Scénarios énergie-climat : une prospective irréaliste ?

Les limites des scénarios publics type « scénarios 2°C »

(...) Ces scénarios reposent le plus souvent sur des modèles d’évaluation intégrés qui n’ont pas été conçus pour décrire et accompagner des ruptures économiques et sociétales profondes. Ils laissent en outre apparaître des limites méthodologiques importantes. Ces limites ont trait à des hypothèses fortes qui, le plus souvent, ne sont guère explicitées ni consolidées. Parmi ces hypothèses hardies figurent notamment :
  • une rupture de l’intensité énergétique du PIB sans précédent dans l’histoire économique ;
  • le postulat d’une croissance économique future stable, sans impact négatif de la hausse des prix du carbone ou de contraintes sur l’accès aux énergies fossiles, par exemple ;
  • un développement colossal d’activités de capture-stockage du CO2 pour l’heure embryonnaires.
Les scénarios climatiques publics « 2°C » font en moyenne l’hypothèse d’un gain d’efficacité énergétique du PIB de l’ordre de 3 % par an sur la période 2020-2040. Une telle tendance n’a jamais été observée, y compris lors des chocs pétroliers. Elle revient dans certains cas à faire l’hypothèse d’une activité économique qui croît sans besoin croissant d’énergie : certes souhaitable, cette rupture fondamentale est insuffisamment explicitée. Le dernier rapport annuel de l’AIE (Agence internationale de l’énergie) fait état d’un gain d’efficacité énergétique de seulement 1,2 %.

Les scénarios présentés comme compatibles avec des trajectoires de réchauffement global de 2°C ou 1,5°C qui ont été analysés par le Shift Project sont ceux de l’Agence internationale de l’énergie, de Greenpeace, de l’IRENA, de plusieurs grandes compagnies pétrolières et ceux utilisés par le GIEC.

Une illustration du lien Énergie-PIB dans les scénarios étudiés. Source : Banque mondiale (PIB), BP stat 2018 (énergie primaire), documentation des producteurs de scénarios.  
Les scénarios analysés tablent sur une amélioration de l’efficacité énergétique sans précédent historique. Une hypothèse forte, faiblement étayée dans la plupart des scénarios étudiés. En bleu, les valeurs historiques (de 1950 à 2017). En rouge une projection avec une amélioration de l’efficacité énergétique de 1,5 % par an (le mieux qu’on ait su faire depuis 30 ans). En vert la « moyenne » des scénarios analysés. En gris les différents scénarios analysés.

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