Etat d'urgence et libertés civiles [revue de web]

« De plus en plus de militaires évoquent un passage à l’état de siège en cas de nouveaux actes terroristes ». Olivier Petitjean. Basta ! 16 mai 2017.
"Quel est le lien entre la multiplication des interventions militaires françaises à l’étranger, la priorité donnée au Rafale et aux exportations d’armes, et l’instauration de l’état d’urgence en France ? Dans son livre récent « Le Militaire. Une histoire française » (éd. Amsterdam), l’économiste Claude Serfati montre à quel point l’armée et les industries militaires sont « chez elles » dans les institutions et l’économie politique de la Vème République. Une tendance qui n’a fait que s’aggraver ces dernières années, sans que le poids politique et économique exorbitant du militaire en France soit vraiment contesté ni même débattu, y compris à gauche. La campagne électorale actuelle ne fait pas exception. Entretien."
Londres victime du communautarisme, les Français réclament une dictature. Samuel Gontier. Ma vie au poste. 07 juin 2017.
"Lundi soir, sur France 5, BFMTV, CNews, LCI et France 2, tout le monde s’accorde à dire que l’attentat de Londres est le résultat d’un abominable laxisme communautariste. Heureusement, les Français sont plus raisonnables : ils préfèrent renoncer à leurs libertés pour être protégés par un Etat policier. "
Ligne par ligne, l’avant-projet de loi sur l’état d’urgence permanent. Marc Rees. 08 juin 2017.
"Le projet de loi renforçant la lutte contre le terrorisme et la sécurité intérieure annoncé par le gouvernement vient d’être dévoilé par le Monde. Next INpact vous propose une analyse ligne par ligne et librement accessible de ce nouveau texte sécuritaire."
"En résumé, le PJL Collomb va bien assurer le basculement de l’état d’urgence dans le droit commun. "
Ces libertés dans le viseur de l’avant-projet de loi. Pierre Alonso et Amaelle Guiton. 8 juin 2017.
"La loi adoptée en juin 2016 était censée, selon ses promoteurs, durcir suffisamment l’arsenal en donnant de nouvelles prérogatives au parquet pour permettre de revenir au droit commun. Mais le texte dégainé par l’exécutif et publié par le Monde va encore plus loin, en faisant entrer dans le corpus antiterroriste des mesures de police administrative qui, jusqu’alors, avaient vocation à être limitées dans le temps. A péril extraordinaire, réponse exceptionnelle : forte, attentatoire aux libertés, mais temporaire. L’avant-projet de loi rompt définitivement cet équilibre précaire. A menace lancinante, riposte permanente, avec les outils de l’urgence, voire en les musclant, et en contournant l’autorité judiciaire."
Etat d’urgence dans le droit commun : pourquoi le projet du gouvernement inquiète. Les décodeurs. 9 juin 2017.
"Ce texte dit que quasi toutes les mesures de l’état d’urgence pourraient se retrouver dans le droit commun. En clair, des mesures jusqu’ici temporaires et exceptionnelles, qui limitent les libertés des citoyens le temps de lutter contre un danger imminent, risqueraient de devenir légales en temps normal."

Il était une fois les instituts de sondage [revue de web]

Il était une fois... les instituts de sondage. Ysabeau Leierkastenmann. 4 mars 2017.
Des conflits d'intérêts en cascade et un système actuel qui permet à des personnes de faire bouger les choses en leur faveur.
  • Comment est fait un sondage ?
  • Les sondages sont-ils représentatifs ?
  • Quel est le niveau de neutralité des sondages ?
  • Qui sont les instituts qui réalisent ces sondages ?
  • Qu'est-ce qu'un "panéliste" ?
  • Qu'est-ce que le "nudge" ?
  • En quoi est-il nécessaire de garder un esprit critique sur les pronostiques publiés dans la presse ?
Peut-on faire confiance aux sondages ? Jacques Monin. Secrets d’info. France Inter. 18 mars 2017.
"L'enquête sur le fonctionnement des sondages qui se trompent souvent"

Les 5 techniques utilisées pour manipuler les sondages d'opinion. Institut Pandore. 3 avril 2011.
"Il est évident que nos politiques et les médias usent et abusent de sondages pour faire dire au peuple ce qu’il n’a jamais dit. Et nous voilà alors dans de la pure désinformation. Voyons ensemble comment cela se passe concrètement."

