Vite Lu Vite Vu de la semaine 48

Black Friday

« Aujourd'hui, c'est le Black Friday, un rituel absurde inventé par des entreprises à but lucratif dans le seul but de faire de l'argent. En faisant vos achats aujourd'hui, vous enrichissez volontairement une petite classe de super-pollueurs propriétaires d'entreprises qui baignent dans des profits destructeurs d'écosystèmes. Les 10 % d'humains les plus riches possèdent 76 % de la richesse mondiale et génèrent 50 % de l'ensemble des émissions de carbone. L'empreinte des 1 % les plus riches du monde équivaut à celle des 66 % les plus pauvres de l'humanité. On nous dit que consommer toujours plus fait partie de la nature humaine. C'est de la foutaise. La course au prestige, apparemment inéluctable, est construite par une armée d'influenceurs, de “growth hackers” et de concepteurs de publicités. Lisez-le encore une fois : la destruction de la vie sur Terre est organisée. Achetez plus, soyez plus, disent-ils, même si nous savons que le bonheur par la consommation est une escroquerie. Travailler plus pour acheter plus, disent-ils, ce qui est d'ailleurs vrai puisque tout ce que vous achetez est payé en heures et en minutes. C'est une tragique pyramide de Ponzi où l'on meurt à la fin, en réalisant que la vraie richesse n'était pas sur le compte en banque. C'est l'escroquerie ultime où vous réalisez que votre vie a été gâchée par la réalisation d'un rêve écrit à Hollywood. Réveillez-vous. La bonne vie n'est pas celle qui maximise le PIB. Personne ne se souvient de la liste des dix personnes les plus riches il y a dix ans. Mais nous nous souvenons encore d'histoires et de symphonies vieilles de cent ans ; nous nous émerveillons encore devant des cathédrales et des pyramides et nous pleurons pour des montagnes et des rivières. L'histoire se contrefiche de l'appât du gain. La consommation rapide encouragée par la propagande commerciale est une distraction éphémère, qui nous coûte de manière catastrophique l'habitabilité de la Terre. La majorité d'entre nous souffre sur le tapis roulant d'une accumulation de richesses par une élite qui brûle le monde. Toutes ces choses inutiles que nous achetons et ces choses inutiles que nous fabriquons portent la perte tragique d'une vie qui pourrait être tellement plus riche si la prospérité pouvait parler sa propre langue. Alors, au diable les publicités [Fck Ads]. Six lettres minuscules pour raviver une critique électrique du réalisme capitaliste. Deux mots pour nous permettre de rêver plus grand, d'éduquer nos désirs pour de précieux futurs post-capitalistes. Petit mais beau. Lent mais délicieux. Il y a des futurs radicalement différents à inventer et cela commence aujourd'hui. » Timothée Parrique, 24 nov. 2023

COP28

Ouverture de la COP 28 à Dubaï

  • « Bilan de Paris. Les Émirats entendent faire de cette COP 28 la plus importante depuis la COP21 de 2015 à Paris, en accueillant plus de 100 000 personnes. C’est en fin de semaine, vendredi et samedi, que la plupart des chefs d’État s’y trouveront. Le grand moment de la COP 28 réside dans le Global Stocktake (GST) ou “Bilan mondial”, qui consistera à établir un point d’étape officiel par rapport à l’accord de Paris.
  • Échec. Les conclusions montreront combien les États sont en retard. Les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer de 43% d’ici 2030 afin de respecter la cible de l’accord de Paris et de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C en 2050 par rapport aux niveaux pré-industriels. L’objectif de ce GST est donc de redéfinir les contributions au niveau national de tous les États, qui auront ensuite deux ans pour modifier leurs politiques.

  • Finance climatique. En 2009, à la COP 15 à Copenhague, les pays développés s’étaient accordés afin de fournir 100 milliards de dollars par an de soutien financier climatique aux pays en développement. C’est seulement en 2022 que cet objectif a finalement été atteint, selon l’OCDE. Les pays en développement vont insister à Dubaï pour que ce montant annuel de 100 milliards soit augmenté, pour que l’écart par rapport aux 100 milliards sur toutes les années jusqu’en 2022 soit comblé, et pour enfin que les pays développés accordent davantage de subventions que de prêts. La discussion se fera dans la droite ligne de l'agenda de Bridgetown présenté par la Première ministre de la Barbade. » Le Grand Continent, 27 nov. 2023

Les trois sujets qui vont crisper les débats sur le climat et l'environnement

« Arrêt des énergies fossiles, développement du renouvelable et financement de la transition seront au coeur des deux semaines de négociation. »

La COP 28 vient de s’ouvrir. Quels seront les principaux sujets de négociation ?

« Présentation de la première édition du Bilan mondial (ou Global Stocktake, prévu par l’Accord de Paris) et la conclusion de la phase de discussion politique des résultats. (…)

Le Bilan mondial est crucial dans la mesure où il peut aboutir à une correction de la trajectoire avec la réévaluation à la hausse des Contributions déterminées au niveau national (CDN), fondement de l’Accord de Paris, qui fixent l’effort de réduction des émissions pour chaque pays (…)

Le financement de la lutte contre le changement climatique et de l’adaptation est un autre thème-clef de négociation (…) Les parties ont convenu d’exhorter les pays riches à respecter leur objectif de 100 milliards de dollars par an fixé en 2009 pour la lutte contre le changement climatique.

Un appel à la mise en place d’une taxe carbone mondiale a également été inclus dans les conclusions du Sommet. (…) La mise en œuvre du Fonds pertes et dommages, dont la création a été approuvée à la COP 27, fait également l’objet de tensions.(…) le traitement de la question de la sortie des énergies fossiles ainsi que le rythme de diminution de la production et de la consommation font l’objet d’une attention particulière (…) » Le Grand Continent, 30 nov. 2023

Les grands sujets à suivre à la COP28 à Dubaï

« Transition énergétique

Tous les regards seront tournés vers les termes adoptés sur la transition énergétique, des énergies fossiles vers les renouvelables. (…)

Lors de la COP26, à Glasgow en 2021, les parties s'étaient accordées sur une réduction de la part du charbon. Depuis, les activistes et certains gouvernements poussent pour que le pétrole et le gaz soient à leur tour nommés - mais la formulation exacte reste à trouver.

Les attentes tourneront également autour des engagements des pays à tripler leurs capacités en énergies renouvelables d'ici 2030 - un objectif soutenu récemment par le G20, puis réitéré par les Etats-Unis et la Chine dans une déclaration commune au début du mois - et à doubler le rythme d'amélioration de l'efficacité énergétique.

Idéalement, ces engagements prendraient la forme d'une réponse à un bilan technique de l'accord de Paris publié début septembre, ayant mis en lumière les efforts hautement insuffisants réalisés jusqu'ici. (…)

Fonds “pertes et dommages”

La percée majeure de la COP27 à Charm-el-Cheikh, en Egypte, a été la création d'un fonds destiné à compenser les “pertes et dommages” des pays particulièrement vulnérables face aux désastres climatiques, et moins responsables historiquement des émissions de gaz à effet de serre.

Mais la mise en oeuvre de ce nouveau fonds se révèle complexe, et les négociations patinent depuis un an. Parmi les questions à régler: qui doit payer? Qui en bénéficiera? Qui doit être chargé de sa gestion? (…)

Finance climat

Des groupes d'experts estiment que le monde doit investir plus de 3.000 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour atteindre les objectifs climatiques. Mais jusqu'ici, les pays développés en sont loin, qu'il s'agisse des investissements pour la transition énergétique ou l'adaptation face aux conséquences du changement climatique.

En 2009, les pays riches, principaux émetteurs et responsables historiques de la crise climatique, avaient promis d'atteindre 100 milliards de dollars par an pour les pays plus pauvres, et ce en 2020. Un but finalement “probablement” atteint l'année dernière, avec deux ans de retard, selon l'OCDE. » AFP, 29 nov. 2023

Monarques, carbone et dollars: une COP28 hors norme s'ouvre à Dubaï

« La première grande décision de la COP28 pourrait intervenir dès jeudi, avec l'adoption en séance plénière de la mise en oeuvre du nouveau fonds pour compenser les pertes et dommages liés au climat dans les pays vulnérables (…)

Plus de 97.000 personnes (délégations, médias, ONG, lobbys, organisateurs, techniciens…) sont accréditées, deux fois plus que l'an dernier, et environ 180 chefs d'Etats et de gouvernements sont attendus selon les organisateurs d'ici le 12 décembre (…)

Les Emiratis préparent un déluge inaugural d'engagements volontaires d'Etats pour, par exemple, tripler les renouvelables d'ici 2030 ou doper les aides financières des pays riches vers les plus vulnérables.

Mais seuls les textes officiels adoptés pendant la COP, dans le méticuleux processus onusien où le consensus est obligatoire, auront une force comparable à ce que fut l'accord de Paris. Un fiasco n'est pas à exclure, tant les résistances à parler explicitement des fossiles sont fortes chez certains pays producteurs. (…)

depuis la COP21 et l'accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre ont continué à augmenter. Mais alors qu'on tablait à l'époque sur 16% d'augmentation d'ici 2030, l'ONU Environnement ramène désormais la hausse à 2%.

Ce ralentissement n'est pas attribuable au seul texte mais la transition énergétique est indéniablement engagée, bien que plaçant toujours le monde sur une trajectoire de réchauffement invivable.

Depuis 2015, une centaine de pays se sont engagés à la neutralité carbone, le solaire est devenu l'énergie la moins chère pour générer de l'électricité, le pic de la demande en énergies fossiles est en vue cette décennie et l'Agence internationale de l'énergie s'attend à ce que plus du tiers des voitures neuves dans le monde soient électriques en 2030, un scénario impensable avant 2015. » AFP, 30 nov 2023

La COP28 à Dubaï s'ouvre en fanfare avec la naissance du fonds pour les dommages climatiques

« Première avancée majeure de la COP28, la concrétisation du fonds destiné à financer les « pertes et dommages » climatiques des pays vulnérables a été adoptée, un pas positif pour espérer dégripper les tensions financières entre le Nord et le Sud (…) Cette décision historique (…) concrétise le principal résultat de la COP27 en Egypte l’an dernier, où ce fonds avait été approuvé sur le principe mais dont les contours, très débattus, n’avaient pas encore été définis. (…)

Reste à savoir de combien sera doté ce fonds, qui sera provisoirement accueilli par la Banque mondiale, contre l’avis initial des pays en développement. Les premières promesses ont commencé à pleuvoir: 100 millions de dollars pour les Emirats, autant pour l’Allemagne, 10 millions pour le Japon, 17,5 millions pour les Etats-Unis, jusqu’à 40 millions de livres (environ 50 millions de dollars) pour le Royaume-Uni… La commission européenne et d’autres pays membres de l’UE ont promis une « contribution substantielle », chacun devant annoncer sa part vendredi et samedi. Les pays développés font aussi pression pour élargir la base des donateurs aux riches émergents, comme la Chine et l’Arabie saoudite.

Madeleine Diouf Sarr, présidente du groupe des Pays les moins avancés, qui représente 46 des nations les plus pauvres, a salué une décision d’une « signification énorme pour la justice climatique ». « Mais un fonds vide ne peut pas aider nos citoyens », a-t-elle souligné, alors que les pertes se chiffrent en centaines de milliards. « On attend des promesses en milliards, pas en millions », a pressé Rachel Cleetus, du groupe américain Union of Concerned Scientists (UCS).

« Le travail est loin d’être achevé », a aussi réagi l’alliance des petits Etats insulaires (Aosis). « On ne sera pas tranquilles tant que ce fonds ne sera pas financé convenablement et commencera à alléger le fardeau des communautés vulnérables ». » AFP, 30 nov. 2023

Les premières promesses d'argent pour les pays dévastés par le changement climatique : La COP28 débute par une décision historique

« Un fonds qui fournira des financements essentiels aux pays les plus touchés par le changement climatique a attiré plus de 400 millions de dollars de promesses après avoir été annoncé le 30 novembre au début de la 28e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP28) à Dubaï.

Le projet de résolution sur un fonds “pertes et dommages” marque un moment historique pour la stratégie mondiale de lutte contre le changement climatique. C'est l'aboutissement de 30 ans d'efforts de la part des pays à faibles et moyens revenus pour être indemnisés par les pays à hauts revenus pour les dommages causés par les effets du changement climatique. (…)

Sur les 197 pays représentés à la COP28, les Émirats arabes unis et l'Allemagne se sont engagés à verser 100 millions de dollars chacun au fonds ; d'autres États membres de l'Union européenne ont promis ensemble 125 millions de dollars, et le Royaume-Uni s'est engagé à verser environ 50 millions de dollars. Les États-Unis ont promis 17,5 millions de dollars et le Japon 10 millions de dollars. Le fonds sera administré par la Banque mondiale à Washington DC jusqu'à ce qu'un siège plus permanent soit trouvé. (…)

Les promesses ne sont pas la même chose que l'argent à la banque.

