Les vices cardinaux des scientifiques

Les vices cardinaux [et vertus] des scientifiques [vidéo, 12'], La Tronche en Biais, 11 juin 2020


Les comportements qui ne permettent pas de savoir si la parole d'un scientifique a de la valeur.


L'imprudence épistémique [l'imprudence sur la connaissance]

Affirmer des faits en croyant de bonne foi qu'ils sont vrais sans apporter de preuves et sans nuancer le propos. A l'inverse, adapter ses propos en fonction des preuves existantes est faire œuvre de prudence.

Les guerres commerciales sont des guerres de classes

Les guerres commerciales sont des guerres de classes

Extraits traduits de l’interview de M. Pettis et M. Klein par A. Tooze pour la parution de « Trade Wars are Class Wars ».

« Le nouveau livre de Michael Pettis et Matthew Klein, « Trade Wars Are Class Wars », commence par une épigraphe [1] de John A. Hobson : « La lutte pour les marchés, l’empressement des producteurs à vendre plus grand que celui des consommateurs à acheter, est le couronnement d’une fausse économie de distribution. L’impérialisme est le fruit de cette fausse économie » [2]. Pettis et Klein mettent à jour la thèse hobsonienne pour le XXIe siècle, en soutenant que, si les guerres commerciales sont souvent considérées comme le résultat d’un leadership atavique [3] ou des priorités économiques contrastées d’États nations distincts, elles sont mieux comprises comme les symptômes malins des inégalités domestiques qui nuisent aux travailleurs du monde entier.
Dans un compte rendu panoramique des changements survenus dans l’économie mondiale au cours des dernières décennies, Pettis et Klein détaillent l’évolution des maux économiques qui définissent l’économie politique internationale moderne. C’est une lecture essentielle et provocante qui a de larges implications pour la politique internationale, l’étude des inégalités et l’avenir du système monétaire mondial ».
 

Quatre scénarios pour la période post-confinement


« Le Conseil scientifique estime que les différents scénarios doivent faire l’objet d’une communication active afin de bien éclairer les français sur l’avenir et de recueillir leurs opinions. »

Extraits : 4 SCENARIOS POUR LA PÉRIODE POST-CONFINEMENT - ANTICIPER POUR MIEUX PROTÉGER, Avis n°7 du Conseil scientifique COVID-19, 2 juin 2020

(...)

Cet  avis  a  pour  objectif d’identifier les différents scénarios probables dans  la  période  de post-confinement  et  de  préparer et d’anticiper les  mesures  à  mettre  en  place  selon  les différents scénarios.


Résumé

La période du confinement a permis de ralentir la dynamique de l’épidémie de façon marquée. Le niveau faible de circulation du virus doit être mis à profit pour préparer les différentes structures de l’État à affronter une éventuelle reprise de l’épidémie quelle qu’en soit la forme. L’anticipation est en effet un atout majeur permettant d’éviter l’apparition d’une « deuxième vague » aussi massive que celle subie début 2020. 

1. Pour préparer la France à la suite de l’épidémie et en diminuer les conséquences, le Conseil scientifique a établi 4 scénarios probables prenant en compte la situation actuelle et les connaissances acquises depuis le début de l’épidémie. Ces scénarios permettent d’établir et de proposer des mesures à prendre dans chacune de ces situations. Les mesures doivent être élaborées dès maintenant pour être opérationnelles lorsque cela sera nécessaire.

2. Les connaissances concernant cette épidémie ont progressé en France comme à l’étranger. Les populations à risques de formes graves ou de décès sont mieux connues : l’âge et certaines comorbidités apparaissent comme des facteurs de risque de formes graves de COVID-19 avec des taux de létalité importants. La précarité est un autre facteur de risque documenté plus récemment dans plusieurs pays et retrouvé en Ile de France. Enfin, l’épidémie a touché plus durement les zones à forte concentration de population et certaines régions plus que d’autres, sans que l’on puisse donner d’explication à cette disparité.

Parallèlement des indicateurs ont été consolidés pour permettre le suivi de l’épidémie et de nouveaux indicateurs fondés sur la réalisation des tests, l’identification des cas et de contacts sont mis en place. Ces différents indicateurs doivent permettre de détecter des signaux le plus précocement dans l’évolution de l’épidémie

3. Pour construire les scénarios présentés ci-dessous, le Conseil scientifique a appliqué la méthode des scénarios prospectifs avec la contrainte opérationnelle d’éviter le confinement généralisé en cas de reprise de l’épidémie.

