Un choc libéral tardif et sans doute anachronique [vidéo]

La politique économique proposée par notre futur président (spéculation) est une poursuite plus marquée de celle de François Hollande.
Où l'on voit les retards à l'allumage du moteur, puis la voiture qui prend l'autoroute à contre-sens et surtout l'interdépendance contraignante des pays et zones économiques.


L'équilibre commercial ou l'euro : il va bien falloir choisir [vidéo]





Balance des paiements, un mini guide

Evaluation des risques : nous sommes guidés par l'émotion

 " la plupart des gens ont tendance à évaluer les risques de manière émotionnelle plutôt que de manière rationnelle. Plutôt que de calculer mathématiquement la probabilité qu’un événement se produise, ils vont donner plus d’importance à un risque dont les effets sont particulièrement choquants, facilement accessibles à la mémoire, et donc associés à une réaction émotionnelle forte. Par conséquent, ils auront aussi tendance à négliger les risques plus insidieux ou plus routiniers. Cela explique pourquoi les gens ont davantage peur d’une attaque terroriste que d’un accident de voiture, alors que les statistiques indiquent clairement que la probabilité de mourir d’un attentat terroriste est d’environ 1 sur 20 million, alors que la probabilité de mourir dans un accident de voiture est de 1 sur 19 000. Cela veut dire qu’un individu a 1052 fois plus de chances de mourir d’un accident de voiture que d’un attentat terroriste. Pour autant, on n’observe aucune baisse dans l’utilisation de la voiture alors que l’on observe une baisse significative dans la fréquentation des lieux susceptibles d’être des cibles d’attentats."   Qu’est-ce que le courant « evidence-based » dans les politiques publiques ? (1/2) par Cécilia Barbry

Les défis des sociétés arabes : démographie, emploi et alimentation [audio 10']

Le monde arabe dans sa diversité devra affronter bien des défis dans les futures décennies, par-delà les processus actuels de fragmentation et de décomposition. Ces défis sont d’ailleurs souvent de même nature que ceux des pays subsahariens.
La page de l'émission

[Revue de Web 46/47] Contrôle social, surveillance/ Mensonges et post-vérité/ Démocratie/ Terrorisme

Contrôle social, surveillance, libertés civiles et vie privée


  • « Comment un État va pouvoir noter l’ensemble des citoyens et évaluer chaque individu » Charles SANNAT
    "ce qu’aucune dictature n’a jamais réussi à faire, à savoir contrôler parfaitement les masses sans avoir à recourir à une violence rendant cette dictature tôt ou tard insupportable et donc entraînant sa chute, les « démocraties » occidentales, avec l’appui des nouvelles technologies et les connaissances accumulées dans la fabrication du consentement, sont en passe de le réussir à très court terme."
  • Quand les clients notent les salariés - Arrêt sur images [abonnés]
    "Saviez-vous que si vous notez 4 sur 5 votre chauffeur Uber, vous lui mettez une (très) mauvaise note ? Que votre livreur Darty ou votre conseiller Bouygues Télécom ne touchera peut-être pas sa prime parce que vous lui avez mis 8 sur 10 dans un questionnaire ? Ou que lorsque vous rentrez et sortez d'un magasin sans rien y acheter, vous avez peut-être sans le savoir affecté négativement la note d'un vendeur ou d'une gérante ? Salariés, souriez : vous êtes notés (par les clients)."
  • Big Data, algorithmes... "L'esprit porté par la Silicon Valley est totalitaire" - Par Raphaële Karayan
    "Dans son livre La nouvelle servitude volontaire, Philippe Vion-Dury démontre comment, progressivement, chacun délègue son libre-arbitre aux algorithmes. Pour l'auteur, il est temps d'acquérir un réflexe critique. "
  • Etats-Unis : la police exploite les données Facebook et Twitter pour pister des manifestants Par Morgane Tual
    "La puissante American Civil Liberties Union (ACLU), une association de défense des libertés civiques aux Etats-Unis, a publié mardi 11 octobre une série de documents prouvant que la police américaine a exploité les données de Facebook, de Twitter et d’Instagram pour surveiller des manifestations et pister leurs participants. Elle a utilisé pour cela les services de Geofeedia, une entreprise « qui permet à des centaines d’organisations partout dans le monde de prévoir, analyser et agir en s’appuyant sur les signaux des réseaux sociaux en temps réel », peut-on lire sur son site."
  • Three New Scandals Show How Pervasive and Dangerous Mass Surveillance Is in the West, Vindicating Snowden - Glenn Greenwald
    " three major events prove how widespread, and dangerous, mass surveillance has become in the West. Standing alone, each event highlights exactly the severe threats that motivated Edward Snowden to blow his whistle; taken together, they constitute full-scale vindication of everything he’s done."
  • Fichier TES, danger pour les libertés ! | La Quadrature du Net
    "Le décret TES publié par le gouvernement, comme par effraction, le 28 octobre dernier trahit les principes démocratiques tant sur la forme (la manière dont il a été élaboré et publié) que sur le fond (la création d'un fichier centralisant les données d'identité, de filiation et de biométrie de l'ensemble des Français)."
    • "L'article 27 de la loi dite « informatique et libertés » de 1978 laisse au gouvernement la faculté d'instituer, par un simple décret, tous traitements de données à caractère personnel pour le compte de l'État, ou touchant à la sécurité nationale."
    • "l'absence de contrôle parlementaire sur la création de fichiers concernant les individus par l'exécutif doit être combattue."
    • "le fichier TES, qui rassemble l'ensemble des informations d'état civil, de filiation, la photo d'identité, le domicile, éventuellement le courriel, mais également la couleur des yeux ou les empreintes digitales,"
    • "la prévision d'une dérive de ce nouveau fichier gigantesque ne relève pas du pur fantasme. Elle découle de l'observation méthodique des mutations connues des fichiers précédemment constitués, notamment à des fins policières. Entre l'origine d'un fichier et son utilisation ultérieure, il y a systématiquement des dérives : changement de finalité, érosion progressive du contrôle, modification du champ d'application ou de l'étendue des accès à ce fichier..."
    • "La France a été condamnée en 2013 par la CEDH pour le FAED (Fichier Automatisé des Empreintes Digitales) au motif que « La conservation des empreintes digitales par ce fichier s’analyse en une atteinte disproportionnée, ne peut passer pour nécessaire dans une société démocratique, et ne traduit pas un juste équilibre entre les intérêts publics et privés concurrents en jeu ». Pourtant ce fichier n’a été corrigé à la marge que deux ans après l'arrêt de la CEDH"
    • "Quant au FNAEG (Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques) créé pour ficher les auteurs d'infractions sexuelles condamnés par la justice, il est passé en 15 ans d'un fichier sous contrôle judiciaire et limité à un fichier policier recueillant l'ADN de toutes les personnes simplement suspectes dans les enquêtes pour les délits les moins graves, même sans condamnation et dont le refus de prélèvement est susceptible de constituer un délit."
    • "Le choix de la centralisation du fichier est un choix dangereux : il expose un ensemble massif et précieux de données personnelles à la portée de puissances hostiles ou de criminels expérimentés."
    • "Choisir la centralisation des données d'identification de l'ensemble des Français c'est choisir d'être une cible très alléchante, comme l'ont montré les attaques subies par des bases de données israéliennes, turques ou philippines."
    • "Le choix de conserver les données biométriques sous forme brute dans le fichier plutôt que de stocker uniquement des gabarits permettant l'identification voulue, sans exposer davantage l'intimité des millions de personnes concernées, est à nouveau un choix surprenant et inquiétant. Il laisse la porte ouverte à des falsifications en cas de vol de données, et à des évolutions futures sur les identifications biométriques possibles."
    • "Si la volonté d'empêcher techniquement toute falsification peut sembler légitime, l'histoire nous rappelle combien la capacité à résister à des dérives autoritaires passe par la faculté d'échapper au contrôle étatique, notamment sur son identité. Les fichiers centralisés ne font pas les régimes autoritaires, mais tout régime autoritaire s'appuie sur un fichage de sa population."
  • Agir

