La grande accélération
Évaluer et cartographier les risques de sécheresse en Europe
« L’Atlas européen des risques de sécheresse, publié par le Joint Research Centre en octobre 2023, fournit une évaluation et une cartographie des risques de sécheresse et de leurs conséquences dans l’Union européenne. S’appuyant sur des projections à différents niveaux de réchauffement climatique (+1,5°C, +2°C, +3°C), les auteurs ont étudié plusieurs secteurs dont l’agriculture. Il en ressort que les niveaux de risques de sécheresse sont très élevés pour la région méditerranéenne, qui reste la plus exposée. Les projections réalisées pour certaines cultures (blé, orge et maïs) montrent que, pour toutes les projections faites, les pertes de rendement seraient particulièrement importantes pour le blé, notamment en France et en Allemagne, où elles seraient jusqu’à trois fois supérieures aux valeurs historiques ». Centre d'étude et de prospective du ministère de l'agriculture, 21 nov. 2023
Les enjeux de la COP 28, Quelles sont les décisions qui pourraient garantir le succès de la COP28 ?
« Tous les regards seront tournés vers la COP28 à Dubaï. C'est la première fois qu'un grand pays exportateur de pétrole et de gaz accueille la conférence, ce qui a suscité des craintes d'écoblanchiment au sein de la communauté climatique mondiale. (…) Le premier inventaire mondial (Global Stocktake, GST) de l'action climatique mondiale dans le cadre de l'Accord de Paris sera délivré à Dubaï. Quels sont les principaux indicateurs de réussite de la COP28 ?
Tout d'abord, le résultat du GST illustrera probablement l'échec actuel du monde à s'attaquer réellement à la crise climatique. Les pays devraient indiquer qu'ils sont prêts à renforcer leurs plans de décarbonation par des actions concrètes afin de rectifier le tir.
Deuxièmement, il est peu probable que les pays participants parviennent à un accord sur l'élimination progressive des combustibles fossiles, mais il est probable qu'ils parviennent à un accord sur le triplement de la capacité de production d'énergie renouvelable pour atteindre 11 TWh et sur le doublement des améliorations de l'efficacité énergétique d'ici à 2030.
Troisièmement, les pays riches pourraient montrer leur volonté de soutenir les nouveaux objectifs mondiaux en matière d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique par de véritables engagements financiers en intensifiant leurs efforts pour atteindre le niveau de 100 milliards de dollars de financement climatique promis en 2009. Les pays du Nord pourraient également s'engager à soutenir les pays du Sud dans leurs efforts de transition climatique.
Quatrièmement, si le fonds pour les pertes et dommages, convenu lors de la COP27, est approuvé et adopté lors de la COP28, il contribuera grandement à soutenir les pays en développement qui sont vulnérables aux effets négatifs du changement climatique. Cinquièmement, les pays pourraient convenir d'un objectif mondial ambitieux en matière d'adaptation et adopter un cadre clair pour mobiliser les fonds nécessaires à son financement. Seul l'avenir nous dira lesquels de ces indicateurs de succès, si tant est qu'il y en ait, apparaîtront lors de la COP28. » Bruegel (anglais), 24 nov. 2023
De combien le monde doit-il réduire les émissions de gaz à effet de serre ?
« Les émissions mondiales totales de gaz à effet de serre (GES) étaient de 54,5 GtCO2e [milliards de tonnes de CO2 équivalent] en 2020, et sont passées à 57,4 GtCO2e en 2022. (…)
La trajectoire 1,5˚C avec 50% [de probabilité d'être réalisée] exige que les 57.4 GtCO2e baissent à 33 GtCO2e au cours des 6 prochaines années, et nécessite 38Gt d'élimination cumulative du CO2 (EDC) [Élimination du dioxyde de carbone atmosphérique] au cours des 26 prochaines années, avec une EDC annuelle en 2050 de 6,8Gt/an (en comparaison, l'océan mondial absorbe 10,6GtCO2/an).
La trajectoire 2˚C avec 66% [de probabilité d'être réalisée] exige que les 57,4 GtCO2e baissent à 41 GtCO2e au cours des 6 prochaines années, soit 39 Gt de EDC cumulé jusqu'en 2070, date à laquelle 7,7 Gt de EDC seront absorbées annuellement. » World Energy Data (anglais), 23 nov. 2023
Il reste une quantité relativement faible d'émissions de carbone autorisées - connue sous le nom de “budget carbone” - si l'on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5C, l'ambition de l'Accord de Paris. (…) le budget carbone restant pour avoir une chance sur deux de maintenir les températures à 1,5°C n'était que d'environ 250 milliards de tonnes de CO2 (GtCO2), ce qui représente environ six années d'émissions actuelles. » Carbon Brief (anglais), 24 Nov. 2023
Emissions de gaz à effet de serre : inégalité des responsabilités selon la richesse
« les 1% les plus riches émettent autant de gaz à effet de serre que les deux tiers des plus pauvres, selon un rapport d'Oxfam (…)
les 1% les plus riches, soit 77 millions de personnes, sont responsables de 16% des émissions mondiales liées à leur consommation. Il s'agit de la même proportion que 66% de la population la plus pauvre, soit 5,11 milliards de personnes.
Le seuil de revenu pour faire partie des 1% les plus riches a été ajusté par pays en fonction de la parité de pouvoir d'achat - par exemple, aux États-Unis, le seuil est de 140 000 dollars (128 000 euros) et l'équivalent kenyan d'environ 40 000 dollars. Ainsi, en France, en 10 ans, les 1% les plus riches ont émis autant de carbone en un an que les 50% les plus pauvres.
