Au sommaire
- La neutralité carbone c'est du flan
- Revenus et émissions de gaz à effet de serre
- France, prix de l'énergie : fermeture de sites industriels
- Chine : restriction sur les engrais, conséquences globales
- « Métamorphose ou déchéance. Où va la France ? »
- Économie, immigration, justice et affaires - quelques actus
- Comprendre la multiplication des pains
- Concentration des médias: l’urgence d'agir
- Coronavirus : lien statistique entre concentration en CO2 et prévalence des infections à l'école
La neutralité carbone c'est du flan
« (…) pays, villes et entreprises affichent des objectifs de neutralité carbone mais les scientifiques jugent ces promesses de compensation des émissions de gaz à effet de serre peu étayées et estiment indispensable avant tout de réduire ces émissions. (…) Le concept de cette neutralité est simple : s’assurer que d’ici une date fixée (le plus souvent 2050), une entité absorbe autant de carbone qu’elle n’en émet, parvenant ainsi à zéro émission nette. (…) Mais les scientifiques et les ONG s’inquiètent de plus en plus du déferlement de promesses vagues de neutralité carbone qui privilégient les compensations et d’hypothétiques avancées technologiques pour absorber le carbone, à la place de la réduction des émissions de CO2. (…) “Vous ne pouvez pas compenser pendant très longtemps l’utilisation continue des énergies fossiles en plantant des arbres. Personne n’admet cela dans ses plans de neutralité carbone, même les pays les plus ambitieux” (…) moins d’un tiers des objectifs des entreprises couvrent les émissions dites de « scope 3 » qui incluent notamment celles issues de l’utilisation du produit (par exemple, l’essence utilisée dans les voitures pour une industrie pétrolière). (…) “D’un point de vue climatique, c’est important, les entreprises entraînent des émissions non seulement dans leurs opérations mais aussi par l’intermédiaire de ce qu’elles achètent et vendent” (…) Selon la dernière évaluation de l’ONU-Climat qui prend en compte l’ensemble des engagements des États, les émissions devraient augmenter de 13,7% d’ici 2030, alors qu’elles devraient être réduites de moitié pour limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle. (…) les gouvernements utilisent désormais les promesses de neutralité carbone pour reporter l’action nécessaire: « de notre point de vue, c’est complètement irresponsable ». (…) “Cela revient juste à repousser le problème et à s’en remettre à des progrès technologiques théoriques” (…) » Face aux promesses de neutralité carbone, l'inquiétude des scientifiques, GoodPlanet mag', 9 déc 2021
Revenus et émissions de gaz à effet de serre
« (…) Les 10 % les plus riches de la planète sont responsables de près de la moitié des émissions de carbone. (…) « Les inégalités de revenus et de patrimoine mondiales sont étroitement liées aux inégalités écologiques et à l’inégalité des contributions au changement climatique » (…) en moyenne, un individu émet 6,6 tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (CO₂) par an (…) les 1 % les plus fortunés sur Terre ont émis 17 % des gaz à effet de serre mondiaux, tandis que les 50 % les plus pauvres n’en ont causé que 12 %. (…) les politiques climatiques devraient davantage cibler les pollueurs aisés (…) Or, jusqu’à présent, ces politiques, par exemple les taxes carbone, ont souvent frappé de manière disproportionnée les catégories à revenus faibles ou moyens, sans faire évoluer les habitudes de consommation des catégories les plus fortunées. » (…) Les 1% les plus riches détraquent plus le climat que les 50% les plus pauvres, Reporterre, 8 déc 2021
Où vous situez vous sur l'échelle des revenus au sein de votre pays, par rapport à l'Europe et dans le monde ? Faites le test : World inequality database income comparator
France, prix de l'énergie : fermeture de sites industriels
« (…) L’électricité pour livraison l’an prochain (Cal 22) en France s’échangeait à plus de 200 euros le mégawattheure mercredi matin sur la Bourse européenne de l’énergie EEX, pour la première fois à ces niveaux. (…) La barre des 100 euros avait été franchie pour la première fois au mois de septembre, dans le contexte d’une flambée généralisée des prix de l’énergie. (…) un impact extrêmement lourd sur nos entreprises, certaines vont vraisemblablement fermer leurs sites (…) Ce sont désormais des milliers d’emplois industriels qui sont à risque en 2022 (…) » Les prix de l'électricité en France atteignent des records, “sidération” des entreprises, AFP, 8 déc 2021
Chine : restriction sur les engrais, conséquences globales
