Monnaie : un itinéraire orienté pour défricher le sujet

Ce qui suit est un commentaire du billet Money ! traité de pico-économie des communautés.


En étudiant les communautés, la coopération et l'intelligence collective, tu as donc été surpris que Jean-Michel Cornu et Jean-François Noubel fassent des liens entre monnaie et communautés.

Commençons par ouvrir des portes ouvertes :
Qui dit communauté dit échanges entre ses participants. Qui dit échanges dit nécessité d'une confiance entre les membres. Dans un grand groupe, les individus ne se connaissent pas tous personnellement. Comment la confiance peut-elle alors exister et se développer? C'est un des rôles de la monnaie, vecteur de cette confiance. Il faut également des règles à respecter -les lois-  que les représentants de l'autorité font appliquer, si nécessaire avec une violence dite légitime. La monnaie acceptée de gré ou de force est gage de confiance et permet donc l'échange. Au passage, crédit est synonyme de confiance. Un crédit est une créance dont la contrepartie est une dette.

J-F Noubel  affirme que nos sociétés qui sont une forme d'intelligence collective pyramidale ne sont pas adaptées à la complexité et à l'incertitude de notre temps. La monnaie structure fortement notre société, essayons donc de comprendre son code (au sens du code de l'ADN ou du programme informatique). Quelles sont les règles qui régissent notre monnaie ?  Ensuite, éventuellement, nous en développerons d'autres plus adaptées.
Le code de la monnaie est écrit par les banques centrales, les banques commerciales et les états.
il n'est pas adapté à l'intelligence collective distribuée  car il ne permet pas à la monnaie d'être souple, réactive, disponible et répartie dans l'espace. Je ne vais pas ici expliquer la monnaie: c'est complexe, ça dépasse aussi mes capacités et quantité de ressources sont disponibles. Je te propose plutôt un parcours pour débroussailler le sujet. Il n'est pas neutre, plutôt une remise en cause de l'ordre établi.

Attribution: Horst Frank de de.wikipedia.org
Auparavant je voudrais illustrer le problème de la rareté de la monnaie souligné par Noubel.

Imaginons un quartier où la plupart des habitants sont au chômage, avec peu de ressources financières. Ces personnes ont du temps disponible et possèdent des compétences. Par exemple l'un sait s'occuper des enfants, un autre est bon bricoleur tandis qu'un troisième fait pousser des légumes dans son jardin. Mais ils n'ont pas les euros nécessaires pour échanger; la situation est bloquée malgré la richesse humaine.
Autre exemple bien réel, à chaque crise économique la monnaie "disparaît" : les banques ne fournissent plus de crédit aux entreprises pour leurs besoins en trésorerie, cette disparition paralyse les échanges. Après la crise de 1929, les entreprises suisses ont résolu le problème : certaines ont crées un monnaie alternative, le WIR, qui leur a permis de continuer à échanger entre elles. Cette monnaie, complémentaire au franc suisse, existe encore aujourd'hui. Elle explique en partie la résilience de l'économie helvétique.

Voici maintenant l'itinéraire promis.
Débutons par un conte facile à lire, L'île des naufragés de Louis Even, issu du crédit social.
Cette histoire est tellement dingue que nous nous réfugierons ensuite vers deux ressources quasi-académiques mais pourtant très courtes afin de poser quelques bases:
Dans la fiche écrite par G.Galand j'attire ton attention sur le commentaire de Jean-Baptiste B (premières traces d'écriture = premières traces de monnaie scripturale). JB polémique et évoque d'autres éléments qui surprendront si on les lit attentivement. Nous nous arrêterons là pour y revenir plus tard, sinon bonjour l'embrouille.  le blog de JB : Frapper monnaie - les bases
Continuons avec une interview de J-F. Noubel : "comprendre la monnaie est une expérience incroyable, quelque chose de l’ordre du film Matrix..."
Il y a bien sur L’innovation monétaire (1/5) : Monnaie, vous avez dit monnaie ? de J-M.Cornu mais je voudrais déjà passé à autre chose. Dans le premier commentaire, il faut suivre le lien proposé par Olivier Auber qui nous emmène à la théorie relative de la monnaie(dernière version). Galuel propose un code de la monnaie fondé sur la relativité, les droits de l'homme et sur des principes démocratiques. La TRM impossible de l'avaler à froid, pourquoi ne pas commencer par un sujet accessible : j'ai parlé à mon banquier.

Si tu ne devais lire qu'un seul blog, choisis celui de Stanislas Jourdan, jeune journaliste talentueux et idéaliste (il le dit lui-même) issu d'une école de commerce; en commençant par exemple, par son billet le plus populaire: l'argent-dette. Sur "Tête de quenelle" il relie la monnaie  à la politique monétaire et au revenu de base en quelques articles clairs et structurés. Stan est également co-animateur de revenudebase.info et de ouishare.net.

Pour occuper le temps dans le train, Stéphane Laborde alias Galuel (ingénieur de formation) tient le podcast qui décrypte les codes des systèmes monétaires.

Last but not least, pour comprendre la monnaie, étudions son histoire.  David Graeber, anthropologue à l'université de Londres, cheville ouvrière des 99% d'Occupy Wall Street au parc Zucotti de NY, a publié ses recherches sur l'histoire de la dette dans un énorme pavé. Voici la traduction d'un  de ses articles : dette les 5000 premières années. Il soutient que le troc ne fut pas le premier moyen d'échange et que la dette rime souvent avec la violence du pouvoir.

Voilà de longues heures en perspective si l'aventure te tente et nous n'avons pas besoin de faire du commerce ou d'être prof d'économie pour aborder le sujet.




voir aussi les conférences (vidéo) de Bernard Lietaer  (ex banquier central) sur les monnaies complémentaires.

1 commentaire:

  1. Après un commentaire si motivant, promis, je vais me lancer dans le parcours pédagogique que tu me proposes. Je vais mettre tous ces liens dans Pocket (lecture différée et non connectée)

    Seule hic ... y'a grève des trains la semaine prochaine ... ça va décaler mon étude d'autant !

    Mais à lire ton exemple sur les habitants au chômage, je me rappelle deux utopies : l'une dont j'ai déjà parlé, l'aventure de Jean-Baptiste Godin et le travail "coopératif" (Guise); l'autre est appelée "arbres de compétences" consistant à troquer des savoirs-faire; Je les ai pratiqués en classe sous forme "d'arbres de connaissances" où les élèves (CM2) troquaient des savoirs pour les valider.

    C'est parti, je défriche !
    Je viens de retrouver mon 33tr des Pink Floyd ... Money !
    Zut, je n'ai plus de platine :-(

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