Si l'on exclut les émissions associées à ses investissements, Bernard Arnault, le PDG français du groupe de luxe LVMH et Français le plus riche, a une empreinte carbone 1 270 fois supérieure à celle d'un Français moyen. » AFP, 20 nov. 2023
« (…) deux questions : celle de la responsabilité historique des pays industrialisés et celle du financement du coût de la réparation des catastrophes provoquées par le réchauffement. Il devrait s’effectuer via un fonds dédié aux « pertes et dommages » financé par les pays riches et devant aider les pays pauvres, à la fois les plus exposés aux risques climatiques et les moins émetteurs, à y faire face. (…)
« les 50% les plus pauvres de l’humanité sont responsables d’à peine 8 % d’émissions mondiales. » (…)
Les émissions de carbone des 1% les plus riches proviennent principalement de biens de luxe et non essentiels. (…)
Pour limiter le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés Celsius de hausse des températures, il faudrait qu’un être humain émette en moyenne 2 tonnes de CO2 par an. (…)
La moyenne annuelle des émissions de gaz à effet de serre des Français et des Françaises est de 6,4 tonnes de CO2 par personne*. Toutefois, ce chiffre varie selon le niveau de revenu puisqu’une personne figurant parmi les 10 % des Français les plus riches émet en moyenne 15,6 tonnes de CO2. Un Français parmi les 1 % les plus riches près de 40,2 tonnes de CO2 chaque année. Tandis qu’un Français ou une Française dans les 50 % les plus pauvres n’émet que 3,8 tonnes de CO2 chaque année. » (…)
[*Le chiffre de 6,4T ne prend en compte que les émissions territoriales et exclut les émissions des biens importés, dans ce cas l'empreinte carbone moyenne d'un français avoisine 9/10T).]
« le niveau des émissions individuelles dépend principalement du niveau et du mode de vie. Ainsi, selon l’ONG, « les 10% les plus riches sont responsables d’un quart des émissions de la France. » (…)
Oxfam préconise donc de réduire les inégalités climatiques en s’attaquant aux inégalités économiques, dont elles sont le reflet. « Il est temps de faire peser le poids de la transition sur les plus riches, qui émettent le plus. C’est simple, c’est le principe pollueur payeur, dont la mesure phare est l’ISF climatique : l’anti-taxe gilets jaunes ! ». » GoodPlanet mag, 20 nov. 2023
Variation des revenus, dépenses et empreinte carbone par personne en fonction des déciles de revenu |
La Transition énergétique
En France
Le gouvernement vient de publier sa stratégie pour l’énergie et le climat
« Doubler le rythme de déploiement de l'énergie solaire, déployer très largement l'éolien en mer, relancer le nucléaire : le gouvernement a rendu public mardi soir sa stratégie énergétique, destinée à « sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles ». Une transformation, selon le gouvernement, « d'une ampleur comparable à celle de la première révolution industrielle. (…)
Son objectif : « sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles », la consommation d'énergie finale du pays étant aujourd'hui composée à 37% de pétrole et 21% de gaz, et viser « une économie plus sobre, plus efficace et approvisionnée de manière quasi-intégrale en énergies bas-carbone produites et maîtrisées sur notre sol ».
Cela supposera de réduire de 40 à 50% notre consommation d'énergie en 2050 par rapport à 2021 (-30% en 2030 par rapport à 2012), via la sobriété et l'efficacité énergétiques. (…)
Il faudra aussi « massifier la production de toutes les énergies renouvelables ». A commencer par l'éolien en mer, à hauteur de 18 GW en 2035 (soit une trentaine de parcs comme celui au large de Saint-Nazaire, le seul actuellement en service en France).
L'énergie solaire photovoltaïque devra doubler son rythme annuel de nouvelles capacités, pour atteindre plus de 75 GW en 2035 dans le scénario central (avec possibilité d'ambitions renforcées). L'éolien terrestre, que le président souhaitait ralentir, garderait finalement son rythme actuel, et verrait ses capacités doubler, à 40 GW en 2035. (…)
Les capacités en biogaz seraient en outre multipliées par 5 d'ici 2030, à 50 TWh. (…) l'investissement moyen annuel dans ce domaine n'a représenté que 0,92% du chiffre d'affaires en 2023, soit une quasi-stabilité par rapport à 2021 (0,91%). » Climat : le plan de la France pour sortir de sa dépendance aux énergies fossiles, La Tribune, 22 nov. 2023
D’ici à 2035, la France devra se doter d’une puissance totale de 18 gigawatts (GW) d’éolien en mer, a formalisé le gouvernement mardi soir dans sa stratégie pour « sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles » (SFEC). Selon le ministère de la Transition énergétique, atteindre une telle cible demandera à peu près le même effort que de construire 6 réacteurs nucléaires EPR, « en termes de montant financier comme en termes d’énergie livrée ». En l’espèce, il s’agira de mettre sur pied l’équivalent de 37 fois le parc éolien en mer de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le seul actuellement en service dans le pays. D’une puissance de 480 mégawatts (soit 0,48 GW), celui-ci se compose de 80 turbines réparties sur une surface globale de 78 km².
L'éolien terrestre garderait quant à lui son rythme actuel et verrait ses capacités doubler, à 40 GW en 2035. » La Tribune, 24 nov. 2023
« La France a dévoilé le 22 novembre sa stratégie pour sortir des énergies fossiles. Elle mise sur le nucléaire et les renouvelables, sans moyens concrets, regrette Anne Bringault, du Réseau Action Climat. (…)
Il faut d’abord souligner la tromperie du titre. Ce document intitulé « Stratégie française pour l’énergie et le climat » traite, en réalité, uniquement d’énergie. C’est pour le moins surprenant étant donné qu’il doit contenir trois documents : la troisième édition de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et le plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC).
