Sommaire
- L'intérêt général doit être public
- La désobéissance civile est-elle acceptable si c'est le seul moyen d'éviter une catastrophe climatique ?
- Énergie : pas de bras, pas de chocolat
- Sécheresse ici et ailleurs
- France
- Le Chili annonce un plan de rationnement de l'eau sans précédent alors que la sécheresse entre dans sa treizième année
- États-Unis : confronté à une sécheresse extrême, le lac Powell est au plus bas
- Le modèle d'affaire de la plus grosse usine de séquestration de carbone au monde ne fonctionne pas
- UE : conseil des affaires étrangères et embargo sur les combustibles fossiles russes
- Il y a la guerre mais les affaires continuent
- L’Allemagne, son énergie et son économie
- La consommation de gaz baisse considérablement
- 220 milliards d'euros en péril si le gaz russe est coupé
- L'économie allemande se contracterait de 2 % en cas d'embargo sur l'énergie russe - économistes
- Le gouvernement fédéral veut soutenir l'industrie énergétique avec des milliards de crédits
- “remplir le trésor de guerre de poutine” - critique acerbe des subventions publiques à l'électricité
- Habeck prévoit de nouvelles incitations pour l'industrie de l'électricité verte en difficulté
- RIP GNL : pas d'augmentation de la production de gaz de schiste américain dans les tuyaux
- Histoire et géopolitique de l'énergie : les américains ont poussé les européens vers l'urss
- Pétrole : flash sur les marchés de dérivés
- Pénurie & goulets d'étranglement
- Pénurie de matériaux : la CAPEB 74 tire la sonnette d’alarme
- Belgique: goulets d'étranglement dans l'industrie alimentaire
- La grève chez Amazon
- Les règles du commerce international et des prêts internationaux contraignent les pays en développement
- Le patrimoine des ménages si le monde n'avait que 100 dollars en poche
- Sur les guerres de l'information
L'intérêt général doit être public
« La publicité est la sauvegarde du peuple », affirmait, le 13 août 1789, Jean-Sylvain Bailly qui venait d'être proclamé maire de la Commune de Paris. “Autrement dit, tout ce qui est d'intérêt public doit être rendu public : tout ce qui concerne le sort du peuple, tout ce qui est fait en son nom, tout ce qui relève de sa souveraineté.” Edwy Plenel, 2020
La désobéissance civile est-elle acceptable si c'est le seul moyen d'éviter une catastrophe climatique ?
« À la lumière des diverses manifestations contre le changement climatique qui se déroulent au Royaume-Uni, l'écrivaine et philosophe morale Elizabeth Cripps se demande si ceux qui enfreignent la loi sont toujours “moralement corrects face à une catastrophe future”. Alors que dans les “démocraties dites libérales”, les gens ont le “devoir moral” d'obéir à la loi dans le cadre de leur “contrat implicite avec le gouvernement qu'ils ont élu”, Elizabeth Cripps se demande “ce qui se passe lorsque le gouvernement ne respecte pas sa part du marché”. Elle examine les arguments qui s'y rapportent et conclut : “Lorsque les générations futures se pencheront sur cette période, comme nous nous penchons sur les campagnes précédentes qui ont marqué l'époque, elles se demanderont qui a fait preuve de plus de respect pour la justice et la démocratie : les militants que nous sommes si nombreux à trouver dérangeants, ou les gouvernements qu'ils tentent de réformer. Je pense que nous savons quelle sera leur réponse”. » Daily Briefing, Carbon Brief, 12 avril 2022
Énergie : pas de bras, pas de chocolat
« Imaginons un camp de scouts, pas un scout, mais toute une colonie. Pour étancher leur soif, tous les kilomètres, un agriculteur a installé des citernes d’eau. Vraiment sympas ces agriculteurs. Au début, par jour, la tâche d’aller chercher de l’eau est attribuée à un scout. Il passe 4 heures à faire des allers-retours et la vie est belle au camp. Puis, pas de bol diront certains, ou c’était prévisible diront d’autres, diantre, la 1ère citerne est vide !! La seconde étant deux fois plus loin, il faut donc deux fois plus de temps ou deux fois plus de scouts pour ramener la même quantité d’eau au camp ; sans compter que trimbaler des kilos d’eau sur des kilomètres, ça donne des kilos soif aux porteurs. On évitera également la solution d’assoiffer les scouts dont la couleur verte rappelle clairement qu’il faut les arroser régulièrement. Et donc, la vie est toujours belle au camp mais un peu moins.