« L'évolution rapide de la crise énergétique s'est répercutée sur les marchés mondiaux des engrais, avec des conséquences haussières. (…) Les engrais ont été les produits de base les plus performants au cours des neuf derniers mois. [Le prix de] l'urée (azote solide) a doublé, tandis que le phosphate a augmenté de 70 % et la potasse (…) de 160 %. La production d'engrais (en particulier l'azote et le phosphate) est très gourmande en énergie. La Chine a déjà restreint la production de ces deux engrais afin d'économiser l'énergie et a annoncé des restrictions à l'exportation. Les ramifications sont énormes : la Chine produit la moitié de l'urée mondiale et près de 60 % des engrais à base de phosphate, ce qui en fait le premier exportateur mondial. À court terme, ces restrictions vont exercer une énorme pression à la hausse sur les prix des engrais. À moyen terme, la diminution des engrais disponibles aura un impact négatif sur le rendement des cultures, ce qui entraînera également une hausse des prix des céréales. Au cours des 30 dernières années, les rendements agricoles mondiaux ont progressé, en partie grâce à une plus grande disponibilité des engrais. Si l'offre d'engrais diminue et que les prix augmentent, il y aura un impact négatif très net sur les rendements des cultures, les agriculteurs étant contraints de réduire les quantités appliquées. Tension sur les marchés céréaliers, Goehring & Rozencwajg, 10 déc. 2021
« Métamorphose ou déchéance. Où va la France ? »
« Sociologue français travaillant depuis des décennies sur la démocratie, les mouvements sociaux, le racisme, l’antisémitisme, la violence, le terrorisme… Michel Wieviorka répond à mes questions à l’occasion de la parution de son ouvrage Métamorphose ou déchéance. Où va la France ? (…).
(…) les luttes se fragmentent d’autant plus qu’il n’y a plus de « grand récit » procurant un sens partagé, des repères communs, et que le système institutionnel perd de sa capacité à assurer un traitement politique des demandes sociales et des attentes culturelles. La tendance est à l’horizontalité des mobilisations. Tandis que le pouvoir fonctionne de façon verticale, les acteurs contestataires refusent pour certains d’être représentés, de se structurer ; négocier entre eux ou avec eux est dès lors exclu. (…)
Vous vous livrez à une réhabilitation de la notion de « Plan »…
Dans ce livre, j’analyse la façon dont l’Etat politique et l’Etat administratif ont évolué depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, chacun pour leur part, et dans leur articulation. Le résultat d’ensemble est consternant. Notre pays a perdu l’habitude de la mobilisation intellectuelle collective pour se projeter vers l’avenir, en même temps qu’il devenait orphelin des conflits, en particulier sociaux, qu’il avait plus ou moins bien su institutionnaliser. Pendant un bon demi-siècle, le Plan a constitué un espace exceptionnel de rencontres, de débats, de réflexion collective, y compris de façon très conflictuelle, pour dessiner le futur. Rien de tel aujourd’hui, tout procède du sommet. Le Haut Commissariat au Plan confié par Emmanuel Macron à François Bayrou est une plaisanterie. Il faut dire qu’une telle instance n’a de sens que si existent les acteurs pour y participer utilement, de façon significative, et la volonté politique d’en tenir compte – le Plan, disait de Gaulle, est « une ardente obligation ». On est bien éloigné de tout ceci ! » « Métamorphose ou déchéance. Où va la France ? » – 4 questions à Michel Wieviorka, Pascal Boniface, 6 déc 2021
Économie, immigration, justice et affaires - quelques actus
Les 10% les plus riches des français détiennent 52% du patrimoine total, les 1% les plus riches en possèdent 27% (…)
la France est le pays riche ayant accueilli le moins de migrants de la dernière décennie, et les migrants occupent également une plus faible part de sa population totale (…)
Le projet de loi porté par le ministre de la justice Eric Dupond-Moretti prévoit d’étendre encore les possibilités de « comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité » (ces procédures équivalentes à un « plaider coupable », initialement prévues pour les petits délits mais couvrant désormais de nombreuses autres infractions comme les affaires de corruption, permettent généralement des peines plus faibles et une audience sans presse – NDLR) ; et de donner un pouvoir accru aux procureurs (qui sont placés sous la tutelle hiérarchique du ministre de la justice et nommés par le pouvoir exécutif) face aux juges d’instruction (qui sont eux statutairement indépendants) (…)
Le ministre délégué chargé des PME Alain Griset est condamné à six mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité avec sursis pour avoir menti dans sa déclaration de patrimoine et d’intérêts. L’exécutif et E. Macron lui avaient maintenu leur confiance, malgré des éléments accablants. C’est la première fois qu’un ministre français est condamné à de la prison dans l’exercice de ses fonctions » Le Récap du 10/12/2021 - Macron Watch (Toutes les sources dans le post)
Comprendre la multiplication des pains
« La richesse aux États-Unis a augmenté de 23,1 trillion de dollars en 12 mois, de juillet 2020 à juillet 2021, montre le rapport sur les flux de fonds de la Fed pour le deuxième trimestre 2021. C’était plus que le revenu personnel total du pays qui est de 19,4 TRILLIONS de dollars. C’est ce qu’on appelle la « valeur nette totale de la fortune des ménages ».