Mais la France n’arrive pas à atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 dans les nouvelles modélisations, ni celui de la baisse de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030. (…)
Rien ne figure par exemple sur l’agriculture, pourtant deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. (…)
Sur les énergies renouvelables, on constate une volonté d’accélérer leur développement (notamment sur le solaire où la filière explose), sauf pour l’éolien terrestre qui reste un sujet visiblement tabou puisque son expansion n’est pas affichée, alors que l’on sait que des projets sont en discussion. (…)
La notion de « sobriété » est citée dans cette stratégie ce qui est une avancée, même si l’on peut regretter qu’elle ne soit imaginée qu’en termes de régulation du chauffage des logements qui ne doivent pas dépasser les 19 °C. La sobriété n’est pas activée sur l’aérien, le transport de marchandises ou la production industrielle (ciment, acier) nécessaire à la construction de bâtiments neufs. (…)
Les hypothèses envisagées pour atteindre cet objectif de baisse de la consommation d’énergie à partir de 2025 manquent cruellement de concret. Seule figure l’accélération de l’efficacité énergétique, et notamment la rénovation des bâtiments. (…)
Mais la rénovation thermique des maisons individuelles considérées comme des passoires énergétiques n’existe pas dans les textes actuels. (…)
La France est le seul pays européen à n’avoir pas atteint son objectif, fixé en 2009 par une directive européenne, de 23 % d’énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique…) dans sa consommation finale brute énergétique en 2020. Ne l’ayant pas non plus atteint, la Belgique, les Pays-Bas, la Slovénie, le Luxembourg et Malte y sont parvenus en rachetant des « volumes statistiques » d’énergies renouvelables à des États ayant dépassé leur propre objectif. La France n’a pas voulu choisir cette option et ne respecte ainsi pas les règles qu’elle avait pourtant acceptées quelques années auparavant. » « La stratégie pour l’énergie et le climat est une tromperie », Reporterre, 23 nov. 2023
RTE met à jour ses scénarios sur les futurs énergétiques 2050
« RTE (Réseau de transport d’électricité, gestionnaire du réseau public de transport d’électricité haute tension en France métropolitaine) a publié une mise à jour de ses scénarios prospectifs d’évolution de la production et consommation d’électricité en France dans le cadre de la transition vers la neutralité carbone en 2050. (…)
- Le scénario A permet d’atteindre les objectifs de décarbonation accélérée et de réindustrialisation en 2030 et 2035. Il présente une électrification renforcée et une hausse de la consommation d’électricité en augmentation (passant du niveau actuel de 460 TWh/an à 580 – 640 TWh/an en 2035 ;
- Le scénario B permet d’atteindre les objectifs climatiques et de réindustrialisation avec un retard de trois à cinq ans ;
- Le scénario C décrit un environnement de « mondialisation contrariée », dans lequel les tensions macroéconomiques et géopolitiques se prolongent durablement.
Ces scénarios, et surtout le premier, nécessitent de mobiliser quatre leviers : efficacité énergétique, sobriété, énergies renouvelables et nucléaire. RTE indique « qu’il est possible de jouer sur les curseurs mais qu’aucun levier ne peut être abandonné ». RTE indique que l’efficacité énergétique des équipements et des bâtiments, si les rénovations thermiques s’amplifient, permettraient d’économiser entre 75 et 100 TWh par an. La sobriété permettrait seulement d’économiser jusqu’à 25 TWh en 2035 (…)
Concernant le développement des énergies renouvelables, RTE table sur une accélération importante dans tous les scénarios : entre 270 TWh minimum et, si possible, jusqu’à 320 TWh. Enfin, pour RTE, un autre enjeu est de retrouver des niveaux de disponibilité et de production nucléaire supérieurs à ceux des dernières années, en visant de 360 à 400 TWh de production nucléaire annuelle.
Enfin, cette mise à jour de RTE prend en compte les principales transformations dans les secteurs de l’industrie (double ambition de réindustrialisation et de décarbonation de l’industrie grâce à une électricité décarbonée) ; du chauffage (développement des pompes à chaleur) ; de la production d’hydrogène qui requiert des quantités importantes d’électricité compétitive bas-carbone ; et du transport : (développement des véhicules électriques).
RTE souligne que ces nouveaux scénarios nécessitent des investissements massifs : d’ici à 2035, il faudrait ainsi tripler les investissements, de 25 à 35 Md€ par an, pour la production et les capacités de flexibilités. » Citepa, 20 nov. 2023
Mise en service d'un nouvel EPR en 2035 : un objectif « très exigeant » selon le PDG d'EDF Luc Rémont
« “C'est très exigeant, ça doit venir de pair avec tout le travail que nous devons faire sur le parc nucléaire existant pour augmenter le niveau de production et nous sommes bien en chemin pour augmenter le niveau de production (…)
programme de construction de six nouveaux réacteurs de type EPR2, dont le premier doit être mis en service à horizon 2035-2037 à Penly.
“C'est exigeant encore une fois, mais c'est à nous de remonter cette capacité de construction à l'échelle industrielle” (…)
Le PDG a par ailleurs confirmé le calendrier de mise en service de l'EPR de Flamanville: “nous prévoyons de charger le réacteur (avec le combustible) au premier trimestre 2024 (…) et de le raccorder au réseau à la mi- année 2024”.
