Introduction
« (...) Globalement, l’Hexagone plonge vers l’été avec une gourde largement vide : lors des neuf derniers mois au niveau national, huit ont affiché un déficit par rapport aux moyennes relevées entre 1981 et 2010. Seul décembre a été un peu plus humide qu’à l’habitude.
Cette sécheresse dite « météorologique » n’est pas particulièrement exceptionnelle. Et reste encore loin de la grande sécheresse de 1921, rappelle Météo France. En revanche, elle finit par se transformer en sécheresses dites agricoles et hydrologiques, c’est-à-dire qu’elle ne permet plus d’humidifier correctement les sols superficiels (1 à 2 m sous terre) et de remplir les retenues d’eau, qu’elles soient en surface ou souterraines.
Contrairement à la quantité de pluie, pour le moment plutôt « normale » sur longue période, les sécheresses agricoles sont de plus en plus fréquentes. En cause, le changement climatique, qui, « du fait de l’augmentation de l’évaporation liée à la hausse des températures, renforce l’intensité et la durée des sécheresses des sols », écrit Météo France. Après avoir élaboré trois scénarios prospectifs, l’institut conclut que tous « s’accordent globalement sur un niveau moyen annuel d’humidité des sols correspondant au niveau extrêmement sec de la période de référence 1961-1990 (...) ». La France a déjà soif, Alternatives Économiques, 12 mai 2022
Écart pondéré à la moyenne quotidienne de référence 1981-2010 de l'indice d'humidité des sols, Alternatives Économiques
« (...) On démarre le printemps, et on risque d'aborder l'été, sans les réserves hivernales qui sont pourtant essentielles pour tenir le plus longtemps possible durant l'année. (...) Lorsque les ressources en eau deviendront insuffisantes, il faudra opérer des choix pour savoir quels seront les besoins qui seront couverts et ceux qui ne le seront pas. Est-ce qu'on privilégie toujours la demande municipale, pour permettre à chacun d'avoir de l'eau au robinet en essayant d'arrêter l'arrosage et le lavage de voitures ? Est-ce qu'on cherche à préserver l'équilibre écologique des cours d'eau auquel cas, tous ses utilisateurs, les industriels, le nucléaire, tous les agriculteurs, vont se retrouver avec des restrictions sévères avec des conséquences en chaîne ?
80% de l'eau douce accessible est
utilisée à des fins agricoles. Le bétail [ainsi que le maïs] consomme de l'eau au moment où
on en a le moins, en août, ce qui fait exploser la demande sur le plan
agricole. Il va donc falloir repenser tout ce modèle car on ne peut pas
tenir sur le long terme. Il va falloir alimenter les populations avec
d'autres formes d'alimentation et surtout restaurer les sols, réaménager
les zones humides. (...)
Dès qu'on perd la qualité des sols, on se retrouve deux fois plus exposés à des risques de sécheresse et, l'autre risque, c'est qu'à la moindre précipitation on a des coulées de boues beaucoup plus corrosives et dangereuses. Ce sont ces extrêmes-là contre lesquels il faut lutter et la solution passe d'abord par les sols et l'aménagement de nos territoires. (...) » Sécheresse : "On n'a que quelques années pour agir", prévient une hydrologue qui appelle à "repenser" l'agriculture et les villes, France Info, 9 mai 2022
« Les sécheresses ne font que commencer », s’inquiètent les deux hydrologues. Ces dernières décennies, l’anhydrie a progressé en région méditerranéenne. Or, selon le CNRS, si 15 % du territoire français possède aujourd’hui un climat méditerranéen, ce sera le cas de 50 % d’ici la fin du siècle. (...) Florence Habets met également en garde contre l’apparition de sécheresses pluriannuelles. « En France, nous sommes peu habitués à ce type de sécheresse, qui dure sur trois ou quatre ans, et donc peu préparés », indique-t-elle. La création des « mégabassines » – ces immenses réserves d’eau destinées à l’irrigation agricole en période de sécheresse –, une mesure contestée par les associations écologistes, mais supportée par le gouvernement, ne fonctionnerait plus : « L’espace de stockage fonctionne la première année, mais ensuite ? Ça ne peut pas être la solution. » (...) Pour l’hydroclimatologue, l’urgence est d’instaurer « plus de sobriété dans la consommation d’eau ». (...) » Pourquoi les épisodes de forte sécheresse en France ne font que commencer, L'Obs, 11 mai 2022
Sécheresse et réchauffement climatique en France
« Les événements que la France a connus, lors de l’été 2003 ou plus récemment en 2015, 2017, 2018 et 2019 , ont rappelé la sensibilité de nos systèmes aux extrêmes hydrologiques et à la disponibilité de la ressource en eau. (...) Le changement climatique, du fait de l’augmentation de l’évaporation liée à la hausse des températures, renforce l’intensité et la durée des sécheresses des sols. (...)