Pouvoirs, médias, réseaux sociaux - Les mensonges et la post-vérité

    • Brice Couturier : le Parti des médias et l'intelligentsia méprisent la réalité
      "Dans un entretien fleuve, Brice Couturier, qui a été le chroniqueur matinal de France Culture pendant cinq ans, décrypte les contours d'une vie médiatico-intellectuelle où le pluralisme et le vrai débat sont en voie de disparition."
    • Trump: the Defeat of the Empire of Lies - Ugo Bardi
      Unfortunately, the fact that Donald Trump was elected largely as a reaction against previous lies doesn't make him a good president and not even someone whom we can trust. We may have learned to recognize lies, but it seems that we haven't yet learned to recognize the truth. The pendulum may be swinging too far and we are now branding perfectly correct theories as hoaxes and conspiracies. This is the case of climate change, that Donald Trump has defined as a hoax. The extent of the damage that the Trump presidency could do to humankind by policies that ignore the climate threat is staggering, too. So, will we ever learn to find our way in the universe of lies in which we live? Difficult to say, but we live in a condition in which the ancient Romans already found themselves long ago. The post below, published early this year, may help us to understand the problem.
      • "By the time of Augustine, the Roman Empire had become an Empire of lies. It still pretended to uphold the rule of law, to protect the people from the Barbarian invaders, to maintain the social order. But all that had become a bad joke for the citizens of an empire by then reduced to nothing more than a giant military machine dedicated to oppressing the poor in order to maintain the privileges of the rich. The Empire itself had become a lie: that it existed because of the favor of the Gods who rewarded the Romans because of their moral virtues. Nobody could believe in that anymore: it was the breakdown of the very fabric of society; the loss of what the ancient called the auctoritas, the trust that citizens had toward their leaders and the institutions of their state. Augustine was reacting to all this. He was trying to rebuild the "auctoritas", not in the form of mere authoritarianism of an oppressive government, but in the form of trust. So, he was appealing to the highest authority of all, God himself. He was also building his argument on the prestige that the Christians had gained at a very high"
      • "uring the past few decades, the mountain of lies tossed at us by governments has been perfectly matched by the disastrous loss of trust in our leaders on the part of the citizens."
      • "Today, every statement from a government, or from an even remotely "official" source, seems to generate a parallel and opposite statement of denial. Unfortunately, the opposite of a lie is not necessarily the truth, and that has originated baroque castles of lies, counter-lies, and counter-counter lies."
      • "Somewhere, hidden below the mass of legends and myths that have piled up on this story, there has to be the truth; some kind of truth. But how to find it when you can't trust anything you read on the Web?"
      • "It is a fractal universe of lies, where you have no reference point to tell you where you are. "
      • "science is rapidly becoming a marginal sect of people who mumble of catastrophes to come. People whom nobody believes any longer after they failed to deliver their promises of energy too cheap to meter, space travel, and flying cars. Then, we tend to seek it in such things as "democracy" and to believe that a voting majority somehow defines "truth". But democracy has become a ghost of itself: how can citizens make an informed choice after that we discovered the concept that we call "perception management" (earlier on called "propaganda")? "
      • "The problem is that conspirationism is not a form of epistemology. Once you have decided that everything you read is part of the great conspiracy, then you have locked yourself in an epistemological box and thrown away the key. And, like Pilate, you can only ask "what is truth?", but you will never find it."
      • " Is it possible to think of an "epistemology 2.0" that would allow us to regain trust on the institutions and on our fellow human beings? Possibly, yes but, right now, we are seeing as in a mirror, darkly. Something is surely stirring, out there; but it has not yet taken a recognizable shape. Maybe it will be a new ideal, maybe a revisitation of an old religion, maybe a new religion, maybe a new way of seeing the world. We cannot say which form the new truth will take, but we can say that nothing new can be born without the death of something. And that all births are painful but necessary."
      • "Science is an epistemological system and all epistemological systems are based on axioms that can't be proven. So, science is a good epistemological system as long as people believe in it. Most people are stopping believing in science because of its broken promises. And as long as scientists will keep making promises that they know they can't maintain, trust in science will keep going down the drain"
      • "Consider the fallacy of the Elephant, the error of taking a part and generalizing to the entire system. Much of science today is hyperspecialized and extremely bureaucratic and this has caused Elephant thinking to become pandemic. This is far from being the only disease. All of this results in a system that even if it has access to the required information is incapable of theorizing and evaluating properly and cause a continuous output of mistakes and ungrounded speculations that fail in contact with reality and results in a decline of scientific auctoritas."
    • Post-Truth by Steven Novella
      "an adjective defined as ‘relating to or denoting circumstances in which objective facts are less influential in shaping public opinion than appeals to emotion and personal belief’."
      • "I have friends who span the political spectrum, and it did strike me this election how cocooned they were in the narrative of their candidate. It was not just a matter of perspective, they would cite as facts blatant lies and myths. Some were complex, but many were a 1 minute Google search away from being debunked. It just didn’t seem to matter."
      • "Even more amazing were those, when challenged, who expressed some version of the defense that the actual facts did not matter. They continued to support the underlying “truth” even when the facts they put forward to support it were demolished."

Démocratie

Terrorisme, Islam et violence

    • François Burgat: «La violence dite islamique ne vient pas de l'islam» [vidéo]
      "Le deuxième entretien de notre série sur l'islam se focalise sur les politiques, démocratiques ou djihadistes, pratiquées au nom de l'islam. François Burgat y voit une dimension moins « sacrée » qu'endogène et culturelle, au sens où elle est, avant tout, le fruit d'une histoire coloniale qui fait aujourd'hui retour." pour F. Burgat la violence islamique est une contre-violence.