“Il reste à voir combien d'argent les pays riches, les pays développés et les pays pollueurs seront prêts à mettre dans ce fonds.

Les nations ont accepté le principe d'un fonds pour les pertes et dommages - qui est plus proche de la compensation que de l'aide - à la fin de la COP de l'année dernière en Egypte (…)

D'autres détails, tels que la part de l'argent qui sera distribuée soit sous forme de subventions soit sous forme de prêts, et qui pourra bénéficier de ce financement, n'ont pas encore été annoncés.

“Maintenant, le plus dur commence, c'est-à-dire à faire fonctionner le système et acheminer l'argent jusqu'à la ligne de front des impacts climatiques”. » Nature (anglais), 30 nov. 2023

Du Vanuatu à la COP28, le long parcours du Fonds pour « pertes et dommages »

« Un fonds sur les « pertes et dommages » pour aider les pays vulnérables à faire face à la crise climatique a été décidé à la COP28. L’idée en a été forgée il y a 32 ans par un avocat new-yorkais devenu ambassadeur des Vanuatu. (…)

En 1991, il est devenu le premier président de l’Alliance des petits États îliens (Aosis). Riche d’une quarantaine de pays, cette petite organisation n’avait qu’un mot d’ordre : pour maîtriser la montée du niveau de l’océan, ne renforçons plus l’effet de serre. Message inaudible à une époque où le lien formel entre gaz à effet de serre et réchauffement n’était pas encore totalement prouvé. Robert Van Lierop tourna le message autrement.

Au cours d’une réunion avec des représentants de nations favorisées, il proposa que le fardeau des « pertes et dommages » subis par les petits États îliens et les pays en développement de faible altitude soient pris en charge par les nations les plus industrialisées. Pertes et dommages, l’expression était lancée. « Elle n’a pas été accueillie très favorablement par les grands pays. En fait, ils ne l’ont pas du tout aimée » (…)

Trente-deux ans ont passé. Et les pertes et dommages sont (presque) une réalité. Le 30 novembre, lors de la première journée de la COP28, les délégués des 195 pays ont validé une décision forgée dans la douleur. Début novembre, les diplomates ont officiellement porté sur les fonts baptismaux un fonds dédié au soutien financier des pays en développement touchés par les conséquences du réchauffement. (…)

Hébergé pendant quatre ans par la Banque mondiale, ce fonds sera abondé par qui voudra : pays, entreprises, voire financements innovants. « Cela pourrait correspondre aux recettes d’une taxe sur le carbone ou sur les transactions financières », dit Fanny Petitbon. Pour le moment, on ne se presse pas au guichet. Seuls les Émirats arabes unis, l’Union européenne, l’Allemagne, les États-Unis et le Japon ont sorti leur chéquier. Leur promesse collective s’élève à 400 millions d’euros. La Norvège devrait aussi mettre au pot dans les jours prochains. Ce ne sera évidemment pas suffisant pour protéger les États de l’Aosis des fureurs océanes. Mais c’est un début. (…)

On peut lui faire d’autres reproches : pas d’objectif de montant, absence de critère de sélection des projets ou des bénéficiaires. Le texte prévoit que les subventions pourront être allouées à tout pays en développement. Or, selon la nomenclature de la Banque mondiale, la Chine est toujours classée dans cette catégorie. De quoi faire hurler les membres du Congrès américain. « Tous ces critères devront être définis par le conseil d’administration du fonds, dès qu’il sera constitué » » Reporterre, 1 déc. 2023

Au moins 118 pays s'engagent à tripler les capacités d'énergies renouvelables d'ici à 2030

« Les autres pays se sont engagés à “travailler ensemble” en vue de porter les capacités mondiales d'énergies renouvelables (éoliennes, solaires, hydroélectricité…) à 11.000 gigawatts (GW) à cet horizon, contre environ 3.400 GW aujourd'hui, (…)

Fin 2022, les capacités mondiales étaient de 3.372 GW, selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), dominées par l'hydraulique (37%) et le solaire (31%).

Les pays ont également promis de doubler le rythme annuel de progression de l'efficacité énergétique jusqu'en 2030, de 2% à 4%. Ces engagements n'ont toutefois pas de valeur contraignante. (…)

Avec cet objectif mondial, on envoie un message très fort en direction des investisseurs et des marchés financiers. On montre le sens de la marche. Et c'est pour eux une façon de dérisquer leurs investissements parce qu'ils savent que le monde entier se dirige vers cet objectif”, a dit la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen » AFP, 2 déc. 2023

Les engagements volontaires pleuvent, avant le dur des négociations sur les fossiles

  • « Tripler les renouvelables (…)
  • Sortir des fossiles ? (…)

bras de fer sur la sortie ou la réduction des énergies fossiles: pétrole, gaz et charbon. “Chacun est resté sur ses positions traditionnelles”, a déclaré cette source à l'AFP, l'Arabie saoudite plaidant pour le déploiement massif des techniques de captage de carbone tandis que l'Union européenne défendait la sortie des fossiles. (…)

l'annonce la plus importante de la journée, selon les experts du think-tank E3G, fut l'engagement des Etats-Unis et de six autres pays à fermer leurs centrales au charbon sans captage de C02, la façon “la plus sale” de générer de l'électricité (…)

  • N'oubliez pas le méthane (…)

Après le dioxyde de carbone (CO2), le méthane est le deuxième gaz à effet de serre ayant le plus contribué au réchauffement, à hauteur de 30%. C'est le gaz naturel qui s'échappe des gazoducs, des mines de charbon et de nos gazinières… mais aussi des estomacs des vaches ou de la décomposition de la paille dans les rizières. (…) Réduire le méthane est régulièrement décrit comme relativement facile et tout de suite très efficace contre le réchauffement. Pour les compagnies, il suffirait de mettre fin au torchage du gaz. Un engagement qui fait partie d'une charte signée samedi par 50 compagnies pétrogazières. (…)

  • Tripler le nucléaire (…)

appel d'une vingtaine de pays à tripler les capacités de l'énergie nucléaire dans le monde d'ici 2050 par rapport à 2020. (…)

Outre les États-Unis et le Canada, la vingtaine de signataires inclut les pays européens pro-nucléaires, selon une liste publiée par les Etats-Unis, ainsi que la Corée du Sud, le Ghana, les Émirats qui ont construit leurs premiers réacteurs, et le Japon, qui relance ses centrales. Mais la Chine et la Russie, premiers constructeurs dans le monde mais rivaux des Occidentaux, n'ont pas signé. (…) l'appel n'est en aucun cas contraignant dans le cadre de l'ONU, mais sert à donner des signaux de coopération et à établir des rapports de force dans les négociations. » AFP, 2 déc. 2023

La capture et le stockage du carbone (CCS) en ébullition

Les Émirats arabes unis vont commencer à capter du CO2 dans l'air et le séquestrer dans la roche

« Une usine aux Émirats arabes unis va commencer à capter du C02 dans l'air et le séquestrer dans la roche, apportant de l'eau au moulin du pays pétrolier qui appelle à lutter contre le réchauffement climatique sans abandonner les combustibles fossiles. (…) ADNOC a engagé 15 milliards de dollars dans des projets de décarbonation (…) Les Émirats arabes unis, qui sont déjà le septième producteur mondial de pétrole, prévoient d'investir 150 milliards de dollars d'ici 2027 pour accroître leur capacité de production d'hydrocarbures.

Comme d'autres puissances pétro-gazières, ils misent sur les technologies de captage et de stockage du carbone (CCS) pour limiter les émissions responsables du réchauffement de la planète, malgré les critiques des experts du climat qui les jugent insuffisantes pour faire face à la crise.

Ces techniques, peu développées à grande échelle et très coûteuses, sont encore loin de faire la différence au niveau mondial. (…) Sur le site de Fujeirah, alimenté par l'énergie solaire, des ventilateurs géants extraient le CO2 directement de l'atmosphère. Le gaz liquéfié est ensuite stocké dans des réservoirs, puis reconverti en gaz et dissous dans l'eau de mer, avant d'être injecté dans un puits d'un kilomètre de profondeur.

“D'après nos calculs, il faudra environ huit mois pour que le CO2 soit entièrement minéralisé dans le sous-sol”, a expliqué Talal Hasan, le PDG de 44.01. L'entreprise, lauréate du prix Earthshot en 2022, a mené un projet pilote à Oman permettant de séquestrer environ 1,2 tonne de CO2.

Le projet émirati est “10 à 15 fois” plus important, l'objectif étant d'atteindre “une tonne de CO2 par jour sur une période initiale de 10 jours”, a ajouté Talal Hasan. Pour être compétitif par rapport aux techniques de stockage plus conventionnelles, il vise “un coût d'environ 15 dollars par tonne de CO2 séquestrée, sans compter le coût du captage”. (…)

Lorsque les parties aux négociations parlent de sortir progressivement des combustibles fossiles "unabated”, elles excluent les combustibles dont les émissions ont été atténuées par le captage et le stockage de carbone", explique Karim Elgendy, du groupe de réflexion britannique Chatham House. Mais le problème est que ces technologies “n'ont pas encore fait leurs preuves à grande échelle”, souligne-t-il. » AFP, 29 nov. 2023

Les Verts allemands demandent un cadre européen sur le CCS pour les émissions difficiles à supprimer

« S'écartant de la position adoptée par leur parti depuis des décennies, les Verts commencent maintenant à considérer le CCS comme un moyen de traiter les émissions de gaz à effet de serre difficiles à éliminer dans “quelques secteurs choisis”, tels que la production de ciment (…).

“Dans ces secteurs, nous voulons utiliser les possibilités technologiques et capturer le CO2 directement pendant la production, le stocker sous une forme sûre et stable et, si nécessaire, l'utiliser dans des cycles de carbone fermés”.

Un cadre réglementaire standardisé à l'échelle européenne devrait être créé à cet effet et une infrastructure avec des installations de stockage de CO2 partagées devrait être mise en place, selon le parti. (…)

La coalition gouvernementale devrait décider d'une stratégie de gestion du carbone en 2023 afin de définir des lignes directrices pour la gestion du CCS. » Clean Energy Wire, 27 nov. 2023

Haut Conseil pour le Climat : Avis sur la stratégie de capture du carbone, son utilisation et son stockage (CCUS)

« Les technologies de capture et séquestration du carbone (CCS) (…) permettent en outre de réduire les émissions des secteurs n’ayant pas d’alternatives. Les technologies CCS couvrent les activités de capture du CO2, de transport, de stockage, et peuvent également permettre la valorisation de tout ou partie du CO2 capturé qui reste marginale à ce stade.

Les technologies CCS présentent des maturités variables pour chaque segment de leur chaîne de valeur respective, ainsi que des contraintes spécifiques qui conditionnent leur déploiement et imposent des délais de mise en œuvre opérationnelle.

Les procédés considérés dans les technologies CCS sont consommateurs d’énergie, et génèrent une « pénalité énergétique » à prendre en compte pour la pertinence climatique et la viabilité économique des projets. Les besoins additionnels en ressource en eau, et en intrants chimiques pour la capture du CO2 sont également à prendre en compte.

Le recours au CCS est conditionné en France par la disponibilité en volumes et en sites de stockage, dont le potentiel réel est difficilement quantifiable faute de données disponibles.

L’absence d’un cadre réglementaire rigoureux maintient quant à lui les incertitudes sur la comptabilité carbone du CCS, les responsabilités des différentes parties prenantes, et les stratégies d’investissement dans ces technologies.