Sondages : peut-on (encore) leur faire confiance ? Sylvain Tronchet. France Inter. 16 mars 2017.
"En période électorale près de cent sondages politiques sont publiés tous les mois en France. Pourtant, les méthodes des instituts sont de plus en plus contestées. "

Lire : Subunda. Coups de sonde dans l’océan des sondages Patrick Lehingue. Acrimed. 25 juillet 2007.
"Présentation (suivie d’un entretien) de Subunda. Coups de sonde dans l’océan des sondages, de Patrick Lehingue, éditions du Croquant, Bellecombe-en-Bauges, février 2007, 271 pages."

Pierre Bourdieu : L'opinion publique n'existe pas, 1972.
Les temps modernes, 318, janvier 1973, pp. 1292-1309. Repris in Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1984, pp. 222-235.
"Je voudrais préciser d'abord que mon propos n'est pas de dénoncer de façon mécanique et facile les sondages d'opinion, mais de procéder à une analyse rigoureuse de leur fonctionnement et de leurs fonctions. Ce qui suppose que l'on mette en question les trois postulats qu'ils engagent implicitement. Toute enquête d'opinion suppose que tout le monde peut avoir une opinion ; ou, autrement dit, que la production d'une opinion est à la portée de tous. Quitte à heurter un sentiment naïvement démocratique, je contesterai ce premier postulat. Deuxième postulat : on suppose que toutes les opinions se valent. Je pense que l'on peut démontrer qu'il n'en est rien et que le fait de cumuler des opinions qui n'ont pas du tout la même force réelle conduit à produire des artefacts dépourvus de sens. Troisième postulat implicite : dans le simple fait de poser la même question à tout le monde se trouve impliquée l'hypothèse qu'il y a un consensus sur les problèmes, autrement dit qu'il y a un accord sur les questions qui méritent d'être posées. Ces trois postulats impliquent, me semble-t-il, toute une série de distorsions qui s'observent lors même que toutes les conditions de la rigueur méthodologique sont remplies dans la recollection et l'analyse des données."
Observatoire des sondages
L’Observatoire des sondages exerce une veille scientifique sur les différentes facettes des sondages, non seulement les aspects méthodologiques des enquêtes et des statistiques mais aussi sur leur publication, leurs usages confidentiels et les commentaires politologiques ou journalistiques qui en sont faits quotidiennement.

