1974, André Gorz visionnaire

Allez lire Leur écologie et la nôtre, par André Gorz, 1974, le texte est court, puissant et visionnaire :
  • les partisans de la croissance ont raison sur un point au moins : dans le cadre de l’actuelle société et de l’actuel modèle de consommation, fondés sur l’inégalité, le privilège et la recherche du profit, la non-croissance ou la croissance négative peuvent seulement signifier stagnation, chômage, accroissement de l’écart qui sépare riches et pauvres. Dans le cadre de l’actuel mode de production, il n’est pas possible de limiter ou de bloquer la croissance tout en répartissant plus équitablement les biens disponibles.
  • Tant qu’on raisonnera dans les limites de cette civilisation inégalitaire, la croissance apparaîtra à la masse des gens comme la promesse — pourtant entièrement illusoire — qu’ils cesseront un jour d’être « sous-privilégiés », et la non-croissance comme leur condamnation à la médiocrité sans espoir. Aussi n’est-ce pas tant à la croissance qu’il faut s’attaquer qu’à la mystification qu’elle entretient, à la dynamique des besoins croissants et toujours frustrés sur laquelle elle repose, à la compétition qu’elle organise en incitant les individus à vouloir, chacun, se hisser « au-dessus » des autres. La devise de cette société pourrait être : Ce qui est bon pour tous ne vaut rien. Tu ne seras respectable que si tu as « mieux » que les autres.

    Or c’est l’inverse qu’il faut affirmer pour rompre avec l’idéologie de la croissance : Seul est digne de toi ce qui est bon pour tous. Seul mérite d’être produit ce qui ne privilégie ni n’abaisse personne. Nous pouvons être plus heureux avec moins d’opulence, car dans une société sans privilège, il n’y a pas de pauvres.
Lire aussi le courrier des lecteurs, au bas de l'article, qui en rajoute une couche sur le capitalisme financier.

Taxes and Diapers (Impôts et couche-culottes)

Philanthropie ou impôts, du travail ou du travail digne ?
3,5 milliards de personnes gagnent  tout juste 5,5 dollars par jour...



L'atténuation du réchauffement climatique nécessite une économie de rationnement

Atténuation du réchauffement climatique, que faire ? En une phrase, il s'agit de faire vœu de pauvreté.

Un cabinet de conseil, B&L Évolution, a évalué les mesures à prendre au niveau national pour respecter une trajectoire de réchauffement climatique à 1,5°C maximum. Attachez vos ceintures !

Constat

  • 2018 : un français émet en moyenne 10,5 T de CO2 par an (émissions importées prises en compte
  • 2030 : 45% d'émissions de CO2 en moins par rapport à 2010 (6,6 T sur le territoire) soit 3,7 T de CO2 par an
  • 2050 : zéro émission de CO2

Logements

  • interdiction de construction de nouvelles maisons individuelles, sauf habitats légers
  • 30 m2 par personne maximum en habitat collectif neufs
  • 2025 : température moyenne des logements réduite de 2°C soit 17°C
  • 2025 : « couvre-feu thermique » coupure de tous les « chauffages carbonés » entre 22 h et 6 h
  • 2026 : interdiction du chauffage au fioul
  • électricité : prix progressif par tranche de consommation en ayant l'objectif de décourager les consommations au delà de 3 à 4 KwH par jour et par personne, nécessitant de la part de chacun, un arbitrage sur ses choix de consommation finale.

