Il y a du boulot : l’analyse des propositions des candidats sur le climat par The Shift Project, les Shifters et France Info

Extraits :

« Pourquoi faire cette analyse ?

Selon le rapport du Giec publié en août 2021, le réchauffement de la température sur Terre devrait atteindre +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle entre 2021 et 2040, bien plus tôt que les précédentes estimations. "Le changement climatique est une menace pour le bien-être de l'humanité et la santé de la planète. Tout retard dans la mise en œuvre d'une action concertée (...) nous fera rater la courte fenêtre d'opportunité, qui se referme rapidement, pour garantir un avenir vivable et durable pour tous", alertaient encore les experts dans le deuxième volet de leur rapport en février

"Concrètement, comment fait-on pour aboutir aux objectifs fixés par les traités internationaux ou à ce que préconise le Giec ? La neutralité en 2050, comment on y arrive ? Il ne suffit pas de faire de la poésie sur le local", notait auprès de franceinfo le politologue Daniel Boy, spécialiste en écologie politique, estimant qu'"un programme écologiste doit être technique". »

 

« The Shift Project est un think tank qui œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone. Nous sommes une association loi 1901 reconnue d’intérêt général, guidée par l’exigence de la rigueur scientifique. Notre mission consiste à éclairer et influencer le débat sur la transition énergétique. » (https://theshiftproject.org/ambition/)

« Qui sont Les Shifters ?

Les Shifters sont les bénévoles d'une association créée en 2014. Elle compte plus de 9 000 membres, dont une majorité d'ingénieurs, selon son dernier rapport de gestion. Elle a été créée pour soutenir The Shift Project, un groupe de réflexion spécialisé sur la transition énergétique de notre économie, dirigé par l'ex-journaliste Matthieu Auzanneau, spécialiste des questions pétrolières, et présidé par Jean-Marc Jancovici, membre du Haut Conseil pour le climat. The Shift Project est financé par des dons d'entreprises comme EDF, la SNCF ou Bouygues. Ce n'est pas le cas des Shifters, qui sont eux principalement financés par les cotisations de leurs adhérents. »

Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project : « Ce qui ressort de l'ensemble des programmes, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui sont irréprochables dans leur compréhension du problème à traiter. Là où il y a des différences entre les uns et les autres, c'est sur la compréhension des enjeux liés au changement climatique. Par contre, sur la place de l'énergie dans notre économie et les enjeux de sobriété, ils sont tous au même niveau : ils n'ont pas bien compris. Après, je ne suis pas capable de faire la différence aujourd'hui entre ceux qui n'ont pas compris l'enjeu et ceux qui ont très bien compris, mais ne veulent pas le dire. C'est sans doute un mélange des deux.

On ne sent pas non plus chez les candidats la capacité à proposer un programme qui résiste à un ou deux gros coups du sort par mandat, comme une guerre en Europe ou un confinement. Ils continuent d'être dans un logiciel où la crise est la faute à pas de chance, alors que le changement climatique et l'approvisionnement énergétique en provoqueront.

D'une manière générale, les candidats ont beaucoup de mal à promettre "du sang et des larmes". C'est facile quand vous êtes au pouvoir, mais plus difficile quand vous êtes candidat. L'idée qu'il va falloir faire avec moins de moyens est très compliquée à mettre en avant dans le cadre d'une élection qui est quand même une surenchère de promesses. C'est difficile de dire "Je vous promets moins". Cela demande beaucoup de doigté et une connaissance très fine du problème à traiter.

Sur l'incitation et l'obligation, cela revient à se demander si on a le temps pour faire cette transition ou si on n'a pas le temps et qu'il faut planifier, donc contraindre un peu les gens. Planifier, c'est restreindre notre degré de liberté à court terme contre une augmentation de notre liberté et de notre sécurité à moyen-long terme. Nous avons tous fait une planification en faisant des études. Quand vous êtes enfant, on vous contraint pour aller à l'école : vous ne pouvez pas jouer au foot ou vous rouler dans la boue toute la journée. Vous allez à l'école en échange d'une liberté de choix plus grande pour votre vie d'adulte. C'est exactement la même chose pour notre société. Il faut qu'on accepte de se contraindre à court terme pour se donner plus de choix et de confort à plus long terme. »

 

Pierre-Louis Vernhes, membre des Shifters : « L'autre élément qui ne transparaît pas dans beaucoup de programmes, c'est le fait de se dire qu'il faut un plan organisé pour résoudre cette question-là. La transformation doit se faire vite et demande une organisation. Un autre manque que l'on peut mentionner, c'est la formation. Ces changements vont nécessiter un nombre de reconversions professionnelles important, et on ne voit pas dans les programmes les moyens d'accompagner les secteurs qui vont devoir se reconvertir. Enfin, côté agriculture, peu de candidats ont conscience que la viande est la composante principale des émissions de gaz à effet de serre du secteur. »

 

Il y a du boulot : l’analyse des propositions des candidats sur le climat par le Shift Project, The Shift Project, 29 mars 2022

https://theshiftproject.org/article/climat-energie-analyse-shift-presidentielles/

"Malgré des progrès depuis 2017, les candidats à la présidentielle ne prennent au mieux que partiellement la mesure du défi de la mise en œuvre des accords de Paris. Aucun ne nous semble proposer une stratégie à la hauteur du danger du changement climatique et des risques qui pèsent sur nos approvisionnements en énergie."

