Le 29 mai dernier, Caroline Lachowsky invitait Le sociologue Gérald Bronner pour tenter de répondre à la question : «Comment ne pas être dupe ?»
Quelques notes pour ouvrir l’appétit:
Le droit au doute est démocratique, c’est aussi la base de la science. Celui qui pratique le doute a le devoir, la nécessité de reconstruire méthodiquement un rapport raisonnable au réel, de reconstruire la connaissance. Le doute qui envahit tout devient du nihilisme.
Comment se repérer dans le trop plein d'informations ? Quelle sélection effectuer ? Paradoxalement, plus il y a d'infos, plus il y a de crédulité car nous fonctionnons souvent avec un biais de confirmation. La transparence a un côté paradoxal : il est de plus en plus difficile de mentir à l'opinion publique mais la mise à jour des mensonges nous poussent à croire à l'augmentation des manipulations.
La croyance c’est la certitude.
Les formes d'argumentation sont de plus en plus intelligentes ce qui nous pousse à penser que certains éléments de tel ou tel article sont vrais; cela ouvre la porte, rend possible. La crédulité n'est pas l’idiotie. Il y a souvent une corrélation positive (croissante) entre croyances et niveaux d'étude [à l’inverse de ce que l’on pourrait penser intuitivement]. Il y a une forme d'égalitarisme cognitif car chacun peut être producteur d'information.
Dans le cerveau humain il y a une aversion pour l'incertitude. Le danger de l'incertitude permanente c'est le relativisme. Des effets pervers contre productifs émergent de la nouvelle production de l'information. Il y a un bras de fer entre la démocratie des crédules et la démocratie de la connaissance. Les raisons : la croyance est plus puissante, mieux servis par les arguments. Internet agrège les arguments techniques et convaincants (plus de 100 arguments valables dans la théorie du complot sur le 11 septembre 2001). Un des fondements de la crédulité est le besoin fondamental de l'homme de donner du sens aux choses à l'histoire. Il est difficile d'accepter le hasard, le non sens. La croyance est un anxiolytique très puissant.
Avant le web, 99,9% des rumeurs n’étaient pas diffusées. Avec l’internet se crée un phénomène de rémanence: il n’y a pas de fumée sans feu. Les croyants prennent un espace de plus en plus dominants.
Quelles seraient les solutions ?
- « Le cœur de notre cerveau » est mal éduqué, il s'agit d'apprendre à penser d'une manière plus exacte.
- Libérer le vrai esprit critique qui s'adresse avant tout à nous-mêmes,
à nos passagers clandestins.
- Se représenter les probabilités.
- Evaluer justement les rapports coûts/bénéfices.
- Un exemple simple d'illusion universelle : confondre corrélation et causalité.
Gérald Bronner : « Nous sommes des feignants intellectuels. »
La démocratie des crédules : table des matières
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