Transports

  • 2020 : interdiction de vendre des véhicules utilitaires légers thermiques neufs pour un usage particulier, réduction du kilométrage de 5% par an pour un usage particulier (2% pour un usage professionnel)
  • 2020 : suppression des vols hors Europe non justifié (tourisme), distribution de 500 000 vols par an via une loterie nationale
  • 2022 : interdiction de vendre des véhicules utilitaires légers thermiques neufs 
  • 2022 : suppression des vols nationaux qui disposent d'une alternative par la route ou le train en moins de 4 heures
  • 2024 : interdiction des véhicules thermiques en ville
  • 2025 : généralisation du télétravail 2 jours par semaine pour les salariés habitants à plus de 10 km de leur lieu de travail
  • horaires fixes de travail pour simplifier le covoiturage et les transports en commun
  • autorisation de 2 vols A/R long courrier pour les jeunes de 18 à 30 ans
  • 2030 : avoir mis en service 50% de trains supplémentaires type TER (desserte locale)
  • Interdiction de commercialiser un véhicule léger dont la consommation est supérieure à 4 l / 100 km en 2020 ; 3l/100 km en 2023 et 2l/100 km en 2027. 
  • limiter la vitesse sur autoroute à 110 km/h pour les véhicules légers, à 80 km/h pour les poids lourds
  • à terme tous les voitures doivent être électriques et réservées aux professionnels
  • utilisation du transport par voie ferrée et maritime pour les marchandises à la place des poids lourds

Alimentation

  • 2019 : consommation de 90 kg de viande par personne et par an
  • 2030 : consommation de 25 kg de viande par personne et par an soit environ 500g par semaine et par personne
  • permis de construire obligeant les parcelles potagères
  • quotas d'importation sur les produits alimentaires (ex : café, chocolat, fruits exotiques)
  • interdiction du labour profond
  • interdiction progressives des produits transformés
  • tous les jardins doivent devenir productifs
  • 2030 : nombre d'agriculteurs multipliés par deux, de parcelles bio multipliées par 5

Communication

  • construction d’un unique réseau 5 G au lieu d’infrastructures redondantes construites par les différents opérateurs
  • 2030 : division par 3 des flux vidéo sur Internet
  • interdiction de la publicité en ligne

Habillement

  • 2019 : un Français consomme 10 kg de vêtements neufs par an en moyenne
  • 2022 : limitation à 1 kg de vêtements neufs mis sur le marché par an et par personne

Consommation

  • normalisation de la location de biens
  • limiter la taille des téléviseurs à 40 pouces

Épilogue

Je vous rassure, tout cela n'arrivera pas et nous “grillerons” doucement tous ensemble, en comptant les cadavres de la biodiversité qui s'effondre.

Cela n'arrivera pas parce que nos émissions ne représentent que 2% des émissions mondiales, faire ce genre de choses uniquement au niveau national ne changerait rien au problème global.

Cela n'arrivera pas car avant de respecter des lois humaines nous respectons des lois physiques. Ainsi un système qui diminue sa dissipation d'énergie est soumis/dominés aux/par les systèmes qui en dissipent plus que lui. Dit autrement de manière lapidaire, lancer le mouvement, montrer la voie, aussi noble que cela soit, serait mourir avant les autres, avant la fin.

Ecouté ce matin, les propos de Barbara Stiegler sur les injonctions paradoxales de la gouvernance qui font écho :
“Ils nous disent : pour trouver un travail vous devez être mobile et prendre votre voiture pour faire 50 km s'il le faut et au même moment ils déclarent : il faut que vous cessiez de prendre votre voiture parce que c'est polluant”







Sources :

Marchandisation de l'être humain et avenir de la planète

Commentaire de Gérard Malavois sous la vidéo de Xerfi Canal, Les gilets jaunes : social, politique et violence [Michel Wieviorka], 21 janv. 2019. Ce qui importe ici n'est pas la critique de la personne mais du discours :
Il faut savoir que sous couvert de faire de la sociologie, M. Wieviorka est en réalité un fin idéologue de droite, défenseur d’un ultra-libéralisme qui a notamment conduit l’Union européenne à demander à M. Macron de procéder à la casse du code du travail, à la casse de la protection sociale, à la casse de la sécurité sociale, à la disparition du CDI, à la baisse des prestations sociales, des allocations de chômage, des pensions de retraite, etc.

