Sécheresse [revue de web]

Il y a quelques jours, lisant une brève sur la sécheresse en France, je me suis rendu compte que j'avais lu beaucoup d'actualités sur ce phénomène partout dans le monde depuis trois mois. En voici certaines.

Sécheresse : Europe, France, Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Maroc, Californie, Chili, Éthiopie

mis à jour le 14 mai 2022 et le 16 mai 2022

Global : Famines, migrations, morts... Les sécheresses s’aggravent, alerte l’ONU, Reporterre, 11 mai 2022

« 2,3 milliards de personnes sont touchées par la sécheresse selon un rapport de l’ONU. Solutions ? Des pratiques agricoles économes en eau et plus de végétarisme. (...)

Le monde s’assèche. En France, le thermomètre monte et les réserves d’eau diminuent. Dans la Corne de l’Afrique, « la pire sécheresse jamais vécue » menace de famine 20 millions de personnes. Au Chili, les coupures d’eau sont désormais courantes. En Californie, l’utilisation de l’eau en extérieur va être limitée à un jour par semaine. Même la Corée du Nord se trouve obligée de réquisitionner des fonctionnaires pour aider les paysans démunis. Cette année, « plus de 2,3 milliards de personnes seront confrontées au stress hydrique et près de 160 millions d’enfants sont exposés à des sécheresses graves et prolongées », alerte l’Organisation des Nations unies (ONU), dans un rapport inédit publié mercredi 11 mai. (...)
Sans (bonne) surprise, nous allons vers un monde de plus en plus sec. « Il est en train de se produire un changement des régimes pluviométriques, confirme à Reporterre Jean-Luc Chotte, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), président du Comité scientifique français de la désertification. La quantité de pluie qui tombe en une année sera peut-être équivalente, mais elle ne sera pas répartie de la même manière qu’aujourd’hui : schématiquement, on aura de fortes pluies et de longues sécheresses. » (...)
« Si l’action ne s’intensifie pas, d’ici 2030, on estime que 700 millions de personnes risquent d’être déplacées par la sécheresse », estime l’ONU. D’ici 2050, les sécheresses pourraient toucher plus des trois quarts de la population mondiale et jusqu’à 216 millions de personnes pourraient être contraintes de migrer. À cette date, 4,8 à 5,7 milliards de personnes vivront dans des zones où l’eau est rare pendant au moins un mois par an, contre 3,6 milliards aujourd’hui. (...)
Solutions : semences paysannes, irrigation au goutte-à-goutte, végétarisme... (...)
L’ONU pousse ainsi pour une baisse drastique de la consommation de viande. Il faut 15 000 litres d’eau pour produire un kilo de bœuf, 6 000 litres par kilo de porc, 4 000 par kilo de poulet. À l’inverse, comptez en moyenne 1 600 litres pour un kilo de céréales. »


Sécheresse en Europe - avril 2022 (anglais), JRC global drought observatory of the Copernicus Emergency Management Service, 29 avril 2022

  • « Une grave sécheresse affecte de vastes régions d'Europe, en particulier les bassins du Pô et du Danube. La sécheresse est liée à un manque persistant de précipitations depuis décembre 2021 dans la région des Alpes du Sud, et à un grave manque de précipitations au cours des trois premiers mois de 2022 dans la région d'Europe orientale.
  • Le grave déficit de précipitations a affecté le débit des principaux fleuves (Pô et Danube) et de leurs affluents. Le volume d'eau stocké pour la production d'énergie est très faible, ce qui rend difficile l'optimisation de la production hydroélectrique. La baisse de la disponibilité de l'eau dans le sud de l'Europe rend la concurrence pour les utilisations de l'eau plus difficile et plus précoce. Les cultures d'hiver en Espagne et en Italie sont dans des conditions non optimales, et le stress hydrique a déjà réduit le potentiel de rendement.
  • (...) A la date du 4 avril, le déficit par rapport aux conditions médianes 2009-2021 était de -61% pour les Alpes italiennes. Le déficit actuel confirme des accumulations extrêmement faibles. Ces conditions suscitent des inquiétudes quant à la contribution de la fonte des neiges aux débits des cours d'eau à la fin du printemps, ce qui augmente la probabilité d'une sécheresse hydrologique dans les mois à venir.
  • Des conditions plus sèches que la normale sont prévues pour la plupart des régions du sud et du sud-est de l'Europe jusqu'en juin. »