Réparer la finance mondiale, entre la dette et le diable

La traduction française de « Between Debt and the Devil : Money, Credit, and Fixing Global Finance » vient de paraître sous le titre « Reprendre le contrôle de la dette. Pour une réforme radicale du système financier ». Gaël Giraud préface le livre de Lord Adair Turner, ancien président de l’Autorité des services financiers britanniques, vous la trouverez ci-dessous; quelques extraits centrés sur le diagnostic :
L’union bancaire Européenne ne protège nullement le contribuable Européen, français en particulier. Les plus optimistes devraient méditer le traitement inflige à la banque italienne en faillite, Monte dei Paschi di Siena, durant la Noël 2016 : la plus ancienne banque d’Italie a été nationalisée ; le contribuable italien aura donc à payer ses dettes. Tout comme en 2009, l’Europe continue de privatiser les profits et de socialiser les pertes.
[...]
En d’autres termes, ce que nous apprend Turner, c’est que la leçon de Karl Polanyi – ce grand économiste hongrois de l’entre-deux-guerres – est toujours valable : la finance déréglée est le meilleur ennemi de la prospérité et de la démocratie.
[...]
des 1986, la théorie de l’équilibre général walrasien – le « cœur » de l’économie orthodoxe avait démontré que les marches sont (presque) toujours très inefficaces. Turner illustre admirablement cette proposition en montrant que la libéralisation des flux de capitaux a généré un déséquilibre massif des comptes courants à l’échelle mondiale, forçant certains pays à s’endetter pour acheter la production des autres. Au niveau Européen, l’Allemagne illustre de manière caricaturale la manière dont un pays peut bénéficier de ce déséquilibre aux dépens de la quasi-totalité des autres membres de la zone euro.
[...]
La finance de marches ne serait pas celle que l’on connaît aujourd’hui sans l’évolution récente de nos sociétés tout entières. Aussi l’auteur examine-t-il comment nos sociétés dans leur ensemble ont pu en arriver là. Des sociétés dont l’accumulation de richesses a servi de combustible a l’expansion de la sphère financière. À tel point qu’aujourd’hui le crédit bancaire, destiné en principe à servir à financer de nouveaux capitaux (bon crédit), sert principalement a l’achat de biens fonciers déjà existants (mauvais crédit). À l’origine de cette déviance, selon Turner, une tendance naturelle des banques à favoriser la sécurité du foncier au détriment du financement d’actifs productifs. La hausse continue des biens immobiliers des grandes villes comme Londres ou Paris permet aux banques de prêter toujours plus d’argent aux individus pour le financement d’un même bien. En d’autres termes, la métropolisation de nos géographies – jointe à la relégation des classes pauvres et moyennes dans les banlieues – et l’instabilité macroéconomique sont deux aspects d’une même réalité : nous sommes « accros » à la (mauvaise) dette. C’est ce phénomène qui explique l’essentiel de la dérive des inégalités de patrimoine que l’on observe dans un certain nombre de pays de l’OCDE depuis trois décennies. Il préside au mécanisme central à l’œuvre dans l’analyse d’Adair Turner. Dans nos économies, estime-t-il, « la capacité illimitée du système bancaire à créer du crédit, de la monnaie et du pouvoir d’achat est uniquement contrainte par l’offre inélastique d’actifs fonciers spécifiques ». Pour l’auteur en effet, c’est l’interaction entre ces deux éléments qui est au cœur de l’instabilité macroéconomique. Ce qu’il écrit au sujet de l’immobilier vaut d’ailleurs, a mon sens, tout autant pour les actions financières. Depuis l’effondrement de la bulle Internet en 2001, le marché mondial des introductions en Bourse est resté essentiellement atone, à de très rares exceptions près. De sorte que le stock d’actions émises reste à peu près constant. Les tombereaux de liquidités émis par les banques centrales depuis la fin des années 1990 ont alors permis a ceux qui bénéficièrent de cette manne de spéculer sur les actions de la même manière qu’ils ont spéculé sur les centres-villes bourgeois des grandes capitales occidentales.
[...]
Au-delà du foncier, d’autres facteurs poussent a la création excessive de (mauvais) crédits selon Turner. Les inégalités favorisent le crédit, car la tendance naturelle des plus riches à épargner une plus grande proportion de leur revenu génère des tensions déflationnistes. Celles-ci contraignent les plus pauvres à contracter des crédits pour pouvoir garder leur niveau de consommation constant. C’est ici que l’auteur opère un lien fondamental entre l’accroissement des inégalités et la dynamique de la dette privée. Plus il y a d’inégalités, plus les pauvres (qui le peuvent) auront tendance à s’endetter. On pourrait du reste remarquer que cette dynamique perverse à tendance à s’auto-entretenir, car l’endettement des pauvres les contraint à consacrer une part grandissante de leur revenu au service de la dette, lequel gonflera les profits des banques, donc les dividendes de leurs actionnaires. Autrement dit, l’endettement des pauvres et des classes moyennes induit des profits supplémentaires pour les riches. Jusqu’au moment où, comme en 2007, les pauvres ne peuvent pas non plus rembourser leurs dettes et voient leurs biens saisis. Leur propriété est alors transférée au secteur bancaire, donc a ses « propriétaires ». L’endettement siphonne les revenus des pauvres pour les redistribuer aux plus riches, et le défaut de paiement achève de siphonner le peu de capital dont disposent les premiers pour le transférer aux seconds. Dans le cas d’un pays « zombie », comme la Grèce, le transfert prend la forme de privatisations, comme celle du port du Pirée, vendu pour une bouchée de pain, ainsi que celles d’iles entières dans la Méditerranée, d’aéroports grecs, etc.
[...]
L’auteur explique qu’au regard de la quasi-stagnation enregistrée par l’Europe depuis 2009 et compte tenu de l’accroissement phénoménal de dette (privée et publique) auquel nous recommençons d’assister dans de trop nombreux pays, le financement direct des déficits publics par voie de création monétaire est inévitable. C’est précisément ce Rubicon que les traites Européens interdisent à la Banque centrale Européenne de franchir. Pourquoi ? Parce que la zone euro est construite sur le dogme invraisemblable selon lequel, lorsque les banques privées créent de la monnaie pour maximiser leur profit, elles servent l’intérêt général, tandis que lorsque la Banque centrale crée de la monnaie pour un État, elle se compromet nécessairement dans les basses œuvres de la politique électoraliste. Dogme d’autant plus étonnant que les vingt-cinq dernières années nous ont tous édifiés sur la capacité du secteur bancaire prive a faire bon usage de son droit de battre monnaie, et que les dirigeants des banques, en France en tout cas, sont tous issus de la haute fonction publique. Lorsque ces fonctionnaires travaillent pour l’État, ils seraient notoirement incompétents, tandis que, des que leurs salaires sont multiplies par plus de cent a l’issue d’une pantoufle dans le privé, ils deviennent soudainement des experts.