Ceci explique que M. Wieviorka a une vision pour la moins étroite et pauvre du sens à donner au mouvement des Gilets jaunes. Pour simplifier, M. Wieviorka admet que si c’est un mouvement qui a des revendications sociales et économiques respectables, il considère cependant que ce mouvement donne l’image d’un pays qui préfère la voiture à la lutte contre le changement climatique. Autrement dit, pour Mr Wieviorka, c’est un mouvement juste dans l’essentiel de ses demandes, mais catastrophique pour le futur de notre pays. En vérité, le discours ultralibéral de M. Wieviorka consiste, insidieusement, à mettre en opposition la défense de la cause écologique, la sienne, avec celle de la cause anthropologique, qui serait donc celle des Gilets jaunes, selon lui.

Tout d’abord, il n'est pas inintéressant de noter que lorsque M. Wieviorka a l’occasion de s’exprimer publiquement, il le fait toujours en prenant bien soin de ne jamais faire référence au fait que nous vivons aujourd’hui dans une société dominée par une aristocratie ultra-libérale de la finance, celle des puissances d’argent et de la loi des marchés financiers qui, avec son obsession du profit, broie les individus et ce sans aucun état d’âme et de la manière la plus effroyable. Tout comme il prend tout autant soin de ne jamais souligner le fait que notre société est aujourd’hui confrontée à une marchandisation généralisée de l'humain à un niveau encore jamais atteint dans l’histoire de l’humanité.

Voilà bien une vérité que j’aimerai entendre de la bouche de M. Wieviorka : celle que tout devient vénal aujourd'hui, tout. Depuis le résultat d'un match de football, jusqu'à la vente de ce qu'on ose appeler une trousse d'embryon à implanter. C’est effarant de voir à quel point tout est devenu vénal, n’est-ce pas M. Wieviorka ? En réalité, M. Wieviorka est un authentique défenseur de cette société ultra-libérale dans laquelle nous vivons aujourd’hui et qui nous confronte à une marchandisation généralisée de l’humain[1] qui passe par une liquidation de toutes les valeurs humaines, pour n’en garder qu'une seule : celle de l'argent, du profit, qui culmine dans la valeur boursière. Dans notre société, l'argent serait ainsi la seule valeur qui mérite d'être dite valeur.

De la même façon, M. Wieviorka ne voit pas à quel point le peuple est méprisé, comment les gens sont traités aujourd’hui. Il ne voit pas, par exemple, comment les Gilets jaunes sont maltraités, comment on méprise leurs revendications depuis le début de leur mouvement. Tous ces Gilets jaunes qui sont à la fois représentatifs du peuple, de toutes les conditions sociales, de toutes les générations et qui ne demandent qu'à faire honnêtement leur travail, qu’à vivre décemment et dignement de leur travail, de leur retraite et dont leur aspiration est de pouvoir offrir un meilleur avenir à leurs enfants, à nos enfants ! Pouvoir vivre dignement et décemment, est-ce là trop demander aujourd’hui, M. Wieviorka ?

La vérité, celle que M. Wieviorka ne veut pas entendre, c’est que nous entrons dans une ère de dé-civilisation, de déshumanisation sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Alors que nous avons pris conscience du désastre écologique et à quel point la planète terre va mal, il devient tout aussi urgent que nous prenions conscience à quel point le genre humain est lui aussi fondamentalement malmené, à quel point il va tout aussi mal que la planète elle-même. A quel point ce qu’on nous fait vivre, ce qu’on nous fait mal vivre aujourd'hui est devenu dès plus insupportable et intolérable.

L’évidence, celle que M. Wieviorka ne veut pas admettre, est là sous nos yeux : on ne sauvera pas la planète sans sauver le genre humain, ni le genre humain sans la planète. Il n’existe aucune échappatoire, aucune issue autre pour la survie de l’humanité et donc de la planète elle-même que de défendre ses deux causes, cause écologique et cause anthropologique, en même temps.

Voilà donc le genre de propos que j’aimerais bien entendre un jour de la bouche de quelqu’un comme M. Wieviorka : nous disant à quel point il est urgent de faire barrage à la dictature de l’argent et de changer en profondeur cette société de moins en moins humaine et de plus en plus aliénante, pour que l’humain y retrouve enfin une place centrale, dans l’harmonie et le respect de son environnement écologique.
Solidarité avec le mouvement des Gilets jaunes

[1] Karl Polanyi, Une pensée pour le XXIe siècle - J. Maucourant

France : croissance PIB/hab vs. consommation d'énergie 1962-2014


Michel Barnier sur le Brexit


Michel Barnier, cité dans "Le Point" à l'été 2016, avis aux Italiens et autre Frexiteurs, bienvenue en autoritarisme.