Sa mise en service arrivera avec 12 ans de retard, pour une facture qui devrait s'élever à 13,2 milliards d'euros, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards. (…)
Après une production nucléaire tombée à un plus bas depuis 30 ans en 2022 (279 térawattheures, TWh) à cause de la crise de la corrosion, le groupe vise un objectif ambitieux de 400 TWh d'ici à 2030 pour redresser sa situation financière, fragilisée par une dette de 65 milliards d'euros. » AFP, 24 nov. 2023
Nucléaire : l'EPR finlandais à l'arrêt en raison d'un problème technique
« “La production d'électricité d'OL3 a été interrompue dimanche soir 19 novembre en raison d'un défaut détecté dans l'îlot de turbines” (…)
le réacteur nucléaire d'Olkiluoto 3, sur la côte sud-ouest finlandaise, est entré en service mi-avril, après 18 ans, soit avec 14 ans de retard sur le programme initial. (…)
Comme nombre d'autres chantiers d'EPR, il a été marqué par d'innombrables retards et d'énormes surcoûts qui ont été une des principales causes du démantèlement industriel d'Areva. » AFP, 20 nov. 2023
Et en Allemagne
L'Allemagne ne progresse que timidement sur la voie de la transition énergétique
« Les progrès de la transition énergétique allemande sont lents. Sur un total de 47 indicateurs clés permettant de déterminer si l'Allemagne se dirige vers la neutralité climatique - notamment l'expansion des énergies renouvelables, les chiffres des émissions et les investissements dans les voitures - seuls 13 montrent que le pays est sur la bonne voie. Seize autres indicateurs marquent quelques progrès, mais 18 indicateurs évoluent beaucoup trop lentement, voire dans la mauvaise direction. (…)
Les secteurs du chauffage et des transports ont été particulièrement mis en évidence comme étant à la traîne en ce qui concerne la réalisation des objectifs climatiques. Au cours des trois premiers trimestres de 2023, près de 10 % de voitures à moteur à combustion ont été vendues en plus par rapport à la même période de l'année précédente, et les ventes de systèmes de chauffage au gaz ont augmenté de 30 % au cours des six premiers mois de l'année. (…)
L'Allemagne vise à atteindre la neutralité en matière de gaz à effet de serre d'ici 2045. Elle s'est fixé comme objectifs intermédiaires de réduire ses émissions d'au moins 65 % d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990, et de 88 % d'ici à 2040. Toutefois, le pays n'est pas en mesure d'atteindre ses objectifs pour 2030. » Clean Energy Wire (anglais), 22 nov. 2023
Séisme budgétaire
« La cour constitutionnelle allemande a censuré les pratiques du gouvernement pour desserrer le corset très contraignant de la règle d'or avec des fonds spéciaux extérieurs au budget courant. C'est une gifle magistrale pour la coalition au pouvoir mais aussi une hypothèque pour l'avenir.
Les règles budgétaires ne peuvent pas être ignorées même durant des situations exceptionnelles. Le tribunal de Karlsruhe, saisi par l’opposition chrétienne-démocrate, a brutalement sanctionné le gouvernement mercredi dernier. Les juges constitutionnels ont estimé que le reliquat budgétaire de soixante milliards destiné au départ à la lutte contre le covid ne pouvait pas alimenter un autre fonds “pour la transformation et le climat”. Il n’est pas légal d’emprunter de l’argent pour une certaine cause puis de l’utiliser à d’autres fins.
Depuis 2011, la règle d’or ou frein à l’endettement est ancrée dans la constitution. Elle limite le déficit de l’Etat fédéral à 0,35% du produit intérieur brut sauf circonstances exceptionnelles. Les gouvernements Merkel et Scholz ont usé de cette possibilité en raison de la pandémie de Covid puis de la crise créée par l’invasion de l’Ukraine. Depuis 2020 et jusqu’à cette année incluse, la règle d’or a été suspendue. L’Etat a massivement emprunté et mis en place des fonds exceptionnels, extérieurs au budget courant. (…)
Karlsruhe remet donc en cause cette pratique pour l’un de ces fonds et donne gain de cause aux chrétiens-démocrates qui dénonçaient un “tour de passe-passe budgétaire”. Ces derniers qui ont savouré leur victoire ces derniers jours réfléchissent maintenant à une autre plainte devant la cour constitutionnelle contre le fonds de stabilisation économique datant de 2020 et augmenté l’an dernier pour passer à un volume sans précédent de 200 milliards. Une remise en cause de ce fonds, bien plus conséquent, constituerait une catastrophe encore plus importante pour le gouvernement. (…) le gouvernement est confronté désormais à une impasse budgétaire de 60 milliards d’Euros, autant de dépenses effacées purement et simplement par la cour de Karlsruhe. (…)
Les soixante milliards manquants devaient être dépensés sur quatre années de 2024 à 2027, soit quinze milliards par exercice budgétaire. Certaines mesures ne sont pas remises en cause comme les fonds pour une meilleure efficience énergétique des bâtiments et notamment le remplacement de chaudières à gaz. D’autres dépenses pour les infrastructures nécessaires aux voitures électriques, la modernisation de la Deutsche Bahn ou le soutien massif de l’Etat à l’implantation d’une usine Intel sont sur la sellette.
Le ministre de l’Economie et du Climat Robert Habeck est le plus menacé par cette coupe budgétaire drastique. Pour les écologistes allemands, c’est le projet central de modernisation de l’économie pour parvenir à la neutralité climatique qui est remis en cause, ou en tout cas son rythme. (…)
Il faut dans l’urgence trouver des solutions. Une remise en cause de la règle d’or ancrée dans la loi fondamentale nécessite une réforme constitutionnelle et une majorité des deux tiers, pour laquelle un soutien des chrétiens-démocrates est exclu. (…)
Si la décison de Karlsruhe la semaine dernière a le mérite de mettre fin à l’hypocrisie consistant à créer des fonds spéciaux hors budget pour détourner les règles, il n’en reste pas moins que le frein à l’endettement constitue par le faible déficit autorisé et sa rigidité un frein pour l’avenir. D’après de premières estimations du ministère de l’Economie, la croissance en 2024 pourrait être plus faible que prévu après la décision de la cour avec un demi point en moins. Les prévisions, déjà modestes -+1,3% de hausse annoncée en 2024- seraient sérieusesment revues à la baisse. Plus largement, les règles budgétaires actuelles ne permettent pas à l’Allemagne de faire face à la modernisation en profondeur de son économie pour atteindre à terme la neutralité climatique et pour remettre des infrastructures déficientes à niveau. (…) » Lettre d'Allemagne, Pascal Thibaut, nov. 2023
L’Allemagne cherche à combler le trou de 60 milliards d’euros dans son budget 2023
« Après que la plus haute juridiction allemande — la Cour constitutionnelle — a interdit le transfert de 60 milliards d’euros d’un fonds Covid vers un fonds pour le climat et la transformation de l’économie, les responsables politiques cherchent à combler le trou béant dans le budget 2023, les sociaux-démocrates proposant une suspension du « frein à l’endettement » prévu par la Constitution. (…)
Mercredi dernier (15 novembre), la Cour basée à Karlsruhe a jugé inconstitutionnelle la décision prise par le parlement en 2022 de réaffecter 60 milliards d’euros provenant de la dette non utilisée contractée lors de la crise de la Covid en 2021 à un nouveau fonds pour le climat et la transformation de l’économie. En effet, les juges ont estimé que cette somme ne pouvait être utilisée que pour lutter contre la pandémie.