 

France : Déficit de précipitations de 20% depuis septembre, selon Météo-France, AFP, 12 mai 2022

« Deux-tiers de la France connaissent déjà des sols « secs à très secs » en raison d’un « manque quasi continu de pluie depuis septembre » (...) la France a enregistré entre septembre 2021 et avril 2022 un déficit de précipitations de 20%. Il a en particulier très peu plu depuis le début du printemps et « le déficit mensuel de précipitations atteint même 30% à 40% en février et en mars, et 25% en avril » (...)

[E]ntre septembre et avril, les déficits de pluie dépassent 20% dans le Grand-Est (27%), dans le nord de Nouvelle-Aquitaine (33%), en Bretagne (25%), dans l’est de Provence-Alpes-Côte-d’Azur (30% sur l’ensemble de PACA) et en Corse (22%). Ces trois derniers mois, les sols sont restés extrêmement secs pour la saison en PACA, en Corse, dans le Massif Central, une partie de la Bourgogne, du Grand-Est et des Hauts-de-France, une « situation se produisant en moyenne une année sur 25 » (...)

« le scénario le plus probable » (50% de probabilité) pour l’été est la « poursuite des conditions plus sèches et plus chaudes que la normale » en général. Ce scénario est en ligne avec l’assèchement des sols en France depuis le début du siècle, tendance qui s’accentue avec le réchauffement climatique.

La France a connu des épisodes de sécheresse importants dans les dernières décennies (1976, 1989, 2003, 2011…) avec une augmentation de la fréquence des épisodes de sécheresse depuis le début des années 2000, souligne Météo-France. Ces épisodes sont en outre plus intenses et plus longs, et la proportion du territoire touchée plus importante (5 % dans les années 1960 à 10 % dans les années récentes). »

France : Sécheresse, 10 départements ont dépassé le seuil d'alerte, Le HuffPost, 9 mai 2022

« [L]e pays (...) devrait connaître une année 2022 de sécheresses importantes. Résultat, actuellement, une quinzaine de départements sont touchés par la sécheresse, dont une dizaine ont déjà dépassé le seuil d’alerte: le Maine-et-Loire, la Vienne, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime, la Charente, l’Ain, la Drôme, les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Dans le Vaucluse, le déficit pluviométrique atteint même 70% depuis le début de l’année, rapporte France Bleu ce dimanche 8 mai, si bien que la préfecture a instauré des restrictions d’eau depuis le 22 avril. »

 

France : La sécheresse pourrait entraîner la perte de 40 % des rendements de blé en France, Euractiv, 12 mai 2022

« Les températures élevées qui sévissent dans tout le pays font suite à un hiver relativement sec au cours duquel les nappes phréatiques n’ont pas pu se recharger correctement.

Selon le ministère de l’Agriculture, entre septembre et avril 2022, le déficit de précipitations est estimé à 19 %, et le déficit de recharge des nappes phréatiques est de 20 %, essentiellement dans le Grand-Est, dans le nord de la Nouvelle-Aquitaine et dans l’ensemble du Sud-Est.

15 départements français ont déjà dépassé le seuil d’alerte de sécheresse et ont mis en place des mesures de restriction d’eau. (...)

