Revue de web sept - oct 2020

    Ecologie définition, Patrick Juignet, 13 septembre 2020

    « Ernest Haeckel a créé le mot, en 1866, par l'association du grec οἶκος / oîkos (habitat) et λόγος / lógos (« discours »). Il voulait ainsi désigner une nouvelle science de l'habitat au sens du milieu naturel. Dans son ouvrage Morphologie générale des organismes, il désignait par ce terme « la science des relations des organismes avec le monde environnant, c'est-à-dire, dans un sens large, la science des conditions d'existence ».

    On dira aujourd'hui que l’écologie est l’étude scientifique des interactions et échanges dans l'environnement terrestre en rapport avec les êtres vivants. Cette connaissance pense principalement en termes d'ensembles, d'organisations et de systèmes, car dans l'environnement terrestre rien n'est complètement isolé, tout interagit. L'ensemble des êtres vivants, de leur milieu de vie et les relations qu'ils entretiennent forme un écosystème. L'écologie étudie les écosystèmes. » Lire

    Une dynamique qui aboutit nécessairement à une crise sociale et politique, Patrick Artus, chef économiste de la banque Natixis, 14 septembre 2020

    Crise sociale et politique ou conflits armés et guerres civiles ?

    « Dans les pays de |‘OCDE, la richesse augmente tendanciellement plus vite que la masse salariale. Ceci veut dire que la situation financière des détenteurs de la richesse s’améliore continuellement par rapport à celle des salariés.

    On voit aussi aujourd’hui après la crise de la Covid la présence simultanée d’un côté du freinage des salaires et de la hausse du chômage, d'autre part de la poursuite de la hausse des prix de l’immobilier et d’une forte hausse des cours boursiers.

    Cette situation, qui résulte en particulier des politiques monétaires expansionnistes et de la déformation du partage des revenus au détriment des salariés, ne peut pas étre indéfiniment acceptée socialement et politiquement.

    Il faut donc attendre dans le futur soit un partage des revenus plus efficace associé à une politique monétaire plus restrictive, soit une taxation beaucoup plus forte de la richesse. (…)

    Divergence entre la richesse et les salaires

    Nous regardons l'ensemble des pays de l‘OCDE. Le graphique 1 compare l’évolution d‘une part de la masse salariale, d’autre part de la richesse (somme de la monnaie, de la valeur de marché des obligations, de la valeur des actions et du patrimoine immobilier). (…)

    On voit la croissance beaucoup plus rapide de la richesse que des salaires : la situation financière des détenteurs des patrimoines s’améliore continûment par rapport à celle des salariés.

    Cette situation est aggravée par la crise de la Covid. On voit dans la période récente le freinage des salaires, la hausse du chômage, alors que les prix de l’immobilier continuent d‘augmenter et que les indices boursiers se sont fortement redressés. (…)

    D’où vient la divergence entre richesse et salaires ?

    La divergence entre richesse et salaires a deux causes essentielles :

    • la déformation du partage des revenus au détriment des salariés, qui implique que les salaires progressent moins vite que le PIB, et aussi soutient la profitabilité des entreprises ce qui fait monter les cours boursiers. Après les crises, les entreprises parviennent a rétablir très vite leur profitabilité par une nouvelle déformation du partage des revenus en leur faveur ;
    • la politique monétaire très expansionniste, avec des taux d’intérêt faibles par rapport à la croissance et la forte progression de la liquidité, ce qui pousse a la hausse les prix des actifs. (…)
    Synthèse : quelles perspectives ?

    Nous pensons que cette situation où, avec la déformation du partage des revenus au détriment des salariés et les politiques monétaires trés expansionnistes, il y a divergence entre la richesse et les salaires n’est pas durablement acceptable socialement et politiquement. Les opinions rejetteront une situation où les salaires augmentent lentement tandis que la richesse progresse rapidement. Ceci implique qu’il faut attendre dans le futur :

    • un partage des revenus plus favorable aux salariés, ce qui veut dire aussi une inflation plus forte;
    • une politique monétaire plus restrictive, visant à stabiliser les prix des actifs, d’où en particulier un redressement des taux d’intérêt à long terme;
    • ou bien, si ce n‘est pas possible, si le partage des revenus reste défavorable aux salariés, en raison du pouvoir de négociation élevé des entreprises, si la politique monétaire reste très expansionniste, pour éviter une crise des dettes, donc si les prix des actifs et la richesse continuent à progresser très rapidement, une taxation plus forte de la richesse. » Lire et visualiser les graphiques

    Tout cela finira mal, un jour ou l’autre il faudra qu’il y ait la guerre, plus rien n’arrête les fous, Bruno Bertez, 14 sept 2020

    « Artus qui est plutôt bon pour un économiste rémunéré par les banques se rallie à une idée que je développe incessamment depuis des décennies:

    La crise de la profitabilité du capital par excès de capital inefficace et fictif oblige à surexploiter les salariés et à les paupériser. Cela pèse sur la demande et produit de la surproduction et de la déflation. Cela produit du populisme; et fracasse nos arrangements politiques. Finalement cela ne saurait durer on arrivera à une impasse.

    En revanche, là ou je diverge c’est sur la nature de la crise; je crois que les peuples et le salariat sont anesthésiés, il n’y a plus d’opposition efficace, et je suis persuadé que la crise ne sera ni politique ni sociale mais bien plus vaste et en particulier elle sera géopolitique du type guerre avec des composantes guerres civiles.