Compte tenu de ces facteurs limitants au plan économique, énergétique, technologique, environnemental, réglementaire, et en sites de stockage, le recours au CCS doit être réservé en priorité aux usages visant à la réduction des émissions résiduelles qui ne peuvent être supprimées à la source, en complément des actions de sobriété et d’efficacité énergétique. (…)

capture directe du CO2 dans l’atmosphère (« Direct air CCS », DACCS) (…) « Bio énergie avec CCS », BECCS (…) Le BECCS pourrait présenter un intérêt dans la valorisation énergétique de la biomasse en complément du renforcement des puits naturels de carbone, mais son potentiel sera toutefois limité par les surfaces disponibles à consacrer à la production de biomasse énergie sans conflits d’usage avec la sécurité alimentaire, l’utilisation des terres y compris pour les puits de carbone, et des ressources en eau. (…) Le DACCS repose quant à lui uniquement sur la valorisation économique d’élimination du CO2, dites « émissions négatives », et implique des pénalités énergétiques importantes. (…)

en appui aux réductions d’émissions du secteur de l’industrie (…) capter 4 à 8 MtCO2 par an à horizon 2030 apparaît ambitieux, alors que potentiel visé de capter 15 à 20 MtCO2 par an à horizon 2050 est cohérent avec les connaissances disponibles (…)

Des études complémentaires et des retours d’expériences sont également nécessaires pour établir les limites opérationnelles et le potentiel effectif des technologies CCS. » Haut Conseil pour le Climat, 30 nov. 2023

Récupérer le CO2 de l'atmosphère est un non-sens selon Vincent Mignerot:

« Nous ne pourrons jamais récupérer les molécules de CO2 qui sont dans l’atmosphère parce qu’elles sont dispersées. Le carbone était concentré sous forme d’hydrocarbure dans les sols. La vie a mis des dizaines de millions d’années pour concentrer de la biomasse. Le pétrole, le charbon, c’est de la biomasse qui s’est concentrée et qui par le jeu de la géologie s’est retrouvée transformée par la chaleur et ensuite sédimenté ou liquéfiée et ça fait le pétrole ou le charbon. C’était concentré au départ, on le brûle, ça c’est la transformation. Il faut de l’énergie au départ pour amorcer la combustion et ensuite ça brûle et ça se retrouve dispersé dans l’atmosphère. Nous ne récupérerons jamais le CO2 dans l’atmosphère. Le GIEC estime que pour 2050 il faudrait des émissions neutres en carbone. C’est-à-dire que nous aurions encore le droit de brûler des hydrocarbures en 2050, mais il faudrait à côté que soit nous ayons replanté suffisamment de forêts, mais on sait aujourd’hui qu’on n’aura pas la place parce que c’est concurrentiel avec l’agriculture soit il faudrait inventer des machines qui sont censées aspirer le CO2 de l’atmosphère. Mais en fait, ces machines à mon sens et selon de plus en plus d’analystes sont des contresens thermodynamiques. C’est-à-dire qu’elles vont forcément consommer plus d’énergie que l’énergie que nous avons dépensée pour disperser le CO2 dans l’atmosphère. En fait ce sont des contresens thermodynamiques. Économiquement ça ne tient pas et si en plus il faut fantasmer sur l’idée de remettre le carbone dans le sol alors là sur le plan énergétique on est complètement hors des clous… »

Faut-il développer les techniques d'enfouissement du CO2 ? [interview, 7']

« La COP28 qui se tient actuellement à Dubaï a vu l'objectif de décarbonation de l'industrie, notamment pétro-gazière, occuper une place non négligeable dans les négociations. Pour y parvenir, le captage et le stockage de Co2 sont vus comme une solution. Peut-on y croire ? Avec Pierre Gilbert Auteur et consultant en prospective climatique à l'Institut Rousseau » France Culture, 6 déc. 2023

Répartition des émissions mondiales de CO2 en 2021

infograhie : Le Grand Continent, nov. 2023

Jo d'hiver 2030 : Alpes et enjeux climatiques

« les Alpes françaises, unique dossier retenu par le comité olympique pour organiser les Jeux d’hiver 2030, Avec des questions : L’enneigement faiblit d’année en année dans les régions concernées : combien coûteront en CO2 les canons à neige ? Et faut-il continuer d’investir dans les sports d’hiver en plein réchauffement climatique ? L’occasion pour nous de revisiter l’histoire et la géographie à la fois des Alpes, et du Ski, devenu Industrie (…) En 1903, la garnison de Briançon ouvre sa première école de ski, diffusant sa pratique via des compétitions entre militaires. Dans les années 1920, on ouvre les stations de Zermatt, Gstaad et Megève. Enfin, en 1924, premiers jeux olympiques d’hiver ont lieu à Chamonix, bientôt suivi des premiers remonte-pentes. Dans les années 1960, ce modèle encore villageois s’industrialise afin de répondre au tourisme de masse. La construction de stations comme la Plagne et Avoriaz, évoque de véritables villes en pleine montagne. (…). Résultat, quatre skieurs sur dix descendent des pistes alpines. Mais cette industrie est aujourd’hui ébranlée par le changement climatique, qui bouleverse l‘enneigement. L’arc alpin en effet se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste du globe : déjà plus deux degrés depuis 1850, plus 4 ou 5 degrés attendus d’ici la fin du siècle. Premières victimes, les glaciers qui ont perdu la moitié de leur superficie. D’ici la fin du siècle, il ne devrait plus y avoir de glaciers en-dessous de 3500 mètres. Le dessous des cartes, Arte, 30 nov. 2023

JO 2030 dans les Alpes françaises : “Pas le bon signal”, selon Jean-Marc Jancovici

« “Une station de ski aujourd'hui, c'est de la neige, et de l'énergie parce qu'il faut que les gens viennent, explique Jean-Marc Jancovici, qu'ils soient chauffés dans les appartements, que la station fonctionne. Le bilan carbone d'une station de ski, la moitié c'est les déplacements pour venir - vous ne remplacerez pas tous les gens qui viennent en voiture dans la vallée de la Tarentaise par des gens qui viennent en train, quand vous calculez les ordres de grandeur, vous vous rendez compte que ça ne marchera pas.”

Il poursuit : “Le deuxième poste, c'est le chauffage des habitations, le troisième c'est le carburant des dameuses, qui fait à peu près 10% de l'ensemble. Dire qu'on va augmenter tout ça à l'avenir, et qu'on va profiter de manière croissante d'une neige qui va se faire de plus en plus rare, c'est pas sûr que ce soit le bon signal. Tant qu'à investir dans les infrastructures, on aurait pu faire autre chose”. (…)

Le projet dit prévoir de se baser sur 95% de sites existants, et s'étendra de Nice au Grand-Bornand, en passant par la vallée de Serre Chevalier à Briançon, avec un pôle ski alpin sur les sites de Courchevel-Méribel et de Val d'Isère, le ski de fond à La Clusaz, et un village olympique basé à Nice, tout comme les épreuves de patinage. (…)

des fédérations écologistes EELV avaient notamment dénoncé cet été “une caution présidentielle qui viendrait à l'encontre de lois zéro artificialisation nette et qui se moquerait des pénuries d'eau, les JO entraînant une accélération phénoménale du bétonnage de nos belles montagnes”. (…)

“On ne peut pas en même temps être à Dubaï (COP 28, ndlr), dire que le monde s'effondre et faire ça sans aucune concertation, prendre une décision en six mois qui engage l'économie des Alpes pendant trente ans, ce n'est pas possible. » France Inter, 1 déc. 2023

l’Allemagne va redistribuer l’argent de sa taxe carbone directement à ses citoyens

« Le Klimageld (se traduit littéralement par “argent du climat”) consiste simplement à redistribuer l’argent de la taxe carbone directement aux citoyens. Un tel mécanisme de redistribution permet de rendre la taxe carbone plus équitable, transparente et juste. (…)

il s’agit d’un levier important pour atteindre notre objectif climatique. Dans son dernier rapport, le GIEC confirme bien que la tarification du carbone est efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. D’après la Banque Mondiale, plus de 40 pays ont déjà mis en place un prix du carbone, pour couvrir environ 23 % des émissions mondiales.

Mais une taxe carbone ne suffit pas : il faut qu’elle soit équitable. En France, elle était profondément injuste. C’est ce qui a été le facteur déclencheur du mouvement des Gilets jaunes.

D’une part, les particuliers automobilistes étaient quasiment les seuls à payer. De nombreux secteurs étaient exonérés, en totalité ou en partie : l’aviation, le transport maritime, le transport routier (bus, camions et taxis), les engins de chantier et les engins agricoles. Les grosses industries, soumises au marché carbone européen, ne payaient quasiment rien à cause des quotas gratuits distribués par l’Union européenne. Pour l’année 2018, la taxe carbone française a représenté 8 milliards d’euros, principalement payés par les particuliers et les petites entreprises. La même année, les industriels soumis au marché carbone européen ont payé 800 millions d’euros, soit 10 fois moins.

D’autre part, les mesures compensatoires étaient beaucoup trop faibles. Un rapport de l’ADEME précise que moins d’un quart des recettes était utilisé pour compenser son impact sur les ménages ou pour investir dans la transition. La majorité allait directement au budget de l’État. En novembre 2017, un avis de la commission des affaires économiques du Sénat alertait sur le fait que la taxe carbone continuait d’augmenter, alors que le prix du pétrole à l’international grimpait en flèche, tandis que les mesures compensatoires stagnaient. Exactement une année après la publication de ce rapport, des manifestants revêtus de gilets de sécurité routière commençaient à bloquer les ronds-points partout en France… Si la hausse du prix à la pompe était majoritairement due à la hausse mondiale du prix du pétrole, la taxe carbone sans compensation, sans transparence et sans équité a mis le feu aux poudres. (…)

Redistribuer les recettes de la taxe carbone directement aux citoyens est une mesure efficace, équitable et transparente. Elle est préconisée dans une lettre ouverte signée par plus de 3 500 économistes académiques dont 28 prix Nobel d’économie. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui regroupe plus de 80 organismes nationaux, a adopté à l’unanimité un avis qui préconise une mesure similaire. Elle est déjà en place au Canada, en Suisse et en Autriche. En France, une telle redistribution est le cheval de bataille de l’association Lobby Climatique Citoyen. » Agir pour le Climat, 28 nov. 2023

Principaux pays producteurs de pétrole en 2022

infographie : Le Grand Continent, 29 nov. 2023

La transition énergétique n'aura pas lieu - Étienne Klein, 18 déc. 2012

L'efficacité énergétique a marqué le pas en 2023, déplore l'AIE

« Le “taux de progression estimé de l'intensité énergétique” est attendu pour 2023 “à 1,3% contre 2%” en 2022, une contre-performance qui s'explique en partie par une “augmentation de la demande énergétique de 1,7% en 2023, contre 1,3% l'année précédente”, indique l'AIE dans son rapport sur ce levier qui permet de consommer moins d'énergie pour un même service rendu.

L'inflation et les taux d'intérêts en hausse “devraient réduire la croissance des investissements” dans l'efficacité énergétique “à seulement 4% en 2023, par rapport à une moyenne de 20% pour les deux années précédentes”, marquées par des plans de relance après la pandémie de Covid-19, souligne l'AIE dans son rapport. Ils s'élèveraient toutefois à “un peu plus de 620 milliards de dollars (environ 569 milliards d'euros) en 2023, soit environ 200 milliards de dollars de plus qu'avant la pandémie”, selon le rapport.

L'agence de l'énergie de l'OCDE, créée à Paris après le choc pétrolier de 1973, souligne que ces résultats sont très en deçà de la feuille de route qu'elle avait tracée au printemps dernier, laquelle visait un doublement par rapport à 2022, à 4% de progression par an.

Si les gouvernements veulent maintenir l'objectif de 1,5 degré celsius (de réchauffement de la planète fixé par les accords de Paris en 2015, NDLR) à portée de main tout en soutenant la sécurité énergétique, il est essentiel de doubler les progrès en matière d'efficacité énergétique au cours de cette décennie”, a rappelé Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, cité dans le rapport.» AFP, 29 nov. 2023

La réforme du marché de l'électricité doit repenser l'efficacité énergétique pour l'ère des énergies renouvelables

« Le fait est qu'en passant à un système énergétique entièrement électrifié, nous pouvons réduire jusqu'à 40 % de la consommation finale d'énergie. En effet, la plupart des technologies électriques ont un taux de perte d'énergie inférieur à celui de leurs équivalents à base de combustibles fossiles. Prenons l'exemple des pompes à chaleur, 3 à 5 fois plus efficaces que les alternatives à base de carburant. Les véhicules électriques ont une perte d'énergie de seulement 15 à 20 %, contre 64 à 75 % pour les moteurs à combustion interne. (…)

L'efficacité énergétique ne consiste pas seulement à consommer moins d'énergie, mais aussi à l'utiliser intelligemment. L'utiliser au bon moment grâce à la flexibilité de la demande change la donne.

Une étude récente montre qu'en maximisant les technologies de flexibilité existantes, telles que l'écrêtement des pointes* et la production flexible d'hydrogène, l'UE et le Royaume-Uni peuvent économiser 40 millions de tonnes d'émissions de CO2 par an. En effet, la flexibilité du côté de la demande nous permet d'éviter les périodes où la demande est supérieure à l'offre, ce qui nous oblige à faire fonctionner les centrales électriques à combustibles fossiles. Le déploiement de ces technologies peut également permettre de réaliser des économies annuelles de 10,5 milliards d'euros pour la société d'ici à 2030. » Euractiv (anglais), 27 nov. 2023

*Ce terme fait référence au processus d'atténuation des pics de consommation d'électricité. (source)

En Europe, la crise énergétique est terminée

« De la mi-2021 à la fin 2022, l'Europe et certaines régions d'Asie ont été frappées par une crise énergétique. Les prix du pétrole, du gaz, du charbon et de l'électricité ont grimpé, atteignant parfois des sommets, obligeant les ménages et les entreprises à réduire rapidement leur consommation. (…) Mais 18 à 24 mois plus tard, la phase aiguë de l'ajustement est terminée, les stocks d'énergie sont confortables et les prix reviennent vers les moyennes à long terme corrigées de l'inflation. Il y aura sans doute d'autres chocs à l'avenir, mais les perturbations liées à la fin de la pandémie et à l'invasion de l'Ukraine par la Russie sont terminées. Les marchés se sont adaptés.

