La crise de mai 58 [revue de web] 6/6

La fin de la IVe République et le retour au pouvoir du général De Gaulle - témoignages d'acteurs

 Précédemment :


Le général Jouhaud

Dernière mission pour le général Jouhaud (réservé aux abonnés), Le Monde, 21 mai 1984

« [Le général Jouhaud est] ancien chef d'état-major général de l'armée de l'air (…) Serons-nous enfin compris ? C'est le titre de son nouvel ouvrage. “ Mon dernier livre ”, assure-t-il. Son ultime message de colère, car on ne saurait parler de cri tant ce réquisitoire apparaît serein. Un réquisitoire dirigé contre les “ barons ” gaullistes qui entretiennent volontiers l'interprétation selon laquelle les pieds-noirs auraient été les uniques responsables de l'enchaînement dramatique des évènements survenus en Algérie de 1958 à 1962. À preuve de la complicité qui associa les fidèles du général De Gaulle aux chefs de l'armée française en Algérie lorsqu'il s'agit, en mai 1958, de porter au pouvoir l'homme du 18 juin 1940 - vieille controverse, - le général Edmond Jouhaud produit un nouveau document : le témoignage écrit du général Jean-Louis Nicot, ancien major général de l'armée de l'air, qui affirme avoir reçu, par l'intermédiaire de MM. Pierre Lefranc et Michel Debré, le 29 mai 1958, l'aval personnel du général De Gaulle au déclenchement de la fameuse opération “ Résurrection ” qui devait imposer l'homme de Colombey-les-Deux-Églises au président Coty et au Parlement sous la pression des parachutistes transportés, pour la circonstance vers la capitale. (…) »

 

De Gaulle “putschiste” (réservé aux abonnés), Le Monde, 21 mai 1984

« À preuve de son affirmation selon laquelle le général De Gaulle aurait accepté, en mai 1958, de revenir aux affaires par un coup d'État militaire, le général Edmond Jouhaud produit, dans son dernier ouvrage, le témoignage écrit, inédit jusqu'à présent, du général Jean-Louis Nicot, major général de l'armée de l'air, affecté à l'époque à l'état-major des forces armées.

Le 27 mai, accompagné du commandant Vitasse, le général Nicot se rend ensuite rue de Solferino. Il y va, écrit-il “ pour informer ces ” messieurs “ que les trois chefs d'état-major des armées et le général Ely sont d'accord pour permettre le retour aux affaires du général De Gaulle avec le concours et l'appui des forces armées (exception faite du général Lorillot qui n'a pas été mis dans le coup), mais en spécifiant bien que rien ne se ferait sans que les chefs d'état-major aient ” l'accord explicite du général De Gaulle. “ Assistaient à cette réunion, précise-t-il, ” MM. Foccart, Debré, Lefranc, Guichard et d'autres dont j'oublie les noms. Ce qui est certain, c'est que “ les principaux lieutenants ” du général De Gaulle étaient présents et qu'ils nous ont, ce jour-là, assuré que c'était bien le souhait du général De Gaulle de revenir, par ce moyen, aux affaires, étant donné qu'aucune ouverture politique ne semblait se faire jour “.

“ Le général Nicot rend compte de cet entretien aux chefs d'état-major qui restent sceptiques sur les affirmations des fidèles du général. Ils hésitent à s'engager sur le simple accord de l'état-major gaulliste. Ils sont tellement et de toutes parts sollicités pour intervenir qu'ils invitent Nicot à retourner rue de Solferino au plus tôt. Ce dernier s'y rend le 29 mai vers 11 heures.

“ Ces messieurs, écrit le général Nicot, me réitèrent le feu vert du général : Vous pouvez déclencher l'opération. ” J'exige alors qu'on téléphone devant moi à Colombey, car je ne puis faire fond sur l'assertion d'une équipe très excitée." (…) »

 

L'opération Résurrection, Général Edmond Jouhaud, 1977

Général Edmond Jouhaud Ce que je n'ai Pas dit, Pg 99-110, Fayard, 1977
commandant la 5e région aérienne en Algérie et adjoint au général Salan, commandant supérieur interarmées en Algérie à l'époque des faits.