[Revue de Web 46/47] CETA, euro, investissements et politique économique fr

CETA

  • Est-ce un nouveau CETA qui a été signé le 30 octobre dernier ? - Veblen Institute
    • "Les discussions ont porté essentiellement sur un texte qui accompagne le traité, appelé instrument interprétatif commun."
    • "sa portée est extrêmement limitée du fait de la faiblesse de son contenu. Le texte vise en effet à clarifier les intentions des États parties dans un langage plus politique que juridique et n’apporte aucune modification aux clauses négociées dans le traité."
    • "sans que cela ne se traduise par aucune disposition concrète pour empêcher que la mise en œuvre du CETA n’engendre la hausse des émissions de gaz à effet de serre"
    • "seuls les investisseurs internationaux basés au Canada ou dans l’UE auront accès à des juridictions d’exception pour leur différends avec les États, au détriment des investisseurs nationaux dont les investissements ne dépassent pas les frontières de leur État et qui conserveront uniquement un accès aux tribunaux nationaux. Cette rupture d’égalité des entreprises et des citoyens devant la loi est ainsi bien réelle et fait d’ailleurs partie des griefs des juristes qui pointent un fort risque d’inconstitutionnalité du CETA."
    • "Viennent ensuite toute une série de déclarations annexes"
    • "Ce n’est donc pas un hasard si on trouve mention du respect du principe de précaution seulement à cet endroit (et pas dans le CETA, ni dans l’instrument commun). Cela signifie que l’Europe n’est pas parvenue ou n’a pas essayé de faire admettre au Canada qu’il accepterait les réglementations basées sur ce principe et ne tenterait pas de les remettre en cause."
    • "Les discussions au Conseil et le veto wallon ont eu le mérite de provoquer deux ruptures."
    • "La première est à mettre au crédit de l’Allemagne et de ses juges constitutionnels. Berlin, à la demande de la Cour Constitutionnelle, a en effet fait préciser qu’un État membre de l’UE pourra mettre fin unilatéralement à l’application provisoire du traité. L’Allemagne, l’Autriche et la Pologne se sont empressées de faire inscrire qu’elles se réservent le droit d’exercer cette prérogative. Avec la réversibilité de l’application provisoire, la Cour Constitutionnelle allemande qui doit encore examiner la compatibilité du traité avec la Constitution ménage ainsi une porte de sortie en cas d’inconstitutionnalité du CETA."
    • "Quant à l’accord belge"
    • "il annonce que plusieurs régions ne ratifieront pas le mécanisme d’arbitrage d’investissement en l’état, même dans sa version réformée. Ces dernières continuent de demander la création d’une véritable cour publique avec des juges issus d’une magistrature et soumis à un code de conduite strict."
    • "Par ailleurs, l’accord prévoit que la Belgique saisira la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour contrôler la compatibilité du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États avec les traités européens. Si ce mécanisme a été intégré dans des centaines d’accords bilatéraux d’investissements, le juge européen ne s’est pour autant jamais prononcé sur sa légalité."

Zone Euro


Investissements

  • Bilan d'étape du Plan Juncker : la longue route vers le triple A - Mireille Martini
    "Le rapport rappelle que « l’investissement est un sujet majeur en Europe. Durablement affecté par la crise économique et financière de la fin de la décennie 2000, cette composante essentielle à la croissance constitue l’une des principales priorités de la Commission européenne depuis le début de son mandat. Son Président, a annoncé, en novembre 2014, un vaste plan pour relancer l’investissement et améliorer le climat d’affaires en Europe »."
    • "Pour nous ce bilan confirme que le Plan Juncker n’est pas une réponse adaptée à la nécessaire et urgente relance de l’investissement public en Europe. D’abord, qu’on nous pardonne cette évidence, le plan Juncker n’est pas de l’investissement public. 74% des fonds actuellement potentiellement engagés le sont par des investisseurs privés. Le solde, le financement en provenance de la BEI, n’est lui-même pas à proprement parler du financement public. "
    • "La BEI, comme nous l’avons rappelé dans le rapport Canfin-Grandjean, est en effet financée par une petite minorité de capital public et une grosse majorité de capitaux privés empruntés sur les marchés financiers et qui doivent pouvoir l’être en sortant à l’émission avec une notation triple A. Dans ces conditions, toute prise de risque significative qui n’est pas garantie par un Etat souverain considéré comme acceptable par les marchés financiers est impossible. C’est pourquoi la BEI elle-même ne peut s’engager massivement dans des projets comme l’efficience énergétique à une échelle massive, qui ne serait pas acceptée aujourd’hui par les marchés financiers car en dehors des clous de la prévisibilité cadrée par les historiques de défaut."
    • "Nous estimons que depuis sa mise en place en Juillet 2015 le FEIS a décaissé moins d’un milliard d’euros sur la partie infrastructures de son programme. A ce rythme, aucun impact sur la nécessaire reconstruction d’une Europe décarbonée ne peut être revendiqué."
    • "Avec 1,8 milliards d’euros décaissés, nous ne voyons pas en quoi la rapidité du dispositif peut être louée. Si comme nous le pensons les 1,8 milliards incluent les décaissements sur la partie crédit aux PME, alors les décaissements sur la partie infrastructure sont probablement de l’ordre de quelques centaines de millions d’euros, une goutte d’eau à l’échelle de ces marchés. Quant au succès, il faudrait parler du succès des investissements, ce sur quoi aucune information ne figure dans le rapport."
    • "Nous y apprenons qu’en matière d’infrastructures, le FEIS ne souhaiterait examiner que des projets bancables. La bancabilité d’un projet consiste pour celui-ci à pouvoir fournir aux investisseurs le couple rendement/risque qu’ils souhaitent (ces investisseurs étant soit des banques, soit, comme le terme ne l’indique pas, des investisseurs institutionnels). La bancabilité d’un projet d’infrastructures est assurée par un ensemble de garanties fournies aux financeurs par les constructeurs, les exploitants, et l’Etat, qui est souvent le concédant et garantit à des degrés divers les revenus (évolution des tarifs, subventions, loyers dans le cas des PPP, etc…). Notre compréhension est donc que la garantie publique fournie par le FEIS permet à des investisseurs institutionnels privés de financer des projets d’infrastructures déjà largement « dérisqués » (puisqu’ils sont bancables) mais pour lesquels les investisseurs souhaitent bénéficier d’une garantie supplémentaire de la BEI plutôt que de les financer directement. La BEI possède en effet une notation AAA qui est supérieure aujourd’hui à celle d’un certain nombre d’Etats européens. "
    • "Tout ceci permettant in fine de financer des infrastructures que les Etats n’ont pas la capacité de financer eux-mêmes faute de marge de manœuvre budgétaire (et encore, seulement la partie de celles-ci qu’il est possible de rendre « bancables » ; pour les autres, le FEIS n’est pas une solution). Les Etats restent porteurs dans ce schéma d’une partie non négligeable des risques. Les projets financés doivent supporter les coûts des multiples couches d’intermédiation financière impliquées dans ces structures complexes : audits techniques, comptables et juridiques, coût des conseils financiers et des agences de notations lorsque les projets sont financés par des émissions obligataires. Ces coûts seront reflétés dans les tarifs et sont in fine des charges pour la collectivité utilisatrice des projets, auxquelles correspondent des recettes pour le secteur de l’intermédiation financière."
    • "Et le FEIS n’est pas un fonds d’investissement investissant les capitaux de l’Union dans le cadre d’une stratégie de développement économique de l’Union. C’est un mécanisme au service des exigences du secteur privé, qui en finance les trois quarts, pour lui fournir le réhaussement de garanties étatiques sur des projets dont ce même secteur privé a fixé ex ante les conditions de bancabilité. L’Union européenne dans cette affaire n’agit pas comme une fédération d’Etats membres, mais comme le lieu du pouvoir des marchés financiers privés, tant au niveau de la contrainte Maastrichtienne qu’à celui de la « disponibilité » du FEIS. Ce faisant, elle affaiblit les Etats et les prive de la capacité d’utiliser le seul outil qui leur permettrait de faire face à la crise économique et climatique, la relance budgétaire. L’Union pourrait bien ne pas survivre à la gravité de ces crises. Nous avons déjà évoqué sur ce blog (et plus récemment dans notre ouvrage « Financer la Transition Energétique ») l’alternative simple qui existe : réorienter une partie des épargnes domestiques, actuellement captées par les marchés financiers, vers l’investissement public d’intérêt général. L’excès d’intermédiation financière dont le FEIS est un bon exemple a des coûts insupportables pour l’économie en période de croissance ralentie."
    • "Combien de nos députés, de nos concitoyens, sont persuadés que le plan Juncker est un outil d’investissement public en charge de la relance rapide de l’économie européenne par les infrastructures, y compris vertes ? Il n’en est rien. Le plan Juncker n’est pas piloté par l’Union Européenne mais par les investisseurs privés. Il est la meilleure réponse que ceux ci ont pu faire à la demande d’investissement qui leur était faite. Et ce n’est pas celle dont nous avons besoin pour relancer et décarboner l’économie européenne."