Mireille Martini qui a encadré la traduction française, a résumé le livre début 2016.




Concilier intérêts économiques et transition énergétique

Comment concilier les intérêts économiques et les exigences de la transition énergétique ? source de la question (à la 55ème minute)
 

Revue de web (tardive) semaine 20

Scientists argue current climate change models understate the problem. February 8, 2017
"The authors argue that current estimates of the impact of climate change do not connect human variables—such as demographics, inequality, economic growth, and migration—with planetary changes. This makes current models likely to miss important feedbacks in the real Earth-human system, especially those that may result in unexpected or counterintuitive outcomes."

A new book ranks the top 100 solutions to climate change. The results are surprising. by David Roberts May 10, 2017
"A chat with Paul Hawken about his ambitious new effort to “map, measure, and model” global warming solutions."
  • The number one solution, in terms of potential impact? A combination of educating girls and family planning, which together could reduce 120 gigatons of CO2-equivalent by 2050 — more than on- and offshore wind power combined (99 GT).
It's simple. If we can't change our economic system, our number's up | George Monbiot 27 May 2014
"It's the great taboo of our age – and the inability to discuss the pursuit of perpetual growth will prove humanity's undoing "
Présidentielle 2017 - Énergie | Sciences Critiques 18 avril 2017
Écoutez notre émission de web-radio consacrée au thème de l'énergie dans la campagne présidentielle (51'44), avec :
- Romain Grandjean, ingénieur-projet pour l'association Shift Project
- Arthur Keller, ingénieur de formation, spécialiste des limites du système pour l'association Adrastia"