Le nouveau fonds comprend notamment des subventions pour la rénovation des bâtiments, la mobilité électrique, la production d’hydrogène ainsi que des subventions pour les usines de microprocesseurs d’Intel et de TSMC afin qu’elles localisent leur production en Allemagne (…)
Berlin devra soit réduire les dépenses prévues dans le cadre du fonds, soit trouver d’autres sources de financement. Les 60 milliards d’euros représentent un quart du fonds, qui couvre la période 2024-2027. (…)
le ministre de l’Économie Robert Habeck (…) « Les investissements, c’est-à-dire l’argent nécessaire à la transformation, ne seront probablement réalisés que s’ils sont subventionnés par l’État » (…)
Cette décision ne mettra pas en péril les objectifs climatiques de l’Allemagne, mais elle pourrait peser dans la décision des entreprises d’implanter leurs sites de production de technologies vertes en Allemagne ou non. « La moitié du monde subventionne précisément ce processus : la Chine, la Corée du Sud et les États-Unis en particulier (…)
Cette règle est beaucoup plus stricte que les règles de l’UE relatives aux budgets nationaux, qui autorisent un déficit structurel de 3 % du PIB par an.
Le frein à l’endettement peut être suspendu en cas de catastrophe naturelle ou de situation d’urgence, comme cela a été le cas entre 2020 et 2022 en raison de la crise de la Covid-19 et de l’agression russe contre l’Ukraine. Une réforme fondamentale du frein à l’endettement nécessiterait toutefois une majorité des deux tiers au parlement, et donc le soutien des partis d’opposition, les conservateurs de la CDU/CSU (Parti populaire européen), qui s’opposent à une telle mesure.
En guise de solution provisoire, le gouvernement pourrait suspendre le frein à l’endettement pour 2024 en invoquant une situation d’urgence, telle que l’impact continu de l’attaque russe contre l’Ukraine. Cela permettrait au gouvernement de trouver une solution provisoire avant d’adhérer à nouveau aux limites strictes de la dette.
M. Lindner a exclu toute augmentation des impôts pour financer les dépenses prévues par le fonds et s’est également opposé à un affaiblissement de la règle du frein à l’endettement de l’Allemagne. Le frein à l’endettement, inscrit dans la Constitution allemande depuis 2009, limite l’emprunt structurel net autorisé du gouvernement fédéral à 0,35 % du PIB par an, avec un emprunt supplémentaire autorisé en période de ralentissement économique. » Euractiv, 21 nov. 2023
Le budget allemand en difficulté en amont d’un débat sous tension sur les règles budgétaires européennes
(…) Au-delà de cette décision, le plan budgétaire du gouvernement pourrait être remis en cause dans son ensemble car son déficit total contreviendrait également au plafond imposé par la constitution (…)
En effet, l’Allemagne dispose de 29 fonds hors budget d’une valeur d’environ 870 milliards d’euros, dont un de 100 milliards d’euros conforme à la constitution, qui concerne les dépenses militaires. (…)
Le gouvernement Scholz a annoncé ce mardi le gel de la quasi-totalité de ses engagements de dépense.
- Il concerne notamment un fonds de 200 milliards d’euros destiné au soutien des entreprises.
- Ce revers budgétaire, qui remet en cause des investissements de soutien à l’économie, a par ailleurs lieu dans un contexte de net ralentissement économique : le FMI prévoit une croissance de -0,5 % en 2023 et de 0,9 % en 2024.
- Alors que certains membres de la coalition appellent à une suspension ou une revue du principe de « frein budgétaire » — le ministre de l’Économie et du Climat Robert Habeck a notamment pointé du doigt son caractère « inflexible » et a averti sur les conséquences économiques négatives que pourraient entraîner la décision de la Cour —, le ministre fédéral des Finances Christian Lindner et son parti le FDP s’y sont jusqu’à maintenant opposés. (…) » Le Grand Continent, 21 nov. 2023
Des experts mettent en garde contre une réduction des investissements après un arrêt de la Cour suprême allemande
« Alors que l'Allemagne s'efforce de trouver 60 milliards d'euros après que la Cour constitutionnelle a jugé que le transfert de la dette COVID non utilisée vers un fonds climatique était contraire à la Constitution, des économistes ont averti que les réductions de dépenses pourraient coûter au pays sa croissance économique dans les années à venir, à la suite d'une audition parlementaire ce mardi. (…)
La semaine dernière, la Cour constitutionnelle allemande a jugé que le transfert de 60 milliards d'euros de dettes COVID non utilisées vers un fonds climatique était contraire à la Constitution. Avec ce montant retiré du fonds, le gouvernement discute maintenant de la manière de combler le déficit de financement, le ministre des finances Christian Lindner (FDP/Renouveau Europe) appelant à des réductions de dépenses. (…)
"Nous sommes coincés dans la stagnation et nous sommes confrontés à un défi multiple, du côté de l'offre, pour notre économie" (…)
Les défis de la transition verte, les déficits d'infrastructure et le vieillissement de la société “signifient que nous avons en fait un grand besoin d'investissement” (…)
L'argent du Fonds pour le climat et la transformation était censé financer, entre autres, l'expansion de la mobilité électrique, les subventions pour les nouvelles usines de fabrication de puces et la production d'hydrogène nécessaire pour des produits tels que l'acier vert.