Puis hasard des choses, la seconde tombe à sec puis la troisième, coïncidence ? la septième, complot ? Non, les citernes se tarissent tout simplement. Bref, au bout d’un certain temps, la moitié des scouts doivent aller chercher l’eau. Du coup, sur le camp, il y a moins de scouts pour jouer, cuisiner, préparer les veillées ou réparer les infrastructures et la vie n’est plus du tout belle au camp, certains parlent même de dictature aqueuse et le ciel s’assombrit.
Plus d’énergies, pour moins d’énergie
Dans la vraie vie, nous nous trouvons dans la même situation avec l’énergie. Nous sommes en train d’attribuer de plus en plus d’énergies (sous toutes ses formes) pour soutenir la croissance économique mondiale. Comment en sommes-nous arrivés là ? (…) il devient de plus en plus difficile d’obtenir l’énergie facile pour soutenir notre société actuelle. Faut-il continuer tête baissée ou freiner ? Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, il n’y a que des conséquences à connaître et à assumer le plus démocratiquement possible. (…) En effet, nous avons atteint, voire dépassé, un maximum de consommations. Il va falloir faire avec de manière subie ou choisie. (…) Du côté politique, tant que la décroissance énergétique ne sera pas largement admise, bâtir un programme ouvertement décroissant est un suicide politique. Un proverbe exprime assez bien ceci “Rien ne sert d'avoir raison, si on a raison tout seul.” » Energie : Dans la physique les miracles n’existent pas, Thomas Norway, 28 mars 2022
Sécheresse ici et ailleurs
France
« Trois « arrêtés sécheresses » sont mis en place dans les départements de Maine-et-Loire et de Mayenne dès le mois d’avril. En cause, la « baisse précoce des débits des cours d’eau et la faible recharge des nappes d’eau souterraine » » Sécheresse : restrictions sur l’eau en Maine-et-Loire et en Mayenne, Reporterre, 13 avril 2022
Le Chili annonce un plan de rationnement de l'eau sans précédent alors que la sécheresse entre dans sa treizième année
« Le Chili a annoncé un “plan sans précédent” de rationnement de l'eau pour la capitale Santiago, une ville de près de 6 millions d'habitants, rapporte Reuters. Cette mesure intervient alors que la “sécheresse punitive et record de la capitale entre dans sa 13e année”. L'agence de presse poursuit : “Le plan prévoit un système d'alerte à quatre niveaux, du vert au rouge, qui commence par des messages d'intérêt public, passe à la réduction de la pression de l'eau et se termine par des coupures d'eau tournantes pouvant aller jusqu'à 24 heures pour environ 1,7 million de clients. Le système d'alerte est basé sur la capacité des rivières Maipo et Mapocho, qui fournissent la majeure partie de l'eau de la capitale et dont les niveaux d'eau ont baissé à mesure que la sécheresse se prolonge. Le gouvernement estime que la disponibilité de l'eau dans le pays a diminué de 10 à 37 % au cours des 30 dernières années et qu'elle pourrait encore baisser de 50 % dans le nord et le centre du Chili d'ici 2060. » Daily Briefing, April 12, 2022
États-Unis : confronté à une sécheresse extrême, le lac Powell est au plus bas
« Le second plus grand réservoir artificiel d'eau des États-Unis est confronté à une sécheresse extrême alors qu'il alimente en eau des millions d'Américains. (…)
ce lac artificiel aux couleurs irréelles est également le deuxième plus grand réservoir d'eau des États-Unis lorsqu'il est plein. Après plusieurs dizaines d'années de sécheresse, le lac est actuellement à son niveau le plus bas jamais enregistré depuis sa création en 1963. (…)
le lac Powell s'étire sur 300 kilomètres et fournit de l'eau à 40 millions d'Américains. Il irrigue également 2,2 millions d'hectares de terres cultivées et génère plus de 4.200 mégawatts d'hydroélectricité. Mi-mars dernier, le niveau du lac s'est abaissé à 1.074 mètres sous le niveau de la mer, du jamais-vu. Un niveau aussi bas à cette époque de l'année est d'autant plus étonnant que celui-ci atteint généralement son pic annuel entre le milieu et la fin du printemps, au moment de la fonte des neiges des montagnes Rocheuses.