France: politique économique

  • Programmes des candidats à la primaire: qui va gagner la course à la baisse du PIB ? - J-C. Werrebrouck
    • "On comprend ainsi mieux le poids de ces multiplicateurs annoncés plus haut avec globalement un effet dépressif très lourd et aussi des effets très mal répartis entre les différentes couches de la société et les espaces de vies correspondants : la fracture sociale ne peut que s’aggraver. Avec un mouvement auto-entretenu : Parce que l’effet dépressif est puissant, on ne peut qu’accélérer le processus enclenché si l’on veut maintenir les objectifs, de quoi entrainer la ruine économique et sociale du pays avec ses conséquences politiques."
    • "On comprend ainsi que le respect d’un tel programme de diminution des dépenses éclipsera largement le souci de l’avenir et frappera lourdement les services et transferts directs : soins, revenus de substitution. On comprend aussi que face à cette difficulté, des poches de dépenses publiques seront sanctuarisées (ensemble du secteur médico-social par exemple) au détriment de l’investissement public et donc de la construction de l’avenir. Qu’en sera-t-il de la branche énergie, des industries de la Défense, etc… ?"
    • "Un véritable programme de reconstruction passe par de tous autres moyens. Parce qu’il est très difficile de libérer l’offre globale en déprimant la demande globale, il faut changer de paradigme et libérer massivement l’offre dans un contexte de demande garantie."
    • "Maintenant parce qu’il faut que les investissements gigantesques capables de redresser le pays ne débouchent pas sur un non moins gigantesque accroissement des importations….assurant la relance à l’étranger….il faudra profiter de la probable disparition de l’euro, (dont le fonctionnement était lié à l’indépendance de la banque centrale….devenue organe financier dirigé par un gouverneur réquisitionné), pour procéder à une dévaluation massive. Bien évidemment, tout cela ne pourra se déployer sans effets pervers qu’il faudra savoir maitriser : élasticités/prix à l’importation et à l’exportation beaucoup trop faibles, contrôle des mouvements de capitaux, risques d’inflation, pénurie de devises, etc. Et bien au-delà l’exigence d’une certaine patience, le rétablissement ne pouvant s’opérer que dans le cadre d’une dizaine d’années. "







[Revue de Web 46/47] USA, Donald Trump

Trump en tête: l'interview de Laure Mandeville qui annonçait l'ouragan

"Grand reporter au Figaro, Laure Mandeville est chef du bureau Amérique depuis 2009. Elle suit le candidat républicain depuis le début de la campagne et vient de publier Qui est vraiment Donald Trump? aux éditions des Équateurs. Cet entretien a été publié un mois avant l'élection américaine."

Le point de vue d'un démographe (E. Todd)

  • "Crise de la socitété américaine, crise de la globalisation ?" par Emmanuel Todd [vidéo]
    "Lors du débat du 26 septembre dernier, les deux candidats à la présidentielle américaine se sont accordés pour désigner un ennemi commun : la globalisation. Dernière forme prise par la mondialisation, elle est marquée par l’instantanéité des échanges et par le néolibéralisme. Or, si la société américaine a su jouir des avantages de ce système, elle a dû faire face à des revers aux conséquences dramatiques. Ce n’est donc pas un hasard si aujourd’hui la globalisation concentre les critiques de bon nombre de citoyens américains. Beaucoup d’entre eux ne font plus confiance au multiculturalisme et sont tentés par le populisme. Emmanuel Todd travaille actuellement sur les tensions de la société américaine, et leurs liens avec la globalisation."
  • Emmanuel Todd : "La question du racisme doit être posée sans illusion mais le discours qui vise à dire que le vote Trump est le vote des petits blancs racistes n'est pas seulement absurde, c'est juste le contraire" | Atlantico.fr

    "Nous en sommes au point où le groupe majoritaire, les Blancs, représentant 72% du corps électoral, est tellement en souffrance que sa mortalité augmente. Les causes de cette augmentation ne sont pas "naturelles" : il s'agit de suicides, d'alcool, de drogue, d’empoisonnements médicamenteux. A l’instinct je me suis dit : à ce stade, le système idéologique néo-libéral peut craquer. Cet indicateur est vraiment le signe que la globalisation économique a fini par conduire à une insécurité individuelle et sociale insupportable même en pays anglo-saxon. Les sondages "sortie des urnes" ont bien montré qu’au fond, la principale motivation du vote Trump était la volonté de changement. Tout sauf ce que représente Clinton."

Les 28 première mesures promises par Donald Trump

"Source : Breibart, 22/10/2016"

What Does President Trump Mean for the Economy & Market? | Cullen Roche

"What’s it all mean for the financial markets? Well, the fiscal stimulus is the key here and it likely means we see higher profits, higher interest rates, higher growth and higher inequality. It will be good for the overall economy, but it will be REALLY good for the wealthy. So, in a weird sort of way the Trump economy might not look that different from the Obama economy where profits and stock markets boomed and the wealth largely flowed to the rich."

