Covid-19 : stratégies de traçage de contacts pour préparer une éventuelle vague automnale

Cadre de raisonnement et mesures à prendre pour se préparer à une éventuelle vague épidémiologique à l'automne [Synthèse], Fil twitter d'Yvon Le Flohic, médecin généraliste, 26 mai 2020


« - On arrive au bout de la réflexion : le lockdown [confinement] est une mesure de freinage d’urgence, mais on peut faire aussi bien sans lockdown (c’était déjà visible en Corée, à Hong Kong...) ;

- Comprendre cette épidémie (it's not an epidemic, it's a multi closed epidemic) [ce n’est pas une épidémie c’est plusieurs épidémies circonscrites] et aller au bout des réflexions que cela impose : sur le taux d’immunisation [le taux d’immunité de groupe ?] qui peut s’infléchir avant d’arriver à 60 % en raison de l’immunisation des groupes, principaux vecteurs ;

- Mais aussi décliner des stratégies qui en tiennent compte : ici nous avons les 3 C : closed spaces, crowds, close contact setting [espaces fermés, foules, contacts étroits]. Et le port du masque, qui fait que même en lieu clos, vu que les gens ne parlent pas et ne mangent pas, il n’y a pas de contagion (trains) ;

- Sur le contact tracing [traçage  de contacts] et le numérique : le numérique seul n’a aucune rentabilité et ne permet pas de trouver ces lieux à risque ni de cibler des personnes à risque d’être super spreaders [super contaminateurs] ;

- S’occuper des lieux, porter des masques, permet de limiter très fortement le nombre de tests en ayant un fort impact ;

- Je réfléchis depuis une quinzaine à un concept de rank/classement des lieux et des personnes qui permet d’intégrer les paramètres de lieux au tracing qu’il soit manuel ou numérique, qu’il parte des personnes ou qu’il priorise les lieux (selon ce classement) ;

1) Rank de lieu : espace clos, mauvaise ventilation, accueillant des personnes dont le risque augmente selon que les personnes parlent, mangent, chantent, hurlent, font du sport ; risque augmenté si ce lieu accueille du public ou que le groupe qui y travaille contacte d’autres lieux/groupes dont le niveau du risque peut être chaîné ;

2) Rank de personne : nombre de contacts sociaux quotidiens, en lieux clos, activité a risque d’être vecteur (soignant, policier, ambulancier, brancardier, pompier...) ;

- L’idée étant qu’avant même que le virus soit passé par là on peut préétablir une cartographie montrant par où il est susceptible de passer, ce qui permet de couper les ponts en organisant des dépistages ciblés et itératifs aux bons endroits et pour les bonnes personnes ;

- Je pense toujours que le dépistage par autoprélèvement salivaire serait une arme stratégique permettant de passer à une autre dimension et que le pooling [
regroupement d'échantillons pour accélérer le dépistage et baisser les coûts d'analyse, si le pool est positif on refait les tests individuellement] serait également stratégique pour des tests itératifs de sécurisation des communautés les plus à risque ; l’idée étant d’assécher le réservoir persistant du virus pendant les semaines qui viennent pour se donner toutes les chances d’éviter un redémarrage en septembre/octobre, ou des clusters meurtriers dans des populations à risque ;

- Je ne pense pas que le tracing numérique ajoute grand-chose : on peut obtenir une suppression en s attaquant aux bases de subsistance du virus, il faut se rappeler que toutes les introductions virales territoriales n’ont pas proliféré et qu’il a fallu plusieurs introductions aux bons endroits, avec généralement un événement d’ensemencement fort pour que la mayonnaise monte. Cela me fait penser qu’on peut tendre vers une stratégie de suppression en s’attaquant aux réservoirs de ce virus et en lui coupant ses principales routes de diffusion. Je vois cela plus comme une prise de conscience individuelle du risque que l on porte, par le fait de ses activités, ou des personnes avec qui on est en contact.

- Il y a, à mon sens un boulot intéressant de modélisation et de cartographie du risque territorial, permettant de faire du dépistage ciblé, et parallèlement il serait intéressant de développer une appli de ranking du risque personnel. Idéalement les données ARS [agence régionale de santé] permettraient de valider les items et la stratification des risques associés aux activités sociales et professionnelles des personnes. Je précise que ce ranking pourrait être effectué sur le mode du volontariat, et sans partage des données ;

- Conceptuellement, je ne pense plus qu’il y ait beaucoup d’évolutions sur la façon dont se propage ce virus et la bonne façon d’y arriver : dépistage ciblé, et bonne définition des cibles, éducation au risque, responsabilisation.
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