En cause, la pire sécheresse enregistrée sur l'ouest des États-Unis depuis 22 ans, depuis le début des analyses de l'US Drought Monitor. Les précipitations tombées sur la période janvier-mars sont si faibles dans l'ouest américain qu'elles approchent des niveaux records. La sécheresse sévit actuellement sur 61 % du territoire américain. Actuellement à seulement 25 % de sa capacité, le niveau du lac n'est plus qu'à quelques mètres du « bassin énergétique minimal », le niveau minimum à partir duquel le barrage est capable de produire de l'énergie hydroélectrique. Si l'eau continue de baisser, elle ne pourra également plus s'écouler à travers le barrage et cela engendrera des problèmes d'approvisionnement pour l'agriculture, la population et la biodiversité. » Le lac Powell est au plus bas, confronté à une sécheresse extrême, Futura Planète, 14 avril 2022
« Cette animation montre les changements de surface du réservoir près de Bullfrog Marina, à environ 155 km au nord du barrage de Glen Canyon, entre mars 2018 et mars 2022. Les conditions d'assèchement et la baisse des niveaux d'eau sont indubitables sur l'image capturée le 18 mars 2022, par rapport au rivage de 2018 souligné en jaune sur l'image. » The European Space Agency 11 avril 2022 |
Le modèle d'affaire de la plus grosse usine de séquestration de carbone au monde ne fonctionne pas
« L'installation CCUS (capture, utilisation et stockage du carbone) de Shute Creek d'ExxonMobil est le plus grand projet de capture du carbone au monde. Mais depuis son lancement dans les années 1980, la moitié de ce CO2 a été rejetée dans l'atmosphère, le reste étant vendu pour être pompé dans le sous-sol afin d'extraire davantage de pétrole des puits en déclin (récupération assistée du pétrole). Seuls 3 % ont été séquestrés dans le sous-sol, expliquent Bruce Robertson et Milad Mousavian de l'IEEFA, à la suite de leur étude fondée sur des données publiques et sur les déclarations des entreprises. Selon eux, ce modèle commercial “vendre ou ventiler” est défaillant. Il est très sensible au prix du pétrole : lorsque le prix du pétrole est bas, l'installation vend moins et évacue [dans l'atmosphère] la plus grande partie de son CO2. Par conséquent, l'installation n'a pas capté le volume de CO2 pour lequel elle a été conçue, pour des raisons économiques plutôt que techniques. Entre-temps, ces projets reçoivent des subventions et sont présentés comme des acteurs importants du défi de la séquestration du carbone. Plus de 70 % de tous les projets de séquestration du carbone dans le monde sont des projets CCUS et sont utilisés pour la récupération assistée du pétrole. La plupart des 30 % restants sont des projets de CCS (sans la fonction “utilisation”). Alors que l'industrie continue de chercher un modèle commercial de captage du carbone qui soit économiquement viable, les auteurs concluent que Shute Creek ne l'est pas. » World’s biggest Carbon Capture project: Shute Creek’s “sell or vent” business model isn’t working, Energy Post, April 11, 2022
UE : conseil des affaires étrangères et embargo sur les combustibles fossiles russes
« Aujourd’hui [lundi 11 avril] a lieu un conseil des affaires étrangères avec, à l’ordre du jour, la situation en Ukraine et les sanctions contre la Russie. Un embargo sur le pétrole, ainsi que la hausse de l'aide militaire, devraient être à l’ordre du jour. (…)
L’embargo sur le gaz et le pétrole, [est] toujours en discussion. Alors que le cinquième paquet de sanctions à l’encontre de la Russie, annoncé le 7 avril, vise les importations de charbon (embargo à partir du mois d'août), la pression politique pour arrêter les importations de gaz et de pétrole monte : le Parlement européen a voté jeudi dernier une résolution se positionnant pour un embargo “total et immédiat” sur le gaz, le pétrole et le charbon russes, adoptée à une large majorité. Mario Draghi a par ailleurs annoncé que l’Italie suivrait la décision de l’Union et ne s’opposerait pas à l’embargo qui pèserait particulièrement sur son économie. Il se rendra aujourd'hui en Algérie, avec l'objectif d'augmenter les importations de gaz. (…)
