Pour comprendre les relations économiques entre les pays et saisir par exemple, comment fonctionne l’accumulation de dettes avec l’étranger, il faut examiner les flux qui les relient.
Les résidents d’un pays échangent des biens avec le reste du monde. La différence entre les importations et les exportations, s’appelle comme vous le savez la balance commerciale.
Quand les médias parlent de commerce international, ils ne citent souvent que le chiffre de la balance commerciale. S'en contenter, c’est ne prendre en compte qu’une partie des transactions. Ajoutons les échanges de services et nous avons alors la balance extérieure des biens et des services. Certes, les services s’échangent à l’international beaucoup moins que les biens mais leur part n’est pas négligeable. Il reste ensuite, à prendre en compte les flux de revenus avec l’extérieur: les salaires versés ou reçus, les dividendes payés ou perçus sur des actions, etc.
Les biens, les services, les revenus et d' « autres petits trucs » se retrouvent sommés dans un compte qui les englobe : la balance des opérations (transactions) courantes appelée aussi balance des comptes courants (current account en anglais).
Si le pays est en déficit de 100 milliards d’euros à la fin de l’année, soit un solde de -100 milliards sur sa balance courante, cela signifie que globalement, il a plus consommé ce qui venait de l’étranger (et/ou versé des revenus) qu’il n’a vendu sa production à l’étranger (et/ou reçu des revenus). Il doit 100 milliards aux autres pays.
Comment fait-il alors pour financer son déficit avec l’étranger et payer ses achats ?
Les acteurs économiques peuvent:
À la fin de la période il faut comptabiliser tout cela et en faire le solde. Ces transactions sont agrégées dans la balance du compte financier (capital account en anglais).
Supposons que le solde du compte financier soit de +100 milliards. Ici, l’étranger est venu investir et/ou prêter plus que le pays ne l’a fait à l’extérieur. Certains diront que nous sommes appauvris tandis d’autres souligneront que nous avons profité de ressources étrangères. Dans cet exemple, les soldes des comptes courants et du compte financier s’équilibrent.
Imaginons que ce solde n’ait été que de +90 milliards, le pays serait alors, encore en négatif de 10 milliards. Pourtant ce n’est pas possible : ce qui rentre est comptablement égal à ce qui sort. Que nous manque-t-il ? La banque centrale bien sûr ! Celle-ci est censé avoir quelques réserves monétaires. Si le pays est en déficit de 10 milliards avec l’étranger, elle puise dans ses réserves pour payer ce qui est dû aux banques centrales étrangères afin que le solde du tout soit égal à zéro.
Finalement nous avons l’égalité balance des comptes courants + balance du compte financier + avoirs de réserve de la banque centrale + erreurs/oublis de la statistique = 0 qui porte le doux nom de balance des paiements.
Que prend la banque centrale dans ses réserves ?
Des devises étrangères. En effet les acteurs économiques étrangers veulent être payé avec leur monnaie pas avec la nôtre. En fait c’est surtout les dollars qui les intéressent, car les Américains ont réussi, depuis longtemps, à imposer leur monnaie comme moyen de paiement à l’international. En conséquence tout le monde veut des dollars, c'est le privilège de l’empire.
Que peut faire la banque centrale si elle n’a plus de réserves ?
Elle émet de sa monnaie pour acheter des devises étrangères, les mauvaises langues disent qu’elle fait tourner la planche à billets. Si l’affaire se poursuit un peu trop longtemps il en résulte que beaucoup de sa monnaie est disponible sur le marché. Comme il y a proportionnellement toujours plus de monnaie domestique disponible pour acheter des dollars, elle perd de sa valeur vis-à-vis du dollar et des autres devises (le taux de change).
Si la monnaie se dévalue, le prix des importations augmentent et celui des exportations baissent. À terme, le volume des importations diminue, celui des exportations s'accroit. Ce rééquilibrage réduit/annule le déficit de la balance courante et parfois même, le transforme en bénéfice. Évidement cette chaîne de causalité est bien trop simpliste, les ajustements peuvent prendre des formes multiples. De plus, le taux de change influe et, est aussi influencé par les éléments de la balance financière. Nous avons là, un système complexe où les boucles de rétroaction et les effets secondaires sont nombreux.