Une campagne sans énergie. Jean-Marc Jancovici avril 2017
  • de 2006 [...] à 2015, l’approvisionnement européen (importations comprises) a baissé de 20% pour le charbon, de 17% pour le pétrole, et de 18% pour le gaz
Oil Prices Lower Forever? Hard Times In A Failing Global Economy - Art Berman 7/15/2016
  • The oil-price collapse that began in July 2014 was technically about over-production. A surplus of unconventional oil from the United States and Canada, and a hiatus in geopolitical outages upset the world market balance and pushed prices lower.
    Some have tried to emphasize the role that demand played. But there is simply no comparison to the 10 mmbpd demand destruction that occurred between 1979 and 1983 nor is this anything like the 2.6 mmbpd demand decline in 2008-2009.
  • This price collapse is simply different than the others. It more fundamental. The economy has been pushed beyond its limits.
    Post-Financial Collapse monetary policies, the cumulative cost of nearly four decades of debt-financed growth, and the return of higher oil prices have exhausted the economy. Most debt is non-productive, interest rates cannot be increased, and 2016′s low oil prices are still one-third higher than in the 1990s (in 2016 dollars).
  • Producers and oil-field service companies are on life support. One-third of U.S. oil companies are in default.  Yet some analysts who have no experience working in the oil industry proclaim break-even prices below $40 per barrel and breathlessly predict that the business will come roaring back when prices exceed $50. Producers don’t help with outrageous claims of profitability at or below current oil prices that exclude costs and are not generally applicable to their portfolios.
  • As a result, the public and many policy makers believe that tight oil is a triumph of American ingenuity and that energy will be cheap and abundant going forward. The EIA forecasts that U.S. crude oil production will exceed the 1970 annual peak of 9.6 mmbpd by 2027 and that tight oil will account for almost 6 million barrels per day. Although I have great respect for EIA, these forecasts reflect a magical optimism based on what is technically possible rather than what is economically feasible.
  • Renewable energy will be increasingly part of the landscape but its enthusiasts are also magical thinkers.
    In 2015, renewables accounted for only 3% of U.S. primary energy consumption. No matter the costs nor determination to convert from fossil to renewable energy, a transition of this magnitude is unlikely in less than decades.
    Solar PV and wind provide much lower net energy than fossil fuels and have limited application for transport–the primary use of energy– without lengthy and costly equipment replacement. The daunting investment cost becomes critically problematic in a deteriorating economy.  Although proponents of renewable energy point to falling costs, more than half of all solar panels used in the U.S. are from China where cheap manufacturing is financed by unsustainable debt.
  • It is telling that energy and its cost can hardly be found among the endless discussions about the economy and its failure to grow. Technology optimists have disparaged the existence of an energy problem since at least the 1950s. Neither unconventional oil nor renewable energy offer satisfactory, reasonably priced, timely solutions to the dilemma.
  • As political leaders and economic experts debate peripheral issues, the public understands that there is something horribly wrong in the world. It is increasingly difficult for most people to get by in a failing global economy. That is why there are political upheavals going on in Britain, the United States and elsewhere.
    The oil industry is damaged and higher prices won’t fix it because the economy cannot bear them. It is unlikely that sustained prices will reach $70 in the next few years and possibly, ever.
    The British exit from the European Union adds another element of risk for investors. Lack of investment will inevitably lead to lower production, supply deficits and price spikes. These will further damage the economy.
  • The future for oil prices and the global economy is frightening. I don’t know what beast slouches toward Bethlehem but I am willing to bet that it does not include growth. The best path forward is to face the beast. Acknowledge the problem, stop looking for improbable solutions that allow us live like energy is still cheap, and find ways to live better with less.
Robots and carbon targets may signal the end of globalisation. University of Cambridge 17 May 2017
"New book suggests there is early evidence of a coming U-turn in the globalisation of manufacturing – and that the story we are told about the direction of the global economy is wrong."
" From Global to Local: the Making of Things and the End of Globalisation" by Dr Finbarr Livesey, an expert in public policy
  • “Robots are becoming cheaper than overseas labour, climate concern and volatile fossil fuel markets are restricting carbon footprints, and consumers increasingly expect tailored products with express delivery. Bouncing production around the planet is already making less and less economic sense,”
  • the technologies allowing the return of production to high-cost economies are unlikely to mean the promised return of jobs.
  • he draws attention to examples of what he believes to be “weak signals of early change” – as major companies tentatively start to U-turn on globalisation.
  • The new Adidas ‘Speedfactory’ uses automation and 3D printing to produce high-end trainers – not in China or South Asia, but in Germany.
  • Foxconn, the company that makes iPhone innards, raised eyebrows when they suggested robots could replace one million Chinese workers – and that production could even move to the US as a result.
  • Global supply chains cost companies time in an age of next-day delivery, and add risks of disruption – from cultural differences to natural disasters – and even intellectual property theft. They also take a heavy environmental toll: shipping alone produces a billion tonnes of carbon, roughly equal to that of Germany.
  • “Companies are deciding to have their production either in their home country or nearby. Automation is attacking the costs of labour and shifting the calculus for managers. Political forces are constraining the space for manufacturing, for example restricting emissions from transport. The early signs are there.”

Le modèle nordique : remède miracle de prospérité ? Sacha Tenenbaum 11/05/2017
" Le « modèle scandinave », qui associe la présence d'un Etat Providence universaliste à un environnement résolument libéral, est le symbole du succès des pays nordiques dans les classements de prospérité et de bien-être ;
· Ce modèle se base sur une histoire commune à ces pays, basée sur de faibles différences de classes. Ces éléments ont été les moteurs du développement d'une forte citoyenneté sociale et d'un système de gouvernance hautement démocratique, basé notamment sur le consensus politique et les arrangements sociaux ;
· La volonté d'équilibrer les comptes publics après un épisode de surchauffe des Etats-Providences dans les années 1990 a également conduit à un rigorisme budgétaire et fiscal inscrit dans la pierre ;
· Toutefois, aujourd'hui, une mondialisation croissante qui pénalise de plus en plus les fleurons industriels scandinaves, et une immigration qui met au défi le modèle de redistribution et la cohésion nordique, représentent les deux principaux défis auxquels ces pays doivent faire face."