En Allemagne, le plus gros importateur européen de gaz russe, l’embargo est encore loin de faire l’unanimité et la coalition tricolore au pouvoir, y compris les Verts, reste frileuse malgré des mesures comme la nationalisation temporaire de Gazprom Germania. L’un des arguments avancés par les commentateurs allemands contre l’embargo – en plus de son effet macroéconomique sur le PIB – est la crainte de ses fortes répercussions sociales et en politique intérieure, du fait par exemple de son impact négatif sur les travailleurs des raffineries d’Allemagne de l’Est. » La Lettre du Lundi, Le Grand Continent, 11 avril 2021
Il y a la guerre mais les affaires continuent
« pendant les guerres intenses, le commerce continue. Le conflit russo-ukrainien en est l'un des exemples les plus récents. La quantité de gaz naturel russe transitant par les pipelines ukrainiens a en fait augmenté dans les semaines qui ont suivi l'invasion, la Russie payant intégralement les frais de transit à l'Ukraine alors même qu'elle faisait pleuvoir des missiles sur le pays. Alors que la guerre conventionnelle entre États réduit en ruines des villes comme Mariupol, les bureaucrates ukrainiens et russes travaillent manifestement ensemble et effectuent des paiements. Ces paiements de droits sont vraisemblablement utilisés pour acheter des équipements militaires à utiliser contre l'autre. » Collapse Won’t Reset Society, Palladium, April 11, 2022
« Le gaz russe vendu à l’Europe transite notamment par le gazoduc Brotherhood, qui traverse le territoire ukrainien. La Russie s’acquitte donc d’un péage à l’Ukraine, mais sans commune mesure avec les revenus qu’elle tire du commerce gazier. » Le transport de gaz entre la Russie et l’Europe rapporte-t-il toujours de l’argent à l’Ukraine?, Libération, 12 avril 2022
l'Allemagne, son énergie et son économie
La consommation de gaz baisse considérablement
« Jakob Schlandt, rédacteur en chef de Tagesspiegel Background Energy & Climate, écrit que “au cours des trois premiers mois de l'année, la consommation de gaz en Allemagne était inférieure de 9,2 % aux chiffres de l'année précédente, selon une nouvelle statistique de la BDEW [association fédérale de la gestion de l'énergie et de l'eau]”. Schlandt fait référence au thinktank bruxellois Bruegel, qui estime que la consommation de gaz dans l'UE a baissé de 7 % au premier trimestre 2022. L'auteur souligne la conclusion des experts de Bruegel : “C'est un début prometteur étant donné que la Russie a envahi l'Ukraine vers la fin du premier trimestre 2022 et que l'UE et ses membres n'ont pas encore mis en œuvre de strictes stratégies d'économie d'énergie”. » Daily Briefing, Carbon Brief, 14 avril, 2022
220 milliards d'euros en péril si le gaz russe est coupé
« Le Tagesschau rapporte que les principaux instituts de recherche économique allemands ont “considérablement réduit leurs prévisions de croissance [économique] pour 2022 de 4,8 % à 2,7 %” et, selon les calculs, l'arrêt de l'approvisionnement en gaz russe “aurait des conséquences dévastatrices pour l'économie allemande”. Reuters couvre également le sujet, ajoutant que “le président de trois commissions parlementaires allemandes a appelé l'Union européenne à imposer un embargo sur le pétrole russe dès que possible”. Le Financial Times note que les conclusions font état de la perte de plus de 400 000 emplois. Les prévisions sont plus pessimistes que la plupart des études antérieures, ajoute-t-il, et “pourraient permettre au gouvernement du chancelier Olaf Scholz de s'opposer aux appels à une interdiction immédiate des importations de pétrole et de gaz russes”. Politico ajoute : “Le rapport indique également qu'un arrêt soudain des approvisionnements en gaz mettrait en péril la production économique allemande à hauteur de 220 milliards d'euros ; ferait grimper l'inflation à 7,3 % cette année, contre un scénario de base de 6,1 % ; et réduirait la contraction du chômage prévue cette année de 5 % actuellement à 5,2 %.” (…) » Daily Briefing, Carbon Brief, 14 avril , 2022
Commentaire: si vous avez bien lu la brève ci-dessus, celle qui suit est trompeuse. Les prévisionnistes économiques ne prévoient pas de récession mais un ralentissement de la croissance économique. En reprenant les chiffres ci-dessus, sans embargo le volume de création de richesse (PIB) passe de 100 à 104,8. Avec embargo, le PIB passerait de 100 à 102,7. Pour qu'il y ait récession le PIB doit diminuer, il passerait par exemple de 100 à 98.L'économie allemande se contracterait de 2 % en cas d'embargo sur l'énergie russe - économistes