Le problème résiduel de l'Europe est qu'elle a échangé du gaz de pipeline russe relativement bon marché contre du GNL relativement cher, mettant en péril sa compétitivité industrielle, mais il s'agit d'un problème chronique plutôt que d'une crise. (…)

Gaz (…) La production manufacturière allemande à forte consommation d'énergie a baissé d'environ 17 % depuis le début de l'année 2022 et ne montre aucun signe de reprise. La consommation totale de gaz dans les sept principaux pays consommateurs de l'Union européenne - Allemagne, Italie, France, Pays-Bas, Espagne, Belgique et Pologne - a diminué de 13 % au cours des neuf premiers mois de 2023 par rapport à la moyenne saisonnière sur dix ans avant l'invasion pour la période 2012-2021. (…)

Charbon (…) Du côté de la production, la Chine, premier exploitant de charbon au monde, a augmenté sa production de 425 millions de tonnes (10%) en 2022 et l'a encore augmentée de 144 millions de tonnes (4%) jusqu'à présent au cours des dix premiers mois de 2023. (…)

Ajustement : Chaque marché a connu un processus d'ajustement légèrement différent, mais tous ont été des variations d'une croissance plus rapide de la production et d'une augmentation plus lente de la consommation.

  • Le marché du pétrole a connu un excédent en raison de l'augmentation de la production hors OPEP et du ralentissement de la croissance de la consommation
  • Dans le secteur du gaz, l'hiver chaud en Europe et la réduction de la demande industrielle, combinés à un afflux d'importations de GNL, ont atténué les pénuries antérieures.
  • Les marchés du charbon se sont également ajustés, avec l'augmentation de la production en Chine et la croissance des sources d'énergie renouvelables. (…)

Mais le facteur commun est l'ampleur considérable des hausses de prix en 2021 et 2022, qui ont accéléré et télescopé le processus d'ajustement sur une période relativement courte. Par conséquent, après un ajustement brutalement douloureux en 2021 et 2022, la production, la consommation et les stocks sont devenus beaucoup plus confortables à la fin de 2023 et au début de 2024, et la phase de crise est terminée. » Reuters (anglais), Nov. 29, 2023

Le dilemme énergétique de l’Allemagne

« Alors que le pays s’est engagé à amorcer une sortie progressive du charbon d’ici à 2030, le ministre des Finances a émis des doutes sur la faisabilité de cette transition énergétique. (…)

La sortie du charbon, prévue initialement pour 2038 puis avancée à 2030, est donc remise en question, révélant les divisions existantes au sein de la coalition au pouvoir entre les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux. Le maintien de la production du lignite est justifié par la volonté de contrer la flambée des prix sur le marché européen de l’électricité. Ces combustibles fossiles, extraits dans de gigantesques mines à ciel ouvert sont, en effet, les plus avantageux du fait de leurs prix très compétitifs. En outre, pour faire face à la forte demande à l’approche de la saison hivernale, le gouvernement allemand a annoncé en octobre dernier qu’il allait relancer des centrales à charbon destinées à la fermeture, réitérant ainsi une mesure d’urgence prise à l’hiver 2022 et vivement critiquée à l’époque. (…)

l’interruption de l’approvisionnement en gaz russe bon marché, contraignant l’Allemagne à compenser les 55 % de ses importations, fait peser un risque de raréfaction, voire de pénurie du gaz qui sont à l’origine de l’accroissement des prix. Les répercussions sont immédiates sur la compétitivité de l’industrie chimique qui est une des industries les plus énergivores du fait de son importante consommation de gaz et d’autres produits pétroliers. Dans un pays où l’industrie représente encore 22 % du PIB, le nombre croissant d’industriels tenté par la délocalisation de leur activité aux États-Unis soulève de vives inquiétudes. Le groupe BASF, géant allemand de la chimie, a déjà délocalisé sa production très énergivore d’ammoniac.

Afin d’endiguer cette fuite, la coalition dirigée par Olaf Scholz a dévoilé jeudi dernier un plan d’aide pour alléger la facture d’électricité des industriels en mettant en place de larges baisses d’impôts et des subventions. (…)

L’objectif de la nouvelle coalition allemande est d’atteindre 80 % d’énergies renouvelables dès 2030 dans la consommation d’électricité. Un projet ambitieux car, malgré une tendance à la baisse, les énergies fossiles continuent de représenter plus des trois quarts de la consommation énergétique. » Techniques de l'Ingénieur, 15 nov. 2023

Les retombées de la crise budgétaire : L'Allemagne suspend sa stratégie en matière de centrales électriques

« La crise budgétaire allemande a contraint le ministre de l'économie et de l'action climatique, Robert Habeck, à reporter la stratégie de son ministère en matière de centrales électriques, attendue de longue date (….).

Au début du mois, la plus haute juridiction allemande a empêché le gouvernement d'utiliser les 60 milliards d'qu'il prévoyait d'affecter au fonds, initialement destinés à la lutte contre la pandémie de coronavirus. La stratégie relative aux centrales électriques devrait réglementer la construction de nouvelles centrales électriques au gaz prêtes à fonctionner à l'hydrogène, d'une capacité installée allant jusqu'à 25 gigawatts (GW), ce qui correspond à 50 grandes installations. Les nouvelles centrales, qui fonctionneront d'abord au gaz naturel puis à l'hydrogène, neutre pour le climat, devraient être opérationnelles à partir de 2030, mais cela est désormais peu probable (…)

Sans centrales électriques de secours, dont la construction devrait être encouragée par la stratégie, “il n'y aura pas de sortie [rapide] du charbon, et nous devrions toujours en être conscients”. Sans financement ciblé, les investisseurs seront dissuadés de construire des centrales électriques de secours, car les installations devraient fonctionner de moins en moins au fur et à mesure que la part des énergies renouvelables augmentera, ce qui les rendra non rentables, a averti l'industrie de l'énergie. » Clean Energy Wire (anglais), 30 nov. 2023

Production industrielle allemande 2011-2023

Production industrielle intensive en énergie : -20% depuis 2018


Energies dites renouvelables

Comment le 100 % renouvelable est possible : l’exemple du Portugal

« Entre le 31 octobre et le 6 novembre, la production d’électricité à partir de sources renouvelables au Portugal a été supérieure à la consommation totale d’électricité du pays. (…) La production d’électricité au Portugal est l’une des plus décarbonées en Europe. Selon les données du think-tank Ember, 78,02 % du total de l’électricité produite dans le pays en octobre provenait de sources renouvelables (40,06 % par l’éolien, 23,8 % par l’hydraulique, 7,23 % par le solaire et 6,93 % par la bioénergie). (…)

En 2015, près d’un tiers (29,7 %) de l’électricité du pays provenait de la combustion de charbon. Depuis décembre 2021, ce combustible fossile est complètement absent du mix électrique du pays. (…)

La part du gaz dans le mix portugais varie quant à elle selon les périodes. Depuis le début de l’année, elle représente en moyenne 28,6 % — contre 41,2 % en 2022. (…) Dans l’Union, le Danemark et le Portugal ont enregistré la part la plus importante d’électricité produite à partir de sources renouvelables au cours des six premiers mois de l’année 2023 (respectivement 79 % et 75 %)2. Cette tendance, bien qu’à une échelle moindre, est commune à une majorité des États-membres : 17 pays ont produit une part record d’électricité à partir d’énergies renouvelables entre janvier et juin. » Le Grand Continent, 28 nov. 2023

Évolution de la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité, par région

infographie : Le Grand Continent, 28 nov. 2023

Part de renouvelables dans la production d'électricité dans l'Union Européenne, en 2022

infographie : Le Grand Continent, 28 nov. 2023

Éolien : la Commission européenne sur la brèche face aux vents contraires qui soufflent sur le secteur

« Face à un « ensemble unique de défis » auxquels se confronte le secteur éolien en Europe, la Commission a présenté, le 24 octobre dernier, un plan d’action visant à « garantir que la transition vers une énergie propre aille de pair avec la compétitivité industrielle ». Chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri), Cédric Philibert nous livre son point de vue sur les perspectives ouvertes par ce plan, et nous dresse un état des lieux des principaux facteurs qui freinent selon lui le développement de l’éolien européen. (…)

Franchir le seuil des 500 GW de capacité éolienne installée à l’horizon 2030, c’est ce qui serait nécessaire pour atteindre, à cette même échéance, l’objectif fixé par l’Union Européenne d’un mix énergétique composé d’une part de renouvelables d’au moins 42,5 %. La barre semble toutefois placée particulièrement haut : en 2022, la capacité éolienne installée au travers de l’UE ne dépassait pas les 204 GW, progressant de 16 gigawatts par rapport à l’année précédente. Une « augmentation record de 47 % par rapport à 2021 », comme le note la Commission européenne dans un communiqué daté du 24 octobre dernier, qui n’en demeure pas moins largement insuffisante. « C’est nettement moins que ce que l’UE devrait installer pour être en mesure d’atteindre ses objectifs », souligne en effet celle qui se décrit elle-même comme la voix de l’industrie éolienne européenne, l’association WindEurope. À ce rythme, le seuil des 500 GW de capacité installée ne serait en effet franchi… qu’en 2041.

Pour y parvenir comme espéré en 2030, ce ne sont ainsi pas moins de 37 GW de capacités éoliennes supplémentaires qui devraient être installés chaque année par les États membres de l’Union. Une perspective pour le moins incertaine, donc, d’autant que la filière fait face à une série de problèmes qui freinent son développement (…)

l’inflation générale a mis un certain nombre d’entreprises dans la difficulté, notamment chez les fabricants [d’éoliennes], et chez quelques développeurs (…) L’inflation a certes touché les matériaux, mais aussi et surtout les taux d’intérêt, qui se révèlent décisifs pour ce secteur qui est sans doute le plus capitalistique de tous (…)

perturbations de l’approvisionnement en matières premières liées à la crise sanitaire, ou encore les problèmes de raccordement. (…) Les fabricants se trouvent (…) affectés par un ensemble de facteurs plus large encore : annulation de projets, diminution des marges, problèmes techniques, mais aussi forte concurrence chinoise. (…) le problème de la disponibilité en main-d’œuvre qualifiée (…) lenteur – et de la complexité – des procédures d’autorisation (…) » Techniques de l'Ingénieur, 21 nov. 2023

Politique industrielle

France: coup de froid sur la réindustrialisation en 2023

« de janvier à novembre, Trendeo a recensé 125 annonces d'ouvertures de nouvelles usines et 98 de fermetures de sites en France, soit un solde positif de seulement 27 nouvelles usines annoncées depuis début 2023. Ce chiffre se compare à un solde net de 83 nouvelles usines sur les onze premiers mois de 2022, de 116 en 2021 (au plus haut du recensement), une seule en 2020 l'année du Covid, et cinq en 2019. (…)

ce refroidissement touche la France profonde, en particulier les industries alimentaires, la plasturgie et les équipementiers automobiles. Ces derniers sont pris en tenaille dans la transition énergétique et l'abandon des moteurs thermiques au profit des véhicules électriques. Seize annonces de fermetures portent sur l'agroalimentaire, 9 sont dans le caoutchouc/plasturgie et 8 dans l'automobile, selon Trendeo. (…)

des ouvertures d'usines sont annoncées dans le recyclage ou l'énergie, illustrant la transition climatique et industrielle en cours. Et des investissements pour remplacer des fours à gaz émetteurs de CO2 par des fours électriques, notamment dans les métaux ou la verrerie. » AFP, 30 nov. 2023

Décarbonation industrielle : entre progrès tangibles et défis persistants

« différents leviers pour l’industrie pour se décarboner : - Efficacité énergétique et des procédés industriels - Électrification des processus de production qui nécessite l'accès à une énergie bas carbone - Remplacement des chaudières à énergie fossile par des chaudières biomasse ou utilisant des combustibles solides de récupération (…)

Développement de technologies dites de ruptures comme : - L’hydrogène bas carbone - Le captage du CO2 - Le stockage du CO2

Mais toutes les solutions en la matière sont loin d’être matures et ne seraient constituer des solutions miracles.