Restons dans la simplification outrancière et imaginons maintenant que le monde soit constitué de deux pays, A et B ; que la balance courante de A soit chaque année en déficit avec B (un flux). Cela signifie que la dette extérieure de A vis-à-vis de B s’accumule (un stock). B investit chaque année toujours plus dans les actifs de A et/ou lui prête toujours un peu plus. Cette situation n’est pas tenable sur le long terme. Autrement, au bout d’un certain temps, B possèderait tout ce qui existe chez A. Les résidents de A seraient devenus « les esclaves » de B parce qu'ils ne possèderaient plus rien, sauf des dettes.
Beaucoup des grandes crises économiques internationales se résument à ce genre de déséquilibres. Aujourd’hui, ils sont énormes et les membres du G20 ou de la zone Euro ne se pressent pas pour coopérer à leur réduction. Je vous propose de poursuivre avec une traduction de Michael Pettis à propos des déséquilibres USA/Chine et Allemagne/Zone Euro, qui explique clairement tout cela, de manière plus détaillée.
Dans cette description, j’ai fait l’impasse sur le compte de capital, car il est négligeable et entraîne la confusion pour les béotiens que nous sommes (ce « petit » compte se retrouve en comptabilité anglo-saxonne dans le capital account).
Les avoirs de réserve sont inclus dans la balance financière mais pour comprendre la logique du tout il faut les distinguer.
Les "autres petits trucs" sont des transferts monétaires gratuits pour celui qui les reçoit, comptabilisés dans le solde des transferts courants.(Exemples : un immigré envoie une partie de son épargne à sa famille restée au pays d’origine, les subventions européennes à la France pour la politique agricole commune.)
Il n'y a pas de notion d'étranger dans la balance des paiements mais un concept de résidents (qui habitent le territoire) /non-résidents.
Les résidents d’un pays échangent des biens avec le reste du monde. La différence entre les importations et les exportations, s’appelle comme vous le savez la balance commerciale.
Quand les médias parlent de commerce international, ils ne citent souvent que le chiffre de la balance commerciale. S'en contenter, c’est ne prendre en compte qu’une partie des transactions. Ajoutons les échanges de services et nous avons alors la balance extérieure des biens et des services. Certes, les services s’échangent à l’international beaucoup moins que les biens mais leur part n’est pas négligeable. Il reste ensuite, à prendre en compte les flux de revenus avec l’extérieur: les salaires versés ou reçus, les dividendes payés ou perçus sur des actions, etc.
Les biens, les services, les revenus et d' « autres petits trucs » se retrouvent sommés dans un compte qui les englobe : la balance des opérations (transactions) courantes appelée aussi balance des comptes courants (current account en anglais).
Si le pays est en déficit de 100 milliards d’euros à la fin de l’année, soit un solde de -100 milliards sur sa balance courante, cela signifie que globalement, il a plus consommé ce qui venait de l’étranger (et/ou versé des revenus) qu’il n’a vendu sa production à l’étranger (et/ou reçu des revenus). Il doit 100 milliards aux autres pays.
Comment fait-il alors pour financer son déficit avec l’étranger et payer ses achats ?
Les acteurs économiques peuvent:
- emprunter , prendre des crédits
- émettre des obligations (reconnaissance de dette)
- vendre des actifs (immobilier, usines, actions…)
À la fin de la période il faut comptabiliser tout cela et en faire le solde. Ces transactions sont agrégées dans la balance du compte financier (capital account en anglais).
Supposons que le solde du compte financier soit de +100 milliards. Ici, l’étranger est venu investir et/ou prêter plus que le pays ne l’a fait à l’extérieur. Certains diront que nous sommes appauvris tandis d’autres souligneront que nous avons profité de ressources étrangères. Dans cet exemple, les soldes des comptes courants et du compte financier s’équilibrent.
