L'appropriation de la terre par le capital

« C’est la recherche du profit sous le mode de production capitaliste qui rompt le lien nécessaire entre l’activité humaine et la nature. Ce ne sont pas l’exploitation forestière illégale, le défrichage et l’exploitation minière (…) qui sont les problèmes. Ce sont des symptômes de l’expansion des forces productives sous le capitalisme. L’exploitation forestière et le brûlage et le défrichage sont effectués non seulement par de grandes entreprises, mais aussi par de nombreux agriculteurs pauvres incapables de gagner leur vie car la terre et la technologie sont principalement détenues et exploitées par de grandes entreprises. C’est le développement très inégal de l’accumulation capitaliste qui en est la cause fondamentale.

Il y a plus de 140 ans, Friedrich Engels [ami, mécène et coauteur de Karl Marx] a constaté comment la propriété privée de la terre, la recherche du profit et la dégradation de la nature vont de pair. « Faire de la terre un objet de marchandage – la terre, notre seule et unique, qui est la condition primordiale de notre existence – était la dernière étape pour faire de nous un objet de marchandage. C’était et c'est encore aujourd’hui une immoralité surpassée seulement par l’immoralité de l’aliénation de soi. Et l’appropriation originelle – la monopolisation de la terre par quelques-uns, l’exclusion des autres de ce qui est la condition de leur existence – ne cède rien en immoralité au marchandage de la terre en résultant ». Une fois que la terre est commercialisée par le capital, elle est soumise à autant d’exploitation que le travail.

(…) Comme le disait Engels, « chaque jour qui passe, nous apprenons à mieux comprendre ces lois et à connaître à la fois les conséquences les plus immédiates et les plus lointaines de notre interférence avec le cours traditionnel de la nature. (…) Mais plus cela se produit, plus les hommes non seulement ressentiront, mais connaîtront également leur unité avec la nature, et ainsi l’idée insensée et antinaturelle d’une contradiction entre l’esprit et la matière, l’homme et la nature, l’âme et le corps deviendra impossible. »

Nous avons besoin du travail des scientifiques du changement climatique et de l’environnement car « en collectant et en analysant le matériel historique, nous apprenons progressivement à avoir une vision claire des effets sociaux indirects, plus éloignés, de notre activité productive, et ainsi la possibilité nous est offerte de maîtriser et de contrôler ces effets également » (Engels).

Pandemics: prevention before cure, Michael Roberts, 6 sept 2020

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