L’Age du capitalisme de surveillance, Clément Jeanneau, Signaux Faibles, 9 fév. 2019
- « Lorsque les gens disent « je n’ai rien à cacher », ils disent en fait « je me moque de mes droits ». Si vous cessez de défendre vos droits en disant « je n’ai pas besoin de mes droits dans ce contexte », ce ne sont plus des droits. Vous les avez convertis en quelque chose dont vous jouissez comme d’un privilège révocable. Et cela réduit l’étendue de la liberté au sein d’une société. » – Ignacio Ramonet
- « Dire que vous ne vous préoccupez pas du droit au respect de la vie privée parce que vous n’avez rien à cacher équivaut à dire que vous ne vous préoccupez pas de la liberté d’expression parce que vous n’avez rien à dire. » – Edward Snowden
- « Protéger sa vie privée n’équivaut pas à vouloir se cacher pour planifier de renverser le gouvernement : la protection de la vie privée est l’état naturel des choses. Par exemple, lorsque vous allez aux toilettes, en particulier dans des toilettes publiques, vous fermez généralement la porte. La raison pour laquelle vous le faites, ce n’est pas parce que vous prévoyez de renverser le gouvernement. Ce pourrait-être le cas, mais il y a des chances que ce ne soit pas pour ça. Vous y aller pour utiliser les toilettes » – Riccardo Spagni
- « La première approche est de prendre les cas individuels : ça prend au maximum 15 minutes avant que la personne qui pense n’avoir « rien à cacher », se rende compte que c’est faux. Chacun a une histoire et une sensibilité particulière à la surveillance et à la vie privée: certains seront agacés de recevoir des publicités basées sur leur dernière recherche Google, d’autres savent par expérience que certains épisodes médicaux (dépression, cancer) pourraient les mettre en difficulté s’ils venaient à être connus, d’autres seront gênés qu’une banque se base sur leur réseau d’amis pour définir un taux d’intérêt pour un emprunt…
- -La seconde approche, la plus importante, est de comprendre qu’une société sans militants écologistes, sans journalistes d’investigation, sans secret médical ou professionnel, sans lanceurs d’alerte, sans juges indépendants est une société qui à terme s’enfoncera inéluctablement dans le totalitarisme. Les utopies communistes peuvent en témoigner. » –Marc Meillassoux
- « Il y a cette idée dangereuse que transparence et honnêteté seraient synonymes. « Je n’ai rien à cacher » entend-on. Même aux Nazis ? On présuppose que la faute est consubstantielle à celui qui cache et que l’observateur est honnête et de bonne foi. C’est souvent l’inverse ! Pourquoi y-a-t-il des isoloirs ? Pas pour cacher un délit mais parce que le sens du vote n’appartient qu’à soi. » – Pierre Bellanger
- Glenn Greenwald :
- « 1. Chacun a besoin d’un jardin secret
Les êtres humains, même ceux qui disent contester l’importance de l'intimité, comprennent de façon instinctive son importance fondamentale. Nous sommes certes des animaux sociaux : nous avons besoin de faire savoir aux autres ce que nous faisons, disons, pensons, et c’est la raison pour laquelle il nous arrive de publier des informations personnelles en ligne. Mais il est tout aussi essentiel, pour être libre et épanoui, d’avoir un jardin secret à l’abri du jugement des autres. Il y a une raison à ce besoin : nous tous – pas seulement les terroristes ou les criminels, nous tous – avons des choses à cacher. Il y a plein de choses que nous faisons ou pensons, que nous racontons volontiers à notre médecin, notre avocat, notre psy, notre époux, ou notre meilleur ami mais qui nous rempliraient de honte si le reste du monde les apprenait. - 2. Se savoir observé(e) modifie le comportement en tendant vers le conformisme
Les comportements que nous adoptons quand nous pensons être observés sont soumis à une forte autocensure. C’est un simple fait de la nature humaine reconnu par les sciences sociales. Il existe des dizaines d’études psychologiques qui prouvent que lorsque quelqu’un sait qu’il pourrait être observé, le comportement qu’il adopte est beaucoup plus conformiste et consensuel. Chez les humains, la honte est une motivation très puissante, de même que le désir de l’éviter. C’est pourquoi les individus, lorsqu’ils sont observés, prennent des décisions qui résultent, non pas de leur propre réflexion, mais des attentes qu’on a mises sur eux, ou des règles de la société - 3. Ce conformisme est destructeur pour l’esprit critique, la créativité et la capacité à s’indigner
Une société où les gens sont surveillés à chaque instant est une société qui pousse à l’obéissance et à la soumission : voilà pourquoi, tous les tyrans, du plus manifeste au plus subtil, aspirent à ce système. »
Rien à cacher, Laurent Chemla, 6 janv 2015
- il s’agissait, aussi, de rappeler qu’on ne vivra pas dans la même société quand, par exemple, nos assurances et nos banques sauront tout de nos questions en ligne sur le cancer. Nous y sommes presque.