Entre avril et juin, les céréales plantées en automne, comme le blé ou l’orge, traversent une phase charnière (la montaison) qui nécessite suffisamment d’eau pour faire sortir les grains. Mais le déficit hydrique de ces derniers jours combiné aux faibles réserves dans le sol ont rendu les cultures de blé extrêmement vulnérables. (...)

les pertes seront variables en fonction des régions, des types de sols et de leur profondeur. « Cela peut représenter au moins 40 % de perte, surtout sur les sols légers [qui retiennent moins l’eau, NDLR]. Les zones du centre et de l’ouest de la France sont surtout concernées. Ce sont des régions qui concentrent le gros de la récolte. Et s’il ne pleut pas dans les prochains jours, tout le pays sera concerné. » (...)


À l’échelle de l’Europe, la sécheresse concernait jusqu’à présent le Sud, l’Espagne et l’Italie au premier chef. Il semblerait que toute la zone de production de blé tendre soit désormais concernée, celle qui s’étend du grand bassin parisien jusqu’en Pologne en passant par l’Allemagne, d’après le spécialiste. (...)
« Le rendement d’une culture se détermine à la fois par le nombre d’épis, le nombre de grains, et le poids du grain. Or, de ces trois facteurs, seul le dernier peut encore être sauvé. On saura d’ici fin mai-début juin, si le poids des grains compensera un peu les pertes » souligne le céréalier. »


Sécheresse : la France est dans une "phase critique" du réchauffement climatique, France 24, 10 mai 2022

« "Depuis octobre-novembre, il y a d'énormes sécheresses au Portugal et en Espagne, qui remontent en Occitanie et en Provence et le long de la vallée du Rhône. Ce qui est inhabituel en cette saison, c'est que la sècheresse touche des régions au nord de la Loire" (...)

Le temps sec et chaud de la fin avril et de ce début mai pourrait aussi, s'il perdure, affecter les cultures de printemps, comme le tournesol, la betterave et le maïs, ainsi que les fourrages indispensables pour nourrir les bêtes.  (...)

[L]a sécheresse a un impact considérable sur de nombreux autres secteurs comme les bâtiments, explique Emma Haziza, hydrologue. On voit de plus en plus de maisons s’effondrer. C’est un phénomène nouveau en France. Ces préjudices coûtent bien plus chers que les inondations et vont avoir à plus long terme d'importantes conséquences économiques. Par ailleurs, la sècheresse a aussi des répercussions sur la production énergétique. Les centrales nucléaires ont en effet besoin d’importantes quantités d’eau pour refroidir les réacteurs."  (...)

Pour Météo-France, cet "épisode de chaleur" est "remarquable par sa précocité, sa durabilité et son étendue géographique". (...) [C]e qui est nouveau, c’est ce déficit de pluie observé lors des quatre mois d’hiver. Ajouté à des températures élevées pour la saison, les nappes phréatiques n’ont pas pu se remplir. (...)

La sècheresse (...) arrive de plus en plus vite et prend chaque année plus d’ampleur. C’est notamment la première année que le France fait face à une sécheresse éclair", un phénomène jusque-là constaté dans les pays chauds, qui assèche les sols et les récoltes en seulement cinq jours.  (...)

"Aujourd’hui, tout le système s’emballe, on est entrés de plain-pied dans le changement climatique, estime Emma Haziza. Il faut réenvisager notre modèle à long terme, repenser notre territoire et sortir du modèle productiviste qui a notamment entraîné la déforestation".  »


Belgique : Un printemps (météorologique) historiquement sec, où il pleut trois fois moins que la normale: à quel point faut-il craindre cette sécheresse?, Rtbf, 11 mai 2022

« "Extrêmement sec". C’est la prévision qui concerne 90% du territoire belge dans les dix jours à venir (...)

"Oui, on est effectivement dans une configuration de sécheresse extrême pour ce qu’on appelle le printemps météorologique, qui va du 1er mars au 31 mai, on observe un déficit de précipitation historique. Les normales saisonnières sont de 121,2l / m2, et on est à 40,2 litres. C’est le tiers de ce qu’on devrait avoir !"