« L'Allemagne risque une baisse de 2 % de son PIB en 2023 en cas d'arrêt immédiat des importations de pétrole, de gaz et de charbon russes, ont indiqué les principaux instituts économiques dans leurs prévisions conjointes. Ces prévisions sont conformes à d'autres prévisions récentes, mais contrastent avec les avertissements du gouvernement selon lesquels un arrêt, notamment des importations de gaz en provenance de Russie, plongerait l'Allemagne et l'Europe dans une profonde récession. L'Allemagne subit des pressions de la part d'autres États membres de l'UE pour qu'elle accepte un embargo total sur les combustibles fossiles russes. (…)
En raison du niveau élevé d'incertitude concernant les livraisons de gaz de la Russie, qui sont importantes pour l'économie allemande, les instituts ont calculé deux scénarios de développement économique dans leurs prévisions. L'un suppose la poursuite des livraisons de gaz et l'absence d'escalade économique (scénario de base), l'autre suppose un arrêt immédiat des livraisons de gaz russe (scénario alternatif). Dans le scénario d'un embargo immédiat, le produit intérieur brut (PIB) chute de 2,2 % en 2023. La perte cumulée de PIB en cas de gel de l'approvisionnement s'élève à 220 milliards d'euros pour les deux seules années 2022 et 2023, ce qui équivaut à plus de 6,5 % de la production économique annuelle.
L'Allemagne subit une pression considérable de la part des autres États membres de l'UE pour qu'elle signe un embargo énergétique complet sur les approvisionnements en pétrole et en gaz naturel russes. Cependant, le gouvernement a maintes fois prévenu qu'en sevrant le pays du gaz russe, il plongerait l'Europe dans une récession et mettrait en danger des centaines de milliers d'emplois. L'UE - avec le soutien de l'Allemagne - a récemment décidé d'arrêter les importations de houille en provenance de Russie, mais a convenu d'une période de retrait progressif de quatre mois. Un embargo sur le pétrole est actuellement à l'étude. » L'économie allemande se contracterait de 2 % en cas d'embargo sur l'énergie russe - économistes, Clean Energy Wire, 13 avril 2022
Le gouvernement fédéral veut soutenir l'industrie énergétique avec des milliards de crédits
« Die Zeit rapporte que “les ministres fédéraux allemands Christian Lindner et Robert Habeck ont présenté un dispositif d'aide pour les entreprises touchées par la guerre en Ukraine”. The Independent ajoute que “le programme comprend des prêts d'un montant de 100 milliards d'euros pour couvrir les risques de crédit pris par l'industrie énergétique allemande alors que le pays s'efforce de remplacer les importations de pétrole, de gaz et de charbon russes”. (…)
Dans une interview accordée à l'édition dominicale de Bild am Sonntag, Werner Baumann, vice-président de l'Association allemande de l'industrie chimique, a déclaré que “l'arrêt de l'approvisionnement en gaz [russe] aurait des conséquences catastrophiques pour l'industrie [chimique] en Allemagne et pour les habitants de notre pays”. Il a ajouté que si les importations de gaz en provenance de Russie sont boycottées, l'Allemagne sera menacée par “une vague de chômage, comme nous n'en avons pas vu depuis de nombreuses années”. Le FT rapporte que la société énergétique allemande Eon a exclu de prolonger la durée de vie de sa centrale nucléaire dans le pays, malgré les restrictions énergétiques brutales. » Daily Briefing, Carbon Brief, 11 avril, 2022
“Remplir le trésor de guerre de Poutine” - critique acerbe des subventions publiques à l'électricité
« Le quotidien allemand Die Welt rapporte que, selon les plans préparés par les ministres allemands de l'économie et des finances, “les entreprises aux prises avec des augmentations du coût de l'électricité et du gaz de plus de 100 % entre février et septembre 2022 peuvent recevoir des subventions”. Le journal cite Veronika Grimm, membre du conseil consultatif du gouvernement allemand : “Il est très regrettable de subventionner l'utilisation d'énergie fossile en subventionnant directement la consommation d'énergie lorsqu'il y a de fortes augmentations des coûts.” Cela réduit l'incitation à économiser l'énergie, poursuit-elle. “En fin de compte, cela maintient le prix du gaz élevé sur les bourses. Cela augmente les subventions et remplit en même temps le trésor de guerre de Poutine”, dit Grimm.