Imaginons que ce solde n’ait été que de +90 milliards, le pays serait alors, encore en négatif de 10 milliards. Pourtant ce n’est pas possible : ce qui rentre est comptablement égal à ce qui sort. Que nous manque-t-il ? La banque centrale bien sûr ! Celle-ci est censé avoir quelques réserves monétaires. Si le pays est en déficit de 10 milliards avec l’étranger, elle puise dans ses réserves pour payer ce qui est dû aux banques centrales étrangères afin que le solde du tout soit égal à zéro.
Finalement nous avons l’égalité balance des comptes courants + balance du compte financier + avoirs de réserve de la banque centrale + erreurs/oublis de la statistique = 0 qui porte le doux nom de balance des paiements.
Que prend la banque centrale dans ses réserves ?
Des devises étrangères. En effet les acteurs économiques étrangers veulent être payé avec leur monnaie pas avec la nôtre. En fait c’est surtout les dollars qui les intéressent, car les Américains ont réussi, depuis longtemps, à imposer leur monnaie comme moyen de paiement à l’international. En conséquence tout le monde veut des dollars, c'est le privilège de l’empire.
Que peut faire la banque centrale si elle n’a plus de réserves ?
Elle émet de sa monnaie pour acheter des devises étrangères, les mauvaises langues disent qu’elle fait tourner la planche à billets. Si l’affaire se poursuit un peu trop longtemps il en résulte que beaucoup de sa monnaie est disponible sur le marché. Comme il y a proportionnellement toujours plus de monnaie domestique disponible pour acheter des dollars, elle perd de sa valeur vis-à-vis du dollar et des autres devises (le taux de change).
Si la monnaie se dévalue, le prix des importations augmentent et celui des exportations baissent. À terme, le volume des importations diminue, celui des exportations s'accroit. Ce rééquilibrage réduit/annule le déficit de la balance courante et parfois même, le transforme en bénéfice. Évidement cette chaîne de causalité est bien trop simpliste, les ajustements peuvent prendre des formes multiples. De plus, le taux de change influe et, est aussi influencé par les éléments de la balance financière. Nous avons là, un système complexe où les boucles de rétroaction et les effets secondaires sont nombreux.
Restons dans la simplification outrancière et imaginons maintenant que le monde soit constitué de deux pays, A et B ; que la balance courante de A soit chaque année en déficit avec B (un flux). Cela signifie que la dette extérieure de A vis-à-vis de B s’accumule (un stock). B investit chaque année toujours plus dans les actifs de A et/ou lui prête toujours un peu plus. Cette situation n’est pas tenable sur le long terme. Autrement, au bout d’un certain temps, B possèderait tout ce qui existe chez A. Les résidents de A seraient devenus « les esclaves » de B parce qu'ils ne possèderaient plus rien, sauf des dettes.
Beaucoup des grandes crises économiques internationales se résument à ce genre de déséquilibres. Aujourd’hui, ils sont énormes et les membres du G20 ou de la zone Euro ne se pressent pas pour coopérer à leur réduction. Je vous propose de poursuivre avec une traduction de Michael Pettis à propos des déséquilibres USA/Chine et Allemagne/Zone Euro, qui explique clairement tout cela, de manière plus détaillée.
Dans cette description, j’ai fait l’impasse sur le compte de capital, car il est négligeable et entraîne la confusion pour les béotiens que nous sommes (ce « petit » compte se retrouve en comptabilité anglo-saxonne dans le capital account).
Les avoirs de réserve sont inclus dans la balance financière mais pour comprendre la logique du tout il faut les distinguer.
Les "autres petits trucs" sont des transferts monétaires gratuits pour celui qui les reçoit, comptabilisés dans le solde des transferts courants.(Exemples : un immigré envoie une partie de son épargne à sa famille restée au pays d’origine, les subventions européennes à la France pour la politique agricole commune.)
Il n'y a pas de notion d'étranger dans la balance des paiements mais un concept de résidents (qui habitent le territoire) /non-résidents.
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