Ainsi, la sobriété est également une nécessité pour espérer atteindre les objectifs environnementaux (…)

  • mise en place de vraies démarches d’économie circulaire
  • prise en compte des enjeux environnementaux dans la conception et la production des produits avec la réalisation d’une analyse du cycle de vie, et une réduction drastique des emballages
  • L’évolution des comportements de consommation pour privilégier des systèmes de prêt ou de location selon la logique de l’économie de la fonctionnalité à l’achat d’un produit neuf. » Xerfi, 29 nov. 2023

Pâtes, légumes… + 48% de marge pour les agro-industriels

« La marge de l’industrie agroalimentaire a atteint un niveau historique de 48 % et celle de la grande distribution a elle aussi augmenté sur certains rayons de première nécessité comme les pâtes, les légumes ou encore le lait » (UFC QUe Choisir)

L’inflation alimentaire a atteint 20 % en deux ans. (…) l’Autorité de la concurrence avait alerté sur les « profits excessifs » de certaines entreprises grâce à l’inflation (…)

Quatre associations de consommateurs (UFC Que Choisir, Foodwatch, la CLCV et Familles rurales) demandent :

  • La transparence sur les marges, afin de savoir quel profit est réalisé par chaque acteur de la chaîne alimentaire ;
  • des mesures empêchant les marges excessives sur les produits sains tels que les fruits et légumes, les aliments bio, les légumineuses ;
  • la suppression de la disposition qui garantit une marge minimum de 10 % pour la grande distribution. » Reporterre, 30 nov. 2023

Plusieurs milliards de dollars d’amende pour une plateforme de cryptomonnaies accusée de transactions avec des mouvements terroristes

« Binance, la plus grande plateforme d'échange de cryptomonnaies au monde, a passé un accord avec les autorités américaines et a consenti à payer une amende record de 4,3 milliards de dollars pour violation de leurs lois contre le blanchiment. C'est ce qu'ont annoncé mardi le département du Trésor et celui de la Justice des États-Unis. L'administration américaine lui reproche non seulement d'avoir manqué à son obligation de s'enregistrer auprès du FinCEN, le réseau de lutte contre les crimes financiers, mais aussi de ne pas prendre de mesures efficaces pour empêcher le blanchiment d'argent. La plateforme n'a ainsi pas pu empêcher des transactions impliquant des groupes terroristes comme les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, le Djihad islamique palestinien ou encore l'État islamique en Irak et en Syrie (ISIS). Son inattention a également permis à des utilisateurs présents dans les zones sanctionnées, telles que l'Iran, la Corée du Nord, la Syrie ou la Crimée ukrainienne, d'échanger leur argent sans difficulté. Le Trésor américain estime à environ 700 millions de dollars le montant des transactions illégales de cryptomonnaies réalisées sur Binance. En particulier, la plateforme a permis à des individus se trouvant en Corée du Nord de réaliser 80 transferts, équivalent à 4,37 millions de dollars, violant ainsi les sanctions imposées au régime communiste. Dans le cadre de son accord conclu avec les autorités, Binance a accepté de plaider coupable et de se retirer du marché américain. Son fondateur Changpeng Zhao a démissionné de son poste de PDG. Cette entente est particulièrement importante puisqu’elle intervient au moment où les USA entendent réprimer fortement les plateformes de cryptomonnaies utilisées pour financer des activités liées au terrorisme et au développement des armes de destruction massive. Ils redoublent notamment d'efforts pour empêcher Pyongyang d’avoir recours aux cryptomonnaies pour financer son programme nucléaire et balistique. (KBS World Radio, le 22-11-2023) » Renseignor N°1308, 26 nov. 2023

L'apogée de l'empire britannique

« Le 29 septembre 1923, l'ajout de la Palestine mandataire a porté l'Empire britannique à sa plus grande taille : près de quatorze millions de kilomètres carrés (150 fois la taille de la Grande-Bretagne, un quart de la superficie mondiale). Il comptait alors 460 millions d'habitants, soit un cinquième de la population mondiale. Pourtant, comme l'indique clairement le sous-titre de ce livre, il s'agissait également d'un empire en crise, assailli par les dettes et les doutes. » Literary Review via Adam Tooze (anglais), 1 déc. 2023

USA vs. Brésil de Lula

« Anticorruption et zones d'ombre impérialistes : Le rôle des États-Unis dans le long coup d'État brésilien :

Un examen approfondi des preuves disponibles, contenues dans les déclarations du gouvernement américain, les comptes rendus des médias de langue anglaise et les chats Telegram piratés entre les procureurs brésiliens, indique que les États-Unis ont été étroitement impliqués dans le “long coup d'État” qui a écarté la gauche du pouvoir au Brésil en 2016 et assuré l'élection de l'extrême droite en 2018. Tout comme après le coup d'État brésilien de 1964 soutenu par les États-Unis, ces preuves ont été largement ignorées par les universitaires américains. Les latino-américains feraient bien de revenir à la tradition anti-impérialiste qui a fait de notre domaine un des principaux critiques de la politique étrangère des États-Unis. » Mier et al. (2023). Anticorruption and Imperialist Blind Spots: The Role of the United States in Brazil’s Long Coup. Latin American Perspectives. https://doi.org/10.1177/0094582X231213614

Invasion russe de l'Ukraine

Pertes humaines russes en Ukraine depuis le début de l'année, par jour

infographie : Le Grand Continent, 27 nov. 2023

La fausse impasse de la guerre d’Ukraine.

« Une augmentation de l’aide occidentale à l’Ukraine pourrait bien permettre aux forces ukrainiennes de reprendre la manœuvre sur le champ de bataille selon leurs propres conditions. […] L’arrêt ou la réduction significative du soutien militaire américain à l’Ukraine permettrait à la Russie de gagner cette guerre sur le champ de bataille. Ce serait une catastrophe non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour l’OTAN. » Le Grand Continent, 22 nov. 20234

 Guerre en Ukraine : pourquoi la contre-offensive est un échec ?

 

« En juin dernier, l’Ukraine lançait une vaste contre-offensive, dont l’objectif était de rejoindre la mer d’Azov pour couper l’armée russe en deux. Cinq mois plus tard, le front est figé, les Ukrainiens n’ont pas réussi à avancer. Dans une interview au magazine The Economist, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, explique être dans « une impasse ». Pourquoi ces difficultés ? On vous explique avec Sylvie Kauffmann, éditorialiste au Monde. » Le Monde, 28 nov. 2023

La Chine à la pointe du progrès

« En dix ans de croissance, les chercheurs chinois ont dépassé leurs homologues américains et européens en termes de publications scientifiques »

« La Chine est également le premier fabricant mondial de panneaux solaires, représentant 80 % de la production de panneaux photovoltaïques (PV), dont les exportations constituent près de 7 % de l'excédent commercial total de la Chine. »

Institut Delors via Adam Tooze (anglais), 27 nov. 2023

Vite lu, vite vu de la semaine 47

La grande accélération

 


Évaluer et cartographier les risques de sécheresse en Europe

« L’Atlas européen des risques de sécheresse, publié par le Joint Research Centre en octobre 2023, fournit une évaluation et une cartographie des risques de sécheresse et de leurs conséquences dans l’Union européenne. S’appuyant sur des projections à différents niveaux de réchauffement climatique (+1,5°C, +2°C, +3°C), les auteurs ont étudié plusieurs secteurs dont l’agriculture. Il en ressort que les niveaux de risques de sécheresse sont très élevés pour la région méditerranéenne, qui reste la plus exposée. Les projections réalisées pour certaines cultures (blé, orge et maïs) montrent que, pour toutes les projections faites, les pertes de rendement seraient particulièrement importantes pour le blé, notamment en France et en Allemagne, où elles seraient jusqu’à trois fois supérieures aux valeurs historiques ». Centre d'étude et de prospective du ministère de l'agriculture, 21 nov. 2023

Les enjeux de la COP 28, Quelles sont les décisions qui pourraient garantir le succès de la COP28 ?

« Tous les regards seront tournés vers la COP28 à Dubaï. C'est la première fois qu'un grand pays exportateur de pétrole et de gaz accueille la conférence, ce qui a suscité des craintes d'écoblanchiment au sein de la communauté climatique mondiale. (…) Le premier inventaire mondial (Global Stocktake, GST) de l'action climatique mondiale dans le cadre de l'Accord de Paris sera délivré à Dubaï. Quels sont les principaux indicateurs de réussite de la COP28 ?

Tout d'abord, le résultat du GST illustrera probablement l'échec actuel du monde à s'attaquer réellement à la crise climatique. Les pays devraient indiquer qu'ils sont prêts à renforcer leurs plans de décarbonation par des actions concrètes afin de rectifier le tir.

Deuxièmement, il est peu probable que les pays participants parviennent à un accord sur l'élimination progressive des combustibles fossiles, mais il est probable qu'ils parviennent à un accord sur le triplement de la capacité de production d'énergie renouvelable pour atteindre 11 TWh et sur le doublement des améliorations de l'efficacité énergétique d'ici à 2030.

Troisièmement, les pays riches pourraient montrer leur volonté de soutenir les nouveaux objectifs mondiaux en matière d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique par de véritables engagements financiers en intensifiant leurs efforts pour atteindre le niveau de 100 milliards de dollars de financement climatique promis en 2009. Les pays du Nord pourraient également s'engager à soutenir les pays du Sud dans leurs efforts de transition climatique.

Quatrièmement, si le fonds pour les pertes et dommages, convenu lors de la COP27, est approuvé et adopté lors de la COP28, il contribuera grandement à soutenir les pays en développement qui sont vulnérables aux effets négatifs du changement climatique. Cinquièmement, les pays pourraient convenir d'un objectif mondial ambitieux en matière d'adaptation et adopter un cadre clair pour mobiliser les fonds nécessaires à son financement. Seul l'avenir nous dira lesquels de ces indicateurs de succès, si tant est qu'il y en ait, apparaîtront lors de la COP28. » Bruegel (anglais), 24 nov. 2023

De combien le monde doit-il réduire les émissions de gaz à effet de serre ?

« Les émissions mondiales totales de gaz à effet de serre (GES) étaient de 54,5 GtCO2e [milliards de tonnes de CO2 équivalent] en 2020, et sont passées à 57,4 GtCO2e en 2022. (…)

La trajectoire 1,5˚C avec 50% [de probabilité d'être réalisée] exige que les 57.4 GtCO2e baissent à 33 GtCO2e au cours des 6 prochaines années, et nécessite 38Gt d'élimination cumulative du CO2 (EDC) [Élimination du dioxyde de carbone atmosphérique] au cours des 26 prochaines années, avec une EDC annuelle en 2050 de 6,8Gt/an (en comparaison, l'océan mondial absorbe 10,6GtCO2/an).

La trajectoire 2˚C avec 66% [de probabilité d'être réalisée] exige que les 57,4 GtCO2e baissent à 41 GtCO2e au cours des 6 prochaines années, soit 39 Gt de EDC cumulé jusqu'en 2070, date à laquelle 7,7 Gt de EDC seront absorbées annuellement. » World Energy Data (anglais), 23 nov. 2023

Il reste une quantité relativement faible d'émissions de carbone autorisées - connue sous le nom de “budget carbone” - si l'on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5C, l'ambition de l'Accord de Paris. (…) le budget carbone restant pour avoir une chance sur deux de maintenir les températures à 1,5°C n'était que d'environ 250 milliards de tonnes de CO2 (GtCO2), ce qui représente environ six années d'émissions actuelles. » Carbon Brief (anglais), 24 Nov. 2023

Emissions de gaz à effet de serre : inégalité des responsabilités selon la richesse

« les 1% les plus riches émettent autant de gaz à effet de serre que les deux tiers des plus pauvres, selon un rapport d'Oxfam (…)

les 1% les plus riches, soit 77 millions de personnes, sont responsables de 16% des émissions mondiales liées à leur consommation. Il s'agit de la même proportion que 66% de la population la plus pauvre, soit 5,11 milliards de personnes.

Le seuil de revenu pour faire partie des 1% les plus riches a été ajusté par pays en fonction de la parité de pouvoir d'achat - par exemple, aux États-Unis, le seuil est de 140 000 dollars (128 000 euros) et l'équivalent kenyan d'environ 40 000 dollars. Ainsi, en France, en 10 ans, les 1% les plus riches ont émis autant de carbone en un an que les 50% les plus pauvres.

Si l'on exclut les émissions associées à ses investissements, Bernard Arnault, le PDG français du groupe de luxe LVMH et Français le plus riche, a une empreinte carbone 1 270 fois supérieure à celle d'un Français moyen. » AFP, 20 nov. 2023

 

« (…) deux questions : celle de la responsabilité historique des pays industrialisés et celle du financement du coût de la réparation des catastrophes provoquées par le réchauffement. Il devrait s’effectuer via un fonds dédié aux « pertes et dommages » financé par les pays riches et devant aider les pays pauvres, à la fois les plus exposés aux risques climatiques et les moins émetteurs, à y faire face. (…)

« les 50% les plus pauvres de l’humanité sont responsables d’à peine 8 % d’émissions mondiales. » (…)

Les émissions de carbone des 1% les plus riches proviennent principalement de biens de luxe et non essentiels. (…)

Pour limiter le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés Celsius de hausse des températures, il faudrait qu’un être humain émette en moyenne 2 tonnes de CO2 par an. (…)

La moyenne annuelle des émissions de gaz à effet de serre des Français et des Françaises est de 6,4 tonnes de CO2 par personne*. Toutefois, ce chiffre varie selon le niveau de revenu puisqu’une personne figurant parmi les 10 % des Français les plus riches émet en moyenne 15,6 tonnes de CO2. Un Français parmi les 1 % les plus riches près de 40,2 tonnes de CO2 chaque année. Tandis qu’un Français ou une Française dans les 50 % les plus pauvres n’émet que 3,8 tonnes de CO2 chaque année. » (…)

[*Le chiffre de 6,4T ne prend en compte que les émissions territoriales et exclut les émissions des biens importés, dans ce cas l'empreinte carbone moyenne d'un français avoisine 9/10T).]

