Marchandisation de l'être humain et avenir de la planète

Commentaire de Gérard Malavois sous la vidéo de Xerfi Canal, Les gilets jaunes : social, politique et violence [Michel Wieviorka], 21 janv. 2019. Ce qui importe ici n'est pas la critique de la personne mais du discours :
Il faut savoir que sous couvert de faire de la sociologie, M. Wieviorka est en réalité un fin idéologue de droite, défenseur d’un ultra-libéralisme qui a notamment conduit l’Union européenne à demander à M. Macron de procéder à la casse du code du travail, à la casse de la protection sociale, à la casse de la sécurité sociale, à la disparition du CDI, à la baisse des prestations sociales, des allocations de chômage, des pensions de retraite, etc.

Ceci explique que M. Wieviorka a une vision pour la moins étroite et pauvre du sens à donner au mouvement des Gilets jaunes. Pour simplifier, M. Wieviorka admet que si c’est un mouvement qui a des revendications sociales et économiques respectables, il considère cependant que ce mouvement donne l’image d’un pays qui préfère la voiture à la lutte contre le changement climatique. Autrement dit, pour Mr Wieviorka, c’est un mouvement juste dans l’essentiel de ses demandes, mais catastrophique pour le futur de notre pays. En vérité, le discours ultralibéral de M. Wieviorka consiste, insidieusement, à mettre en opposition la défense de la cause écologique, la sienne, avec celle de la cause anthropologique, qui serait donc celle des Gilets jaunes, selon lui.

Tout d’abord, il n'est pas inintéressant de noter que lorsque M. Wieviorka a l’occasion de s’exprimer publiquement, il le fait toujours en prenant bien soin de ne jamais faire référence au fait que nous vivons aujourd’hui dans une société dominée par une aristocratie ultra-libérale de la finance, celle des puissances d’argent et de la loi des marchés financiers qui, avec son obsession du profit, broie les individus et ce sans aucun état d’âme et de la manière la plus effroyable. Tout comme il prend tout autant soin de ne jamais souligner le fait que notre société est aujourd’hui confrontée à une marchandisation généralisée de l'humain à un niveau encore jamais atteint dans l’histoire de l’humanité.

Voilà bien une vérité que j’aimerai entendre de la bouche de M. Wieviorka : celle que tout devient vénal aujourd'hui, tout. Depuis le résultat d'un match de football, jusqu'à la vente de ce qu'on ose appeler une trousse d'embryon à implanter. C’est effarant de voir à quel point tout est devenu vénal, n’est-ce pas M. Wieviorka ? En réalité, M. Wieviorka est un authentique défenseur de cette société ultra-libérale dans laquelle nous vivons aujourd’hui et qui nous confronte à une marchandisation généralisée de l’humain[1] qui passe par une liquidation de toutes les valeurs humaines, pour n’en garder qu'une seule : celle de l'argent, du profit, qui culmine dans la valeur boursière. Dans notre société, l'argent serait ainsi la seule valeur qui mérite d'être dite valeur.

De la même façon, M. Wieviorka ne voit pas à quel point le peuple est méprisé, comment les gens sont traités aujourd’hui. Il ne voit pas, par exemple, comment les Gilets jaunes sont maltraités, comment on méprise leurs revendications depuis le début de leur mouvement. Tous ces Gilets jaunes qui sont à la fois représentatifs du peuple, de toutes les conditions sociales, de toutes les générations et qui ne demandent qu'à faire honnêtement leur travail, qu’à vivre décemment et dignement de leur travail, de leur retraite et dont leur aspiration est de pouvoir offrir un meilleur avenir à leurs enfants, à nos enfants ! Pouvoir vivre dignement et décemment, est-ce là trop demander aujourd’hui, M. Wieviorka ?

La vérité, celle que M. Wieviorka ne veut pas entendre, c’est que nous entrons dans une ère de dé-civilisation, de déshumanisation sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Alors que nous avons pris conscience du désastre écologique et à quel point la planète terre va mal, il devient tout aussi urgent que nous prenions conscience à quel point le genre humain est lui aussi fondamentalement malmené, à quel point il va tout aussi mal que la planète elle-même. A quel point ce qu’on nous fait vivre, ce qu’on nous fait mal vivre aujourd'hui est devenu dès plus insupportable et intolérable.

L’évidence, celle que M. Wieviorka ne veut pas admettre, est là sous nos yeux : on ne sauvera pas la planète sans sauver le genre humain, ni le genre humain sans la planète. Il n’existe aucune échappatoire, aucune issue autre pour la survie de l’humanité et donc de la planète elle-même que de défendre ses deux causes, cause écologique et cause anthropologique, en même temps.

Voilà donc le genre de propos que j’aimerais bien entendre un jour de la bouche de quelqu’un comme M. Wieviorka : nous disant à quel point il est urgent de faire barrage à la dictature de l’argent et de changer en profondeur cette société de moins en moins humaine et de plus en plus aliénante, pour que l’humain y retrouve enfin une place centrale, dans l’harmonie et le respect de son environnement écologique.
Solidarité avec le mouvement des Gilets jaunes

[1] Karl Polanyi, Une pensée pour le XXIe siècle - J. Maucourant

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