Réduction du chômage et cohésion sociale : un défi audacieux. Olivier Passet 18 mai 2017
"Peut-on réduire le chômage dans les pays développés sans fragiliser la cohésion sociale ? C’est une question importante, car c’est bien là qu’achoppe la réforme du marché du travail en France, et que se nourrit l’idée d’une préférence française pour le chômage. L’idée que l’attachement français à la cohésion n’autorise pas les transgressions qui permettraient l’inclusion des moins qualifiés sur le marché du travail." https://www.youtube.com/watch?v=mOIkMKOyi6w


De graves erreurs économiques à l’origine de la déroute social-démocrate. Alain Grandjean. 18 avril 2017
  • 1 Il est faux de considérer que la priorité économique doit être donnée à la production de richesses (la croissance du PIB, la question des inégalités sociales étant politique). Comme l’a montré Pierre-Noël Giraud, dans son livre « L’homme inutile », les inégalités sociales constituent la question centrale en économie.
  • 2 La liberté de circulation des biens, services, personnes et capitaux (résumée sous le terme libre-échange dans la suite) que les socialistes français ont participé très activement à promouvoir et mettre en place en Europe est loin d’avoir les vertus théoriques que lui prêtent les cours de première année d’économie. Le libre-échange n’est pas automatiquement porteur d’une augmentation du bien-être collectif, ce que démontre clairement Gaël Giraud.
  • 3 Le focus mis sur la dette publique par les traités européens et entériné par tous les dirigeants socialistes est une grave erreur de pilotage. Ce qui compte en la matière c’est l’endettement total, privé et public.
  • 4 La politique de rigueur a été adoptée à contretemps en Europe et tout particulièrement en France.
  • Si chacun comprend qu’il n’est pas possible de maintenir éternellement des déficits publics trop élevés, il est aussi clair que, du fait d’un effet multiplicateur des dépenses publiques compris entre 1,2 et 1,5 en France, il ne fallait pas adopter trop rapidement une politique de réduction du déficit public, qui conduirait à une baisse de l’activité et serait sans effet sur le ratio de dette publique.
  • 5 Les mécanismes de financement de l’économie ont été passés au second plan alors qu’ils sont décisifs. En particulier l’abandon de la politique monétaire à la BCE et l’interdiction qui lui est faite de prêter directement aux Etats (dans des limites et avec une gouvernance à définir précisément) a été une erreur funeste.
  • 6 Depuis le passage aux 35 heures, organisé sous Lionel Jospin, la politique visant à mieux répartir le temps de travail a été déconsidérée, alors qu’elle avait créée des emplois (350000 selon un rapport de la DARES).
L’ordolibéralisme allemand, cage de fer pour le Vieux Continent. Le Monde diplomatique août 2015
"La seconde [approche] subordonne l’action gouvernementale à la stricte observance d’un ordre. Les politiques peuvent agir comme ils l’entendent pourvu qu’ils ne sortent pas du cadre, lequel se trouve de facto soustrait à la délibération démocratique. Le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble personnifie cet état d’esprit. « Pour lui, les règles ont un caractère divin », a observé son ancien homologue grec Yanis Varoufakis.