Pour retrouver un printemps plus sec, le météorologue a dû remonter à… 1893 : "Là on était à 37,6l/m2. Même lors de la célèbre sécheresse de 1976, on était à 69 litres de moyenne pour l’ensemble des 3 mois. Mais comme on est à 40,2 en ce moment et qu’on ne prévoit pas vraiment de grosses périodes de pluies à venir, ce n’est pas exclu qu’on soit encore en dessous". (...)

"Une grande partie de la France est tout aussi impactée, en particulier le Sud-est, qui connaît un très gros déficit de pluie alors qu’eux n’ont pas connu nos grosses pluies d’hiver, la situation est donc plus critique pour eux".  »


Allemagne : Le manque persistant de précipitations met les agriculteurs d'Allemagne orientale sous pression (anglais), Clean Energy Wire, 9 mai 2022

« L'Allemagne de l'Est est aux prises avec les effets de plusieurs années de très faibles précipitations qui pourraient avoir un impact sévère sur la productivité agricole de la région, écrit Matthias Kamann pour le journal Die Welt. Après trois années consécutives de sécheresse entre 2018 et 2020, cette année encore, la région a reçu peu de précipitations jusqu'à présent, ce qui signifie que les sols sont secs jusqu'à près de deux mètres de profondeur, une situation que les chercheurs du Centre Helmholtz pour la recherche environnementale qualifient d'"exceptionnelle", écrit Matthias Kamann. L'association des agriculteurs de l'État de Brandebourg a déclaré que la région aurait besoin d'au moins une semaine entière de précipitations intenses pour sauver une grande partie des cultures de cette année, ce qui semble peu probable. »
 

Pays-Bas : Les Néerlandais risquent une pénurie alimentaire dans un contexte de sécheresse printanière (anglais), Euractiv, 4 mai 2022

« L'association des agriculteurs, ZLTO, craint que le manque de pluie ce printemps n'entraîne une mauvaise récolte et une pénurie alimentaire, rapporte le media NOS. L'Ukraine est responsable d'un tiers de la production mondiale de céréales, ce qui signifie que les exportations ont diminué en raison de la guerre de la Russie en Ukraine. Les agriculteurs néerlandais ont dû fournir un travail supplémentaire pour soutenir la production, mais le manque de pluie a rendu difficile la germination des graines. "Nous ne pouvons pas sortir les plantes en pot et semées ou les maintenir en vie si tôt dans l'année", a déclaré Janus Scheepers, membre du conseil d'administration de la ZLTO, rapporte NOS. Mardi 3 mai, le conseil de l'eau du Delta Brabantse a mis en place une interdiction de collecter l'eau des fossés, des rivières et des canaux en raison de la sécheresse - qui, si elle se poursuit, entraînera des pénuries alimentaires, ainsi que la mort d'animaux et de plantes. "Si [les plantes] ne commencent pas à pousser maintenant, nous aurons beaucoup moins de céréales aux Pays-Bas. Et dans toute l'Europe, car la sécheresse est assez étendue", a déclaré M. Scheepers. »

Portugal : La sécheresse au Portugal s'aggrave, faisant craindre pour les cultures et l'approvisionnement en eau (anglais), Reuters, 21 février, 2022

« Une grave sécheresse s'est étendue à la quasi-totalité du Portugal continental en février, menaçant les cultures et l'approvisionnement en eau sur une zone plus vaste que lors de la dernière période de sécheresse record en 2005 (...)

La zone du Portugal souffrant de sécheresse sévère ou extrême a doublé au cours des deux premières semaines de février pour couvrir 91 % de son territoire (...) À la même période en 2005, lorsque le Portugal a connu la pire sécheresse depuis plus de 60 ans, ces conditions s'étaient étendues à 77 % du territoire. (...)

Les températures sont supérieures à la moyenne pour cette période de l'année et il n'y a pratiquement pas de précipitations, une situation qui exerce une pression sur les ressources en eau pour l'agriculture et la production d'électricité, selon l'agence. (...)