« le niveau des émissions individuelles dépend principalement du niveau et du mode de vie. Ainsi, selon l’ONG, « les 10% les plus riches sont responsables d’un quart des émissions de la France. » (…)

Oxfam préconise donc de réduire les inégalités climatiques en s’attaquant aux inégalités économiques, dont elles sont le reflet. « Il est temps de faire peser le poids de la transition sur les plus riches, qui émettent le plus. C’est simple, c’est le principe pollueur payeur, dont la mesure phare est l’ISF climatique : l’anti-taxe gilets jaunes ! ». » GoodPlanet mag, 20 nov. 2023


Variation des revenus, dépenses et empreinte carbone par personne en fonction des déciles de revenu

La Transition énergétique

En France

Le gouvernement vient de publier sa stratégie pour l’énergie et le climat

« Doubler le rythme de déploiement de l'énergie solaire, déployer très largement l'éolien en mer, relancer le nucléaire : le gouvernement a rendu public mardi soir sa stratégie énergétique, destinée à « sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles ». Une transformation, selon le gouvernement, « d'une ampleur comparable à celle de la première révolution industrielle. (…)

Son objectif : « sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles », la consommation d'énergie finale du pays étant aujourd'hui composée à 37% de pétrole et 21% de gaz, et viser « une économie plus sobre, plus efficace et approvisionnée de manière quasi-intégrale en énergies bas-carbone produites et maîtrisées sur notre sol ».

Cela supposera de réduire de 40 à 50% notre consommation d'énergie en 2050 par rapport à 2021 (-30% en 2030 par rapport à 2012), via la sobriété et l'efficacité énergétiques. (…)

Il faudra aussi « massifier la production de toutes les énergies renouvelables ». A commencer par l'éolien en mer, à hauteur de 18 GW en 2035 (soit une trentaine de parcs comme celui au large de Saint-Nazaire, le seul actuellement en service en France).

L'énergie solaire photovoltaïque devra doubler son rythme annuel de nouvelles capacités, pour atteindre plus de 75 GW en 2035 dans le scénario central (avec possibilité d'ambitions renforcées). L'éolien terrestre, que le président souhaitait ralentir, garderait finalement son rythme actuel, et verrait ses capacités doubler, à 40 GW en 2035. (…)

Les capacités en biogaz seraient en outre multipliées par 5 d'ici 2030, à 50 TWh. (…) l'investissement moyen annuel dans ce domaine n'a représenté que 0,92% du chiffre d'affaires en 2023, soit une quasi-stabilité par rapport à 2021 (0,91%). » Climat : le plan de la France pour sortir de sa dépendance aux énergies fossiles, La Tribune, 22 nov. 2023

 

D’ici à 2035, la France devra se doter d’une puissance totale de 18 gigawatts (GW) d’éolien en mer, a formalisé le gouvernement mardi soir dans sa stratégie pour « sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles » (SFEC). Selon le ministère de la Transition énergétique, atteindre une telle cible demandera à peu près le même effort que de construire 6 réacteurs nucléaires EPR, « en termes de montant financier comme en termes d’énergie livrée ». En l’espèce, il s’agira de mettre sur pied l’équivalent de 37 fois le parc éolien en mer de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le seul actuellement en service dans le pays. D’une puissance de 480 mégawatts (soit 0,48 GW), celui-ci se compose de 80 turbines réparties sur une surface globale de 78 km².

L'éolien terrestre garderait quant à lui son rythme actuel et verrait ses capacités doubler, à 40 GW en 2035. » La Tribune, 24 nov. 2023

 

« La France a dévoilé le 22 novembre sa stratégie pour sortir des énergies fossiles. Elle mise sur le nucléaire et les renouvelables, sans moyens concrets, regrette Anne Bringault, du Réseau Action Climat. (…)

Il faut d’abord souligner la tromperie du titre. Ce document intitulé « Stratégie française pour l’énergie et le climat » traite, en réalité, uniquement d’énergie. C’est pour le moins surprenant étant donné qu’il doit contenir trois documents : la troisième édition de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et le plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC).

Mais la France n’arrive pas à atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 dans les nouvelles modélisations, ni celui de la baisse de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030. (…)

Rien ne figure par exemple sur l’agriculture, pourtant deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. (…)

Sur les énergies renouvelables, on constate une volonté d’accélérer leur développement (notamment sur le solaire où la filière explose), sauf pour l’éolien terrestre qui reste un sujet visiblement tabou puisque son expansion n’est pas affichée, alors que l’on sait que des projets sont en discussion. (…)

La notion de « sobriété » est citée dans cette stratégie ce qui est une avancée, même si l’on peut regretter qu’elle ne soit imaginée qu’en termes de régulation du chauffage des logements qui ne doivent pas dépasser les 19 °C. La sobriété n’est pas activée sur l’aérien, le transport de marchandises ou la production industrielle (ciment, acier) nécessaire à la construction de bâtiments neufs. (…)

Les hypothèses envisagées pour atteindre cet objectif de baisse de la consommation d’énergie à partir de 2025 manquent cruellement de concret. Seule figure l’accélération de l’efficacité énergétique, et notamment la rénovation des bâtiments. (…)

Mais la rénovation thermique des maisons individuelles considérées comme des passoires énergétiques n’existe pas dans les textes actuels. (…)

La France est le seul pays européen à n’avoir pas atteint son objectif, fixé en 2009 par une directive européenne, de 23 % d’énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique…) dans sa consommation finale brute énergétique en 2020. Ne l’ayant pas non plus atteint, la Belgique, les Pays-Bas, la Slovénie, le Luxembourg et Malte y sont parvenus en rachetant des « volumes statistiques » d’énergies renouvelables à des États ayant dépassé leur propre objectif. La France n’a pas voulu choisir cette option et ne respecte ainsi pas les règles qu’elle avait pourtant acceptées quelques années auparavant. » « La stratégie pour l’énergie et le climat est une tromperie », Reporterre, 23 nov. 2023

RTE met à jour ses scénarios sur les futurs énergétiques 2050

« RTE (Réseau de transport d’électricité, gestionnaire du réseau public de transport d’électricité haute tension en France métropolitaine) a publié une mise à jour de ses scénarios prospectifs d’évolution de la production et consommation d’électricité en France dans le cadre de la transition vers la neutralité carbone en 2050. (…)

  • Le scénario A permet d’atteindre les objectifs de décarbonation accélérée et de réindustrialisation en 2030 et 2035. Il présente une électrification renforcée et une hausse de la consommation d’électricité en augmentation (passant du niveau actuel de 460 TWh/an à 580 – 640 TWh/an en 2035 ;
  • Le scénario B permet d’atteindre les objectifs climatiques et de réindustrialisation avec un retard de trois à cinq ans ;
  • Le scénario C décrit un environnement de « mondialisation contrariée », dans lequel les tensions macroéconomiques et géopolitiques se prolongent durablement.

Ces scénarios, et surtout le premier, nécessitent de mobiliser quatre leviers : efficacité énergétique, sobriété, énergies renouvelables et nucléaire. RTE indique « qu’il est possible de jouer sur les curseurs mais qu’aucun levier ne peut être abandonné ». RTE indique que l’efficacité énergétique des équipements et des bâtiments, si les rénovations thermiques s’amplifient, permettraient d’économiser entre 75 et 100 TWh par an. La sobriété permettrait seulement d’économiser jusqu’à 25 TWh en 2035 (…)

Concernant le développement des énergies renouvelables, RTE table sur une accélération importante dans tous les scénarios : entre 270 TWh minimum et, si possible, jusqu’à 320 TWh. Enfin, pour RTE, un autre enjeu est de retrouver des niveaux de disponibilité et de production nucléaire supérieurs à ceux des dernières années, en visant de 360 à 400 TWh de production nucléaire annuelle.

Enfin, cette mise à jour de RTE prend en compte les principales transformations dans les secteurs de l’industrie (double ambition de réindustrialisation et de décarbonation de l’industrie grâce à une électricité décarbonée) ; du chauffage (développement des pompes à chaleur) ; de la production d’hydrogène qui requiert des quantités importantes d’électricité compétitive bas-carbone ; et du transport : (développement des véhicules électriques).

RTE souligne que ces nouveaux scénarios nécessitent des investissements massifs : d’ici à 2035, il faudrait ainsi tripler les investissements, de 25 à 35 Md€ par an, pour la production et les capacités de flexibilités. » Citepa, 20 nov. 2023

Mise en service d'un nouvel EPR en 2035 : un objectif « très exigeant » selon le PDG d'EDF Luc Rémont

« “C'est très exigeant, ça doit venir de pair avec tout le travail que nous devons faire sur le parc nucléaire existant pour augmenter le niveau de production et nous sommes bien en chemin pour augmenter le niveau de production (…)

programme de construction de six nouveaux réacteurs de type EPR2, dont le premier doit être mis en service à horizon 2035-2037 à Penly.

“C'est exigeant encore une fois, mais c'est à nous de remonter cette capacité de construction à l'échelle industrielle” (…)

Le PDG a par ailleurs confirmé le calendrier de mise en service de l'EPR de Flamanville: “nous prévoyons de charger le réacteur (avec le combustible) au premier trimestre 2024 (…) et de le raccorder au réseau à la mi- année 2024”.

Sa mise en service arrivera avec 12 ans de retard, pour une facture qui devrait s'élever à 13,2 milliards d'euros, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards. (…)

Après une production nucléaire tombée à un plus bas depuis 30 ans en 2022 (279 térawattheures, TWh) à cause de la crise de la corrosion, le groupe vise un objectif ambitieux de 400 TWh d'ici à 2030 pour redresser sa situation financière, fragilisée par une dette de 65 milliards d'euros. » AFP, 24 nov. 2023

Nucléaire : l'EPR finlandais à l'arrêt en raison d'un problème technique

« “La production d'électricité d'OL3 a été interrompue dimanche soir 19 novembre en raison d'un défaut détecté dans l'îlot de turbines” (…)

le réacteur nucléaire d'Olkiluoto 3, sur la côte sud-ouest finlandaise, est entré en service mi-avril, après 18 ans, soit avec 14 ans de retard sur le programme initial. (…)

Comme nombre d'autres chantiers d'EPR, il a été marqué par d'innombrables retards et d'énormes surcoûts qui ont été une des principales causes du démantèlement industriel d'Areva. » AFP, 20 nov. 2023

Et en Allemagne

L'Allemagne ne progresse que timidement sur la voie de la transition énergétique

« Les progrès de la transition énergétique allemande sont lents. Sur un total de 47 indicateurs clés permettant de déterminer si l'Allemagne se dirige vers la neutralité climatique - notamment l'expansion des énergies renouvelables, les chiffres des émissions et les investissements dans les voitures - seuls 13 montrent que le pays est sur la bonne voie. Seize autres indicateurs marquent quelques progrès, mais 18 indicateurs évoluent beaucoup trop lentement, voire dans la mauvaise direction. (…)

Les secteurs du chauffage et des transports ont été particulièrement mis en évidence comme étant à la traîne en ce qui concerne la réalisation des objectifs climatiques. Au cours des trois premiers trimestres de 2023, près de 10 % de voitures à moteur à combustion ont été vendues en plus par rapport à la même période de l'année précédente, et les ventes de systèmes de chauffage au gaz ont augmenté de 30 % au cours des six premiers mois de l'année. (…)

L'Allemagne vise à atteindre la neutralité en matière de gaz à effet de serre d'ici 2045. Elle s'est fixé comme objectifs intermédiaires de réduire ses émissions d'au moins 65 % d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990, et de 88 % d'ici à 2040. Toutefois, le pays n'est pas en mesure d'atteindre ses objectifs pour 2030. » Clean Energy Wire (anglais), 22 nov. 2023

Séisme budgétaire

« La cour constitutionnelle allemande a censuré les pratiques du gouvernement pour desserrer le corset très contraignant de la règle d'or avec des fonds spéciaux extérieurs au budget courant. C'est une gifle magistrale pour la coalition au pouvoir mais aussi une hypothèque pour l'avenir.

Les règles budgétaires ne peuvent pas être ignorées même durant des situations exceptionnelles. Le tribunal de Karlsruhe, saisi par l’opposition chrétienne-démocrate, a brutalement sanctionné le gouvernement mercredi dernier. Les juges constitutionnels ont estimé que le reliquat budgétaire de soixante milliards destiné au départ à la lutte contre le covid ne pouvait pas alimenter un autre fonds “pour la transformation et le climat”. Il n’est pas légal d’emprunter de l’argent pour une certaine cause puis de l’utiliser à d’autres fins.