- Le 18 décembre dernier, j’entendais un auditeur dire à Jean-Jacques Urvoas, sur France Inter, qu’il « doutait que les américains s’intéressent au contenu de son smartphone ». Et il a bien raison: le contenu de son smartphone, les américains s’en cognent.
Par contre, savoir où se trouve ce smartphone, avec qui il communique, et quand, ça c’est quelque chose qui, même pour un américain, a pas mal de valeur.
Parce que, qui sait, il est utilisé pour publier un « selfie » sur Facebook, pris devant une « personne d’intérêt » qui ne se doute de rien et qu’on pourra ensuite localiser précisément, à tel lieu et à tel instant, via la reconnaissance faciale (ou même – plus moderne – la reconnaissance par réflexion cornéenne). C’est devenu automatisable.
Parce que, allez savoir, le vieux pote devenu haut fonctionnaire, qui reprend contact après des années, est sous surveillance active, et que le simple fait que notre auditeur en ait été proche un jour pourra permettre de déterrer des informations compromettantes.
Ou bien encore, si notre auditeur est journaliste, parce que la source qu’il croit si bien protéger n’avait pas non plus désactivé son téléphone lors de leur rencontre et qu’il suffira de croiser les informations des deux appareils pour savoir qui était présent lors de l’interview secrète.
Ou même tout simplement pour compromettre notre auditeur innocent, le jour où il sera lui-même devenu, par les aléas de la vie et de l’évolution normale de sa carrière, une personne d’intérêt: ce jour là, il aura sans doute des choses de son passé à cacher, qu’il pensait inoffensives sur le moment mais qui pourront toujours servir un jour. - Une image, peut-être plus parlante que mes histoires de selfies piégés et d’attentats futurs, est celle qui demande aux visiteurs de cette réserve – où vivent des rhinocéros – de ne pas diffuser les photos qu’ils prennent sur les réseaux sociaux, ou sinon de désactiver la géolocalisation de leurs appareils. Parce que celles-ci pourront, sinon, servir à indiquer aux braconniers où et quand vont les animaux qu’ils vont abattre pour leurs cornes.
- Et si, au passage, nous réapprenons, tous, la valeur de notre vie privée et les risques que sa perte fait peser sur nos sociétés, alors, qui sait, peut-être que notre futur n’est pas si sombre.
Marc Meillassoux (Nothing to Hide) : « quelle société sommes-nous en train de construire ? NextInpact, 8 Sept 2017
"Le sempiternel « je n’ai rien à cacher », opposé dès lors qu’est abordée la question de la surveillance, privée ou étatique, a inspiré le réalisateur Marc Meillassoux. L’occasion d’échanger avec lui sur Nothing to Hide, son documentaire actuellement à l'affiche et bientôt mis en ligne sous licence Creative Commons."Rien à cacher - Vie privée : guide de survie en milieu hostile (transcription et vidéo), Laurent Chemla, PSES2015, April, Juin 2015
Pourquoi l'intitmité est importante (vidéo 15 min, sous-titres et transcription en français), Glenn Greenwald, Oct 2014
Glenn Greenwald a été l'un des premiers journalistes à voir - et à écrire sur - les dossiers d'Edward Snowden, avec leurs révélations sur la surveillance étendue des citoyens privés par les États-Unis. Dans ce discours brûlant, Greenwald explique pourquoi vous devez vous soucier de votre vie privée, même si vous ne faites "rien que vous ayez besoin de cacher".