Sur la base de la situation telle qu’elle est constatée en fin de période de confinement, l’élaboration de ces scénarios a amené le Conseil scientifique à proposer un plan de Prévention et de Protection renforcées (P2R COVID) en 7 volets permettant de préparer des mesures qui pourront être activées graduellement ou massivement selon les caractéristiques de l’épidémie dans les semaines et mois qui viennent.

Ce plan doit être adapté au risque de formes graves et de décès tel qu’il peut être estimé sur la base des connaissances actuelles, proportionnel au risque tel qu’il peut être appréhendé sur la base des données scientifiques disponibles, fondé sur un principe de solidarité en limitant leur application à certains secteurs les plus touchés ou à des personnes les plus à risque mais dans l’intérêt général, anticipé et partagé par les différentes populations concernées et compatible avec un impact limité sur la vie sociale, l’activité économique et sur le système de santé. 

4. Le Conseil scientifique a identifié quatre scénarios
possibles à court ou à moyen terme. Chacun d’eux doit pouvoir être identifié à partir d’indicateurs plus ou moins précoces. Le diagnostic de la situation associera aux indicateurs quantifiés des informations plus qualitatives, notamment locales. 

La survenue des scenarios n’est pas nécessairement successive, des scenarios critiques pouvant survenir d’emblée, demandant alors une réaction rapide reposant sur l’activation de mesures établies à l’avance. Le temps de réaction est un paramètre déterminant dans le contrôle de l’épidémie.
 
Les quatre scénarios identifiés par le Conseil scientifique devront être actualisés en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques et des exigences opérationnelles. A cet égard, le Conseil scientifique souligne la nécessité d’une gouvernance claire, opérationnelle et en partie territorialisée. Cette gouvernance devra inclure des compétences scientifiques et sanitaires, mais aussi interministérielles et plus largement institutionnelles. L’association d’acteurs de la société civile et de la vie économique est de nature à renforcer sa légitimité ainsi que l’adhésion aux mesures envisagées dans chaque scénario. 

(i) Le premier des quatre scenarios est le plus favorable. C’est celui d’une épidémie sous contrôle au vu des indicateurs disponibles, associée à l’occurrence de clusters localisés pouvant être maitrisés. En présence du virus, ce scenario nécessite cependant un maintien des mesures de lutte contre l’épidémie. 

(ii) Plus défavorable, le deuxième scenario verrait apparaître des clusters critiques, laissant craindre une perte de contrôle des chaînes de contamination, et donc du contrôle de l’épidémie elle-même. Ce scénario exigerait des mesures strictes, précoces et localisées, afin d’éviter une perte de contrôle plus large de l’épidémie. 

(iii) Le troisième scenario, ferait basculer une situation contrôlée vers une reprise progressive et à bas bruit de l’épidémie, plus difficile à identifier. Des indicateurs se dégraderaient alors sans que les chaînes de contamination puissent être identifiées, ni a fortiori contrôlées. Ce scenario exigerait des mesures strictes ainsi que l’activation rapide de plusieurs mesures du P2R-COVID. Les mesures à prendre pourraient encore être envisagées à une échelle régionale si les indicateurs le permettent ou au niveau national.
 
(iv) Enfin, dans le quatrième scénario, la dégradation critique des indicateurs traduirait une perte du contrôle de l’épidémie, et exigerait des décisions difficiles, conduisant à choisir entre un confinement national généralisé, permettant de minimiser la mortalité directe, et d’autres objectifs collectifs, économiques et sociaux, s’accompagnant alors d’une importante mortalité directe.

5. Au total 4 scénarios probables peuvent être identifiés à partir du la fin de levée du confinement. Pour les identifier, il est nécessaire que les indicateurs mis en place soient stabilisés dans leur alimentation et leur production pour pouvoir en interpréter les variations.  Ces scénarios doivent permettre de mettre en œuvre des mesures pour éviter une reprise brutale de l’épidémie nécessitant un nouveau confinement. C’est dans cette optique que le Conseil scientifique propose d’élaborer dès maintenant, avec les acteurs notamment territoriaux, un plan de Prévention et de Protection rapprochées, le P2R-Covid, permettant d’activer le plus rapidement possible les mesures appropriées.
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