Emissions de gaz à effet de serre et empreinte écologique, où sont les responsabilités ?

Le point de débat était le suivant : d'un côté les grands pays comme la Chine polluent énormément en terme d'émissions de gaz à effet de serre par exemple. Nous, les occidentaux, de notre coté on ne peut pas grand chose vu notre taille. A l'inverse, je disais attention ce n'est pas si évident nous sommes petits en taille mais encore riches et donc nous polluons beaucoup aussi.

Responsabilité historique

En tant qu'occidentaux nous avons une responsabilité importante dans le réchauffement climatique car nous sommes sommes à l'origine de la majorité des stocks de gaz à effet de serre, c'est à dire ce qui a déjà été émis par le passé.
« La part de responsabilité écrasante dans le changement climatique des deux puissances hégémoniques du XIXe siècle (la Grande-Bretagne) et du XXe siècle (les États-Unis) témoigne du lien fondamental entre la crise climatique et les entreprises de domination globale. La Grande-Bretagne et les États-Unis, représentent 55% des émissions cumulées en 1900, 65% en 1950 et presque 50% en 1980. » Pour une histoire désorientée de l'énergie, Jean-Baptiste Fressoz, 2014.

La France et l'Allemagne ont eu des développements économiques similaires à la Grande-Bretagne au cours du XXe siècle, dans le graphique ils représentent une part importante du “reste du monde”.



Responsabilité de consommateur

Aujourd'hui, nous sommes responsables en tant que consommateur de produits importées. Depuis la décennie 90, la mondialisation bat son plein, les multinationales délocalisent pour produire ailleurs qu'en occident avec des coûts de main-d’œuvre plus faibles et donc des bénéfices accrus ou sauvegardés. Ces productions délocalisées permettent de diminuer les émissions de GES (gaz à effet de serre) dans les pays occidentaux et les augmentent ailleurs, en Asie par exemple. Cependant ces productions sont importées pour être consommées chez nous, démonstration par les chiffres :
« Lorsqu’on évalue les émissions de CO2 ou de gaz à effet de serre par pays, on oublie souvent que les émissions proviennent parfois de la production d’un produit qui ne sera pas forcément consommé dans son pays de fabrication. Ainsi, les émissions de CO2 liées à la fabrication d’un smartphone fabriqué en Chine, mais vendu en France, seront-elles attribuées à la Chine.
On constate à l’échelle mondiale le poids grandissant des émissions incorporées dans les échanges commerciaux via les exportations et importations de produits intermédiaires et finaux. En 2010, 28% des émissions mondiales de CO2 circulaient entre des pays producteurs et consommateurs via des produits de consommation.
Pour la France, entre 1990 et 2007, les émissions de gaz à effet de serre par habitant sont ainsi passées de 9,7 à 8,2 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2/eq.), si on utilise l’approche « territoriale ». mais si on analyse les émissions liées à la consommation sur la même période, elles ont augmenté, passant de 11,6 à 12,2 Mt Co2/eq. » Kit pédagogique sur les changements climatiques, Réseau Action Climat France, 2015.

Visualiser le présent, les cartogrammes

Les géographes et les statisticiens ont trouvé un moyen pratique et accessible de visualiser un phénomène en déformant une carte proportionnellement à la variable étudiée grâce à l'outil informatique.
« Un cartogramme est une carte pour laquelle une variable thématique, comme la population ou le PIB, remplace la surface des territoires représentés. La géométrie de l'espace de la carte est déformée afin de se conformer aux informations relatives à la variable représentée. Il s'agit de l'une des anamorphoses (déformation d'image) employées en cartographie. » Cartogramme, Wikipedia.

Préambule : la projection de Mercator induit en erreur

Lorsque l'on regarde une carte mondiale en deux dimensions, la surface des pays est déformée car on projette la surface d'une sphère sur un plan. Les pays proches des pôles donnent l'impression d'être immenses alors que ce n'est pas la réalité.
« Il est difficile de représenter notre monde sphérique sur une feuille de papier. Les cartographes utilisent ce qu'on appelle une “projection” pour transformer le globe en carte 2D. La plus populaire d'entre elles est la projection Mercator. Chaque projection de carte introduit de la distorsion, et chacune a sa propre série de problèmes. L'une des critiques les plus fréquentes de la carte de Mercator est qu'elle exagère la taille des pays les plus proches des pôles (États-Unis, Russie, Europe), tout en minimisant la taille de ceux situés près de l'équateur (le continent africain). Selon la projection Mercator, le Groenland semble avoir à peu près la même taille que l'Afrique. En réalité, le Groenland fait 0,8 million de milles carrés et l'Afrique 11,6 millions de milles carrés, soit près de 14,5 fois plus. » The True Size, traduit avec DeepL.
Avec le site The True Size vous pouvez rétablir une certaine vérité. Par exemple tapez “Russie”, puis sélectionnez le pays et déplacez-le sur la mappemonde pour vous rendre compte de sa taille réelle par rapport aux autres pays.

Le monde en carte

Le site Worldmapper fournit des cartes du monde où la surface des pays est déformée en fonction de la variable étudiée.

Carte de référence, projection de Mercator

Voici en premier la carte de référence classique (projection de Mercator) avec les déformations qu'elle induit :
Carte de référence

Déformation en fonction de la population

La Chine est 21 fois plus peuplée (1,4 milliard d'habitants en 2018) que la France (67 millions, 2018) et trois fois plus peuplée que l'Union Européenne (500 millions de personnes, 2018). Les Indiens sont est en passe de devenir plus nombreux que les Chinois (1,3 milliard, 2018). 330 millions d'habitants vivent aux États-Unis (2018) et le continent africain est autant peuplé que l'Inde (1,3 milliard, 2018).

Population en 2018

Déformation en fonction de la richesse produite (produit intérieur brut, PIB


Produit intérieur brut en 2018

Déformation en fonction de l'empreinte écologique de la consommation

« L'empreinte écologique de la consommation montrée sur cette carte donne une image de l'empreinte écologique totale de chaque pays et de chaque personne. L'empreinte écologique a été établie afin de quantifier l'impact de l'humanité sur l'environnement naturel. Il est calculé en estimant la capacité de charge du milieu naturel et en la comparant aux niveaux de consommation et de déchets. Elle est mesurée en hectares globaux (gha) pour la productivité biologique moyenne d'une année donnée. L'empreinte écologique permet ensuite de replacer les hectares consommés (et gaspillés) dans le contexte de la biocapacité existante. Un monde durable nécessiterait une empreinte écologique moyenne de 1,63 gha actuellement. Avec l'évolution des modes de consommation et de l'évolution démographique, l'écart entre ces deux phénomènes ne cesse de se creuser et dépasse la capacité régénératrice de la biosphère. Cette carte montre dans quelle mesure les pays surexploitent les ressources naturelles de la planète, codées en couleurs par des multiples de la capacité de charge de la planète. » Empreinte écologique en 2018, traduit avec DeepL.

Empreinte écologique en 2018

Déformation en fonction des émissions de CO2 par personne

Ici, la carte est un peu trompeuse puisque les consommations importées ne sont pas réaffectées aux pays consommateurs mais restent aux pays producteurs.

Emissions de CO2 par personne en 2016


Pour conclure rapidement, au regard de ces cartes on voit bien la responsabilité actuelle de la Chine notamment en terme d'émissions de gaz à effet de serre, mais comme affirmer au début, les pays dits "occidentaux" (Japon y compris) portons une responsabilité historique et une responsabilité présente de consommateur, d'ailleurs notre empreinte écologique reste forte proportionnellement à notre population.

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