The economic consequences of Mr Trump - Martin Wolf 


Donald Trump’s false promises to his supporters - Martin Wolf

"Some will benefit from his plans, but the white working class will not be among them"

La future équipe de Donald Trump

  • Dans la future administration Trump, un ancien de Goldman Sachs au Trésor, un pétrolier à l’Énergie et un lobbyiste climato-sceptique à l’Environnement ? - Observatoire des multinationales
    "Donald Trump a construit une grande partie de sa victoire surprise à l’élection présidentielle américaine sur un discours de rejet des élites de Washington et de Wall Street. Une stratégie gagnante qui lui a permis d’attirer une grande partie des classes populaires blanches, au détriment des Démocrates. Mais ceux qui ont pris au sérieux sa rhétorique anti-libérale, et sa dénonciation du libre-échange, des délocalisations et des excès de la finance, risquent fort de déchanter. Donald Trump se prépare en effet à nommer une équipe qui accordera une large place aux intérêts économiques. Avec notamment un ancien dirigeant de Goldman Sachs au Trésor et le patron d’une firme pétrolière au Secrétariat à l’Énergie."
  • Donald Trump n'est pas anti-guerre, il veut juste que l'armée américaine se concentre sur le vol du pétrole, par Robert Mackey
    • "En février, lorsque le président Obama envisageait l’intervention en Libye pour laquelle sa secrétaire d’État, Hillary Clinton, militait avec force, Trump demanda une action immédiate pour renverser le Colonel Khadafi, dans une déclaration postée sur sa chaîne YouTube."
  • Donald Trump, après avoir violemment critiqué la guerre en Irak, choisit le faucon en chef de l'Irak comme conseiller à la sécurité
    "Source : The Intercept, le 12/09/2016" Lundi, Donald Trump a retenu l'ancien directeur de la CIA et extrémiste néo-conservateur James Woolsey comme son conseiller principal sur les questions de sécurité nationale. Woolsey, qui a quitté la CIA en 1995, est devenu l'un des promoteurs les plus virulents à Washington de la guerre des États-Unis en Irak et au Moyen-Orient. À ce titre, le choix de Woolsey constitue soit un accroc à la rhétorique non interventionniste de Trump, soit une orientation vers une approche néoconservatrice plus musclée pour résoudre les conflits internationaux.
    • "Woolsey, en revanche, était un membre clé du Projet pour le Nouveau Siècle Américain, un think tank néoconservateur dont l’objectif était clairement de favoriser une seconde guerre en Irak. Woolsey a signé une lettre en 1998 appelant Clinton à renverser Saddam Hussein. Par ailleurs, il est apparu sur CNN quelques heures seulement après les attaques du 11/9, y rendant l’Irak responsable des attaques. Woolsey a continué de mettre en avant une telle relation, malgré l’absence totale de preuves à l’appui de son argument. Il accuse également l’Iran."
  • Donald Trump Recruits Corporate Lobbyists to Select His Future Administration - Lee Fang
    "As Donald Trump finishes his campaign with a promise to break the control of Washington by political insiders, his transition team is preparing to hand his administration over to a cozy clique of corporate lobbyists and Republican power brokers."
 

Les opinions de Bruno Bertez sur D. Trump et la macro

  • Voila, c'est fait Trump est le 45e président des Etats-Unis. Ne boudons pas notre plaisir . – bruno Bertez
    • "Pour analyser, pour commenter il semble préférable de laisser retomber un peu l’enthousiasme ou la crainte, les émotions ne favorisent guère la lucidité. Surtout dans les situations qui se présentent comme des ruptures, on ne prolonge pas, pas tout de suite les tendances existantes , on ne met pas en place les conditions des nouvelles. L’enseignement du Vote Brexit est présent à tous les esprits: surprise,  incrédulité, peur de l’inconnu, de l’aventure et puis en face on s’organise pour limiter l’impact, pour désamorcer, voire pour remettre en cause; dans toutes les ruptures, il y a des forces de rappel qui se mettent en branle et finalement il se produit une sorte d’amortissement des phénomènes. La tendance à ce que les choses rentrent dans l’ordre ancien est forte et elle joue pendant quelque temps. Il y a pour les uns une sorte de deuil à faire et pour les autres une sorte de travail de réconciliation des rêves et des espoirs avec la réalité."
    • "la fonction historique des populistes est de donner espoir, de re-présenter la colère du peuple. De lui redonner conscience de lui même et de ses interêts communs. Presque une conscience de classe."
    • "La ligne de partage populiste est dans le refus de la globalisation faite sous le signe de la finance, dans le refus de la perte d ‘identité, dans le refus de la relativisation de tout, dans le refus de la guerre, dans le refus de l’idéologie du pseudo modernisme. Le populisme remet en valeur le « hot » en regard du « cool », le réel en regard des signes et de l’imaginaire. Le vrai en regard de l’opinion et du consensus trafiqués."
  • Editorial, l'oeuvre de Trump et de Mère Theresa [May] – bruno Bertez
    • "Ce que nous avons retenu de Trump, c’est la déclaration faite le 21 Juillet, lors de son acceptation de la Nomination en tant que candidat républicain; notez la, elle est claire, sans ambiguité: « americanism, not globalism will be our credo ». Le Boston Globe a mis en haut de « une », jeudi dernier : « Trump won, globalisation lost. Now what ». Voila un bon journal ou du moins un bon patron de journal, il a tout compris: « Trump a gagné, la globalisation a perdu, et maintenant? Et le plus clairvoyant de tous les médias a été Counterpunch, vendredi : « The real meaning of this upset is that Wall Street’s globalization project has been rejected by the citizens of its homeland ». « Le vrai sens de ce bouleversement est que le projet de globalisation élaboré par Wall Street a été rejeté par les citoyens du pays même qui lui a donné naissance ». Voila du journalisme. CNN n’est pas aussi clairvoyant, mais il proclame dans la bouche de Jake Tapper: « les américains ont voté pour Trump, parce qu’ils en ont marre des inégalités, marre de la globalisation, et de la politique telle qu’on la pratique en vertu du status quo ». Tapper frôle l’essentiel, c’est à dire la clarification du sens du vote sous les apparences, sous les modes d’apparaître comme le refus des inégalités croissantes. "
    • "Peut on être plus perspicace : « Nous ne pouvons nier qu’il y a eu des côtés négatifs à la globalisation tout au long de ces dernières années; et dans notre zèle, dans notre enthousiasme à promouvoir l’agenda de la globalisation comme réponse à tous nos maux, nous avons négligé l’impact qu’elle avait sur tous ceux qui,  chez nous  voient ces forces selon un autre éclairage ». Peut-on être plus claire et en même temps plus mesurée!  Bravo mère  Theresa!  Et la suite, du propos de la sainte mère Theresa nous enchante, nous y souscrivons à 100%: « demander au business de travailler avec le gouvernement et de faire sa part est profondément pro-business, car il est fondamental de maintenir la confiance dans le capitalisme et les marchés libres ». Nous buvons du petit lait, car elle a raison: l’enjeu c’est de retrouver la légitimité de nos systèmes sociaux et économiques, l’enjeu c’est d’échapper au socialisme universel, globaliste  et de retrouver des marchés libres, lieux de confrontation des aspirations individuelles."
  • Trump: essai. Tentative de mise en ordre, les miracles existent-ils? – bruno Bertez
    L’insuffisance de l’investissement est un constat, c’est presque un problème de société, une question sociétale dans un monde qui aspire plus à la consommation qu’à l’effort. A la jouissance qu’à la frustration et au détour. C’est le problème, mais la solution ne se décrète pas. C’est la limite du dirigisme, du volontarisme, bref ce sur quoi bute l’illusion de la toute puissance des Politiciens.
  • Ne manquez pas, notre opinion de long terme. Scénario Trump, mission impossible – bruno Bertez