Au début du mois, le gouvernement portugais a ordonné à certains barrages hydroélectriques de limiter temporairement l'utilisation de l'eau pour la production d'électricité et l'irrigation, en donnant la priorité à la consommation humaine. »

 

Espagne et Portugal : La crise climatique est mise en cause alors que la sécheresse hivernale extrême dévaste les cultures en Espagne et au Portugal (anglais), The Independent, 14 février, 2022

« En Espagne, les précipitations de cet hiver ne représentent qu'un tiers de la moyenne de ces dernières années (...) grave sécheresse hivernale qui frappe l'Espagne et le Portugal, et qui dévaste désormais les cultures après plus de deux mois sans pluie. (...) Dans l'ensemble, près de 50 % des exploitations agricoles espagnoles seraient en danger en raison de la faiblesse record des précipitations, qui affecte les cultures pluviales, notamment les céréales, les olives, les noix et les vignobles, qui pourraient perdre entre 6 % et 8 % de leur production, ont averti les organisations agricoles espagnoles. (...) le gouvernement prévoit de dépenser environ 570 millions d'euros pour améliorer les systèmes d'irrigation (...)

Au cours des trois derniers mois de l'année 2021, l'Espagne n'a enregistré que 35 % des précipitations moyennes enregistrées au cours de la même période de 1981 à 2010. Mais il n'y a pratiquement pas eu de pluie depuis lors.
 
Pendant ce temps, au Portugal, 45 % du pays connaît actuellement des conditions de sécheresse "sévères" ou "extrêmes", a déclaré l'agence météorologique nationale portugaise IPMA, la crise climatique apportant des conditions plus chaudes et plus sèches qui rendent l'agriculture de plus en plus difficile. (...)

Les scientifiques estiment que le Portugal connaîtra une baisse des précipitations annuelles moyennes de 20 à 40 % d'ici la fin du siècle. (...) S'il n'y a pas de pluie significative dans les deux prochaines semaines, des subventions d'urgence pour les agriculteurs seront nécessaires, ont déclaré les autorités espagnoles à Associated Press »

 

Maroc: la sécheresse provoque la réduction de moitié de la production de blé, RFI, 17 avril 2022

« Le ministre marocain de l’Agriculture, Mohamed Sadiki a déclaré récemment devant les députés de son pays, que le Maroc s’attendait à perdre 53% de sa récolte de céréales cette année. Cela, après que le pays a connu sa pire sécheresse depuis des décennies. Une situation qui pousse ce pays de l'Afrique du Nord à augmenter ses importations pour pallier aux besoins locales. »


Etats-Unis : Le lac Powell est au plus bas, confronté à une sécheresse extrême, Futura Planète, 14 avril 2022

« Le second plus grand réservoir artificiel d'eau des États-Unis est confronté à une sécheresse extrême alors qu'il alimente en eau des millions d'Américains. (...)

ce lac artificiel aux couleurs irréelles est également le deuxième plus grand réservoir d'eau des États-Unis lorsqu'il est plein. Après plusieurs dizaines d'années de sécheresse, le lac est actuellement à son niveau le plus bas jamais enregistré depuis sa création en 1963. (...)
le lac Powell s'étire sur 300 kilomètres et fournit de l'eau à 40 millions d'Américains. Il irrigue également 2,2 millions d'hectares de terres cultivées et génère plus de 4.200 mégawatts d'hydroélectricité. Mi-mars dernier, le niveau du lac s'est abaissé à 1.074 mètres sous le niveau de la mer, du jamais-vu. Un niveau aussi bas à cette époque de l'année est d'autant plus étonnant que celui-ci atteint généralement son pic annuel entre le milieu et la fin du printemps, au moment de la fonte des neiges des montagnes Rocheuses. (...)
En cause, la pire sécheresse enregistrée sur l'ouest des États-Unis depuis 22 ans, depuis le début des analyses de l'US Drought Monitor. Les précipitations tombées sur la période janvier-mars sont si faibles dans l'ouest américain qu'elles approchent des niveaux records. La sécheresse sévit actuellement sur 61 % du territoire américain. Actuellement à seulement 25 % de sa capacité, le niveau du lac n'est plus qu'à quelques mètres du « bassin énergétique minimal », le niveau minimum à partir duquel le barrage est capable de produire de l'énergie hydroélectrique. Si l'eau continue de baisser, elle ne pourra également plus s'écouler à travers le barrage et cela engendrera des problèmes d'approvisionnement pour l'agriculture, la population et la biodiversité. (...) »

