée avec des changes fixes mais ajustables et une institution, le FMI, qui avait pour but d'éviter que des guerres de changes se mettent en place au détriment de la communauté.
Ce système a explosé en 1971 avec la promotion des changes variables et la création de monnaies purement administratives dont la responsabilité était confiée à des banques centrales « indépendantes ».
Premier résultat : les monnaies ont perdu en moyenne 98% de leur valeur en or bien que l'or fut démonétisé.
Second résultat : les déséquilibres sont devenus gigantesques (voir les déficits cumulés des Etats unis et les excédents cumulés de la Chine et du japon).
Troisième résultat : les crises décennales sont devenues de plus en plus dures en même temps que le taux de croissance de longue période était ralenti : adieu les trente glorieuses !
Quatrième résultat : la variabilité généralisée a entraîné le développement d'une économie casino et l'apparition de produits complexes de moins en moins maîtrisés.
Cinquième résultat : le mécanisme de la double pyramide de crédits s'est amplifié entraînant la hausse de la dette partout jusqu'à un niveau intolérable qui ne pouvait se régler que par une crise d'envergure, comme en 1929. Et qui a éclaté en 2008.
En dehors des Etats unis et de la Chine le système monétaire international ne laisse plus aux autres comme alternative soit une politique de déflation lente de compétitivité par les salaires et la technologie soit une politique de déflation violente lorsqu'on s'est laissé glisser trop longtemps.
La déflation
est redevenue le mode de gestion de crise. Ce qu'avaient montré la crise de 29, c'est qu'elle était socialement inacceptable et finissait dans des extrémités encore pires que le mal. L'affaire Argentine a confirmé le fait. On peut craindre que cette impatience sociale se manifeste à nouveau avec des conséquences destructrices.
tags: économie  Asia Times, 25 juillet 2005
extraits:
Les capacités de production représentent des investissements immobilisés qui exigent en permanence des rendements positifs. La sous-utilisation de ces capacités se traduit directement par une inefficacité - péché mortel en économie - parce que les usines tournant au ralenti sont des actifs non performants qui induisent des pertes financières. La surcapacité, ce n’est pas seulement une sous-utilisation temporaire des capacités, c’est l’incapacité systémique de les utiliser pleinement ou tout au moins de façon optimale.

Cependant, l’existence de surcapacités est une condition structurelle dans un monde gouverné par une économie de la rareté, car les capacités excédentaires sont la condition nécessaire pour prévenir l’apparition de la pénurie, autre nom de la rareté.
Dans le même temps, cette rareté est cependant nécessaire pour maintenir la valeur en terme de prix de marché. Ainsi, le modèle économique du marché des néo-classiques est constamment en proie à la malédiction de la rareté, tout en tentant de prévenir la rareté par la surcapacité qui est une maladie encore plus mortelle. Cette contradiction est le paradoxe interne de l’économie néo-classique, qui piège l’économie de marché dans une situation où elle n’est jamais en mesure de profiter de la pleine capacité de sa productivité.

L’insécurité générée par la menace de rareté conduit à accumuler une épargne, qui transformée en investissement ajoute à la surcapacité. Et cette épargne réduit la consommation actuelle, ce qui se traduit par une baisse de la demande, ajoutant encore à la surcapacité.

De temps à autre, la demande globale requise est recréée en ayant recours à des politiques monétaires irresponsables, que ce soit par la dépréciation de la monnaie, résultant de l’inflation, ou par le crédit facile, en provoquant des bulles de dettes qui peuvent causer de graves crises économiques le jour où il faut solder les comptes.

Pour que l’économie mondiale se développe à son plein potentiel, toute la population du monde doit être autorisée à participer à sa juste part de la consommation.

Pourtant, les décideurs économiques et monétaires continuent partout à considérer le plein emploi et la juste hausse des salaires comme étant la cause directe d’une inflation jugée indésirable, car représentant une menace pour la valeur de la monnaie.

Pour conserver sa valeur, l’argent est rendu rare, ce qui signifie que certains ne doivent pas en recevoir suffisamment, ce qui le rend désirable. Ainsi, la pauvreté relative est au cœur de l’économie monétaire néo-classique. Être riche exige que d’autres soient maintenus dans une pauvreté relative, ce qui signifie que certains doivent avoir moins d’argent. Si on célèbre la richesse comme un luxe prisé, alors la majorité doit être maintenue dans une pauvreté relative.

La compétition pour la richesse est la force motrice de l’économie de marché, et à son tour de la civilisation humaine dans le système capitaliste. La crainte de la pauvreté maintient la population au travail et l’existence d’une pauvreté généralisée entretient les privilèges des riches.
Pourtant, l’éthique du travail a été dissociée de la richesse depuis l’avènement du capitalisme financier. Le jeu consiste aujourd’hui à travailler le moins possible et à obtenir la plus forte rémunération

L’économie néo-classique telle que pratiquée dans une économie de marché est un système intrinsèquement antidémocratique qui rejette l’égalité économique et la liberté face à la rareté.
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