Revue de Web [46/47] Critique de la science économique et monnaie

Economics criticism

  • Why You Should Blame The Economics Discipline For Today's Problems By John T. Harvey

    "We are experiencing deep economic problems and it is the fault of the economics discipline. Their macro theories suck. But, there is no mechanism forcing it to alter its models when they don’t appear to work. This is so because economists basically write for each other in a language only they understand and their jobs depend on impressing a limited number of journal editors and referees, not correcting real-world problems. The academic inbreeding that has resulted has led to dysfunctional theories and, despite the fact that there were economists who accurately forecast the Financial Crisis, because their work is incompatible with what is published in “good” journals it has been all but ignored. Economics is broken and there is no internal incentive to fix it."
  • Rigged: How Mainstream Economics Failed Us All - The Minskys

    "Dean Baker’s latest book, “Rigged: How Globalization and the Rules of the Modern Economy Were Structured to Make the Rich Richer”"
  • Les économistes et la crise du néolibéralisme aux États-Unis – Grégory Salle

    "À propos de : Philip Mirowski, Never Let a Serious Crisis Go to Waste. How Neoliberalism Survived the Financial Meltdown, Londres/New York, Verso, 2013. Comment se fait-il que le néolibéralisme soit sorti indemne, et même renforcé, de la crise économico-financière ouverte en 2007-2008 ? Comment expliquer que la situation profite davantage aux discours et porte-parole de droite qu’à ceux de gauche ? Et secondairement, comment est-il possible que les économistes orthodoxes dominants n’aient pas été discrédités une bonne fois pour toutes, comme il aurait été raisonnable de s’y attendre, continuant même à faire autorité avec un aplomb insensé ? Telle est l’énigme qui motive ce livre dédié aux « néolibéraux de tous les partis », en reversement parodique de la dédicace hayekienne de la Route de la servitude, adressée aux « socialistes de tous les partis ». Philip Mirowski, connu entre autres pour un livre d’épistémologie économique de facture plus classique[1], n’est certes pas le premier à soulever le paradoxe (il cite — et critique — par exemple un livre de Colin Crouch éloquemment intitulé The Strange Non-Death of Neoliberalism). Mais il le fait avec une vigueur particulièrement incisive."
    • "Débutant par une énigme, l’ouvrage s’achève par sa résolution : tranchée, comme le reste du livre. Le récapitulatif final est présenté en six points, qu’on peut synthétiser ainsi :
    • (1) à titre individuel, un phénomène de dissonance cognitive qui fonctionne par définition par auto-alimentation ;
    • (2) à titre collectif, loin d’adopter une position défensive devant une crise qui en principe discréditait leurs vues, les économistes dominants ont au contraire redoublé d’efforts impérialistes dans le champ académique et plus largement intellectuel ;
    • (3) la prégnance d’un néolibéralisme en quelque sorte culturel qui, profondément ancré socialement, a fourni de premiers cadres de perception et de compréhension erronés au début de la crise avant même la contre-offensive précédemment mentionnée ;
    • (4) une « fabrique de l’ignorance à l’échelle industrielle » bien faite pour noyer le poisson, à coups de controverses stériles ou d’arguties semant la confusion et saturant l’espace public (il en va ainsi, explique l’auteur dans la dernière partie du livre, pour la crise économique comme pour la crise climatique, autre défi d’une vive actualité) ;
    • (5) une sorte d’OPA néolibérale sur les mouvements de protestation eux-mêmes, qui opère à la fois par le haut et par le bas et désamorce une opposition sociale structurée et réellement porteuse d’alternatives politiques ;
    • (6) enfin une stratégie de réponse à la crise opérant tous azimuts, du déni à court terme jusqu’aux efforts de transformation, cautionnés scientifiquement, de la logique même des rapports sociaux.
    • On peut contester cette thèse, mais le livre de P. Mirowski a au moins le grand mérite d’en soutenir une, et avec la plus grande clarté. Et l’on n’a ici présenté que des grandes lignes d’un livre assez épais (près de 400 pages), qui contient de nombreux développements à caractère épistémologique et/ou politique sur divers aspects allant du rôle de la prédiction en économie jusqu’à la"

Monnaie

  • L’énigme de la monnaie internationale - Michel Aglietta

    • "On croit savoir ce qu’est la monnaie internationale, mais on ne la rencontre jamais. On ne peut utiliser que des monnaies nationales dans les échanges internationaux. En effet, toute monnaie est investie d’une souveraineté. Au niveau national la monnaie est unifiée par la souveraineté déléguée à la banque centrale par le souverain politique. Cette délégation légitime la forme supérieure de liquidité dans cet espace. La seule exception est l’euro qui est institué par un traité international en tant que monnaie unique dans l’espace des pays qui l’ont approuvé. Ce statut est vraiment unique, puisque la Banque centrale Européenne est une puissance publique qui ne réfère à aucun souverain politique."
    • "Cependant le capitalisme ne respecte pas les frontières nationales. La logique du capitalisme est de se globaliser pour satisfaire sa finalité qui est l’expansion illimitée de la valeur exprimée en monnaie "
    • "L’intégration du monde en ce siècle ne sera pas celle du tout marché, mais celle des biens publics et des biens réseaux transnationaux et globaux dont la production requiert des investissements colossaux de long terme. L’impulsion et la garantie des puissances publiques sera prépondérante dans cette nouvelle révolution industrielle. Il en est ainsi pour la révolution environnementale, le partage des ressources naturelles, le développement intégré urbain rural, la transformation des transports"
  • La création monétaire expliquée par les économistes de la Banque Centrale d’Angleterre - Alain Grandjean

  • The penny drops – WSJ acknowledges UK government can never run out of money | Bill Mitchell

    "When a News Corp newspaper starts writing articles that reflect the insights provided by Modern Monetary Theory (MMT) you know that progress in the dissemination of those ideas is being made. Even if they don’t get things exactly right. The Dow Jones & Company (owned by News Corp) daily, the Wall Street Journal carried an article last week (October 31, 2016) – Message from the Gilt Market: U.K. Can Never Run Out of Pound – which leaves no room for doubt. The London-based journalist Jon Sindreu wrote that “Among facts that take a stubbornly long time to sink in, here’s one: Countries that borrow in their own currencies never have to default on their debt”."
    • "The main thesis entertained in the Wall Street Articles is as follows:
    • 1. The mainstream pundits thought the Brexit vote would see foreigners sell of British government bonds in large quantities. They didn’t. Exactly the opposite has happened.
    • 2. What has actually happened? The exchange rate depreciation has a meant that “British assets have become automatically cheaper to foreigners”. So the adjustment has come from the currency conversion rather than the asset price.
    • 3. Capital has not actually flowed out of Britain. All that has happened is that the pound has been “repriced”
    • 4. Why? Because Britain is a developed country with liquid financial markets that issues debt in its own currency. Unlike Greece or Spain, which could certainly run out of euros, the U.K. can always print more pounds (a core MMT proposition).
    • 5. The claims that the central bank is independent and therefore Britain is like Greece is false. The reality is that “the role of central banks has always been intimately tied to managing the government’s debt (a core MMT proposition).
    • 6. QE has meant that the Bank of England “now owns roughly a third of the £1.5 trillion gilt market”. No inflation or anything other bad things have happened as a result.
    • 7. “Even in the eurozone, the European Central bank has shown it has the power to end bond selloffs” – a point I regularly make. The government is in charge not the bond markets (a core MMT proposition).
    • 8. “Credit-rating agencies have warned for decades about Japan’s ever-growing debt pile, but its bonds continue to trade at record highs”. The credit-rating agencies are charlatans at best. They have no significant interest on the bond dynamics of currency-issuing governments such as Britain or Japan (a core MMT proposition).
    • 9. “sovereign bonds are as safe as cash” as long as the government issues its own currency and only issues bonds in that currency (a core MMT proposition). "