  • Le Shift Project a proposé aux candidats à l’élection présidentielle d’expliquer en quelques pages comment ils mettraient en œuvre concrètement la sortie des énergies fossiles au cours du prochain quinquennat (lettre envoyée aux candidats à retrouver ici). Nous publions ci-dessous l’analyse critique de leur approche. Nous publions simultanément l’analyse détaillée des programmes, réalisée par l’association « The Shifters ».

    Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse et Yannick Jadot décrivent dans leurs lettres au Shift une approche assez précise de certains enjeux majeurs. Chez les autres candidats, l’approche décrite reste la plupart du temps superficielle. Par manque de cohérence interne, plusieurs textes laissent apparaître nettement des contradictions implicites (celui d’Eric Zemmour notamment) voire explicites (Marine Le Pen).

    Emmanuel Macron ne nous a pas répondu, en dépit des engagements pris par son équipe de campagne. Nous ne savons à peu près rien de sa stratégie future. Qu’il se soit engagé dans son programme à « planifier la transition écologique », le Shift ne peut que s’en féliciter… Mais ça ne suffit évidemment pas !

  • Puisque l’énergie est partout, la transition énergétique demande une approche systémique solidement charpentée, c’est-à-dire un plan. Aucun des candidats ne nous semble exposer une telle approche :

    • si tous ou presque veulent « réindustrialiser » la France, les principes qui permettraient de construire une industrie décarbonée ne sont exposés au mieux que très partiellement ;
    • la clé de l’emploi, de la formation et des reconversions est évoquée superficiellement, quand elle n’est pas ignorée ;
    • la notion de sobriété, fréquente désormais dans les discours et posée comme étant indispensable dans tous les scénarios de référence, est rarement retranscrite en objectifs et leviers concrets ;
    • peu de candidats évoquent l’adaptation au changement climatique, alors que la planète continue à se réchauffer de 0,2°C par décennie ;
    • peu évoquent l’intégration des enjeux d’énergie et de climat dans l’éducation ;
    • même l’enjeu de la sécurité des approvisionnements en ressources critiques n’est dans le meilleur des cas qu’évoqué en passant.

    L’enjeu systémique semble encore aperçu par le petit bout de la lorgnette. L’alternative nucléaire versus renouvelables paraît toujours chez beaucoup suffire en grande part à traiter le débat sur la transition énergétique. Et la question de la sortie du pétrole est bien souvent réduite à un débat pour ou contre la voiture électrique ou les transports en commun.

    Le problème est bien plus vaste et délicat. Il réclame de la part du pouvoir exécutif une vision lucide, articulée et précise.

  • Le PTEF, concentrant volontairement l’analyse sur les transformations pratiques recherchées,  n’aborde de ce fait les questions de financement que de façon subsidiaire.
  • Yannick Jadot

  • La stratégie présentée par Yannick Jadot dans sa lettre décrit des outils de gouvernance potentiellement puissants. Elle liste les impacts les plus forts attendus sur les secteurs visés en termes de décarbonation.

    L’appréciation des limites de certains leviers d’action clé (rythme de déploiement des renouvelables et besoins afférents en métaux critiques, impacts potentiellement indésirables de la méthanisation), ainsi la description des « contre-mesures » envisagées face à ces limites font défaut.

    La sobriété est présentée comme décisive. Pourtant ses modalités de mise en œuvre et la mesure de ses impacts ne sont guère explicitées.

    Le pilotage de la transition en termes d’emplois et de formation n’est pas explicité (bien qu’elle apparaisse dans le programme du candidat).

  • Marine Le Pen

  • Dans sa lettre, malgré une longue introduction sur les liens entre énergie et société dans l’histoire et les contraintes actuelles, Mme Le Pen récuse la nécessité de rechercher une organisation économique moins consommatrice en énergie et en matière. Elle compte « réindustrialiser la France » en misant massivement sur le nucléaire et sur une « révolution hydrogène ».

    L’impasse sur la sobriété et l’efficacité d’une part et d’autre part le manque d’argumentation opérationnelle à l’appui du discours volontariste concernant l’industrie, notamment dans le registre du développement du nucléaire et dans celui du pilotage des besoins en emplois et en compétences, empêchent d’évaluer positivement la crédibilité de la stratégie proposée. L’insistance pour maintenir la place de la voiture individuelle, « ralentir la substitution » des véhicules thermiques et réduire la fiscalité sur les énergies fossiles conduit à craindre une contradiction avec l’objectif national de décarbonation.