    Le combat social avait une fonction systémique régulatrice, il servait de garde fou au capital et aux élites. la mort du combat social a fait disparaitre le garde fou. » Lire

    Nicolas Hulot et Frédéric Lenoir: « Il faut absolument sortir de cette logique absurde de croissance infinie dans un monde fini », Virginie Larousse, Le Monde, 4 octobre 2020

    « Dans un entretien au « Monde », l’ex-ministre de la transition écologique et le philosophe invitent la société à « s’interroger en permanence sur la finalité de ses choix ». Cette « révolution des consciences » est, alertent-ils, une « question de survie ».

    Frédéric Lenoir: Je partage avec Nicolas Hulot et beaucoup d’autres un certain nombre de valeurs: l’aspiration à la beauté, le lien avec la nature, la liberté – une liberté avant tout intérieure, qui ne consiste pas simplement à suivre ses désirs, mais à accepter de se fixer des limites – (…)

    Ce qui nous conduit dans le mur, c’est la conjugaison des égoïsmes, le fait que nous en voulons toujours plus. Comment comprendre cette incapacité à se satisfaire de l’existant?

    F L.: Des philosophes grecs au Bouddha, les sages de l’humanité ont pointé ce caractère paradoxal de l’être humain, animé par une pulsion le poussant à toujours posséder davantage, mais qui a également cette capacité extraordinaire de prendre conscience qu’il doit se modérer pour découvrir un bonheur plus profond et durable que l’euphorie du «toujours plus». Des explications scientifiques corroborent cette intuition: notre cerveau a besoin de la dopamine, addictive, qui lui apporte du plaisir immédiat. On réalise pourtant que ce qui fonde nos joies les plus profondes vient de l’être – la connaissance, la contemplation de la nature, la qualité des relations qu’on entretient – et non de l’avoir.

    N.H.: Victor Hugo avait bien anticipé le vice: «A force de vouloir posséder, c’est nous qui sommes possédés.» Cela dit, n’oublions pas que beaucoup de gens qui n’ont pas le minimum aimeraient en être à ce stade. Mais nous sommes nombreux à avoir cédé à une forme d’ébriété, la société ayant créé cette tyrannie du désir qui nous rend insatisfaits en permanence. Nous devrions commencer par prendre conscience que nous aspirons à être des êtres libres, alors qu’en réalité nous sommes conditionnés, quasiment automatisés. Nous ne savons plus limiter nos pulsions. Cette simple conscience devrait suffire à nous interroger. Si nous voulons réellement être libres, reprenons la main sur nos pulsions.

    Un grand malentendu existe avec le mot «liberté», qui en réalité ne désigne pas l’absence de règles, mais au contraire la règle qu’on se fixe à soi-même. Cela fait partie des étapes de civilisation que l’humanité doit franchir – savoir se fixer des limites –, ce qui est sans doute la phase la plus difficile. (…)

    F.L.: Dès le XVIIe siècle, Spinoza, l’inventeur de la philosophie politique moderne, a théorisé nos démocraties modernes, expliquant que le meilleur système est celui qui sépare le politique et le religieux, avec un État de droit qui garantisse la liberté de conscience et d’expression. Mais il dit en même temps que jouir de ces libertés politiques est vain si nous restons esclaves de nos désirs et de nos pulsions.Il faut donc développer une capacité à discerner ce qui provoque en nous des joies profondes qui nous élèvent, et non de petits désirs qui nous diminuent. L’essence de l’homme, c’est le désir, rappelle-t-il. Il ne s’agit pas de le supprimer mais de l’orienter par la raison vers ce qui nous fait grandir et est socialement juste. C’est pourquoi je pense, à sa suite, qu’il faut toujours lier l’éthique et le politique. (…)

    La spiritualité n’est pas l’apanage des religions. Quoi qu’il en soit, tout ce qui nous permet de nous relier, d’honorer la vie et de nous rendre compte de ce privilège incroyable que nous avons d’être en vie, d’éveiller les consciences à cette dimension miraculeuse, voire magique, de la vie, doit être favorisé. Car contrairement à ce que l’on croit, cette dernière n’est pas la norme dans l’univers, mais l’exception.

    Qu’est-ce que le sacré, selon vous, et comment en retrouver la saveur dans une société qui n’est plus connectée à une forme de transcendance?

    F.L.: Il y a deux définitions du sacré. L’une, élaborée par le fondateur de la sociologie, Émile Durckheim, distingue le sacré du profane: est sacré ce que les religions ont sacralisé comme lieux, espaces et temps pour les séparer du monde profane. L’autre définition du sacré, plus anthropologique,est celle de Rudolf Otto: le sacré est ce que l’être humain peut éprouver quand il se trouve dans la nature et qu’il se sent dépassé par ce spectacle qui l’élève, le bouleverse, l’émeut, et parfois le terrorise. Je crois que nous avons tous expérimenté ce sentiment à un moment ou un autre, cet émerveillement devant l’harmonie de la nature ou l’ordre cosmique. Or beaucoup de gens vivent en ville et se sont coupés d’un tel spectacle. Il est urgent de redécouvrir ce sens profond et universel du sacré qui fait quel’on se sent appartenir à un Tout, un Tout harmonieux et qui nous dépasse. Ce faisant, on peut éprouver des joies très puissantes, se sentir ancré à la Terre et relié au cosmos. Alors que lorsqu’on est délié de la nature, on flotte comme un brin de paille, on reste cantonné dans le mental, les idées. » Lire

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