Comment « l’épargne » augmente-t-elle plus que le revenu ?
Je pense que le taux d’épargne était élevé, soit environ +11% à cause de la pandémie et des confinements, c’est sur le site du BEA. 11 % de 19 000 milliards de dollars, cela fait 2 100 milliards de dollars, et non 23 100 milliards de dollars.
L’effet de richesse accéléré est le résultat d’une quantité finie d’actifs financiers recevant un flot de fonds d’investissement supplémentaires d’origine purement monétaire. C’est le multiplicateur dont personne ne parle, celui qui s’applique non pas à la production de vraie richesse mais celui qui s ‘applique à la production de richesse fictive.
Les entreprises consacrent plus de 90 % de leurs bénéfices aux dividendes et aux rachats d’actions, c’est le constat de William Lazonick qui fait autorité. Elles font de la finance, de l’ingénierie et maximisent les fortunes, pas la production de richesses réelles. (…)
Deux mois de gains de richesse équivalent à plus de 3 900 milliards de dollars soit plus d’un an de financement du plan Build Back Better!. Pensez-y, c’est absurde.
Que signifient ces chiffres? Cela signifie fausse richesse, gaspillage et accumulation. Cela signifie insuffisance de vrais revenus et sous-consommation chronique , privations pour ceux qui ne sont pas riches. Cela signifie pouvoir excessif d’une minorité. C’est une source de honte et de dysfonctionnement. » Comprendre la multiplication des pains, Bruno Bertez, 9 déc 2021
Concentration des médias: l’urgence d'agir
“Enfin, les pouvoirs publics se saisissent de la question de la concentration des médias. On en connaît les enjeux : le pluralisme, la diversité et la liberté de l’information. Depuis vingt ans, une petite dizaine de groupes industriels possédés par des hommes d’affaires milliardaires et vivant bien souvent des commandes publiques ont pris le contrôle de la quasi-totalité des médias. Ils s’appellent Bouygues, Arnault, Pinault, Dassault, Lagardère, Bolloré, Niel, Pigasse, Drahi. Et cette prise de contrôle s’est faite le plus souvent avec le soutien, voire à la demande des pouvoirs politiques successifs.”
(…) La fusion des groupes TF1 et RTL-M6, soutenue par le gouvernement avec l’argument toujours avancé de la nécessité de « constituer des champions nationaux ».Mais cette fusion est vivement contestée tant elle pourrait déséquilibrer l’ensemble de l’audiovisuel. Le nouvel ensemble TF1-M6 pèserait 75% de la publicité audiovisuelle et contrôlerait 9 des 26 chaînes gratuites de la TNT (la loi fixe aujourd’hui un seuil maximum de 7 chaînes). (…)
la constitution à marche forcée d’un empire des médias par l’homme d’affaires Vincent Bolloré à travers Vivendi. La prise de contrôle récente de Paris-Match, du Journal du Dimanche, d’Europe 1, qui se rajoute aux chaînes C8 et CNews, au groupe Canal+, à la plateforme Dailymotion et au rachat en avril du groupe Prisma, n°1 de la presse magazine (Capital, Géo, Femme actuelle, Gala, etc.), inquiète d’autant plus que Vincent Bolloré n’a jamais caché son mépris du journalisme. La mobilisation de CNews et d’Europe1 au service du candidat d’extrême droite Eric Zemmour en témoigne…
Vincent Bolloré, tout comme Bernard Arnault, est désormais en discussion avec la famille Dassault pour un éventuel rachat du Figaro (…) Bolloré contrôle également Havas, deuxième agence publicitaire mondiale. Il est fortement présent dans l’édition avec Editis et, peut-être demain, le géant Hachette.