  • Jean-Luc Mélenchon

  • Dans sa lettre, de nombreux champs d’actions majeurs sont abordés, et c’est une exception : une politique d’adaptation des infrastructures face au changement climatique est articulée.

    Les montants d’investissements sont souvent chiffrés, de même que certains objectifs opérationnels. Toutefois, la portée effective des leviers en termes d’impact carbone et d’emploi n’est guère abordée. La rencontre de possibles limites dans la mise en œuvre de leviers pourtant très disruptifs n’est pas évoquée, si ce n’est en creux, en insistant sur certaines problématiques bien connues, comme celle de la formation dans le domaine du bâtiment.

  • Valérie Pécresse

  • La stratégie de décarbonation présentée par Valérie Pécresse dans sa lettre liste un certain nombre de leviers d’action, mais souvent sans fournir une appréciation du potentiel et des limites de ces leviers, ni décrire le principe et les modalités de gouvernance.

    Il est difficile d’en déduire la manière dont la stratégie pourra s’articuler. La volonté de laisser les seuls industriels « déterminer les technologies les plus efficaces » crée un risque de marché qui peut fortement ralentir l’action.

    Les propositions concrètes en matière de sobriété et d’évolution des modes de consommation sont rares, au-delà d’intentions exprimées sans détails dans le domaine des transports et de la consommation électrique.

    Les objectifs et moyens dans le domaine de l’emploi et de la formation restent très généraux.

  • Eric Zemmour

  • L’approche mise en avant par Éric Zemmour dans sa lettre apparaît fragmentaire et confuse. Sur plusieurs sujets fondamentaux (méthode de gouvernance, stratégie industrielle), il s’en tient à des intentions rarement assorties d’objectifs spécifiques, hormis concernant le nucléaire.

    S’il affirme adhérer au principe de certaines notions importantes, comme la sobriété ou les circuits courts, celles-ci ne sont pas traduites sous forme de mesures opérationnelles explicites.

    Certains enjeux clés (entre autres : modalités de décarbonation de l’industrie, formation et reconversion, place de l’automobile, évolution des modèles agroalimentaires) ne sont pas abordés. Ces impasses ouvrent la possibilité de nombreuses contradictions avec les priorités affichées.

  • Prisme d’analyse mobilise

  • Trajectoire 2050

    La lutte contre le réchauffement climatique et les transformations nécessaires sont urgentes, mais s’inscrivent dans le temps long, avec un cadre donné par les négociations internationales et les rapports du GIEC. La France est engagée par l’Accord de Paris à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La question du calendrier est clé pour réduire les émissions au bon rythme.

    Gouvernance

    Fixer des objectifs chiffrés de réduction des émissions, proposer les outils permettant de rendre possibles les transformations qui y mènent et proposer des mécanismes de suivi et d’ajustement sont indispensables pour créer et piloter les dynamiques nécessaires à la décarbonation de notre économie dans son ensemble. Une forme de « planification » est nécessaire.

    Secteurs les plus émissifs

    Industrie, transport, bâtiment et agriculture sont les secteurs les plus émissifs de notre économie. A la fois intenses en énergie, supports des usages clés de nos vies quotidiennes (se déplacer, se nourrir, se loger, consommer des biens) et sièges de procédés complexes à décarboner (émissions directes des procédés industriels, de l’élevage, etc.), une attention particulière doit leur être accordée. Un plan de décarbonation cohérent proposera des leviers de transformation dédiés et adaptés aux particularités et enjeux de ces secteurs, abordera spécifiquement les infrastructures, tiendra compte des interdépendances avec les secteurs de service (culture, santé, etc.) et les contraintes physiques (disponibilité en énergie, en matières, en espace etc.) auxquelles ils sont soumis, et complètera les mesures de substitution d’une énergie par une autre et d’efficacité par autant de sobriété qu’il sera nécessaire.

    Évolution du système électrique

    La substitution des énergies fossiles par report sur le vecteur électrique est l’un des piliers de la transformation vers une économie décarbonée. Planifier la taille et les caractéristiques du système électrique est indispensable : sa stabilité dépend de la bonne anticipation des infrastructures à déployer, dont l’inertie réclame des arbitrages à formuler sans délai. La transition énergétique implique de penser les systèmes énergétiques sur toute leur chaîne de valeur (production, distribution, consommation) et non seulement le mix énergétique ou, pire, uniquement sur le mix électrique. Sortir l’économie de ses dépendances aux énergies fossiles implique donc de transformer la manière dont nos usages finaux utilisent l’énergie, mais également de gérer et prévoir les transformations des acteurs, emplois et infrastructures.

    Énergie hors électricité

    Planifier le déploiement des énergies hors électricité, comme la chaleur renouvelable (géothermie, pompes à chaleur, etc.) ou le vecteur énergétique qu’est l’hydrogène, qui remplacent bien souvent directement le gaz, le pétrole ou le charbon, est également nécessaire. Enfin, un plan cohérent doit tenir compte de facteurs extérieurs tels que l’épuisement, à différents rythmes, des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon).