(...) Les US et leurs alliés, à l'insu du monde entier, ont transformé Internet, autrefois considéré comme un outil de libération et de démocratie sans précédent, en un espace de surveillance de masse systématique sans précédent.
Une opinion courante dans ce débat, même parmi les personnes mal à l'aise avec cette surveillance, c'est que cette invasion à grande échelle n'entraîne pas un réel préjudice car il n'y aurait que les personnes agissant mal qui auraient des raisons de se cacher et de protéger leur vie privée. Cette vision du monde sous-entend qu'il y a deux sortes de personnes : les bons et les méchants. Les méchants sont ceux qui planifient des attaques terroristes, ou des crimes violents, et qui ont donc des raisons de cacher ce qu'ils font, des raisons de protéger leur intimité. A l'inverse, les gentils sont des gens qui vont au travail, rentrent chez eux, élèvent leurs enfants, regardent la télé. Ils n'utilisent pas Internet pour préparer des attentats, mais pour suivre l'actualité, échanger des recettes, ou pour organiser les activités de leurs enfants. Ces gens ne font rien de mal, ils n'ont donc rien à cacher et aucune raison de craindre la surveillance du gouvernement.
Ceux qui expriment cette opinion s'engagent, de façon extrême, dans un acte d'auto-dépréciation. Car ce qu'ils disent revient à dire : « J'ai accepté de devenir une personne tellement inoffensive et inintéressante que je n'ai pas peur que le gouvernement sache ce que je fais. » L'expression la plus pure de cette vision du monde a été énoncée en 2009 par celui qui fut longtemps PDG de Google, Eric Schmidt. Interrogé sur les multiples façons dont son entreprise porte atteinte à la vie privée de centaines de millions de personnes à travers le monde, il répondit, je cite : « Si vous faites quelque chose que vous ne voulez pas que d'autres sachent, peut-être que, déjà, vous ne devriez pas la faire. »
Il y a beaucoup de choses à dire sur cette façon de penser. La première est que les gens qui tiennent ce discours, qui disent que la vie privée n'est pas si importante que ça, n'y croient pas eux-mêmes. Et on peut démontrer qu'ils n'y croient pas, parce que tout en disant que l'intimité n'a pas d'importance, ils mettent en place tout un ensemble d'actions pour protéger leur propre intimité. Ils verrouillent leurs boîtes mails et leurs comptes de réseaux sociaux, ils mettent des serrures à leur chambre et salle de bain, tout un ensemble de moyens pour empêcher les autres d'entrer dans ce qu'ils considèrent leur sphère privée, et pour protéger tout ce qu'ils n'ont pas envie de rendre public. (...)
Pendant ces 16 derniers mois, à chaque débat, partout dans le monde, quelqu'un m'a dit : « Je n'ai pas à m'en soucier car je n'ai rien à cacher. » Je réponds toujours la même chose. Je sors un stylo et j'écris mon adresse mail. Je leur dis : « Voici mon e-mail. Quand vous rentrerez chez vous, envoyez-moi les mots de passe de toutes vos boîtes mail, pas simplement les jolies et respectables, je les veux toutes. Je veux juste y jeter un coup d’œil, voir ce que vous faites en ligne, lire et publier ce que j'y trouverai d'intéressant. Après tout, si vous n'êtes pas malveillant, si vous ne faites rien de mal, vous ne devriez rien avoir à cacher. »
Personne n'a accepté ma proposition. (...) Et il y a une raison à cela : les êtres humains, même ceux qui, en théorie, contestent l'importance de l'intimité, comprennent de façon instinctive son importance fondamentale. Nous sommes, il est vrai, des animaux sociaux, nous avons besoin de faire savoir aux autres ce que nous faisons, disons, pensons, et c'est pourquoi nous publions des informations personnelles en ligne. Mais il est tout aussi essentiel, pour être quelqu'un de libre et d'épanoui, d'avoir un jardin secret à l’abri du jugement des autres. Il existe une raison à ce besoin, et cette raison est que nous tous, pas seulement les terroristes ou les criminels, nous tous, avons des choses à cacher. Il y a plein de choses que nous faisons ou pensons que nous racontons volontiers à notre médecin, notre avocat, notre psy, notre époux, ou notre meilleur ami mais qui nous submergeraient de honte si le reste du monde les apprenait. Nous décidons chaque jour, quels éléments de notre vie nous voulons partager et quels éléments de notre vie nous gardons pour nous. Les gens peuvent facilement déclarer qu'ils ne tiennent pas à leur intimité mais leurs actes contredisent la sincérité de leurs affirmations.