Pendant ce temps, le Tagesspiegel rapporte que “alimentée par les prix élevés de l'énergie, l'inflation en Allemagne a dépassé la barre des 7 % en mars pour la première fois depuis la réunification en 1990”, selon l'Office fédéral des statistiques. La nouvelle poursuit : “Les prix à la consommation ont dépassé de 7,3 % le niveau du même mois de l'année dernière”. » Daily Briefing, Carbon Brief, 12 avril 2022
Habeck prévoit de nouvelles incitations pour l'industrie de l'électricité verte en difficulté
« Der Spiegel rapporte que le ministère allemand de l'économie veut aider le secteur des énergies renouvelables car “les entreprises allemandes de l'énergie solaire, éolienne et des câbles électriques sont en proie à d'énormes inquiétudes”. Un autre article de Der Spiegel indique que “le nombre de nouveaux permis et de demandes pour des éoliennes au premier trimestre 2022 était inférieur au niveau de l'année précédente”, ce que le vice-chancelier Robert Habeck décrit comme une “année pathétiquement mauvaise”. L'année dernière, l'augmentation de l'énergie éolienne terrestre a été inférieure à 2 GW. À titre de comparaison, la plus forte augmentation jamais réalisée était de 5GW en 2017. Reuters couvre également l'histoire, en se concentrant sur les commentaires de Habeck : “Alors qu'une série de lois visant à accélérer la transition verte n'entrera en vigueur qu'en 2023, le ministère cherchera à améliorer la vitesse d'obtention des autorisations et le cadre des investissements, à supprimer les obstacles concernant la priorité de l'espace aérien dans les discussions avec l'armée et l'aviation, et à augmenter les effectifs, a-t-il déclaré. » Daily Briefing, Carbon Brief, April 2022
RIP GNL : Pas d'augmentation de la production de gaz de schiste américain dans les tuyaux
« Les producteurs américains de pétrole et de gaz pourraient être en mesure d'augmenter leur production, en particulier s'ils obtenaient un certain allègement réglementaire, mais la dernière enquête de la Fed de Dallas montre qu'ils ne prévoient pas de le faire. Ayant été trop souvent échaudés par le cycle d'expansion/récession, les actionnaires ne veulent pas d'investissements supplémentaires. Ils citent également de graves pénuries de sable, de tuyaux et d'autres matériaux nécessaires à tout nouveau forage. En fait, les producteurs de pétrole ne réagissent pas en mettant les plateformes de forage au travail. » Other Possibilities, John Mauldin, 8 avril 2022
Histoire et géopolitique de l'énergie : les américains ont poussé les européens vers l'URSS
« L'énergie donne lieu à des conflits géopolitiques considérables dont les séquelles durent des décennies. Prenez la crise de Suez en 1956. Le président américain Dwight Eisenhower a utilisé la puissance financière de son pays pour stopper l'action militaire anglo-française contre l'Égypte, destinée à protéger les intérêts énergétiques de l'Europe occidentale au Moyen-Orient. Les États-Unis avaient encouragé ces intérêts, souhaitant protéger pour eux-mêmes l'approvisionnement de l'hémisphère occidental. Atterrés que leur prétendu allié de l'OTAN puisse les trahir, plusieurs pays européens ont commencé à se tourner vers ce qui était alors le pétrole soviétique, et qui est maintenant le pétrole russe. Dans les années 1970, cette relation énergétique soviéto-européenne s'est étendue au gaz. » Helen Thompson, professeure d'économie politique, 11 Mars 2022
Pétrole : Flash sur les marchés de dérivés
« (…) un parasite sur l'aile de la puce fera en sorte que la puce morde le chien, qui secouera sa queue, ce qui pourrait faire chuter l'économie mondiale. (…)
Les projections d'un pétrole à 150 ou 200 dollars ont pu attirer ces acteurs sur le marché. Certains ont même pu réaliser des bénéfices importants. Par exemple, une option d'achat sur le Brent à 150 dollars livrée en décembre 2022 aurait pu être achetée pour moins d'un dollar il y a plus d'un an. Récemment, elle s'est négociée jusqu'à 42 dollars le baril. C'est un pari de casino attrayant.