    Sobriété

    Réorganiser collectivement notre société pour réduire les volumes d’énergie et de matières consommés nécessite des transformations profondes des modes de vie et des usages. Travailler sur l’efficacité, l’optimisation et le mix énergétique ne suffit pas. Un plan de décarbonation doit donc organiser la sobriété lorsque nécessaire ou souhaitable. Il doit donc prévoir des mécanismes de concertation, de choix et d’arbitrage à l’échelle du pays, des filières et de ses territoires.

    Usage des sols

    S’affranchir des hydrocarbures fossiles, c’est cesser d’appuyer notre économie sur des sources d’énergie très concentrées. Répondre à nos besoins, y compris après déploiement de la sobriété, implique de recourir à des processus plus diffus qui vont fortement renforcer les concurrences d’usage sur les espaces au sol (agriculture avec moins d’intrants azotés et impactée par le changement climatique, biocarburants, forêt et filière bois, autres matériaux, et plus marginalement photovoltaïque et éolien, etc.) déjà à l’œuvre (étalement urbain, etc.) De même, le développement des puits de carbone implique une attention particulière à l’usage des sols.

    Matériaux critiques

    Réduire notre dépendance aux énergies fossiles engendre de nouvelles dépendances qui doivent être surmontables, en particulier vis-à-vis de matériaux qui sont déjà ou peuvent devenir critiques (pour les équipements électriques, par exemple).

    Emploi et formation

    Transformer notre économie à la bonne échelle implique une transformation de l’emploi : leur nature, leur répartition, leur implantation sur le territoire. Ces évolutions, qui concerneront peu ou prou tous les emplois, seront néanmoins majeures et touchent directement aux conditions et modes de vie des personnes, dont l’accompagnement doit d’être prévu et organisé.

 

Crise climatique : on vous explique comment on a évalué les programmes des candidats à l'élection présidentielle, France Info, 29 mars 2022

https://www.francetvinfo.fr/elections/programmes-election-presidentielle-2022/programmes-climat/crise-climatique-on-vous-explique-comment-on-a-evalue-les-programmes-des-candidats-a-l-election-presidentielle_4990644.html

"A quelques jours du premier tour et de la publication du troisième volet du rapport du Giec, franceinfo réalise une opération spéciale : en collaboration avec l'association Les Shifters, nous publions des articles d'analyse sur la compatibilité des programmes des candidats avec les objectifs de l'accord de Paris."

  • Pourquoi faire cette analyse ?

    Selon le rapport du Giec publié en août 2021, le réchauffement de la température sur Terre devrait atteindre +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle entre 2021 et 2040, bien plus tôt que les précédentes estimations. "Le changement climatique est une menace pour le bien-être de l'humanité et la santé de la planète. Tout retard dans la mise en œuvre d'une action concertée (...) nous fera rater la courte fenêtre d'opportunité, qui se referme rapidement, pour garantir un avenir vivable et durable pour tous", alertaient encore les experts dans le deuxième volet de leur rapport en février

  • "Concrètement, comment fait-on pour aboutir aux objectifs fixés par les traités internationaux ou à ce que préconise le Giec ? La neutralité en 2050, comment on y arrive ? Il ne suffit pas de faire de la poésie sur le local", notait auprès de franceinfo le politologue Daniel Boy, spécialiste en écologie politique, estimant qu'"un programme écologiste doit être technique"
  • Qui sont Les Shifters ?

    Les Shifters sont les bénévoles d'une association créée en 2014. Elle compte plus de 9 000 membres, dont une majorité d'ingénieurs, selon son dernier rapport de gestion. Elle a été créée pour soutenir The Shift Project, un groupe de réflexion spécialisé sur la transition énergétique de notre économie, dirigé par l'ex-journaliste Matthieu Auzanneau, spécialiste des questions pétrolières, et présidé par Jean-Marc Jancovici, membre du Haut Conseil pour le climat. The Shift Project est financé par des dons d'entreprises comme EDF, la SNCF ou Bouygues. Ce n'est pas le cas des Shifters, qui sont eux principalement financés par les cotisations de leurs adhérents.

  • Pour réaliser cette analyse, l'association défend une "exigence scientifique et technique" et une approche non-partisane, raisons pour lesquelles franceinfo a fait appel à eux. On peut ainsi noter que, s'il est régulièrement reproché au Shift Project et à son fondateur de défendre l'énergie nucléaire, les deux candidats les plus proches des objectifs climatiques selon l'analyse des Shifters sont tout deux des opposants historiques de l'atome.
  • Comment avons-nous travaillé ?

