Dans un précédent article, Robert Fogel nous expliquait comment la Chine deviendrait la première puissance économique mondiale face à une Europe stagnante.
Ici, Nicholas Consonery lui donne le contrepoint: 123 mille milliards de dollars le PIB chinois en 2040: vraiment pas!
Ceci est une traduction raccourcie de « A $123 Trillion China? Not Likely ». Ceci n'est pas mon opinion sauf les [ ndcs ].
Fogel écarte nombre de problèmes qui menacent le développement économique chinois.
Il fonde son analyse sur un taux de croissance annuel de 10,8%. C'est une hypothèse qui surestime l'omniscience du gouvernement et sa capacité à surmonter les énormes challenges du pays.
La crise financière a ralenti le processus de libéralisation économique. Elle a renforcé le rôle de l'état dans les résultats économiques. Cela créera beaucoup d' inefficiences qui ralentiront la croissance future. Déjà les programmes de revitalisation de l'industrie couplés à un afflux massif de crédit facile encouragent la surproduction dans les industries lourdes; industries du ciment et de l'acier, par ailleurs grandes exportatrices et contrôlées par l'état. Le Renmibi [devise chinoise] indexé au dollar [qui se dévalue par rapport aux autres monnaies] stimule les entreprises exportatrices à surproduire. Ceci perpétue la dépendance aux consommateurs occidentaux et japonais.
Pékin n'oubliera pas que son système contrôlé permet de mobiliser rapidement les ressources fiscales et le crédit pour sauver la croissance, et, prévenir l'instabilité sociale face à une crise.
Cette forte dépendance à une approche dirigiste va influencer la croissance, en altérant l'innovation et en, réduisant les retours attendus des investissements en matière d'éducation. Pour la Chine, cela sera difficile de devenir un innovateur sans réforme du système politique et économique. Celui-ci bloque la créativité, oriente les ressources financières et humaines vers les firmes d'état peu innovantes. Les prévisions de Fogel sur la contribution des efforts en matière d'éducation, sont basées sur des données américaines et ne se transmettront pas complètement à la Chine. Les diplômés chinois recherchent des postes au gouvernement et dans les firmes d'état, pour, accéder à la sécurité de l'emploi et à de plus hauts salaires. C'est bon pour la bureaucratie mais pas pour l'innovation et l'entrepreneuriat.
La Chine doit aussi compter sur une population vieillissante: en 2025, 25% de sa population aura plus de 60 ans. Pékin s'occupe déjà de renforcer la sécurité sociale mais ce processus comporte des risques politiques et le système de pensions ne sera pas réparé facilement. Les gouvernements locaux qui utilisent leur propre fonds de sécurité sociale vont résister à la centralisation du système. La quantité nécessaire de capitaux étatiques, pour une réforme valable, va rencontrer la résistance forcenée des chasseurs de déficits du ministère des finances. Si la Chine échoue à s'occuper des plus âgés alors, cette population ralentira la croissance économique.
Le PIB moyen chinois par habitant ne sera pas de 85 000$ en 2040. La raison principale: la planète ne peut soutenir une croissance aussi rapide. Aujourd'hui 4% des chinois possèdent une voiture. Passez ce chiffre à 80% et imaginez le stress environnemental que la Chine aura à gérer. Et nous ne mentionnons pas la hausse vertigineuse des prix des ressources traditionnelles [ndcs: pétrole, gaz naturel, charbon] qui vont rester les principaux composants du mix énergétique des 20 prochaines années.
Le plus grand challenge environnemental chinois sera de sécuriser la ressource en eau pour conserver une économie en ordre de marche. Le pays fait face déjà à la rareté de l'eau et une étude de MacKinsey & Compagny prévoit que, sans changement politique significatif, la Chine aura à faire face, à un écart de 25% entre l'offre et la demande en eau pour 2030.
En résumé, la capacité de Pékin à faire face aux enjeux d'une croissance continue n'est vraiment pas assurée. Des difficultés insurmontables surgiront quand il s'agira de forcer les bureaucraties locales et les entreprises à adhérer aux politiques du gouvernement central. L' Histoire suggère une perspective plus pessimiste que ce que nous prédit Fogel. Cela fait 20 ans que le gouvernement a demandé aux provinces d'intégrer la protection de l'environnement dans leurs plans de production. Pourtant les statistiques du ministère de l'environnement montre une hausse de 34% dans les émissions d'eaux usées de 2000 à 2007. 2/3 de la population pensent que la pollution de l'eau est la menace la plus pressante sur l'environnement.
Alors la Chine est-elle prête à ce que Fogel décrit?
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