Etats-Unis : Briefing journalier (anglais), Carbon Brief Daily, 9 Mai 2022

« Selon le journal The Independent, l'organisme de surveillance de la sécheresse du gouvernement américain a indiqué que les niveaux d'eau des deux plus grands réservoirs de la Californie sont tombés à des "niveaux extrêmement bas". Le journal note que le lac Shasta, le plus grand réservoir, n'est qu'à 40 % de sa capacité, tandis que le lac Oroville est à 55 % de sa capacité. Il poursuit : "Ces chiffres arrivent au moment où l'État entre dans la période la plus sèche de l'année - la plupart des précipitations en Californie se produisent entre les mois d'octobre et d'avril. La Californie en est à sa troisième année de sécheresse intense, qui s'inscrit dans le cadre d'une "méga-sécheresse" de plusieurs décennies dans l'ouest des États-Unis. L'observatoire gouvernemental de la sécheresse note que 95 % de l'État connaît une "sécheresse sévère" »

Etats-Unis : Moissonné (anglais), Carbon Brief, 6 Avril 2022

« Sécheresse en Californie : Les agriculteurs californiens vont être payés pour garder leurs champs vides alors que l'État tente de conserver l'eau dans des conditions de sécheresse extrême (...)
La sécheresse inhabituelle a également contribué à faire chuter le manteau neigeux de la Sierra Nevada - qui fournit 30 % de l'eau de l'État - à l'un de ses niveaux les plus bas depuis 70 ans (...)
le deuxième plus grand réservoir artificiel des États-Unis, situé dans le Colorado, a atteint son niveau le plus bas depuis 1963 en raison de la sécheresse. (...) »

 Chili : Moissonné (anglais), Carbon Brief, 6 Avril 2022

Le Chili a décidé de prolonger de trois mois l'état d'urgence agricole après que 27 maires de la région centrale du pays, frappée par la sécheresse, ont demandé au gouvernement de déclarer l'"état de catastrophe" (...) Le lac Peñuelas - situé à environ 70 miles de Santiago et qui alimente en eau 2 millions de personnes - s'est complètement asséché. (...) »

Chili : bientôt plus d’eau aux robinets de Santiago ?, Reporterre, 26 avril 2022

« À Santiago, le moment tant redouté est arrivé : les autorités ont annoncé un plan de rationnement de l’eau potable. Confrontées à douze années de sécheresses consécutives, la capitale et sa région se préparent à une pénurie extrême. (...)

« Il y a deux principaux facteurs à la sécheresse au Chili. Le premier est d’ordre naturel, lié au dérèglement climatique », précise Chloé Nicolas Artero. La baisse des précipitations a atteint 30 % entre 2010 et 2019 selon le CR2, son centre de recherche climatique.

Le deuxième facteur est d’ordre social et anthropique. « On constate au Chili une surconsommation d’eau dans l’ensemble des bassins versants, liée à l’activité exportatrice : au nord, l’industrie minière ; au centre, l’agro-industrie qui exporte avocats, raisins ou amandes vers le nord du globe ; et au sud, des monocultures d’eucalyptus et de pins qui réduisent les capacités des sols à absorber l’eau. » Au Chili, l’agriculture et les industries forestière et minière consomment 90 % des ressources en eau. L’usage domestique ne représente, lui, que 10 %. (...)