  • Cette analyse a nécessité plusieurs mois de travail aux parties prenantes. Pour publier ces analyses, franceinfo et Les Shifters se sont basés sur les programmes écrits des candidats.
  • comparées avec les orientations de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Ce document est la feuille de route de la France pour conduire la politique de diminution de ses émissions et ainsi respecter l'accord de Paris dont l'objectif est de limiter le réchauffement global à +2 °C. Jusqu'à présent, la France a échoué à respecter les engagements qui y sont inscrits.

    L'intégralité des résultats de ce travail est publiée sur le site des Shifters et une synthèse, plus courte, sur franceinfo.fr. Ces deux approches se distinguent sur deux points : Les Shifters n'ont pas effectué d'évaluation globale des candidats mais, dans un souci de lisibilité et de concision, franceinfo.fr a décidé de les regrouper

  • ces analyses traitent exclusivement de la possible réduction des émissions de gaz à effet de serre, responsables de la hausse des températures globales

 

Réchauffement climatique : "Il n'y a pas beaucoup de candidats à la présidentielle irréprochables dans leur compréhension du problème", constate Jean-Marc Jancovici

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/rechauffement-climatique-il-n-y-a-pas-beaucoup-de-candidats-a-la-presidentielle-irreprochables-dans-leur-comprehension-du-probleme-constate-jean-marc-jancovici_5036201.html

  • Comment avez-vous mené cette analyse des programmes ?

  • la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), qui est la traduction en France de l'accord de Paris et notre feuille de route, secteur par secteur. C'est un peu le b.a.-ba pour respecter nos engagements climatiques. Le futur président ou la future présidente devra engager ses réformes en lien avec cette stratégie.

    Nous avons ensuite décidé de nous appuyer sur les propositions écrites, présentées par les candidats sur leur site ou dans leur programme, parce que ce sont celles qui les engagent le plus. Nous avons considéré toutes les propositions qui avaient un impact favorable ou défavorable sur le climat, peu importe qu'elles soient estampillées écologiques ou pas.

    On a croisé avec la SNBC. L'idée était de regarder si cela allait dans le sens de cette stratégie ou si c'était antagoniste. Ensuite, on a cherché à qualifier les mesures, pour voir sur quels leviers les candidats s'appuyaient. On a par exemple regardé s'ils misaient sur la technologie ou la sobriété, sur l'incitation ou l'obligation. Une soixantaine de bénévoles a travaillé sur ce projet, pendant deux mois.

  • Beaucoup de programmes parlent de décarbonation à l'horizon 2050, mais aucun ne couvre toutes les orientations de la SNBC. Avec le manque de précision sur les mesures et la façon dont ils comptent les mettre en œuvre, on peut encore largement se questionner sur la capacité des candidats à réaliser leur ambition. Est-ce qu'ils se sont donné les moyens de la mettre en œuvre ? Cela ne transparaît pas. A contrario, on identifie un certain nombre de mesures antagonistes les unes avec les autres. Cela montre que le sujet n'est pas pris d'une façon globale.
  • Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project : Ce qui ressort de l'ensemble des programmes, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui sont irréprochables dans leur compréhension du problème à traiter. Là où il y a des différences entre les uns et les autres, c'est sur la compréhension des enjeux liés au changement climatique. Par contre, sur la place de l'énergie dans notre économie et les enjeux de sobriété, ils sont tous au même niveau : ils n'ont pas bien compris. Après, je ne suis pas capable de faire la différence aujourd'hui entre ceux qui n'ont pas compris l'enjeu et ceux qui ont très bien compris, mais ne veulent pas le dire. C'est sans doute un mélange des deux.

    On ne sent pas non plus chez les candidats la capacité à proposer un programme qui résiste à un ou deux gros coups du sort par mandat, comme une guerre en Europe ou un confinement. Ils continuent d'être dans un logiciel où la crise est la faute à pas de chance, alors que le changement climatique et l'approvisionnement énergétique en provoqueront.

  • D'une manière générale, les candidats ont beaucoup de mal à promettre "du sang et des larmes". C'est facile quand vous êtes au pouvoir, mais plus difficile quand vous êtes candidat. L'idée qu'il va falloir faire avec moins de moyens est très compliquée à mettre en avant dans le cadre d'une élection qui est quand même une surenchère de promesses. C'est difficile de dire "Je vous promets moins". Cela demande beaucoup de doigté et une connaissance très fine du problème à traiter.

    Sur l'incitation et l'obligation, cela revient à se demander si on a le temps pour faire cette transition ou si on n'a pas le temps et qu'il faut planifier, donc contraindre un peu les gens. Planifier, c'est restreindre notre degré de liberté à court terme contre une augmentation de notre liberté et de notre sécurité à moyen-long terme. Nous avons tous fait une planification en faisant des études. Quand vous êtes enfant, on vous contraint pour aller à l'école : vous ne pouvez pas jouer au foot ou vous rouler dans la boue toute la journée. Vous allez à l'école en échange d'une liberté de choix plus grande pour votre vie d'adulte. C'est exactement la même chose pour notre société. Il faut qu'on accepte de se contraindre à court terme pour se donner plus de choix et de confort à plus long terme.