Depuis 2011, la règle d’or ou frein à l’endettement est ancrée dans la constitution. Elle limite le déficit de l’Etat fédéral à 0,35% du produit intérieur brut sauf circonstances exceptionnelles. Les gouvernements Merkel et Scholz ont usé de cette possibilité en raison de la pandémie de Covid puis de la crise créée par l’invasion de l’Ukraine. Depuis 2020 et jusqu’à cette année incluse, la règle d’or a été suspendue. L’Etat a massivement emprunté et mis en place des fonds exceptionnels, extérieurs au budget courant. (…)

Karlsruhe remet donc en cause cette pratique pour l’un de ces fonds et donne gain de cause aux chrétiens-démocrates qui dénonçaient un “tour de passe-passe budgétaire”. Ces derniers qui ont savouré leur victoire ces derniers jours réfléchissent maintenant à une autre plainte devant la cour constitutionnelle contre le fonds de stabilisation économique datant de 2020 et augmenté l’an dernier pour passer à un volume sans précédent de 200 milliards. Une remise en cause de ce fonds, bien plus conséquent, constituerait une catastrophe encore plus importante pour le gouvernement. (…) le gouvernement est confronté désormais à une impasse budgétaire de 60 milliards d’Euros, autant de dépenses effacées purement et simplement par la cour de Karlsruhe. (…)

Les soixante milliards manquants devaient être dépensés sur quatre années de 2024 à 2027, soit quinze milliards par exercice budgétaire. Certaines mesures ne sont pas remises en cause comme les fonds pour une meilleure efficience énergétique des bâtiments et notamment le remplacement de chaudières à gaz. D’autres dépenses pour les infrastructures nécessaires aux voitures électriques, la modernisation de la Deutsche Bahn ou le soutien massif de l’Etat à l’implantation d’une usine Intel sont sur la sellette.

Le ministre de l’Economie et du Climat Robert Habeck est le plus menacé par cette coupe budgétaire drastique. Pour les écologistes allemands, c’est le projet central de modernisation de l’économie pour parvenir à la neutralité climatique qui est remis en cause, ou en tout cas son rythme. (…)

Il faut dans l’urgence trouver des solutions. Une remise en cause de la règle d’or ancrée dans la loi fondamentale nécessite une réforme constitutionnelle et une majorité des deux tiers, pour laquelle un soutien des chrétiens-démocrates est exclu. (…)

Si la décison de Karlsruhe la semaine dernière a le mérite de mettre fin à l’hypocrisie consistant à créer des fonds spéciaux hors budget pour détourner les règles, il n’en reste pas moins que le frein à l’endettement constitue par le faible déficit autorisé et sa rigidité un frein pour l’avenir. D’après de premières estimations du ministère de l’Economie, la croissance en 2024 pourrait être plus faible que prévu après la décision de la cour avec un demi point en moins. Les prévisions, déjà modestes -+1,3% de hausse annoncée en 2024- seraient sérieusesment revues à la baisse. Plus largement, les règles budgétaires actuelles ne permettent pas à l’Allemagne de faire face à la modernisation en profondeur de son économie pour atteindre à terme la neutralité climatique et pour remettre des infrastructures déficientes à niveau. (…) » Lettre d'Allemagne, Pascal Thibaut, nov. 2023

L’Allemagne cherche à combler le trou de 60 milliards d’euros dans son budget 2023

« Après que la plus haute juridiction allemande — la Cour constitutionnelle — a interdit le transfert de 60 milliards d’euros d’un fonds Covid vers un fonds pour le climat et la transformation de l’économie, les responsables politiques cherchent à combler le trou béant dans le budget 2023, les sociaux-démocrates proposant une suspension du « frein à l’endettement » prévu par la Constitution. (…)

Mercredi dernier (15 novembre), la Cour basée à Karlsruhe a jugé inconstitutionnelle la décision prise par le parlement en 2022 de réaffecter 60 milliards d’euros provenant de la dette non utilisée contractée lors de la crise de la Covid en 2021 à un nouveau fonds pour le climat et la transformation de l’économie. En effet, les juges ont estimé que cette somme ne pouvait être utilisée que pour lutter contre la pandémie.

Le nouveau fonds comprend notamment des subventions pour la rénovation des bâtiments, la mobilité électrique, la production d’hydrogène ainsi que des subventions pour les usines de microprocesseurs d’Intel et de TSMC afin qu’elles localisent leur production en Allemagne (…)

Berlin devra soit réduire les dépenses prévues dans le cadre du fonds, soit trouver d’autres sources de financement. Les 60 milliards d’euros représentent un quart du fonds, qui couvre la période 2024-2027. (…)

le ministre de l’Économie Robert Habeck (…) « Les investissements, c’est-à-dire l’argent nécessaire à la transformation, ne seront probablement réalisés que s’ils sont subventionnés par l’État » (…)

Cette décision ne mettra pas en péril les objectifs climatiques de l’Allemagne, mais elle pourrait peser dans la décision des entreprises d’implanter leurs sites de production de technologies vertes en Allemagne ou non. « La moitié du monde subventionne précisément ce processus : la Chine, la Corée du Sud et les États-Unis en particulier (…)

Cette règle est beaucoup plus stricte que les règles de l’UE relatives aux budgets nationaux, qui autorisent un déficit structurel de 3 % du PIB par an.

Le frein à l’endettement peut être suspendu en cas de catastrophe naturelle ou de situation d’urgence, comme cela a été le cas entre 2020 et 2022 en raison de la crise de la Covid-19 et de l’agression russe contre l’Ukraine. Une réforme fondamentale du frein à l’endettement nécessiterait toutefois une majorité des deux tiers au parlement, et donc le soutien des partis d’opposition, les conservateurs de la CDU/CSU (Parti populaire européen), qui s’opposent à une telle mesure.

En guise de solution provisoire, le gouvernement pourrait suspendre le frein à l’endettement pour 2024 en invoquant une situation d’urgence, telle que l’impact continu de l’attaque russe contre l’Ukraine. Cela permettrait au gouvernement de trouver une solution provisoire avant d’adhérer à nouveau aux limites strictes de la dette.

M. Lindner a exclu toute augmentation des impôts pour financer les dépenses prévues par le fonds et s’est également opposé à un affaiblissement de la règle du frein à l’endettement de l’Allemagne. Le frein à l’endettement, inscrit dans la Constitution allemande depuis 2009, limite l’emprunt structurel net autorisé du gouvernement fédéral à 0,35 % du PIB par an, avec un emprunt supplémentaire autorisé en période de ralentissement économique. » Euractiv, 21 nov. 2023

Le budget allemand en difficulté en amont d’un débat sous tension sur les règles budgétaires européennes

(…) Au-delà de cette décision, le plan budgétaire du gouvernement pourrait être remis en cause dans son ensemble car son déficit total contreviendrait également au plafond imposé par la constitution (…)

En effet, l’Allemagne dispose de 29 fonds hors budget d’une valeur d’environ 870 milliards d’euros, dont un de 100 milliards d’euros conforme à la constitution, qui concerne les dépenses militaires. (…)

Le gouvernement Scholz a annoncé ce mardi le gel de la quasi-totalité de ses engagements de dépense.

  • Il concerne notamment un fonds de 200 milliards d’euros destiné au soutien des entreprises.
  • Ce revers budgétaire, qui remet en cause des investissements de soutien à l’économie, a par ailleurs lieu dans un contexte de net ralentissement économique : le FMI prévoit une croissance de -0,5 % en 2023 et de 0,9 % en 2024.
  • Alors que certains membres de la coalition appellent à une suspension ou une revue du principe de « frein budgétaire » — le ministre de l’Économie et du Climat Robert Habeck a notamment pointé du doigt son caractère « inflexible » et a averti sur les conséquences économiques négatives que pourraient entraîner la décision de la Cour —, le ministre fédéral des Finances Christian Lindner et son parti le FDP s’y sont jusqu’à maintenant opposés. (…) » Le Grand Continent, 21 nov. 2023

Des experts mettent en garde contre une réduction des investissements après un arrêt de la Cour suprême allemande

« Alors que l'Allemagne s'efforce de trouver 60 milliards d'euros après que la Cour constitutionnelle a jugé que le transfert de la dette COVID non utilisée vers un fonds climatique était contraire à la Constitution, des économistes ont averti que les réductions de dépenses pourraient coûter au pays sa croissance économique dans les années à venir, à la suite d'une audition parlementaire ce mardi. (…)

La semaine dernière, la Cour constitutionnelle allemande a jugé que le transfert de 60 milliards d'euros de dettes COVID non utilisées vers un fonds climatique était contraire à la Constitution. Avec ce montant retiré du fonds, le gouvernement discute maintenant de la manière de combler le déficit de financement, le ministre des finances Christian Lindner (FDP/Renouveau Europe) appelant à des réductions de dépenses. (…)

"Nous sommes coincés dans la stagnation et nous sommes confrontés à un défi multiple, du côté de l'offre, pour notre économie" (…)

Les défis de la transition verte, les déficits d'infrastructure et le vieillissement de la société “signifient que nous avons en fait un grand besoin d'investissement” (…)

L'argent du Fonds pour le climat et la transformation était censé financer, entre autres, l'expansion de la mobilité électrique, les subventions pour les nouvelles usines de fabrication de puces et la production d'hydrogène nécessaire pour des produits tels que l'acier vert.

La décision de la Cour pourrait également affecter d'autres fonds, tels que le “bouclier énergétique” de 200 milliards d'euros, conçu pour protéger les consommateurs et les entreprises des prix élevés de l'énergie (…)

En raison de l'incertitude entourant le financement, le ministère des finances a décrété lundi soir un moratoire sur les nouvelles obligations de paiement pour les années à venir pour tous les ministères. » Euractiv (anglais), 22 nov. 2023

Chronique radio : L'Allemagne, à la recherche des milliards manquants pour boucler son budget

« En Allemagne, le gouvernement n’en finit plus de se débattre avec son budget. À l’origine de cette situation exceptionnelle, l'arrêt de la Cour constitutionnelle qui annule une enveloppe de 60 milliards d’euros. La coalition d’Olaf Scholz souhaitait l'utiliser pour la transition énergétique. (…)

Désormais, dans chaque ministère, les équipes épluchent les budgets, poste par poste, en quête d’économies. Conséquence immédiate, les dépenses pour 2023 ont toutes été gelées et les ministères sont condamnés à l’austérité, au moins provisoirement. Cet arrêt laisse en suspens un certain nombre de projets d’investissements : le soutien à l’industrie ou l’aide versée à l’Ukraine que le gouvernement envisageait de doubler. Il suscite aussi beaucoup d’inquiétude, dans la population et dans les entreprises. (…)

Cette règle stricte, inscrite dans la Constitution, a été mise en place en 2009, quand Angela Merkel était chancelière. Elle prévoit de plafonner les déficits publics à 0,35 % du PIB chaque année. Seules des circonstances exceptionnelles permettent d’y échapper comme en 2020, 2021 et 2022 à cause de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine. Ce frein devait à nouveau s’appliquer cette année. Faut-il à nouveau y déroger pour sortir de ce mauvais pas ? Oui, répondent le SPD d’Olaf Scholz et les Verts. Non, assure l’opposition CDU, opposée à cette bouée de sauvetage. » France Culture, 29 nov. 2023

Les entreprises de production d'électricité à partir de sources renouvelables subissent de lourdes pertes malgré le développement fulgurant de leurs activités

« L'inflation élevée et d'autres développements économiques ont plongé les secteurs éolien et solaire dans une crise profonde (…)

Le boom sans précédent des projets d'énergie renouvelable en 2022 signifie que les carnets de commande sont pleins. Cependant, les entreprises peinent à gagner de l'argent : les nouveaux projets sont coûteux, les dettes sont considérables et le cours des actions des entreprises est en chute libre. (…)

Les entreprises du secteur solaire SolarEdge (Israël) ou Enphase Energy (États-Unis), par exemple, ont chacune perdu environ 70 % de leur cours depuis le début de l'année. Le géant danois des parcs éoliens Orsted a perdu plus de 50 % et son compatriote Vestas Wind Systems près de 14 %. La combinaison fatale de taux d'intérêt élevés, de coûts volatils, de problèmes de chaîne d'approvisionnement, de surcapacités et d'une “guerre des prix ruineuse” a abouti à une situation apparemment paradoxale dans laquelle les entreprises s'effondrent en pleine phase d'expansion. Alors que l'industrie subit des pertes massives en raison de la hausse des taux d'intérêt, exacerbées par de longs processus d'approbation qui entraînent des incertitudes en matière de planification, les commandes sont délocalisées en Chine pour des raisons de coûts (…)