[Revue de Web 46/47] Evolution culturelle, sociale et politique

Political instability may be a contributor in the coming decade - Peter Turchin   

[Published in Fev 2010] "The next decade is likely to be a period of growing instability in the United States and western Europe, which could undermine the sort of scientific progress you describe in the Opinion collection of '2020 visions'"

History tells us where the wealth gap leads | Peter Turchin  

"From the Roman Empire to our own Gilded Age, inequality moves in cycles. The future looks like a rough ride "

Blame Rich, Overeducated Elites as Our Society Frays - Peter Turchin  

Nov 2013 "Complex human societies, including our own, are fragile. They are held together by an invisible web of mutual trust and social cooperation. This web can fray easily, resulting in a wave of political instability, internal conflict and, sometimes, outright social collapse. " 
  • "Elite overproduction generally leads to more intra-elite competition that gradually undermines the spirit of cooperation, which is followed by ideological polarization and fragmentation of the political class."

Chevènement et le défi de civilisation – Jacques Sapir  

"Le présent livre combine donc la profondeur de vue que l’on accorde à Jean-Pierre Chevènement, l’érudition de certaines de ses réflexions et la pertinence du propos. S’y ajoute aussi une lecture rétrospective de sa propre histoire politique et du début des deux septennats de François Mitterrand. [...] Jean-Pierre Chevènement relie la catastrophe actuelle au tournant de 1983. Le défi de civilisation dont il parle c’est bien celui posé par le néolibéralisme dont il montre, qu’il s’agisse en économie, en politique, ou dans le domaine social, les désastres."
  • "Ce livre est organisé en quatre parties"
  • "La première se nomme « Sidération » et traite de la réaction de la société française aux attentats qui l’ont frappée,"
  • "La deuxième partie du livre [...] l’enjeu : arriver à expliciter ce qui a produit cet éclatement du modèle républicain que l’on constate"
  • "Le tournant de 1983 [...] Cette deuxième partie du livre est donc formidablement intéressante et contient les éléments d’une histoire intellectuelle de la gauche "
  • "Les autres chapitres [..] passent en revue les mutations, tant passées qu’à venir, du capitalisme, et ils s’interrogent aussi sur le sens de la « globalisation »."
  • "L’analyse du naufrage du projet européen de la France [...] montre comment et pourquoi les gouvernements successifs ont commis trois erreurs graves, tout d’abord le choix du « franc fort » qui coûta probablement à la France entre 500 000 et un million de chômeurs, l’abandon du rôle de stratège de l’État dans le domaine industriel mais aussi, aujourd’hui, écologique, et enfin la monnaie unique."
  • "Dans la troisième partie, [...] il va tenter de montrer à quelles conditions un projet différent pourrait voir le jour."
  • "La résilience française et les raisons d’espérer La quatrième partie de cet ouvrage revient sur des points qui sont à la fois des fondamentaux de la politique et des moments de forte actualité dans le débat public. Elle s’intitule « résilience » et ce n’est pas sans quelques bonnes raisons. "
  • "Au terme de cet ouvrage, le lecteur aura intégré l’essentiel de ce qu’il faut savoir pour penser les défis qui nous attendent et ceux auxquels nous sommes confrontés. Ce n’était pas une mince affaire que d’arriver à faire tenir en un seul livre ces différentes thématiques, que d’arriver à en faire une synthèse. C’est tout l’honneur de Jean-Pierre Chevènement que d’y être parvenu, et d’avoir produit un livre essentiel pour l’éducation et la réflexion des générations actuelles. Ce livre est une lecture fondamentale pour qui veut comprendre la politique actuelle, mais aussi comprendre les enjeux DU politique, soit de l’affrontement amis-ennemis."

Sur l’évolution des idées politiques | François Roddier  

F. Roddier, en s'appuyant sur la grille de lecture d'E. Todd quant aux sociétés humaines et en usant de beaucoup d'analogies, montre qu'il y a un risque que les USA éclatent; l'Union Européenne suivrait alors peu après. De cet éclatement, l'Allemagne s'en tirerait mieux que ses voisins mais c'est surtout la Russie qui, selon lui, aurait tous les atouts pour relancer une civilisation. L'utilisation des concepts de Todd donne matière à réfléchir, mais le pronostic de la conclusion  est proposé sans explications.
  • "De même que les règles de reproduction des gènes permettent de distinguer les espèces en biologie, de même les règles d’héritage permettent de distinguer les cultures en sociologie. Emmanuel Todd classifie les cultures à l’aide de deux paramètres: égalitaire/inégalitaire et libéral/autoritaire"
  • "La culture autoritaire-égalitaire maintient la tradition en l’imposant également à tous les descendants, tandis que la culture libérale-inégalitaire favorise l’innovation. La culture autoritaire-inégalitaire favorise l’ordre et la subordination, c’est-à-dire les organisations hiérarchiques. Ce mode favorise le passage à l’action. Au contraire, le mode libéral-égalitaire laisse la voie libre à toutes les éventualités. Il favorise la réflexion."
  • "Le cycle commence avec la tradition, puis la réflexion, l’innovation et l’action. Cette dernière modifie l’environnement auquel nous étions adapté. Cela nous oblige à nous réadapter d’où la nécessité d’une restructuration (transition de phase que nous nommons effondrement). Après l’effondrement on revient à une tradition améliorée par le fruit de l’expérience (leçons de l’effondrement) et un nouveau cycle recommence. Il s’agit bien d’un algorithme d’apprentissage."


[Revue de Web 46/47] Démographie, énergie, changement climatique et génétique

Races et génétique, c’est reparti | Tout se passe comme si

  • [A propos des races] "C’est comme si les atrophysiciens disaient que les constellations du zodiaques existent, mais n’ont aucune influence. Mais elles n’existent pas sauf comme construction culturelle, et sauf dans la mesure où leurs éléments constitutifs existent."
  • "Donc l’argument de Coyne, c’est que : il existe des différences visibles entre humains de différentes origines géographiques, ce qui suffirait souvent à définir des races dans une espèce animale quelconque (il donne l’exemple de pelages de souris) ; il existe des différences génétiques entre individus humains ; point important, ces différences sont structurées géographiquement."