  • Pierre-Louis Vernhes, membre des Shifters : L'autre élément qui ne transparaît pas dans beaucoup de programmes, c'est le fait de se dire qu'il faut un plan organisé pour résoudre cette question-là. La transformation doit se faire vite et demande une organisation. Un autre manque que l'on peut mentionner, c'est la formation. Ces changements vont nécessiter un nombre de reconversions professionnelles important, et on ne voit pas dans les programmes les moyens d'accompagner les secteurs qui vont devoir se reconvertir. Enfin, côté agriculture, peu de candidats ont conscience que la viande est la composante principale des émissions de gaz à effet de serre du secteur.
  • Pour le bâtiment, la rénovation thermique est présente dans la plupart des programmes. Pour les transports, la promotion de la voiture électrique est assez largement partagée. Plusieurs candidats proposent également d'investir dans le ferroviaire.
  • Les secteurs traités sont ceux qui font un peu consensus, où il y a déjà une prise de conscience et qui sont les moins préjudiciables en termes de changement d'habitude. La mobilité, c'est hyper important autant en termes d'émissions qu'au quotidien. On a bien vu qu'on ne pouvait pas augmenter comme ça les prix du carburant. Il faut donc l'accompagner, mais les candidats sont très frileux sur ces questions-là.
  • Le changement ne viendra pas tant du président ou de la présidente en place que de la pression qui va s'exercer sur elle ou lui, la pression de l'opinion publique ou des crises.

 

Quel quinquennat pour le climat ? Analyse des programmes ds candidats par rapport aux enjeux Energie et Climat - Méthodologie, The Shifters, 20 mars 2022

https://presidentielle2022.theshifters.org/methodologie/

  • Les lois de la physique ne sont pas négociables et ne peuvent pas non plus être soumises à un référendum. Au contraire, elles nécessitent aujourd’hui des transformations importantes de notre société, au premier des rangs desquelles la sortie des énergies fossiles qui représentent encore aujourd’hui plus de 60% de la consommation finale d’énergie de la France.

    Par ailleurs, l’ampleur des transformations nécessaires impose, pour les rendre réalisables, un objectif, un chemin et une approche globale notamment pour anticiper les impacts et les évolutions sur les compétences et l’emploi.

    Il est dès lors important que chaque citoyen puisse évaluer la cohérence et la désirabilité des différents chemins proposés par les candidats à l’élection présidentielle.

  • L’analyse se propose d’utiliser comme référence la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), introduite en 2015 par la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte, et qui définit une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire français pour viser la neutralité carbone en 2050.

    Pourquoi se baser sur la SNBC ? 

    La SNBC engage l’État français et le prochain président de la République se devra de mettre en œuvre les politiques publiques permettant le respect de cet engagement ; contrairement à la première période de la SNBC (2015-2018) pour laquelle les objectifs n’ont pas été atteints[1].

    Si elle n’est pas exempte de certaines limites (soulevées notamment par The Shift Project)[2], la SNBC constitue donc un référentiel de base en matière de décarbonation que tout candidat à l’élection présidentielle se devrait de prendre en compte.

     

Crise climatique : on a épluché les programmes des candidats à la présidentielle pour voir s'ils respectent l'accord de Paris, France Info, 29 mars 2022

https://www.francetvinfo.fr/elections/programmes-election-presidentielle-2022/programmes-climat/exclusif-crise-climatique-on-a-epluche-les-programmes-des-candidats-a-la-presidentielle-pour-voir-s-ils-respectent-l-accord-de-paris_5033276.html

"Celui ou celle qui remportera l'élection présidentielle devra prendre des décisions importantes pour limiter le réchauffement climatique. En collaboration avec l'association Les Shifters, franceinfo vous propose une analyse détaillée des mesures proposées par les prétendants à l'Elysée."

  • 2030, date à laquelle la France devra avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 40% pour respecter l'accord de Paris sur le climat.

    Pour ce faire, il ou elle trouvera sur son bureau la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), un document officiel qui décrit, secteur par secteur – transports, bâtiments, agriculture, industrie, etc. – les efforts importants à réaliser. Une feuille de route que les gouvernements successifs peinent à respecter depuis sa mise en place en 2015.

    Les programmes des candidats sont-ils compatibles avec ces objectifs ? C'est la question à laquelle a voulu répondre franceinfo, à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle 2022. Cet article présente une vue d'ensemble de l'évaluation des programmes et, pour chaque candidat, un résumé de l'analyse des Shifters.

  • L'analyse des douze programmes montre que les candidats sont globalement éloignés des objectifs fixés par la Stratégie nationale bas carbone.
  • Trois candidats – Marine Le Pen (Rassemblement national), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) et Jean Lassalle (Résistons) – présentent même des mesures contraires à la SNBC, notamment dans le domaine de l'énergie.

[J'ai retenu Jadot et Mélenchon parce que ce sont les seuls programmes qui se rapprochent de la SNBC et Macron parce qu'il sera élu...]