On distingue plusieurs types de sécheresses :
la sécheresse météorologique correspond à un déficit prolongé de précipitations ;
la sécheresse agricole se caractérise par un déficit en eau des sols superficiels (entre 1 et 2 m de profondeur), suffisant pour altérer le bon développement de la végétation. Elle dépend des précipitations et de l’évapotranspiration des plantes. Cette notion tient compte de l’évaporation des sols et de la transpiration des plantes (l’eau puisée par les racines est évaporée au niveau des feuilles). La sécheresse agricole est donc sensible aux précipitations, à l’humidité et à la température de l’air, au vent mais aussi à la nature des plantes et des sols ;
la sécheresse hydrologique se manifeste enfin lorsque les lacs, rivières ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas. Elle dépend des précipitations mais aussi de l’état du sol influant sur le ruissellement et l'infiltration. Le réseau hydrographique détermine les temps de réponse aux déficits de précipitations observés sur différentes périodes. (...) » Sécheresses et changement climatique, Météo-France, 27 fév. 2020
Pourcentage annuel de la surface des sols touchée par la sécheresse, Météo-France |
« Les simulations effectuées à l’aide de modèles climatiques régionalisés sur la France ont fourni des informations capitales sur l'évolution prévisible des sécheresses au cours du XXIe siècle (...) les résultats de ces simulations mettent en évidence une augmentation continue des sécheresses du sol en moyenne annuelle (...) les projections réalisées à partir des trois scénarios s’accordent globalement sur un niveau moyen annuel d’humidité des sols correspondant au niveau extrêmement sec de la période de référence 1961-1990 (...)
S’il n’existe pas d’indicateur de sécheresse universel, l’Organisation mondiale de la météorologie a préconisé l’utilisation du Standardized Precipitation Index (SPI) [WMO, 2009], pouvant être adapté à d’autres variables hydrologiques comme l’indice d’humidité des sols (Soil Wetness Index) caractérisant le pourcentage d’eau du sol disponible pour la végétation. (...) » Sécheresses et changement climatique, Météo-France, 27 fév. 2020
«
Le réchauffement climatique conduit à des modifications importantes de
la pluviométrie annuelle dans les différentes régions. Ainsi, depuis les
années 1970, on observe que la Méditerranée, l’Afrique Australe, l’Asie
du Sud, et le Sahel connaissent des sécheresses plus longues et plus
intenses. En France, les 3 dernières années (2018, 2019 et 2020) ont
marqué les esprits, pulvérisant chacune des records de sécheresse. Même
les régions où elles étaient jusqu’alors assez inhabituelles, comme la
région Grand Est, ont été touchées. À la fois plus fréquentes et plus
intenses, ces sécheresses ont des répercussions majeures tant sur la
végétation que sur nos sols …Elles auront aussi de grands impacts sur
notre vie, même en France. (...)
On appelle sécheresse une période de temps anormalement sèche et suffisamment longue pour causer un grave déséquilibre hydrologique. Plus précisément, on parle de :
- sécheresse météorologique en cas de déficit anormal des précipitations,
- sécheresse agricole quand la pénurie de précipitations se prolonge suffisamment longtemps pour réduire le stock en eau des sols, affectant ainsi l’eau disponible pour les plantes,
- sécheresse hydrologique quand les niveaux des nappes et des cours d’eau sont bas.
Dans l’ordre chronologique, on observe généralement d’abord une sécheresse météorologique, qui se traduit, si elle dure, par une sécheresse agronomique (des sols), qui à son tour induit une baisse des cours d’eau et donc un état de sécheresse hydrologique. » La sécheresse, enjeu majeur du changement climatique en France ?, Bon Pote, 6 avril 2021
Sécheresse et réchauffement climatique en France, Institut National des Sciences de l'Univers - CNRS, 8 avril 2021 |
« À partir de 2050, les sécheresses « exceptionnelles » devraient se produire désormais une année sur deux — au lieu de une année sur trente. Il y aura de moins en moins d'eau tout au long du XXIème siècle et certains territoires sont plus vulnérables que d'autres. (...) Ce ne sont pas les territoires déjà les plus habitués aux
sécheresses qui vont être le plus impactés par le manque d’eau. Les
territoires les plus verts de France
compteront parmi les plus impactés par les sécheresses à venir car
ils sont parmi les moins habituées à des manques d'eau réguliers : leurs forêts et leurs rivières seront transformées. (...) Ce qui arrivait une fois tous les trente ans se produira à partir de 2050-2060 une année sur deux. Vous avez sûrement remarqué que les sécheresses exceptionnelles étaient de plus en plus régulières ? Tout ce qui est nouveau nous semble exceptionnel. Jusqu’à ce que cela devienne régulier. Puis que ça nous semble normal. (...)
« Quelques journées où il pleut beaucoup suffisent. » Non, cela ne va pas obligatoirement recharger les nappes phréatiques (eaux souterraines). Par exemple, s’il n’a pas plu depuis longtemps les plantes ont soif et vont boire une partie de l’eau (un frêne boit 300L/jour en situation normale, 500L/jour s'il manque d'eau). Le sol et l’air, s’ils sont chauds, vont accélérer l'évaporation de l'eau qui retourne dans l'air. Avec l’augmentation des températures, il faut ajouter que les pluies vont devenir de plus en plus intenses (environ 40 % max d’infiltration dans le sol). Autrement dit elles ne seront plus aussi régulières (environ 80 % d’infiltration dans le sol) et une partie de l'eau va ruisseler après être tombée. » Sécheresses
À quel point va t-on manquer d'eau ? 2030-2040, Sécheresses |
À quel point va t-on manquer d'eau ? 2050-2060, Sécheresses |
à suivre...
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