  • "A ce point, je note que si la notion de « races » inclut la différence entre palestiniens, druzes et bédouins, je ne suis pas sur que ça soit une notion très utile. On peut sous-diviser à l’infini. Il existe des traits spécifiques dans une famille, même qu’on sait faire des tests de paternité. Et alors ? Le problème récurent c’est que dès que l’on utilise le mot « races » pour les humains, les gens projettent dessus tout l’héritage des races en tant que construction sociales, et donc du racisme. Quand je dis construction sociale, aux Etats-Unis les latinos sont séparés des « caucasiens » (blancs), alors qu’en Europe ils seraient inclus, par contre les arabes sont inclus dans les caucasiens, alors qu’ils sont victimes de racisme en Europe. A la fin du 19ème, des gens très sérieux démontraient que la race irlandaise était inférieure."

  • "De nombreuses études médicales aux Etats-Unis sont organisées en fonction des « races » socialement reconnues, avec des conclusions sur le risque de mortalité des nourrissons chez les latinos par rapport aux afro-américains qui à mon avis ne tiennent pas la route."

  • "ces « races » socialement constituées sont très inégales en termes de variabilité génétique. Presque toute la variabilité génétique humaine est en Afrique sub-saharienne. Donc on serait d’avantage justifié à partager en San (« bushmen » de Les dieux sont tombés sur la tête) <-> le reste, que les races traditionnelles."

  • "Il y a de la variabilité génétique entre humains (scoop), elle est organisée géographiquement (re-scoop), on ne connaît pas sa fonction s’il y en a une"

  • "A noter que la variabilité génétique totale de l’espèce humaine est très faible par rapport à ce que l’on observe chez d’autres espèces comparables (gros animaux)."

  • "Gould avait fait une remarque qui m’avait beaucoup plu à ce sujet du genre « si la science vient à démontrer qu’il existe des races, devrais-je être raciste pour autant ? » (sa réponse est bien évidement non). C’est une illustration de son principe de non recouvrement des magistère où science et morale sont dissociés. Mais ça illustre aussi un autre problème, il y a deux concept de racisme : -Un racisme « matériel » : il existe des races, point. -Un racisme « moral » : il existe des races dont certaines sont inférieures à d’autres d’un point de vue moral. Évidemment le racisme moral a besoin du racisme matériel (enfin, ça le soutient, beaucoup s’en foutrons). Cette distinction est rarement mis en évidence et rend toute cette discussion confuse. Par exemple si quelqu’un me dit qu’il y a des races, je ne vais pas prendre la mouche mais lui demander d’expliciter. Quand bien même je ne suis pas d’accord sur le point matériel, je vais juste lui demander de faire gaffe à ce qu’elle dit pour éviter la confusion. Si cette personne est finalement « raciste morale » là je vais commencer à monter le ton (ou du moins être plus agressif dans mon argumentation)."

  • "Je suis d’accord avec tes deux concepts, mais je pense justement qu’on a meilleur temps, vu la réalité biologique sous-jacente, de ne pas utiliser le mot race pour la diversité « matérielle » que l’on observe. S’il y avait des groupes clairs et évidents « matériellement » (je préfère dire « biologiquement »), bien sûr qu’il ne faudrait pas censurer ce fait. Mais on passe notre temps à plaquer des catégories discrètes qui sont des constructions sociales sur une réalité continue."

Démographie, énergie, climat : l’équation explosive | Passeur de sciences

  • "Cet article s’interroge sur notre capacité à résoudre ce qui est probablement un des plus grands défis du XXIe siècle, un casse-tête où se confrontent trois éléments : la croissance de la population mondiale, ses besoins en énergie et la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique en réduisant drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre."
  • "N’importe qui aura déjà compris qu’on se berce d’illusions si l’on pense pouvoir atteindre les objectifs du traité de Paris, surtout quand on se souvient qu’il a été fixé par des personnes dont les convictions environnementales s’avèrent souvent très circonstancielles et dont l’agenda ne dépasse en général pas l’horizon de la prochaine élection. Alors 2028 et 2100… Les auteurs de l’étude jugent nettement plus probable un scénario à 2,5 ou 3°C. Est-ce une manière de se rallier à un courant de pensée qui estime plus intelligent de s’adapter au réchauffement climatique plutôt que d’essayer de le limiter ? Pas vraiment. Non seulement ces deux chercheurs conçoivent leur travail comme « une sonnette d’alarme », ainsi que l’a expliqué Glenn Jones, mais ils soulignent, de manière très pragmatique, que nos sociétés, si elles ne s’adaptent pas à la nouvelle donne énergétique sous l’effet d’une prise de conscience écologique, devront de toute façon le faire sous la contrainte économique de la raréfaction des ressources fossiles. Parce qu’en 2100 on ne trouvera pas l’équivalent de 320 000 milliards de kWh sous terre. La réalité cruelle, c’est que si l’on n’agit pas, à la fin c’est la géologie qui gagne."

Pour une démarche réaliste et radicale face aux changements climatiques - Lili Fuhr 

"La classe politique dominante est par définition mal armée pour pouvoir imaginer des changements fondamentaux. En décembre dernier, à Paris, 196 gouvernements sont néanmoins parvenus à s'entendre sur la nécessité de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels – objectif synonyme de promesse visant à opérer précisément cette transformation. L'accomplissement de cet objectif exigera que soient surmontés un certain nombre de défis politiques, d'une ampleur illustrée par cette situation actuelle dans laquelle plusieurs acteurs préconisent des solutions vouées à engendrer plus de mal que de bien."
  • "Cette approche néglige cependant de sérieux problèmes liés au développement et au déploiement des technologies de géo-ingénierie. Prenons le cas du CSC [capture et séquestration du CO2], procédé qui consiste à capter les rejets de CO2 issus d'importantes sources d'émission, telles que les centrales électriques à combustibles fossiles, et à enfouir ce CO2 dans des formations géologiques souterraines, afin d'empêcher qu'il ne pénètre dans l'atmosphère."
  • des billets atteignent aujourd'hui un plus bas historique"
  • "la seule manière de rendre le CSC rentable consiste à utiliser ce procédé pour des finalités qui ne peuvent qu'aggraver le problème censé être résolu au départ."
  • "un certain nombre de mesures pourraient être prises dès aujourd'hui. Ces mesures se révéleraient plus chaotiques, et politiquement plus problématiques, que les technologies de bio-ingénierie. Mais ces mesures porteraient leurs fruits."
  • "La première démarche consisterait à imposer un moratoire sur les nouvelles mines de charbon. Si toutes les centrales électriques à charbon actuellement en projet sont effectivement construites et exploitées tout au long de leur durée de vie normale, à savoir 40 ans, elles émettront à elles seules quelque 240 milliards de tonnes de CO2 – soit plus que le  budget carbone restant."
  • "En outre, à l'heure où seule 10 % de la population mondiale est responsable de près de 50 % des émissions de CO2, il est clairement légitime que puisse être plaidée la mise en œuvre de stratégies ciblant les plus gros émetteurs de carbone. Il n'y aurait par exemple aucun sens à ce que les compagnies aériennes – qui ne desservent actuellement que 7 % de la population mondiale – soient exemptées de taxes sur le carburant, d'autant plus que les prix des billets atteignent aujourd'hui un plus bas historique"

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