Quels modèles épidémiologiques pour la sortie du confinement ? [audio], France culture, 11 mai 2020
"En cette première journée de déconfinement, Nicolas Martin s'intéresse aux modèles de propagation du virus."
- les mesures de confinement ont eu un effet notable sur le ralentissement de la propagation du virus, avec, je vous le rappelle selon, l'Institut Pasteur, une réduction de 84% du taux de reproduction virale, c'est à dire le nombre de personnes qui sont contaminées par un seul malade, le faisant passer de 3,3 à 0,5, soit en dessous du seuil épidémique, puisqu'il est entendu que quand un malade en contamine moins d'un autre, statistiquement l'épidémie finit par s'éteindre.
- D'où la question cruciale des conséquences de la levée du confinement sur la circulation du virus
- mécaniquement, avec la reprise même limitée de l'activité, les contaminations vont repartir à la hausse. Tout l'enjeu est d'éviter qu'elle ne reparte trop fort ou trop vite, et que nous soyons confrontés à cette seconde vague, dont tout le monde parle mais dont il faut préciser qu'elle n'est apparue à l'heure actuelle dans aucun pays
- plusieurs chercheurs en lien avec l'APHP ont donc travaillé sur un modèle informatique, qui inclut un très grand nombre de paramètres
- qu'ils font varier pour estimer les conséquences d'un certain nombre de choix, et comment ils influent sur la courbe épidémique et la saturation des lits de réanimation.
- il s'agit de modèles, donc avec une certaine marge d'erreur et qu'il reste plusieurs inconnues
- La
première conclusion de ce modèle, c'est que si la distanciation sociale
et le port du masque obligatoire permettent de facto un ralentissement
de la progression de l'épidémie, ils ne seraient pas efficaces à eux
seuls pour prévenir une saturation des services de réanimation et une
deuxième poussée épidémique et avec donc, à la clé, la nécessité d'en
passer par une nouvelle période de confinement.
Selon les projections, avec ces seules mesures, le niveau de contamination atteindrait un pic entre les mois d'août et octobre. Néanmoins, la mortalité reste fortement diminuée, de plus de 60% par rapport à l'absence totale de mesures. - L'autre enseignement de ce modèle, c'est qu'il faudrait protéger en priorité les personnes âgées et vulnérables.
- pour éviter d'arriver à saturation et « aplatir la courbe » comme on dit, de façon efficace il faudrait en passer par un confinement prolongé pour les personnes les plus vulnérables à la maladie, à savoir celles âgées de plus de 65 ans ou souffrant de maladies chroniques ou de comorbidités. Avec deux paramètres : un confinement renforcé pour ces personnes pendant 16 semaines, qui aboutit à un pic réduit, sans saturation des services hospitaliers, entre octobre et novembre
- Dans le scénario avec ces mesures additionnelles pour protéger les plus vulnérables, les projections en terme de mortalité font chuter le nombre de décès à 33 500 entre mai et décembre, là où il serait de 87 100 avec la seule distanciation physique et le port du masque
- Tout ça bien sûr, et il faut le rappeler, n'a pas de valeur prédictive et a pour ambition première d'être un appel à la prudence
COVID-19 : c’est l’âge qui compte, et quasiment rien d’autre - Une importante étude anglaise remet les pendules à l’heure, Dominique Dupagne, 11 mai 2020
"Une importante étude anglaise, portant sur 17 millions d’habitants, permet de faire le point sur les principaux facteurs de risque de mortalité en cas d’atteinte par le SARS-CoV-2. Elle relativise le poids des maladies associées et met en évidence le rôle prépondérant de l’âge."
- L’information principale qui ressort de ce travail est le poids majeur, quasi-exclusif, de l’âge. Par exemple, les deux comorbidités (maladies associées) les plus associées au décès obtiennent le même score que le passage de la tranche d’âge 18-40 ans à la tranche 40-50 ans ! Quand aux sujets âgés de plus de 80 ans, leur risque de décès est 180 fois supérieur aux 18-40 ans !
- La force de ce travail réside dans les ajustements réalisés. C’est à dire qu’un traitement statistique complexe des données a permis d’isoler l’importance de chaque facteur de risque indépendamment des autres, alors qu’ils sont souvent mélangés entre-eux. Cet ajustement permet par exemple de montrer que l’hypertension artérielle n’est pas un facteur de risque de décès. On le croyait à tort jusqu’ici car elle touche surtout des sujets de plus de 50 ans qui sont beaucoup plus souvent victimes de la maladie que les adultes jeunes.
- J’ai résumé la situation sur le graphique ci dessous pour les principaux facteurs de risque. Le facteur par lequel est multiplié le risque de base (sujet de moins de 40 ans, sans maladie associée) est précédé par un "X".
- Il est possible d’obtenir une
estimation grossière de son propre risque en partant du risque de base
de décès par COVID-19 : celui du sujet de moins de 40 ans, soit environ 1
décès pour 5000 infectés, et en le multipliant par ses facteurs de
risque personnels. Par exemple, pour un homme de 58 ans, diabétique et
traité pour une hypertension artérielle :
Risque de base 1/5.000 x 15 (58 ans) x 1,5 (diabète contrôlé) x 1 (hypertension = 45/10.000 soit 0,45 %
Notez que l’hypertension traitée n’augmente pas le risque puisque l’on multiplie par 1.
Attention il s’agit d’une approximation qui fera hurler à juste titre certains scientifiques, mais qui donne un ordre de grandeur du risque et non un résultat exact.
Graduation du risque de transmission du covid, Biohospitalix - biologiste médical virologue de formation (fil twitter rapide), 10 mai 2020
Risque de transmission aéroportée du coronavirus SARS-CoV-2 : de l’importance du port du masque et de locaux bien ventilés, Réalités Biomédicales, 9 mai 2020
"Il s’agit de la première étude en vie réelle sur la transmission aéroportée du SARS-CoV-2, c’est-à-dire sur une potentielle contamination par le coronavirus porté par l’air ambiant. Ces travaux ont été conduits en février et mars dans deux hôpitaux de Wuhan, foyer de l’épidémie de Covid-19 en Chine, ainsi que dans des lieux fréquentés par le public. Elle a consisté à mesurer les concentrations du matériel génétique viral (et non déterminer l’infectiosité du virus) dans des prélèvements d’air et sur des surfaces."
- Porter un masque et éviter les attroupements
Les résultats de cette étude ont d’importantes implications en matière de prévention tant en santé publique que pour la protection du personnel médical, estiment les chercheurs chinois. Ils insistent sur la nécessité d’une ventilation des locaux et sur la désinfection de petites pièces non ventilées, en particulier des toilettes qui peuvent représenter une source de propagation du virus.
Enfin, concernant les mesures de protection individuelle dans la population générale*, les chercheurs insistent sur l’importance du port du masque pour réduire le risque potentiel de propagation du virus ainsi que sur la nécessité d’éviter la foule, autrement dit, selon eux, de maintenir une distanciation physique de deux mètres, voire de trois mètres. Un message qu’il convient que chacun ait à l’esprit à partir du lundi 11 mai au moment de la levée du confinement en vigueur en France depuis sept semaines.
Covid-19 : Comment bien mettre un masque par les équipes du CHU de Nantes, 16 avril 2020
"vidéo éducative et ludique pour expliquer les bonnes pratiques à suivre quand on porte un masque de protection (papier ou tissu)"
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