Les règles appliquées par les principaux marchés à terme pour ceux qui vendent les options (les croupiers) exacerbent la volatilité des prix du pétrole. Une firme qui vend un call accepte un risque financier car elle est tenue de fournir un future à l'acheteur si le prix dépasse le prix d'exercice à l'expiration du contrat. Pour couvrir son exposition, le vendeur de l'option d'achat achètera une fraction d'un future pour chaque option d'achat vendue. Par exemple, une banque peut acheter trois contrats à terme de décembre pour chaque tranche de 100 options d'achat de 150 $ vendues.
Ce processus crée de la volatilité car des contrats à terme supplémentaires doivent être achetés lorsque les prix augmentent. Ces contrats à terme peuvent être vendus lorsque le prix des contrats à terme baisse. Ainsi, lorsque les prix du pétrole augmentent, les institutions financières achètent davantage de contrats à terme, ce qui entraîne une nouvelle hausse des prix. Lorsque les prix baissent, les institutions vendent davantage de contrats à terme, ce qui accentue la baisse. » Le casino du pétrole : L'IA met toutes les chances de son côté, Energy Intelligence, 16 mars 2022
Pénurie & goulets d'étranglement
Pénurie de matériaux : la Capeb tire la sonnette d’alarme
« La Capeb 74 [la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment de Haute-Savoie] s’inquiète face à la pénurie de matériaux et à la flambée de leurs prix. « On est dans une situation contradictoire, explique Gérard Alborini, son président, avec des carnets de commandes pleines et des difficultés d’approvisionnement accompagnées de prix en forte hausse. » Des secteurs sont plus fortement touchés, comme les charpentiers-couvreurs, les entreprises de maçonnerie ou celles qui utilisent des panneaux stratifiés. « Un camion de tuiles commandé aujourd’hui n’arrivera qu’en septembre-octobre, dit-il. Et le camion de ferraille qui coûtait 12 à 13 000 euros atteint désormais plus de 25 000 euros ! » Selon lui, tous les artisans du bâtiment sont impactés par ces coûts à la hausse et ces délais. « Cela devient compliqué de faire des devis et de respecter des délais, sachant qu’il faudra soit répercuter les hausses de prix sur les factures, soit rogner sur les marges. » Pénurie de matériaux : la Capeb tire la sonnette d’alarme, Ecomedia, 7 avril 2022
Belgique: goulets d'étranglement dans l'industrie alimentaire
« Outre le blé et l’huile de tournesol, la Fédération de l'industrie alimentaire belge (Fevia) pointe aussi l’huile de lin, le miel, les ovoproduits, ou les emballages en verre tels que les bouteilles et les bocaux.
Au premier plan des risques de pénuries que suscite la guerre en Ukraine, les observateurs citent souvent le blé et l’huile de tournesol. La Fédération de l'industrie alimentaire belge (Fevia) pointe aussi l’huile de lin, le miel, les ovoproduits, ou les emballages en verre tels que les bouteilles et les bocaux. Les fabricants de pain et de produits de boulangerie, de pâtes et de biscuits, ressentent les effets de la réduction des exportations de blé en provenance de Russie et d’Ukraine.
