Sur la schizophrénie ambiante en matière écologique...

Extraits de deux textes qui se télescopent dans mon fil de lecture; le premier, très court, pointe une contradiction de nos sociétés en matière écologique, le second est en fait un livre, sous-titré « Réformer l'écologie pour nous adapter à la réalité » et semble vouloir répondre à la question « Comment avons-nous fait pour en arriver là ? Comment expliquer en particulier que nos projets écologiques n’aient eu aucun effet positif à ce jour, voire des effets inverses, alors que des solutions auraient dû être mises en œuvre et avoir été efficaces dès les années 1970, en particulier pour le climat, dont l’évolution subit une très grande inertie ? », les premiers chapitres sont à lire sur le web.

« Un impossible rêve : la vertu écologique », Vincent Rey, Blog de Paul Jorion, 31/10/2017
Les appels à la « vertu écologique » ont beau être nombreux, la dégradation de l’environnement (0) suit son cours. Combien de temps nous reste-t-il, pour réaliser que la recherche de la vertu est un vœu pieux, en matière d’environnement ?
(...)
Nous sommes obstinés, nous voulons « croire » en l’émergence d’une « vertu écologique globale », qui résulterait en quelque sorte, de la somme de nos « vertus écologiques individuelles » (5). Cette croyance est une illusion
(...)
Nous préférons « croire » ce que nous espérons, la survenue d’un Homme meilleur, quitte à occulter les mises en garde de plus en plus nombreuses des scientifiques (0).
(...)
Une attitude de déni, comparable à celle d’un homme amoureux, refusant d’admettre qu’il n’est pas aimé en retour, faisant des offrandes (6), suppliant l’être aimé de l’épargner, l’insultant bientôt, furieux de son impuissance. Le plus tôt un tel Homme trouve en lui la force de renoncer à ses faux espoirs, le mieux c’est pour lui, même s’il doit avoir, en abandonnant ses illusions, l’impression de se couper un bras. Cet Homme vertueux n’existant pas, alors inutile de perdre du temps : il faut regarder en face la TOTALITÉ DE L’ACTIVITÉ HUMAINE, pour en analyser secteur par secteur, ce qui impacte l’environnement : une tâche immense, révolutionnant non seulement toute la structure des revenus, mais aussi toute la structure des souverainetés et des influences.
(...)
Ce n’est pas l’écologie qui est un impossible rêve, c’est l’écologie qui repose sur le volontariat, sur l’individu vertueux.

« Transition 2017 – 1/4 : La réalité n’existe pas », Vincent Mignerot, Adrastia, juil 2017
« Transition 2017 – 3/4 : Mythologie écologique », Vincent Mignerot, Adrastia, juil 2017
L’humanité, malgré ses bonnes intentions, est condamnée à faire brûler la maison et essayer de ranger la cuisine après.
(...)
Abstraction faite du jeu moral opportuniste et du gain narcissique obtenu par le porteur de la bonne parole écologique, la réalité existe toujours autour du discours : l’essentiel des humains ne veut pas détruire l’environnement mais le fait quand même, et c’est là notre critique et notre inquiétude principale. Les humains détruisent d’autant plus l’environnement qu’il leur est possible de brandir l’étendard de la bonne intention pour demain. Le discours messianique perd tout sens opératoire dès lors que le public se l’approprie pour se dissimuler à lui-même la factualité de son action. Nous aurons balisé au fil de ces textes les éléments qui sous-tendent la construction d’un discours écologique idéalisé capable de rassurer artificiellement les populations sur leur avenir : raisonnement à rebours sur la possibilité de protéger l’environnement, sur la possibilité de substituer une énergie par une autre, sur la possibilité de s’affranchir de la compétition pour l’existence, attribution arbitraire et conflictualisée de la faute écologique à un autre que l’individu lui-même.
5 Honnêteté écologique
Que se passerait-il si nous cessions – si nous en sommes capables – d’attribuer à un autre, de quelque façon que ce soit, la responsabilité de ce que nous opérons chacun sur le monde ?
Si nous continuons à avancer dans la défausse et les illusions collectives, ne risquons-nous pas aujourd’hui, étant donné le contexte, de restaurer le risque d’une gouvernance du clivage et de la violence, le déni de réalité étant le plus court chemin vers l’attaque concrète de cette réalité ?
Convoquer des tiers, quels qu’ils soient, pour apaiser notre esprit et légitimer notre action doit sûrement être proscrit désormais si nous souhaitons ouvrir à la conscientisation réelle de notre impact. Le rejet de responsabilité est sans aucun doute le plus performant outil de procrastination écologique, l’histoire semble le montrer très exactement.
Parmi les défis auxquels nous expose l’effondrement à venir, il n’est pas le moindre que d’admettre enfin que dans le processus collectif de destruction de l’équilibre écologique vital, chacun fait sa part.
Plan des articles de Vincent Mignerot :
Avant-propos général
1/4 : La réalité n’existe pas
    1 Trop tard
    2 Trop complexe
    3 Trop injuste
    4 Pour toujours
2/4 : Écologie et post-vérité
    1 Protection de l’environnement
    2 Substitution des énergies
    3 Compétition existentielle
    4 Post-vérité
3/4 : Mythologie écologique
    1 Substitution causale
    2 Culture de la substitution
    3 Responsabilité réelle
    4 Messianisme écologique
    5 Honnêteté écologique
4/4 : Éléments pour un programme et une éthique de transition, mise en ligne reportée

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