Cette idéologie allemande mal connue porte un nom : l’ordolibéralisme. Comme les adeptes anglo-saxons du « laisser-faire », les ordolibéraux refusent que l’Etat fausse le jeu du marché. Mais, contrairement à eux, ils estiment que la libre concurrence ne se développe pas spontanément. L’Etat doit l’organiser ; il doit édifier le cadre juridique, technique, social, moral, culturel du marché. Et faire respecter les règles. Telle est l’« ordopolitique » (Ordnungspolitik). L’histoire de cet interventionnisme libéral prend sa source dans le bouillonnement de l’entre-deux-guerres, il y a huit décennies."
Schauble, Merkel bienvenue à Macron, mais reddition d’abord! – Bruno Bertez 16 mai 2017
  • Le chef de l’état n’a pas hésité devant la presse à appeler Angela Merkel à ses responsabilités. Cette relance de l’Europe passe aussi à ses yeux par un « travail de conviction » de la chancelière à l’égard de son opinion, a souligné Emmanuel Macron. Une allusion aux réticences traditionnelles de l’Allemagne au sujet des projets de refonte de la zone euro, Berlin redoutant au final de payer pour les autres. Ce qui est incontournable dans une Union Politique, aucune monnaie commune ne peut fonctionner sans transferts en raison des divergences au sein de l’ensemble! 
  • En clair, le petit Macron a fait preuve de courage, maintenant il faut qu’il gagne sa majorité sur ses projets européens et son agenda des réformes.
    Mais la France doit d’abord payer, c’est à dire faire ses réformes et ensuite on verra. Et la réforme clef, c’est celle centrale du marché du travail ses « Pläne zur Reform des Arbeitsmarktes ». Les français ont ils voté pour cela? On verra! 
    Le paiement, Schauble est très explicite , c’est la séquence des évènements-”Das ist die richtige Reihenfolge-  dit Schauble, d’abord les réformes en France et ensuite nous examinerons l’agenda européen ce qui veut dire que la position Allemande ne change absolument pas.
    Le soutien à la position Française pour un changement dans les Traités et dans la Constitution Allemande ne peut être examiné qu’après que les pays tiers aient mis de l’ordre-allemand bien sur- dans leur maison et se soient suffisamment germanisés.
    Reddition d’abord , pas d’association sur un pied d »égalité.
    En passant Schauble en a profité pour récuser l’idée que les excédents Allemands avaient une responsabilité dans la situation déséquilibrée actuelle.
La guerre des classes - Le bondosage 28 avril 2017
"Le système médiatique et les classes sociales dominantes s'affolent aussi vite qu'elles se sont emballées au lendemain du premier tour des présidentielles. Le discours sur les heures les plus sombres de notre histoire est de retour. Il faut dire que le poulain pur sang du néolibéralisme à du mal à manier autre chose que les positions morales et les discours creux. Il est très difficile de cacher la médiocrité du personnage, d'autant plus que l'hubris qui caractérise les classes possédantes a tendance à leur faire dire malencontreusement tout haut ce qu'elles pensent tout bas. À l'image de Jacques Attali conseillé permanent de l'Élysée depuis les années 80, et pour qui les fermetures d'usine ne sont que des anecdotes."
La région parisienne, l'immobilier et la France périphérique - Le bondosage 10 mai 2017
"Cette élection a marqué les esprits de plusieurs manières. Elle a tout d'abord confirmé une dérive qui date maintenant d'une vingtaine d'années de dislocation territoriale. Comme l'a analysé Christophe Guilluy, il existe maintenant une opposition entre la France périphérique et la France des centres-ville. Cette coupure n'est pas uniquement liée à la crise en tant que telle. Mais aussi, et surtout à la flambée délirante des prix de l'immobilier de ces deux dernières décennies. Le phénomène est simple à expliquer la simple hausse du prix de l'immobilier et des loyers chassent la population la moins fortunée des villes. Un coup d’œil à ce graphique provenant du huffingtonpost montre l'absurdité de prix en France et la décorrélation qui a eu lieu entre l'évolution des salaires et celle des prix de l'immobilier. C'est d'autant plus vrai que l'on constate que contrairement à la situation américaine, qui s'est relativement assainie, la France se maintient à faire payer beaucoup trop cher les logements par rapport aux revenus disponibles. La bulle spéculative des années 2000-2006 n'a pas été corrigée en France. Il s'agit là d'un facteur essentiel à la déstructuration territoriale du pays. Car le phénomène de séparation spatiale était beaucoup moins marqué dans les années 80-90, période pourtant elle aussi touché par le chômage de masse et la surévaluation monétaire."
Google, idéologue du populaire ou opium du peuple ? Olivier Ertzscheid 15 mai 2017
 "Cela a recommencé. Une nouvelle fois. Lorsqu'on a demandé à Google le nom des historiens de l'holocauste, le moteur a renvoyé le nom de David Irving. Non seulement David Irving n'est plus historien, non seulement David Irving est révisionniste, mais en plus David Irving est le "chef de file" du courant négationniste, il en est la figure de proue, il est l'un des plus "populaires". "
De quoi Facebook est-il le nom ? - Benjamin Hoffmann, La Règle du Jeu 5 février 2017
"Quel est l'impact des réseaux sociaux sur notre système cognitif ? Quel rôle a joué Facebook dans l'élection de Trump ? Décryptage de la logique de l’audimat et des bulles idéologiques de l'application de Mark Zuckerberg."
- Fragmentation de l’attention et morcellement de l’esprit
- Logique de l’audimat
- Bulles idéologiques et péril démocratique