Selon Claudio Orrego, « Santiago et le Chili sont amenés à mener une véritable révolution hydrique. Nous devons créer une culture de la pénurie d’eau où les entreprises, l’agriculture, l’État et les citoyens protègent la ressource ». Le jeune président Gabriel Boric, quelques jours après sa prise de fonction début mars, avait évoqué d’« éventuels rationnements d’eau, vu le niveau de la crise ».

La question de l’eau au Chili est centrale. La Convention constitutionnelle qui rédige le nouveau texte fondamental vient d’accorder à l’or bleu le statut de « bien commun inappropriable », première étape symbolique pour mettre fin au modèle privé de l’eau, instauré par la Constitution de 1980, adoptée pendant la dictature de Pinochet. (...) »


Ethiopie : la pire sécheresse "jamais vécue" ravage les vies des nomades somali, La Libre, 11 mai 2022

« Quasiment pas une goutte de pluie depuis 18 mois. A Hargududo, village de la région Somali en Ethiopie, les habitants montrent à l'AFP les cadavres desséchés de chèvres, vaches ou ânes, éparpillés non loin des modestes huttes aux toits de chaume. (...)

En ce mois d'avril, théoriquement l'un des plus arrosés de l'année, l'air est brûlant et sec et la terre poussiéreuse et stérile. (...)

Le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) estime qu'en Ethiopie, entre 5,5 et 6,5 millions de personnes (soit entre 5 et 6% de la population) sont en grave insécurité alimentaire en raison de la sécheresse.

Selon l'Ocha, la sécheresse actuelle a tué près de 1,5 million de têtes de bétail dans ce pays (...)

Aux populations nomades ou semi-nomades de cette région aride et hostile, le bétail procure nourriture et revenus, mais il constitue aussi toutes leurs économies. (...)

En asséchant les puits et en raréfiant les pâturages, ce que ces éleveurs de la région somali décrivent comme la "pire sécheresse jamais vécue" anéantit le bétail, pivot de leur mode de vie désormais menacé.

Et c'est tout une société qui se délite: des villages qu'il faut quitter pour la ville, des familles qui éclatent, des enfants qui sont négligés parce qu'il faut sauver ce qu'il reste des bêtes, indispensables à la survie. (...)

L'alternance de saisons sèches et de saisons des pluies - la petite en mars-avril, la grande entre juin et août - a toujours rythmé la vie de ces éleveurs. (...)
Mais aucune des trois dernières saisons des pluies n'a été au rendez-vous. Et la quatrième, attendue depuis mars, semble vouloir faire elle aussi faux bond. (...)
En Afrique de l'Est, "depuis 2005, la fréquence des sécheresses a doublé, passant de tous les six à tous les trois ans" et "il y a eu plusieurs épisodes de sécheresse prolongée surtout dans les zones arides et semi-arides de la région depuis 30 ans" (...)
Dès 2012, une étude de l'agence américaine d'aide au développement (Usaid) constatait que les régions méridionales de l'Ethiopie recevaient de 15 à 20% de pluies en moins que dans les années 1970. Et que se rétrécissaient les zones recevant les 500 mm annuels de précipitations nécessaires à une agriculture et un élevage viables. (...)
Tous les éleveurs rencontrés dans la région disent avoir perdu entre 80% et 100% de leur cheptel. Les quelques troupeaux, vaches ou chèvres, croisés çà et là, sont très amaigris. De nombreux dromadaires ont perdu leur bosse, stock de nourriture. (...)
Malnutrition

Les enfants paient le prix fort: submergés par les problèmes, les parents "n'ont même plus le temps de s'occuper, de veiller sur leur progéniture", explique Ali Nur Mohamed de Save The Children.

"Normalement, une mère prend soin de ses enfants. On comprend la gravité, l'amplitude des problèmes, qui sont telles qu'elles lui font oublier d'emmener son enfant à l'hôpital (...) ou l'en empêchent, parce qu'elle est accaparée par ses autres enfants ou occupée à sauver son cheptel", détaille-t-il. (...) »

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