  • Yannick Jadot. Le candidat écologiste couvre la totalité des secteurs de la SNBC, avec des mesures cohérentes avec celle-ci. Parmi elles, Les Shifters mentionnent la production d'énergie d'origine 100% renouvelable, le calcul généralisé du bilan carbone des grandes entreprises pour orienter leurs décisions ou encore l'adaptation des emplois. Le candidat va parfois plus loin, comme avec son objectif de réduction de 65% des émissions importées à horizon 2050 (par rapport à 2005). Les Shifters identifient toutefois deux oublis, au regard de la SNBC. Son programme ne parle pas de l'abandon du chauffage au fioul ou au gaz fossile des bâtiments. Autre manque : les secteurs industriels "particulièrement émetteurs" de la chimie et de la construction ne sont pas traités dans son programme.
  • Emmanuel Macron. Les propositions du président sortant sont "généralement cohérentes avec la SNBC", comme sa volonté de construire de nouveaux réacteurs nucléaires ou de décarboner l'industrie lourde. Mais si le candidat fixe des objectifs précis, les moyens d'y parvenir sont rarement précisés. Il mise "surtout sur la technologie", notamment dans les transports, ce qui "laisse des incertitudes quant à la réalisation de la décarbonation dans les délais". La sobriété est absente de son programme, tout comme le développement du ferroviaire, la réorientation des subventions et investissements défavorables au climat, l'accompagnement social de la transition ou encore la préservation des sols.
  • Jean-Luc Mélenchon. Son programme est complet sur l'environnement, puisqu'il "couvre la totalité des secteurs", et Les Shifters le jugent "cohérent" avec la Stratégie nationale bas carbone. Ils relèvent qu'il présente "un plan d’investissement complet, une gouvernance et la mise en place d’une planification concertée pour favoriser leur mise en œuvre". Le candidat de La France insoumise est l'un des rares à traiter de la consommation de viande et propose notamment la sortie de l'élevage industriel. "Quelques angles morts" sont identifiés mais, dans l'ensemble, Les Shifters soulignent que son programme "se distingue par l'intégration forte de l'enjeu de justice sociale à celui de la transition bas carbone" par la suggestion d'"un ralentissement de la société" et "de multiples propositions autour de ces enjeux à l’échelle internationale".

 



Quel quinquennat pour le climat ? Notre décryptage des programmes, The Shifters, 20 mars 2022

https://presidentielle2022.theshifters.org/decryptage/

"Tous les récents rapports scientifiques montrent que la question climatique et les choix politiques, économiques, sociétaux qui en découlent devraient être centraux. Or, l’analyse que nous avons menée sur les programmes des candidats à l’élection présidentielle nous montre que nous sommes très loin du compte pour diviser par cinq notre empreinte carbone d’ici 2050. Si l’objectif de la neutralité carbone en 2050 est repris par beaucoup, il reste une ambition lointaine sans point d’étape intermédiaire pour l’atteindre."

  • La décarbonation est ainsi le plus souvent considérée comme une thématique isolée, avec une portée limitée, et très peu de candidats envisagent d’intégrer cette dimension à l’ensemble des décisions qu’ils auront à prendre durant leur mandat. 
  • Un rôle essentiel de la planification consiste à réaliser les arbitrages, dans un cadre démocratique et en assurant l’équité sociale. La compétition entre les différents secteurs pour les ressources énergétiques décarbonées disponibles en quantité limitée serait ainsi arbitrée par d’autres mécanismes que le marché. 
  • Autre signe du faible niveau de planification de la transition, très peu de programmes affichent des mesures pour accompagner en termes de compétences et d’emplois les secteurs en mutation.
  • l’effort budgétaire promis est largement insuffisant au regard des enjeux. Les considérations court-termistes prennent ainsi le pas sur des investissements pourtant indispensables aujourd’hui pour éviter des conséquences encore plus dramatiques et coûteuses d’ici quelques années. 

    La plupart des candidats ne proposent donc pas une vision systémique et anticipée de la transition, mais proposent des mesures parcellaires qui ne permettront pas à elles-seules de répondre à nos engagements de l’accord de Paris.