L'Allemagne vise à ce que 80 % de sa consommation d'électricité soit générée par des sources renouvelables d'ici 2030. Les problèmes du secteur de l'énergie sont illustrés par une garantie de 7 milliards d'euros accordée par l'État à Siemens Energy, qui connaît de graves difficultés dans sa filiale de turbines éoliennes Siemens-Gamesa. SiemensEnergy a récemment inauguré une nouvelle usine d'électrolyseurs à Berlin, censée devenir la pierre angulaire des plans de production d'hydrogène vert du pays. Les problèmes s'appliquent également à l'industrie de l'hydrogène, où les coûts d'investissement initialement élevés obligent les entreprises à verser des avances importantes pendant de longues périodes avant de pouvoir rentabiliser leurs investissements. » Clean Energy Wire (anglais), 21 nov. 2023

Prix du baril en baisse

« les cours [du pétrole] (…) en diminution de plus de 15 % depuis septembre. » RFI, 24 nov. 2023

L'énergie en Chine

« En 2021, la Chine a à elle seule compté pour 26,5% de la consommation mondiale d'énergie, et même pour 53,8% de la consommation planétaire de charbon. (…) Si le pays est le premier producteur et le premier consommateur d'énergie dans le monde, rappelons toutefois que la consommation d'énergie par habitant des Français est environ 32% plus élevée que celle des Chinois. » Connaissance des énergies, 22 nov. 2022

Le marché immobilier en Chine : vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué

Nouveau métier : dévendeur :)

« Christophe Béchu , ministre de la transition écologique : « Le dérèglement climatique nous impose des choix de société. Si nous voulons mener notre transition écologique, nous n’avons pas d’autre choix que d’aller vers plus de sobriété dans notre façon de consommer. Pour prendre ce tournant, il nous faut combattre des récits et des imaginaires très puissants, qui sont totalement contraires au modèle de société durable que nous devons construire. Je pense, par exemple, au récit de la « fast fashion », je pense au récit du « Black Friday » qui vantent un modèle de surconsommation insoutenable pour la planète mais aussi pour notre souveraineté économique. Notre propre récit collectif, autour du personnage fictif du « dévendeur », incite les gens non pas à ne pas acheter, mais à examiner d’abord les alternatives à l’achat neuf, comme la réparation, la location ou les produits reconditionnés. Tous les ingrédients sont sur la table pour que le 24 novembre les Français se tournent vers un « Green Friday », un « vendredi vert » consacré aux alternatives à l’acte d’achat neuf, comme la réparation, et au « made in France ». » Biosphère, 24 nov. 2023


« A la veille du lancement officiel du Black Friday en France, grand-messe de la consommation à prix cassés, le gouvernement, les commerçants et les associations environnementales s'écharpent autour d'une série de spots télévisés de l'Ademe vantant la déconsommation. (…)

Christophe Béchu a dit “assumer” cette campagne: “Aucun des spots ne sera retiré”, a-t-il prévenu jeudi sur France Inter.

“Que 0,2% du temps d'antenne publicitaire soit consacré à se demander si tous les achats sont utiles, franchement, vu les enjeux de transition écologique, ça ne semble pas déraisonnable”, a-t-il argumenté. (…)

L'Union des Industries Textiles (UIT) s'est dite “exaspérée” par le refus de M. Béchu de retirer les spots. Le ministre “ignore une fois de plus les efforts considérables qui sont déployés par les entreprises de notre filière pour rester compétitives tout en respectant des normes environnementales”, a-t-elle réagi auprès de l'AFP.

Mouvement Impact France a pour sa part salué une “sensibilisation nécessaire pour transformer notre modèle”.

“La sobriété est non seulement la condition sine qua non pour atteindre nos objectifs environnementaux, mais aussi une approche de bon sens pour notre économie et nos commerçants”, a estimé le mouvement qui fédère des entrepreneurs de l'économie sociale et solidaire (ESS).

“Car c'est bien la surconsommation massive de produits importés à bas coûts, aux impacts sociaux et écologiques catastrophiques, qui entraîne la fragilisation croissante de notre tissu commercial et industriel”, a-t-elle ajouté. » AFP, 23 nov. 2023

L’onde de choc européenne de la victoire de l’extrême droite aux Pays-Bas

(…) les partis traditionnels, de droite comme de gauche, n’ont pas su trouver le ton et les idées sur le phénomène migratoire permettant de contrer le discours de la peur et de la fermeture véhiculé par l’extrême droite.

La droite pense qu’elle empêchera son électorat d’aller vers l’extrême droite en lui ressemblant, et ce faisant, lui ouvre la voie ; et la gauche se réfugie sur le terrain des discriminations. En Allemagne, on a même vu naître un parti anti-immigration de gauche. Et quand l’extrême-droite est confrontée au sujet, comme en Italie, elle n’a pas plus de réponse. L’Europe était le bon niveau pour traiter du sujet, mais elle n’a pas réussi jusqu’ici à surmonter les contradictions nationales. (…)

Le troisième enseignement concerne l’état de l’Europe, et il est inquiétant. Nous sommes à un moment de bascule des équilibres du monde, de guerres et de rivalités. Et potentiellement, demain, d’un retour de Donald Trump, qui ne fera pas plus de cadeaux aux Européens que lors de son premier mandat.

La logique stratégique serait de renforcer l’Europe pour faire face à cette redéfinition des rapports de force dans le monde. Mais le désarroi des opinions, la médiocrité des ambitions politiques, et les manipulations de tous ordres sur les réseaux sociaux, ont l’effet inverse. Les nationalistes prônent des solutions nationales quand les défis sont d’une autre ampleur, à une autre échelle. » France Inter, 24 nov. 2023

Les origines du 1er mai : Haymarket Square

« Chicago, mai 1886. Une bombe explose lors d’un rassemblement pour l’obtention de la journée de huit heures, à l’angle de Crane’s Alley, une ruelle faiblement éclairée par un lampadaire à gaz près de Haymarket Square. Des policiers sont tués, essentiellement par les tirs de leurs collègues paniqués. Huit hommes sont arrêtés, jugés et condamnés, sans preuve. Cinq sont pendus le 11 novembre 1887 après une parodie de procès, car « les puissants ne pardonnent jamais aux faibles de les avoir fait trembler ». Leur « martyr » aura des répercutions internationales et aboutira à la célébration de la Journée internationale des travailleurs, chaque 1er mai. » Bibliothèque Fahrenheit, 25 nov. 2023

Invasion russe de l'Ukraine

« Les États-Unis et l’Allemagne veulent forcer l’Ukraine à entamer des négociations avec la Russie, affirme le journal BILD. Selon des sources du journal allemand, ils envisagent d’y parvenir non pas par une pression politique directe, mais par une réduction progressive des livraisons d’armes (…)

« Zelensky lui-même doit comprendre que cela ne peut pas continuer. Sans aucune invite extérieure. Il doit, de sa propre volonté, s’adresser à son peuple et lui expliquer que des négociations sont nécessaires.» Bruno Bertez, 25 nov. 2023

Depuis le début du conflit, l’Union européenne a fourni à l’Ukraine 27 milliards d’euros d’aide militaire

« L'aide militaire de l'Union européenne (UE) à l'Ukraine s'élève à 27 milliards d'euros (environ 28,8 milliards de dollars) depuis le début du conflit, selon le chef de la diplomatie européenne, cité lundi par l'agence de presse Ukrinform. Le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré que les livraisons d'armes européennes à l'Ukraine avaient atteint une valeur de 27 milliards d'euros, un chiffre record dans l'histoire de l'UE. Depuis le début du conflit russo-ukrainien en février 2022, l'UE et ses États membres ont mis à disposition de l'Ukraine environ 89 milliards de dollars sous forme d'aide financière, militaire, humanitaire et d'aide aux réfugiés. L'aide militaire comprend des munitions, des systèmes de défense aérienne, des chars et d'autres armements et équipements. » (Radio Chine internationale, le 14-11-2023) Renseignor n°1307, 19 nov. 2023

Berlin annonce le doublement de l’aide militaire prévue pour l’Ukraine

« L’Allemagne a annoncé hier le doublement de l’aide militaire prévue pour l’Ukraine en 2024. Le doublement est fixé à huit milliards d’euros. « Cela constitue un signal fort à l’Ukraine montrant que nous ne la laissons pas tomber » déclaration de Boris Pistorius le ministre fédéral de la Défense. C’était sur la chaîne de télévision publique allemande ARD. Selon le ministre allemand de la Défense, la hausse de cette aide militaire répond à l’expérience de cette année qui a montré que les montants prévus ont vite été épuisés. Le gouvernement allemand avait initialement prévu une enveloppe d’aide en équipement militaire, principalement à hauteur de quatre milliards d’euros. » (Deutsche Welle, le 13-11-2023) Renseignor n°1307, 19 nov. 2023

Josep Borrell propose de détourner vers l’Ukraine les exportations de munitions destinées à d’autres pays

« L’Union européenne, dont les ministres de la Défense se sont une nouvelle fois réunis hier à Bruxelles, ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine, mais également reconnu que la fourniture de munitions promise à Kiev était plus difficile que prévu. L’Union européenne ne va pas aussi vite qu’elle l’avait espéré, en particulier sur la fourniture de munitions. Elle s’est fixé pour objectif de fournir un million d’obus pour l’artillerie ukrainienne d’ici mars. Pour l’instant, les Européens ont envoyé 300 000 munitions et l’objectif ne sera pas atteint, affirme le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius. « La bonne question serait en fait de savoir si promettre un million n’a jamais été réaliste. Des voix se sont élevées pour dire attention, un million s’est facile à décider. L’argent est là, mais la production doit être là. Ces avertissements ont malheureusement raison aujourd'hui. Nous avons apporté une grande contribution avec nos contrats cadres et nous continuerons à le faire. Nous sommes en discussion avec l’industrie de l’armement. La production doit monter en puissance et s’accélérer. C’est le mot d’ordre ». Depuis mai, la Commission européenne est chargée d’un plan pour relancer la production, mais aussi à plus long terme les capacités de l’industrie européenne de l’armement. Les résultats commencent à se faire sentir, selon elle, avec une augmentation de la production d’environ un quart depuis février. Ils veulent produire un million de munitions par an et le chef de la diplomatie européenne Josep Borell propose de détourner vers l’Ukraine les exportations qui pour un tiers sont destinées à d’autres pays. »(Radio Vatican, le 15-11-2023). Renseignor n°1307, 19 nov. 2023

En amont d’un deuxième hiver de guerre en Ukraine, le spectre de négociations contraintes

« Pour Kiev, il n’est pas question de paix tant qu’une partie du territoire ukrainien est sous contrôle russe. Mais avec un soutien américain menacé et un front quasi-gelé depuis plusieurs mois, des négociations aux conditions défavorables pour l’Ukraine pourraient-elles s’imposer ? (…)

Pour l’Ukraine, une paix avec la Russie ou un cessez-le-feu est inenvisageable tant que l’armée russe sera présente sur le territoire ukrainien. Après presque 21 mois d’invasion à grande échelle du pays, Moscou contrôle 17,5 % du territoire ukrainien, soit 10 % de plus qu’en février 2022. (…) Le dernier paquet d’aide américaine à Kiev annoncé par Lloyd Austin, d’un montant de 100 millions de dollars, est faible en comparaison des précédents débloqués par Washington depuis février 2022. Tandis que rien ne garantit à ce stade que le Congrès américain votera les financements supplémentaires pour l’Ukraine demandés par Joe Biden, le Pentagone arrive progressivement au bout des crédits dont il dispose.

Si les États européens envoient des signaux positifs à Kiev d’un point de vue financier, industriel et militaire, ils ne disposent pas de moyens comparables à ceux des États-Unis.

Alors que Moscou joue la montre sur le terrain et défend ses positions sans fournir d’efforts offensifs significatifs, la tendance actuelle semble à ce stade plutôt se diriger vers un ralentissement du conflit que vers une accélération de celui-ci.

La question de la paix dans la guerre russe contre l’Ukraine est tabou tant les conséquences — sans victoire militaire nette pour Kiev — seraient terribles pour le pays lui-même, pour l’architecture de sécurité internationale et pour les pays voisins de la Russie. Cependant, tandis que les résultats de la contre-offensive ukrainienne lancée cet été sont largement insuffisants pour être qualifiés de victoire, il est difficile de voir à ce stade comment l’Ukraine pourrait continuer à se défendre contre l’agression russe sans l’assistance américaine substantielle fournie jusqu’à présent. (…)

Vladimir Poutine, de son côté, semble plutôt souhaiter attendre l’essoufflement de l’aide occidentale qui lui permettra d’imposer une paix dictée selon ses termes.

Le Kremlin considère qu’il pourra poursuivre indéfiniment une guerre en Ukraine « en l’absence de conditions préalables à un règlement par des moyens politiques et diplomatiques » (…)

Dans l’attente, les Européens comme les Américains commenceraient progressivement à discuter avec leurs homologues ukrainiens des conditions d’une négociation visant à mettre fin à la guerre. » Le Grand Continent, 21 nov. 2023

Évolution du contrôle du territoire ukrainien : Pas d'évolution significative depuis déc. 2022

Le Grand Continent, 21 nov. 2023

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...