Quant aux producteurs de produits préparés à base de pommes de terre et de légumes, de plats préparés, de margarines et de minarines, de sauces, de pâtes à tartiner au chocolat, de céréales petit-déjeuner, de produits de pâtisseries, d'aliments médicaux et pour bébés, ils cherchent des solutions alternatives et des ingrédients de substitution. » Industrie alimentaire : voici la liste des produits victimes de pénuries, La Libre, 7 avril 2022
« En raison de la guerre en Ukraine et des problèmes dans la chaîne d'approvisionnement (…) quatre entreprises alimentaires sur 10 indiquent qu'elles pourraient temporairement suspendre ou réduire leur production dans les semaines à venir, ressort-il mercredi d'une étude menée par la Fédération de l'industrie alimentaire belge (…)
une série de produits (farine, huile de tournesol, huile de lin, miel, ovoproduits et même les emballages, pour des raisons également liées à la météo et au Covid) sont menacés de pénurie et les coûts de l'énergie grimpent en flèche, entraînant une explosion des coûts de production.
“La moitié des entreprises alimentaires belges sont confrontées à une rupture d'approvisionnement et 70 % d'entre elles ont déjà dû adapter la composition des produits ou devront le faire prochainement”, illustre la Fevia. “Par ailleurs, la moitié des entreprises alimentaires ont vu leur facture d'électricité au moins doubler en un an et 37 % ont même vu leur facture de gaz tripler”, poursuit-elle. » Quasiment la moitié des entreprises alimentaires belges vont suspendre ou réduire leur production, La Libre, 6 avril 2022
La grève chez Amazon
« Plus d’un millier de salariés d’Amazon ont débrayé entre dimanche et mardi 5 avril dans toute la France, et les actions continuaient en fin de semaine. Objectif : obtenir une hausse des salaires. (…)
Du dimanche 3 au mardi 5 avril, plus de 1 200 employés ont débrayé sur l’ensemble des sites français d’Amazon Logistics. (…) En jeu : l’augmentation des salaires lors des négociations annuelles obligatoires. La direction d’Amazon a proposé aux syndicats 3 % d’augmentation générale. Une somme jugée « dérisoire » par les représentants du personnel, qui réclament 5 % minimum pour pallier la flambée des prix de l’énergie et le bond de 4,5 % de l’inflation. (…) « La nouveauté, c’est cette stratégie de se mobiliser sur des horaires délicats, en entravant les départs de camion. Il y a une connaissance du flux de l’organisation du travail qui a progressé, une volonté d’utiliser stratégiquement l’arme de la grève en maximisant les dégâts, et en minimisant les pertes pour les salariés. » Amazon : les grévistes « maintiennent la pression », Reporterre, 9 avril 2022
Les règles du commerce international et des prêts internationaux contraignent les pays en développement
« le système commercial multilatéral existant dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce rend pratiquement impossible une politique industrielle active par le biais d'entreprises publiques, d'incitations fiscales et de subventions. En outre, une politique industrielle active est également presque impossible avec la consolidation fiscale poussée par les organisations financières internationales telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. » The Human Cost Of Moving Away From Fossil Fuels, Noéma, 7 avril 2022
traduction en français facile : le libre-échange imposé par l'OMC et le serrage de ceinture (ajustements structurels) imposé par les bailleurs internationaux (FMI & co) empêchent les pays émergents et en développement de pratiquer des politiques économiques qui leur soient bénéfiques.
Le patrimoine des ménages si le monde n'avait que 100 dollars en poche
Visualizing the Distribution of Household Wealth, By Country, Visual Capitalist, April 13, 2022 |
Visualizing the Distribution of Household Wealth, By Country, Visual Capitalist, April 13, 2022 |
Sur les guerres de l'information
« Ce qui est en train de se produire est aussi le fruit d'une organisation de l'espace numérique (…) qui est régit par (…) un système d'organisations, une infrastructure, une architecture dont les règles sont édictées par des puissances privées dans une logique marchande (…). C'est destructeur de la démocratie parce que cela favorise (…) [la polarisation et les extrémismes]. » Christophe Deloire, journaliste, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Le sujet débute à 3'40'‘ :
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