Anthropocène ? plutôt capitalocène selon Andreas Malm

[...]en 2008, les pays capitalistes avancés du « Nord » constituaient 18,8 pour cent de la population mondiale, mais étaient responsables de 72,7 pour cent des émissions de CO2 depuis 1850, sans tenir compte des inégalités à l’intérieur de chaque nation. Au début du xxie siècle, les 45 pour cent les plus pauvres de la population humaine représentaient 7 pour cent des émissions, quand les 7 pour cent les plus riches en produisaient 50 pour cent ; un États-Unien moyen – là encore sans tenir compte des différences de classe nationales – émettait autant de CO2 que plus de 500 habitants de l’Éthiopie, du Tchad, de l’Afghanistan, du Mali, du Cambodge ou du Burundi, et plus que 100 Haïtiens.
Andreas Malm. L’anthropocène contre l’histoire - Le réchauffement climatique à l’ère du capital. 14 avril 2017.

Présentation des éditions La Fabrique :
"Depuis que le météorologue Paul Crutzen a proposé le terme en l’an 2000, le concept d’« anthropocène » est devenu incontournable dans les débats scientifiques, médiatiques et citoyens sur le réchauffement climatique et la « crise environnementale ». Dans cet essai, Andreas Malm pointe les limites de cette idée à première vue vertueuse : en associant les dérèglements climatiques actuels aux activités de l’humanité dans son ensemble, à l’espèce humaine, ou à une « nature humaine » irrémédiablement portée vers le progrès, les tenants de l’anthropocène fabriquent un récit linéaire de l’histoire énergétique qui présente les effets désastreux de l’économie fossile comme l’aboutissement naturel des activités millénaires de l’Homme depuis la découverte du feu. Contre ce mythe de l’espèce, Malm déploie une passionnante histoire de l’économie fossile, et montre les raisons qui ont conduit à l’adoption massive de la machine à vapeur dans l’industrie cotonnière anglaise du xixe siècle : non pas l’insuffisance de l’énergie hydraulique, non pas les besoins nouveaux d’une population plus nombreuse, mais la volonté d’une poignée d’entrepreneurs d’accroître leur contrôle sur la production et sur les travailleurs. L’histoire se poursuit en Inde où l’agenda de l’impérialisme anglais se trouve intimement lié à la nécessité d’extraire du charbon, puis du pétrole, à grande échelle. Si la Terre entre alors dans une nouvelle ère géologique, c’est celle du Capital.
Dès lors, plutôt que de rêver une humanité unie face à sa propre nature, Malm invite à penser le rassemblement politique de celles et ceux qui sont et seront les premières victimes de la catastrophe à venir."
Une fiche de lecture de Franz Himmelbauer


La question énergétique, socle de nos sociétés

"C’est surtout la nourriture d’un parc de machines qui a permis une multiplication par plusieurs centaines de la production en un siècle et demi. Sans énergie abondante, l’humanité ressemblerait à ce qu’elle était en 1800 : un demi-milliard d’agriculteurs, avec 25 ans d’espérance de vie à la naissance.
De ce fait, cela n’a pas de sens de faire des projets sur l’économie, la diplomatie, les transports ou l’école en faisant n’importe quoi sur l’énergie. Cela revient à faire des projets – d’études, de logement, de travail – pour un individu avec lequel on ferait par ailleurs n’importe quoi sur son alimentation ou sa respiration. Aucune chance que ça marche !"
La vertu du bouton reset par Jean-Marc Jancovici, 24 mai 2017.

Consommation d’énergie primaire en Europe, bois exclu, en millions de tonnes équivalent pétrole (une tonne équivalent pétrole = 11600 kWh). source : Jancovici

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