La décision de la Cour pourrait également affecter d'autres fonds, tels que le “bouclier énergétique” de 200 milliards d'euros, conçu pour protéger les consommateurs et les entreprises des prix élevés de l'énergie (…)
En raison de l'incertitude entourant le financement, le ministère des finances a décrété lundi soir un moratoire sur les nouvelles obligations de paiement pour les années à venir pour tous les ministères. » Euractiv (anglais), 22 nov. 2023
Chronique radio : L'Allemagne, à la recherche des milliards manquants pour boucler son budget
« En Allemagne, le gouvernement n’en finit plus de se débattre avec son budget. À l’origine de cette situation exceptionnelle, l'arrêt de la Cour constitutionnelle qui annule une enveloppe de 60 milliards d’euros. La coalition d’Olaf Scholz souhaitait l'utiliser pour la transition énergétique. (…)
Désormais, dans chaque ministère, les équipes épluchent les budgets, poste par poste, en quête d’économies. Conséquence immédiate, les dépenses pour 2023 ont toutes été gelées et les ministères sont condamnés à l’austérité, au moins provisoirement. Cet arrêt laisse en suspens un certain nombre de projets d’investissements : le soutien à l’industrie ou l’aide versée à l’Ukraine que le gouvernement envisageait de doubler. Il suscite aussi beaucoup d’inquiétude, dans la population et dans les entreprises. (…)
Cette règle stricte, inscrite dans la Constitution, a été mise en place en 2009, quand Angela Merkel était chancelière. Elle prévoit de plafonner les déficits publics à 0,35 % du PIB chaque année. Seules des circonstances exceptionnelles permettent d’y échapper comme en 2020, 2021 et 2022 à cause de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine. Ce frein devait à nouveau s’appliquer cette année. Faut-il à nouveau y déroger pour sortir de ce mauvais pas ? Oui, répondent le SPD d’Olaf Scholz et les Verts. Non, assure l’opposition CDU, opposée à cette bouée de sauvetage. » France Culture, 29 nov. 2023
Les entreprises de production d'électricité à partir de sources renouvelables subissent de lourdes pertes malgré le développement fulgurant de leurs activités
« L'inflation élevée et d'autres développements économiques ont plongé les secteurs éolien et solaire dans une crise profonde (…)
Le boom sans précédent des projets d'énergie renouvelable en 2022 signifie que les carnets de commande sont pleins. Cependant, les entreprises peinent à gagner de l'argent : les nouveaux projets sont coûteux, les dettes sont considérables et le cours des actions des entreprises est en chute libre. (…)
Les entreprises du secteur solaire SolarEdge (Israël) ou Enphase Energy (États-Unis), par exemple, ont chacune perdu environ 70 % de leur cours depuis le début de l'année. Le géant danois des parcs éoliens Orsted a perdu plus de 50 % et son compatriote Vestas Wind Systems près de 14 %. La combinaison fatale de taux d'intérêt élevés, de coûts volatils, de problèmes de chaîne d'approvisionnement, de surcapacités et d'une “guerre des prix ruineuse” a abouti à une situation apparemment paradoxale dans laquelle les entreprises s'effondrent en pleine phase d'expansion. Alors que l'industrie subit des pertes massives en raison de la hausse des taux d'intérêt, exacerbées par de longs processus d'approbation qui entraînent des incertitudes en matière de planification, les commandes sont délocalisées en Chine pour des raisons de coûts (…)
L'Allemagne vise à ce que 80 % de sa consommation d'électricité soit générée par des sources renouvelables d'ici 2030. Les problèmes du secteur de l'énergie sont illustrés par une garantie de 7 milliards d'euros accordée par l'État à Siemens Energy, qui connaît de graves difficultés dans sa filiale de turbines éoliennes Siemens-Gamesa. SiemensEnergy a récemment inauguré une nouvelle usine d'électrolyseurs à Berlin, censée devenir la pierre angulaire des plans de production d'hydrogène vert du pays. Les problèmes s'appliquent également à l'industrie de l'hydrogène, où les coûts d'investissement initialement élevés obligent les entreprises à verser des avances importantes pendant de longues périodes avant de pouvoir rentabiliser leurs investissements. » Clean Energy Wire (anglais), 21 nov. 2023
Prix du baril en baisse
« les cours [du pétrole] (…) en diminution de plus de 15 % depuis septembre. » RFI, 24 nov. 2023
L'énergie en Chine
« En 2021, la Chine a à elle seule compté pour 26,5% de la consommation mondiale d'énergie, et même pour 53,8% de la consommation planétaire de charbon. (…) Si le pays est le premier producteur et le premier consommateur d'énergie dans le monde, rappelons toutefois que la consommation d'énergie par habitant des Français est environ 32% plus élevée que celle des Chinois. » Connaissance des énergies, 22 nov. 2022
Le marché immobilier en Chine : vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué
Nouveau métier : dévendeur :)
« Christophe Béchu , ministre de la transition écologique : « Le dérèglement climatique nous impose des choix de société. Si nous voulons mener notre transition écologique, nous n’avons pas d’autre choix que d’aller vers plus de sobriété dans notre façon de consommer. Pour prendre ce tournant, il nous faut combattre des récits et des imaginaires très puissants, qui sont totalement contraires au modèle de société durable que nous devons construire. Je pense, par exemple, au récit de la « fast fashion », je pense au récit du « Black Friday » qui vantent un modèle de surconsommation insoutenable pour la planète mais aussi pour notre souveraineté économique. Notre propre récit collectif, autour du personnage fictif du « dévendeur », incite les gens non pas à ne pas acheter, mais à examiner d’abord les alternatives à l’achat neuf, comme la réparation, la location ou les produits reconditionnés. Tous les ingrédients sont sur la table pour que le 24 novembre les Français se tournent vers un « Green Friday », un « vendredi vert » consacré aux alternatives à l’acte d’achat neuf, comme la réparation, et au « made in France ». » Biosphère, 24 nov. 2023
« A la veille du lancement officiel du Black Friday en France, grand-messe de la consommation à prix cassés, le gouvernement, les commerçants et les associations environnementales s'écharpent autour d'une série de spots télévisés de l'Ademe vantant la déconsommation. (…)
Christophe Béchu a dit “assumer” cette campagne: “Aucun des spots ne sera retiré”, a-t-il prévenu jeudi sur France Inter.
