Yvon Le Flohic médecin généraliste, commente l'article de la Charente Libre « Il n’y aura pas de deuxième vague : deux scientifiques français expliquent leur thèse » sur Twitter :
Il y a effectivement une possibilité d absence de deuxième vague , mais pas pour des raisons d immunisation de l ensemble de la population 1/ https://t.co/DDdsh8bqf5
— Le Flohic (@DrGomi) May 21, 2020
[passages en gras de mon fait]
« Il y a effectivement une possibilité d’absence de deuxième vague, mais pas pour des raisons d’immunisation de l’ensemble de la population. Les premières études sérologiques et en population par rtPCR ayant démontré une absence d’immunité populationnelle ; il faut toutefois se rappeler que ce virus n’est pas très contagieux en population générale et que certains « ensemencements » n’ont pas pris. Par exemple la souche qui a démarré dans le Grand Est (église évangélique) n’a pas essaimé en France, mais à l'international, la souche Ile-De-France-Bretagne est différente. Les études génomiques Nextstrain montrent que certaines villes ont eu de multi imports (Washington) quand d’autres ont eu une épidémie due a probablement un seul import (New York). Il faut raccrocher conceptuellement ces éléments avec ce qui est constaté sur le mode de propagation de ce virus qui est principalement lié à des épisodes en lieu clos (principalement, donc pas non plus uniquement).
On constate également la faible propagation intrafamiliale qui doit interloquer (10 à 15 %) ainsi que la faible contagion en population générale (cas secondaires par tracing numérique chez des contacts qualifiés de plus de 15 minutes d’un cas index : entre 0,7 % et 2 %). On constate enfin l’énorme taux d’attaque dans certaines situations, le call-center coréen expertisé : 43 % (VS 0,7 % à 2,5 % pour les contacts habituels des cas index). Enfin, en région, nous avons assisté à un phénomène d’extinction par exemple dans le Morbihan, certes avec le confinement, mais avec un confinement « à trous ». Nous constatons également que pour qu’un cluster régional se constitue et explose, il faut un ou plusieurs événements d’ensemencement, et/ou des conditions d’urbanisme (métro/tramway...) qui le permettent.
Une synthèse de tous ces éléments me fait penser qu’en maîtrisant les événements de lieux clos, on peut maîtriser voire éteindre cette épidémie, et que c’est le problème de notre confinement de deux mois. Nous avons évité l’embolisation des réas, mais nous n’avons pas travaillé sur les contaminations résiduelles et les mini clusters que nous découvrons aujourd’hui (il n'y a pas que l’hôpital qui est concerné par l’épidémie) qui sont le fait d’une circulation dans une population jeune et en bonne santé, qui peut donc passer inaperçue (comme au stade précoce de cette épidémie) et finir par s’introduire dans une communauté à risque (EHPAD) ce qui est l’histoire « naturelle » de cette épidémie.
Au-delà du risque de reprise épidémique, quelle stratégie ? Je plaide depuis plus d’un mois pour le dépistage des groupes principaux vecteurs dont on sait maintenant qu’ils ont des caractéristiques précises : nombre de contacts quotidiens avec le public, présence d’un groupe stable, partageant des activités en lieux clos, et plus le groupe est important en nombre, plus il peut essaimer au-delà du lieu d’activité de ce groupe, par l’intermédiaire des contagions intrafamiliales ou de contacts avec le public. Ces groupes les plus vecteurs et les plus exposés sont le réservoir viral en population, et son moteur ; dépistage systématique de ces groupes, et port de masque sont les deux solutions pour assécher ces réservoirs en zone de forte épidémie exponentielle, je ne serai pas surpris que la séroconversion de ces groupes principaux vecteurs soit une explication a la courbe en cloche constatée aussi en Suède, ou il n’y a pas eu a proprement parler de confinement, et que le chiffre qui déclenche un ralentissement de la cinétique ne soit pas celui de l’immunisation en population générale, mais celui de l’immunisation des groupes principaux vecteurs et des lieux qui s’y rattachent. Quelques premiers retours parcellaires indiquent en effet plus de 80 % de séroconversion des soignants dans certaines Ehpad, attendons de voir ce que cela donne dans d’autres groupes. »
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