La concentration se poursuit également dans la presse quotidienne régionale, aux mains d’une demi-douzaine d’acteurs. Xavier Niel, actionnaire dominant du groupe Le Monde, qui a récemment racheté le groupe France-Antilles, est sur le point de contrôler toute la presse du Sud-Est. Déjà propriétaire de Nice-Matin et de Var-Matin, il est en bonne position pour racheter les quotidiens La Provence et Corse-Matin, à vendre depuis la mort de Bernard Tapie.
(…) La loi de 1986, qui régule l’audiovisuel et édicte quelques règles anti-concentration, est devenue de l’avis de tous inopérante et obsolète. Modifiée plus de cent fois depuis 1986, elle n’a nullement enrayé le mouvement de concentration à l’œuvre. (…)
[P]ropositions (…)
interdire à des groupes vivant de commandes publiques de détenir des médias. (…)
revoir les seuils de concentration, en incluant en particulier les chiffres d’audience sur le numérique (non pris en compte aujourd’hui) (…)
renforcer ou, au moins, à rendre effective la loi Bloche en dotant les rédactions d’un statut juridique, en leur conférant des droits moraux et en associant ces rédactions à la gouvernance des médias. (…)
création d’un « d’un délit de trafic d’influence en matière de presse afin de limiter toute pression sur les rédactions : La loi devrait sanctionner pénalement ces pratiques que sont l’abus, par des propriétaires ou dirigeants de médias, de leur capacité d’influencer les productions journalistiques pour favoriser leurs intérêts ou les intérêts de tiers ». (…)
renforcer les pouvoirs de contrôle et de sanction du CSA, à réformer les aides publiques à la presse qui constituent aujourd’hui une rente pour les plus grands groupes, à obliger à la transparence sur les actionnaires directs et indirects ainsi que sur les aides privées, notamment celles versées par les plateformes Google et Facebook. (…)
Une information libre et pluraliste ne concerne pas que les journalistes, elle est un droit fondamental de toutes les citoyennes et citoyens. » Concentration des médias: l’urgence d'agir, Fonds pour une presse libre, 7 déc 2021
Coronavirus : lien statistique entre concentration en CO2 et prévalence des infections à l'école
« Si les aérosols infectieux sont à présent largement documentés comme vecteur principal de la transmission du Coronavirus SARS-COV-2 dans la littérature scientifique, aucune étude n’avait jusqu’à présent établi de façon empirique de liens statistiques entre la qualité de l’air d’un environnement clos plus ou moins bien ventilé et la prévalence des infections à SARS-COV-2. C’est la démonstration que viendraient de faire les services de santé publique du canton des Grisons en Suisse en collaboration avec une équipe de chercheurs de l’EMPA.
(…) 150 salles de classe de 59 écoles du canton des Grisons ont été équipées de deux capteurs qui ont mesuré en continu la teneur en CO2, la température et la pression atmosphérique. Parallèlement des tests étaient organisés chaque semaine pour dépister les infections à SARS-COV-2 auprès des enseignants et des élèves. (…)
Le nombre de cas d’infection était significativement plus important dans les classes mal ventilées où le CO2 était plus concentré.
La prévalence des infections pour 100 élèves a pu être corrélée avec l’intégrale de la série de mesures de CO2 avec un coefficient de corrélation de Pearson de R=0,72 premiers résultats sous réserve de trouver des biais statistiques dans les séries de données à leur disposition comme les variations de concentration en CO2 ou encore la température et la pression de l’air ambiant. (…)
Les mesures faites font également apparaitre des concentrations en CO2 pour le moins inquiétantes pour la santé des enfants. Dans 60 % des salles de classe, la teneur en CO2 était supérieure à 2000 parties par millions (ppm) et montait jusqu’à plus de 3000 ppm dans certaines classes. Un tel niveau de concentration peut selon les chercheurs de l’EMPA nuire aux performances cognitives et aux capacités d’apprentissage des enfants. En France il est recommandé de ne pas occuper une salle avec une teneur en CO2 de 800 ppm. En Suisse, ce seuil a été fixé à 1000 ppm.
Ces résultats préliminaires tendent à monter que les salles de classe mal ventilées sont plus à risque de contamination. Ils plaident en faveur d’une maitrise de la qualité de l’air comme moyen de réduction des risques de contamination du Coronavirus SARS COV 2 à l’école en particulier et dans les environnements clos d’une manière plus générale. (…)
le gouvernement français a décidé de n’imposer aucune règlementation en matière de contrôle et de respect de la qualité de l’air dans les milieux scolaires. Il se limite à une simple recommandation d’aération sans financer l’acquisition des moyens matériels nécessaires. » Coronavirus : une étude établit un lien statistique entre concentration en CO2 et prévalence des infections à l'école, Caducee.net, 10 déc 2021
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