« Le général De Gaulle n'est pas devenu président du Conseil sans rencontrer de nombreuses difficultés. Bien que notoirement incapables de dénouer la crise, les parlementaires s'efforçaient de trouver une solution. Ils excluaient toutefois autant un cabinet d'union nationale que De Gaulle, et la France n'était plus gouvernée.

L'ancien chef de la France libre s'impatientait, mais il désirait manifestement parvenir aux affaires dans la légalité. Il ne fit cependant aucune objection aux intentions de son entourage qui, conscient des obstacles se dressant chaque jour sur le chemin du pouvoir, envisagea une opération militaire, destinée, selon les uns, à clarifier la situation par la force, considérée par d'autres comme une simple menace qui obligerait le gouvernement Pflimlin à s'incliner devant De Gaulle. Ainsi fut élaborée l'opération “ Résurrection ”, dont il convient de préciser quelques points. (…)

Ainsi, “ Résurrection ” n'aurait été qu'une simple menace ? Il n'en est rien, car en Métropole l'opération connut un début d'exécution. (…)

Il faudrait être bien naïf, dés lors, sachant de plus le rôle joué par les émissaires de la rue de Solférino à Alger, pour ne pas admettre que le 13 mai fut un complot gaulliste, appuyé par une sédition militaire. (…) »

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Olivier Guichard

« Il y avait aussi ce qui se passait à Alger. Quels étaient vos rapports avec ce que l’on a appelé l’antenne d’Alger ?

O.G. Les contacts étaient très amicaux et très fréquents, aussi bien avec Léon Delbecque qu’avec Lucien Neuwirth, mais ils ont surtout fait de la transmission. Les rapports avec les militaires ont finalement été traités davantage avec Foccart qui les connaissait mieux que moi.

Et vous rendiez compte au Général de vos contacts…

O.G. Ah oui, oui, il a raconté des histoires après coup, le Général !

Que savait-il ? Qu’ignorait-il ?

O.G. Il savait tout, bien entendu. Il savait tout.

Vous laissait-il faire ?

O.G. Bien sûr, s’il n’avait pas tout su, nous aurions été bien. […] Bien entendu, il était très au courant de tout ce qui se passait, par les généraux Ely, Ganeval, des gens comme ça, mais il n’a pas vu les gens d’Alger à ce moment-là, sauf le général André Dulac, qu’il a reçu à Colombey. Mais il lui a dit : “Dites bien à Salan que je prendrai la situation comme elle se présentera.”

Avez-vous eu des contacts directs avec Salan ?

O.G. Oui, un ou deux, pas très fréquents. Ça s’est passé surtout à travers Foccart. J’en ai eu beaucoup ici, avec les généraux Petit et Cogny. Ce dernier était un peu ambigu, mais Petit a été très bien. Tout ça, c’était des gens qui ont été « Algérie française », mais après tout… » (Avec De Gaulle. Témoignages. Tome 2 : le temps du Rassemblement, Fondation et Institut Charles De Gaulle, Nouveau monde éditions, 2005, pp. 283/284 et 286/287 cité dans Wikipédia : Discussion:Charles De Gaulle/Archive 1)

 

Témoignages publiés par la Fondation Charles De Gaulle

Témoignage d'Olivier Guichard sur les évènements de mai 1958 et le retour au pouvoir du général De Gaulle, oct. 2017

Témoignage de Pierre Pflimlin à propos du retour du Général le 13 mai 1958, Fondation Charles De Gaulle, oct. 2017

Coty et De Gaulle, Francis de BAECQUE, Revue Espoir n°118, 1999.

 

Lucien Neuwirth

Le 13 mai 1958 et le retour du général De Gaulle, Lucien Neuwirth, Le Figaro, 13 mai 2008

« Lucien Neuwirth est porte-parole du Comité de salut public à l'époque des faits.

L'anniversaire de Mai 68 est fortement médiatisé, alors qu'un évènement majeur est passé sous silence : le 13 mai 1958. Le coup d'État déclenché à Alger ce jour-là va entraîner la chute de la IVe République, et donner naissance à un nouveau régime, avec le retour du général De Gaulle au pouvoir. L'un des acteurs principaux se souvient : Lucien Neuwirth, porte-parole du Comité de salut public. (…) »

De Gaulle, l'unique recours possible, L'Express, 6 mai 2008 visualiser ou télécharger le PDF

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