“Que 0,2% du temps d'antenne publicitaire soit consacré à se demander si tous les achats sont utiles, franchement, vu les enjeux de transition écologique, ça ne semble pas déraisonnable”, a-t-il argumenté. (…)
L'Union des Industries Textiles (UIT) s'est dite “exaspérée” par le refus de M. Béchu de retirer les spots. Le ministre “ignore une fois de plus les efforts considérables qui sont déployés par les entreprises de notre filière pour rester compétitives tout en respectant des normes environnementales”, a-t-elle réagi auprès de l'AFP.
Mouvement Impact France a pour sa part salué une “sensibilisation nécessaire pour transformer notre modèle”.
“La sobriété est non seulement la condition sine qua non pour atteindre nos objectifs environnementaux, mais aussi une approche de bon sens pour notre économie et nos commerçants”, a estimé le mouvement qui fédère des entrepreneurs de l'économie sociale et solidaire (ESS).
“Car c'est bien la surconsommation massive de produits importés à bas coûts, aux impacts sociaux et écologiques catastrophiques, qui entraîne la fragilisation croissante de notre tissu commercial et industriel”, a-t-elle ajouté. » AFP, 23 nov. 2023
L’onde de choc européenne de la victoire de l’extrême droite aux Pays-Bas
(…) les partis traditionnels, de droite comme de gauche, n’ont pas su trouver le ton et les idées sur le phénomène migratoire permettant de contrer le discours de la peur et de la fermeture véhiculé par l’extrême droite.
La droite pense qu’elle empêchera son électorat d’aller vers l’extrême droite en lui ressemblant, et ce faisant, lui ouvre la voie ; et la gauche se réfugie sur le terrain des discriminations. En Allemagne, on a même vu naître un parti anti-immigration de gauche. Et quand l’extrême-droite est confrontée au sujet, comme en Italie, elle n’a pas plus de réponse. L’Europe était le bon niveau pour traiter du sujet, mais elle n’a pas réussi jusqu’ici à surmonter les contradictions nationales. (…)
Le troisième enseignement concerne l’état de l’Europe, et il est inquiétant. Nous sommes à un moment de bascule des équilibres du monde, de guerres et de rivalités. Et potentiellement, demain, d’un retour de Donald Trump, qui ne fera pas plus de cadeaux aux Européens que lors de son premier mandat.
La logique stratégique serait de renforcer l’Europe pour faire face à cette redéfinition des rapports de force dans le monde. Mais le désarroi des opinions, la médiocrité des ambitions politiques, et les manipulations de tous ordres sur les réseaux sociaux, ont l’effet inverse. Les nationalistes prônent des solutions nationales quand les défis sont d’une autre ampleur, à une autre échelle. » France Inter, 24 nov. 2023
Les origines du 1er mai : Haymarket Square
« Chicago, mai 1886. Une bombe explose lors d’un rassemblement pour l’obtention de la journée de huit heures, à l’angle de Crane’s Alley, une ruelle faiblement éclairée par un lampadaire à gaz près de Haymarket Square. Des policiers sont tués, essentiellement par les tirs de leurs collègues paniqués. Huit hommes sont arrêtés, jugés et condamnés, sans preuve. Cinq sont pendus le 11 novembre 1887 après une parodie de procès, car « les puissants ne pardonnent jamais aux faibles de les avoir fait trembler ». Leur « martyr » aura des répercutions internationales et aboutira à la célébration de la Journée internationale des travailleurs, chaque 1er mai. » Bibliothèque Fahrenheit, 25 nov. 2023
Invasion russe de l'Ukraine
« Les États-Unis et l’Allemagne veulent forcer l’Ukraine à entamer des négociations avec la Russie, affirme le journal BILD. Selon des sources du journal allemand, ils envisagent d’y parvenir non pas par une pression politique directe, mais par une réduction progressive des livraisons d’armes (…)
« Zelensky lui-même doit comprendre que cela ne peut pas continuer. Sans aucune invite extérieure. Il doit, de sa propre volonté, s’adresser à son peuple et lui expliquer que des négociations sont nécessaires.» Bruno Bertez, 25 nov. 2023
Depuis le début du conflit, l’Union européenne a fourni à l’Ukraine 27 milliards d’euros d’aide militaire
« L'aide militaire de l'Union européenne (UE) à l'Ukraine s'élève à 27 milliards d'euros (environ 28,8 milliards de dollars) depuis le début du conflit, selon le chef de la diplomatie européenne, cité lundi par l'agence de presse Ukrinform. Le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré que les livraisons d'armes européennes à l'Ukraine avaient atteint une valeur de 27 milliards d'euros, un chiffre record dans l'histoire de l'UE. Depuis le début du conflit russo-ukrainien en février 2022, l'UE et ses États membres ont mis à disposition de l'Ukraine environ 89 milliards de dollars sous forme d'aide financière, militaire, humanitaire et d'aide aux réfugiés. L'aide militaire comprend des munitions, des systèmes de défense aérienne, des chars et d'autres armements et équipements. » (Radio Chine internationale, le 14-11-2023) Renseignor n°1307, 19 nov. 2023
Berlin annonce le doublement de l’aide militaire prévue pour l’Ukraine