  • Certains leviers de décarbonation font l’objet de propositions convergentes de la part des candidats (Cf. Infographie 1). La rénovation des bâtiments – mesure qui présente l’avantage de créer une activité économique significative dans le secteur du bâtiment et ne pas nécessiter de changement d’habitude – est ainsi plébiscitée. De même, le développement de l’agriculture biologique, qui rencontre un écho positif dans la population, est régulièrement évoqué. La voiture électrique qui impacte faiblement les habitudes de mobilité existantes fait également partie des propositions récurrentes, celle-ci n’étant malgré tout pas suffisante pour répondre aux enjeux du secteur.
  • Cependant, les candidats se risquent peu à proposer des mesures qui impliquent des changements de consommation ou de production. Ainsi, la diminution de la part carnée dans l’alimentation, à contre pied de la hausse de la consommation de viande associée à la hausse du niveau de vie depuis deux siècles, est abordée de manière marginale et euphémisée par les candidats. La transition vers les mobilités douces, le ferroutage, ou encore la cyclo-logistique – qui nécessitent des changements de référence dans une société habituée à disposer d’une énergie abondante et relativement peu chère – n’est ni suffisamment réglementée ni suffisamment accompagnée pour créer le basculement rapide nécessaire.  Par extension, aucune réflexion n’est donc apportée sur une transformation approfondie de notre environnement quotidien. La possibilité de penser différemment l’organisation de nos lieux de vie et d’activité, ou l’évolution du partage des voiries entre les différents usages, ne sont ainsi jamais évoquées.

    La promotion d’un modèle d’automobile partagée, ou la réduction de la taille et de la puissance des véhicules, par incitation ou obligation, mesures peu favorables au secteur de l’industrie automobile, sont aussi très régulièrement absents

  • la transition implique d’importantes questions d’équité sociale auxquelles les candidats présentent peu de réponses, et parfois à l’opposé des évolutions nécessaires. Bon nombre de candidats promettent par exemple de limiter la hausse des coûts des véhicules individuels (via par exemple la baisse du prix des péages) favorisant ainsi  leur usage au lieu de le réduire. Très peu de candidats font ainsi l’effort de proposer une “transition juste” combinant l’équité dans les changements pour des pratiques sobres et l’accompagnement financier des investissements de transition.
  • Tous les scénarios de transition énergétique de la littérature montrent que la décarbonation implique nécessairement la réduction de la consommation d’énergie, réduction ne pouvant s’obtenir que grâce à l’activation simultanée des leviers d’efficacité énergétique et de sobriété. 

    La sobriété implique une baisse de l’usage et donc un changement de pratique, que ce soit un renoncement (plus d’avion du tout), une réduction (partir moins souvent mais plus longtemps), ou une substitution (utiliser le vélo plutôt que la voiture). La notion de sobriété a ainsi émergé dans les discours et les propositions de plusieurs candidats – avec par exemple l’interdiction des vols inférieurs à une certaine durée – sans toutefois gagner une place suffisante (Cf. Infographie 2). Elle est même parfois utilisée en la détournant de son sens impliquant un changement d’usage, pour désigner un gain d’efficacité énergétique

  • Les candidats privilégient ainsi régulièrement les approches technologiques (mise en place de véhicules électriques par exemple) sans nécessairement y associer des mesures complémentaires de sobriété (par exemple diminution de la vitesse sur autoroute). L’avantage, de leur point de vue, de ces approches technologiques et en particulier de l’innovation sont nombreux : au-delà de l’imaginaire positif projeté par ceux-ci, l’activité économique qu’ils créent pour des entreprises est importante. Pourtant, ces avancées technologiques induisent parfois des changements de mix énergétique ou d’utilisation de ressources qui sont rarement anticipés. L’avion à l’hydrogène impliquera ainsi une consommation accrue d’électricité, alors même qu’en produire de manière suffisante et décarbonée n’est pas garanti par les scénarios proposés.  

    De plus, ces avancées représentent parfois de véritables paris (Cf. Infographie 3) puisque leur date de disponibilité ou même leur performance effective restent incertaines. Ces innovations de rupture devraient donc davantage être vues comme des approches complémentaires permettant en cas de succès de relâcher l’effort de sobriété, plutôt que des solutions à part entière.

  • Par ailleurs, les candidats tendent à privilégier les leviers incitatifs : soutien financier, conditionnalité des aides, etc. (Cf. Infographie 4). Si cette approche contribue à améliorer l’acceptabilité des mesures, dans la situation d’urgence à agir, elle rend incertaine la maîtrise du calendrier et l’ampleur de ses effets. 
  • La science doit être écoutée mais elle ne fournit pas de mode d’emploi. Des choix politiques doivent être faits pour trouver les équilibres entre les contraintes physiques et les questions sociétales. Comme le montre notre analyse, le débat démocratique sur ces questions n’advient malheureusement pas dans cette campagne présidentielle 2022. 

    La planification et la gouvernance de la transition écologique sont clés pour rendre celle-ci possible, juste et suffisamment rapide. C’est un exercice de démocratie aussi exigeant qu’essentiel. Il commence par un bulletin de vote et doit se poursuivre au-delà dans chacune de nos actions, décisions, prises de position, pour mobiliser le plus grand nombre face aux enjeux de la situation exceptionnelle qui est la nôtre.

    Nous sommes collectivement devant des choix de société difficiles mais assumer ces choix serait un signe de notre maturité en tant que société qui réintègre les réalités physiques et le temps long dans sa relation au monde.

     


    Fin de la première partie. Il nous reste maintenant à lire l’analyse plus détaillée des programmes des candidats par les Shifters et leur analyse trans-programme par secteurs d’activité.

     

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