Encore Hotel California.

Production industrielle de la zone euro 2006-2018

Zone Euro +3%
Allemagne +13%
France -7%
Italie -14%
Espagne -20%

La Zone Euro est un hôtel californien.




Civilisation et espèce humaine

[L'espèce humaine] a bricolé et s'est adaptée au sein de densités urbaines extrêmes à quelques endroits sur la terre. Ceci est lié, dans les traces archéologiques, à des flux trophiques négatifs indiqués par une vaste déforestation, une baisse des nappes phréatiques, une augmentation de l'érosion des sols et l'extinction ou la quasi extinction de beaucoup d'espèces sauvages qui dominaient le milieu auparavant. Ce fut au sein de la “civilisation” que beaucoup d'êtres humains développèrent un état d'esprit basé sur l'illusion d'une dualité : culture en opposition à nature, domestiqué vs. sauvage, civilisé vs. primitif.

Les sociétés humaines sont sensibles à la dérive idéologique qui rationalise ces pratiques écologiquement simplificatrices et déstabilisatrices, mais elles ne peuvent soutenir ces pratiques que si elles développent ensuite des stratégies pour faire face aux risques plus élevés qu'elles comportent. Cannibaliser d'autres sociétés pour retarder l'effondrement est un remède efficace à ces risques ; l'inégalité interne en est un autre.

La civilisation est clairement un système culturel capable de déformation par stratification sociale. En prenant le contrôle des ressources, en institutionnalisant le recours à la force et à l'endettement “dans le cadre de la loi”, une infime minorité peut se décharger sur la majorité des coûts et des risques d'entreprises économiques peu judicieuses - majorité qui peut être ignorante, mal informée ou même à qui la minorité a menti. Jusqu'à présent, l'effet principal de l'attribution du pouvoir politique et économique à de minuscules élites est la protection “légale” de leurs propres sources de revenus.

En développant des récits qui mettent l'accent sur leur propre supériorité de sang, d'intelligence et de “bonnes manières” vis-à-vis des “gens ordinaires”, ces autorités créent en même temps des cultes de destinée nationale et de ferveur patriotique, qui favorisent la guerre, l'écocide et l'ethnocide. Le récit de la domination de la nature va de pair avec l'écocide. Ce que nous voyons aujourd'hui, c'est l'acte final d'une longue fin de partie appelée “civilisation”, où tout ce qui a été soutenu pendant des milliers d'années de soins attentifs, par les chasseurs-cueilleurs, horticulteurs et éleveurs nomades restant dans le monde, est détruit par les charrues, les mines, les exploitations forestières et la construction routière.

L'acceptation de ce que TOUTES les recherches révèlent, sur l'évolution humaine, l'impact des civilisations sur les écosystèmes, n'a pas besoin de s'abaisser là où les données ne sont pas raccord : non, les humains ne sont pas une espèce “nuisible” qui détruit toujours la mégafaune et encore moins les écosystèmes. Ce genre d'hyperbole rend l'insupportable simplement incompréhensible.


Helga Vierich

Réseau trophique :
Un réseau trophique se définit comme l’ensemble des relations alimentaires entre espèces au sein d'une communauté et par lesquelles l'énergie et la matière circulent.
Un Réseau trophique désigne l’ensemble de chaînes trophiques qui relient les organismes d'une biocénose. ces chaînes alimentaires assurent la circulation de matière et d'énergie dans un écosystème. De nombreux êtres vivants peuvent appartenir à plusieurs chaînes alimentaires et à plusieurs niveaux trophiques.

Exemple de flux trophiques négatifs :
Une espèce “clé de voute” d'un écosystème est sur-chassée, s'ensuit un effondrement des autres espèces et une baisse de la capacité de charge de l'écosystème.
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