« L’Allemagne a annoncé hier le doublement de l’aide militaire prévue pour l’Ukraine en 2024. Le doublement est fixé à huit milliards d’euros. « Cela constitue un signal fort à l’Ukraine montrant que nous ne la laissons pas tomber » déclaration de Boris Pistorius le ministre fédéral de la Défense. C’était sur la chaîne de télévision publique allemande ARD. Selon le ministre allemand de la Défense, la hausse de cette aide militaire répond à l’expérience de cette année qui a montré que les montants prévus ont vite été épuisés. Le gouvernement allemand avait initialement prévu une enveloppe d’aide en équipement militaire, principalement à hauteur de quatre milliards d’euros. » (Deutsche Welle, le 13-11-2023) Renseignor n°1307, 19 nov. 2023
Josep Borrell propose de détourner vers l’Ukraine les exportations de munitions destinées à d’autres pays
« L’Union européenne, dont les ministres de la Défense se sont une nouvelle fois réunis hier à Bruxelles, ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine, mais également reconnu que la fourniture de munitions promise à Kiev était plus difficile que prévu. L’Union européenne ne va pas aussi vite qu’elle l’avait espéré, en particulier sur la fourniture de munitions. Elle s’est fixé pour objectif de fournir un million d’obus pour l’artillerie ukrainienne d’ici mars. Pour l’instant, les Européens ont envoyé 300 000 munitions et l’objectif ne sera pas atteint, affirme le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius. « La bonne question serait en fait de savoir si promettre un million n’a jamais été réaliste. Des voix se sont élevées pour dire attention, un million s’est facile à décider. L’argent est là, mais la production doit être là. Ces avertissements ont malheureusement raison aujourd'hui. Nous avons apporté une grande contribution avec nos contrats cadres et nous continuerons à le faire. Nous sommes en discussion avec l’industrie de l’armement. La production doit monter en puissance et s’accélérer. C’est le mot d’ordre ». Depuis mai, la Commission européenne est chargée d’un plan pour relancer la production, mais aussi à plus long terme les capacités de l’industrie européenne de l’armement. Les résultats commencent à se faire sentir, selon elle, avec une augmentation de la production d’environ un quart depuis février. Ils veulent produire un million de munitions par an et le chef de la diplomatie européenne Josep Borell propose de détourner vers l’Ukraine les exportations qui pour un tiers sont destinées à d’autres pays. »(Radio Vatican, le 15-11-2023). Renseignor n°1307, 19 nov. 2023
En amont d’un deuxième hiver de guerre en Ukraine, le spectre de négociations contraintes
« Pour Kiev, il n’est pas question de paix tant qu’une partie du territoire ukrainien est sous contrôle russe. Mais avec un soutien américain menacé et un front quasi-gelé depuis plusieurs mois, des négociations aux conditions défavorables pour l’Ukraine pourraient-elles s’imposer ? (…)
Pour l’Ukraine, une paix avec la Russie ou un cessez-le-feu est inenvisageable tant que l’armée russe sera présente sur le territoire ukrainien. Après presque 21 mois d’invasion à grande échelle du pays, Moscou contrôle 17,5 % du territoire ukrainien, soit 10 % de plus qu’en février 2022. (…) Le dernier paquet d’aide américaine à Kiev annoncé par Lloyd Austin, d’un montant de 100 millions de dollars, est faible en comparaison des précédents débloqués par Washington depuis février 2022. Tandis que rien ne garantit à ce stade que le Congrès américain votera les financements supplémentaires pour l’Ukraine demandés par Joe Biden, le Pentagone arrive progressivement au bout des crédits dont il dispose.
Si les États européens envoient des signaux positifs à Kiev d’un point de vue financier, industriel et militaire, ils ne disposent pas de moyens comparables à ceux des États-Unis.
Alors que Moscou joue la montre sur le terrain et défend ses positions sans fournir d’efforts offensifs significatifs, la tendance actuelle semble à ce stade plutôt se diriger vers un ralentissement du conflit que vers une accélération de celui-ci.
La question de la paix dans la guerre russe contre l’Ukraine est tabou tant les conséquences — sans victoire militaire nette pour Kiev — seraient terribles pour le pays lui-même, pour l’architecture de sécurité internationale et pour les pays voisins de la Russie. Cependant, tandis que les résultats de la contre-offensive ukrainienne lancée cet été sont largement insuffisants pour être qualifiés de victoire, il est difficile de voir à ce stade comment l’Ukraine pourrait continuer à se défendre contre l’agression russe sans l’assistance américaine substantielle fournie jusqu’à présent. (…)
Vladimir Poutine, de son côté, semble plutôt souhaiter attendre l’essoufflement de l’aide occidentale qui lui permettra d’imposer une paix dictée selon ses termes.
Le Kremlin considère qu’il pourra poursuivre indéfiniment une guerre en Ukraine « en l’absence de conditions préalables à un règlement par des moyens politiques et diplomatiques » (…)
Dans l’attente, les Européens comme les Américains commenceraient progressivement à discuter avec leurs homologues ukrainiens des conditions d’une négociation visant à mettre fin à la guerre. » Le Grand Continent, 21 nov. 2023
Évolution du contrôle du territoire ukrainien : Pas d'évolution significative depuis déc. 2022
Le Grand Continent, 21 nov. 2023 |