Il y a une raison pour laquelle nous recherchons cette intimité, universellement et instinctivement. Ce n'est pas un réflexe naturel comme respirer ou boire de l'eau. Quand on se trouve dans une situation, où l'on peut être contrôlé, où l'on peut être observé, notre comportement change radicalement. Les comportements que nous adoptons quand nous pensons être observés sont soumis à une forte autocensure. C'est un simple fait de la nature humaine reconnu par les sciences sociales, la littérature, la religion, et dans quasiment tous les domaines. Il existe des dizaines d'études psychologiques qui prouvent que lorsque quelqu'un sait qu'il pourrait être observé, le comportement qu'il adopte est beaucoup plus conformiste et consensuel. Chez les humains, la honte est une motivation très puissante, comme l'est le désir de l'éviter. C'est pourquoi les hommes, lorsqu'ils sont observés, prennent des décisions qui résultent, non pas de leur propre réflexion, mais des attentes qu'on a mises sur eux, ou des règles de la société.
Cette prise de conscience a été exploitée au maximum, à des fins pratiques, par le philosophe du XVIIIe siècle Jeremy Bentham, quand il a cherché à résoudre un problème majeur généré par la société industrielle, dans laquelle les institutions étaient devenues si vastes et centralisées qu'elles ne pouvaient plus surveiller et contrôler les individus. La solution qu'il imagina était un projet architectural, originellement destiné aux prisons, baptisé le panoptique. Sa caractéristique première était la construction d'une immense tour au centre de l'établissement depuis laquelle le personnel de surveillance pouvait à tout instant observer n'importe quel détenu, même s'il ne pouvait pas tous les surveiller en même temps. L'élément crucial de ce concept était que les détenus ne pouvaient voir l'intérieur du panoptique, l'intérieur de la tour. Ils ne savaient donc jamais s'ils étaient surveillés. Ce qui l'enthousiasmait le plus dans cette découverte était que les prisonniers devaient présumer qu'ils étaient constamment surveillés, ce qui les forcerait à intégrer les principes d'obéissance et de discipline. Michel Foucault, philosophe français du XXe siècle, s'est rendu compte que ce modèle pouvait être utilisé pour toutes les institutions qui exigent un contrôle des comportements : les écoles, les hôpitaux, les usines, les lieux de travail. Foucault a dit que cette vision du monde, cette structure conçue par Bentham, serait la clé du contrôle social dans des sociétés modernes, occidentales, qui pourraient se passer des dispositifs typiques des totalitarismes punir, emprisonner, tuer les dissidents, ni de contraindre légalement un groupe à rester loyal, car la surveillance de masse crée au sein de l'esprit, une prison beaucoup plus subtile mais beaucoup plus efficace, une prison qui pousse au respect des normes sociales et de la doctrine sociale dominante avec plus d'efficacité que la force brute.
L'œuvre littéraire la plus emblématique sur l'espionnage et la vie privée est « 1984 », le roman de Georges Orwell, que nous étudions à l'école, et qui est donc presque devenu un cliché. Lorsqu'on l'évoque au sein d'un débat, les gens le rejettent aussitôt sous prétexte qu'il n'est pas pertinent. Ils rétorquent : « Dans « 1984 », il y avait des caméras dans les foyers, les gens étaient observés à chaque instant, rien à voir avec le régime de surveillance auquel nous sommes confrontés.» Ceci est en fait une grossière méprise des avertissements lancés par Orwell dans « 1984 ». Le danger qu'il pointait n'était pas un régime de surveillance qui contrôle tout le monde à tout instant, mais un état où les gens ont conscience qu'ils peuvent être surveillés à tout moment. Voici comment le narrateur d'Orwell, Winston Smith, décrit le système de surveillance auquel il est confronté : « Évidemment, il n'y avait aucun moyen de savoir si, à un moment donné, on était surveillé. » Il continue en disant : « Ils pouvaient nous mettre sur écoute quand ils le voulaient. On devait vivre, on vivait, l'habitude est devenue instinct, en admettant que tout son émis pouvait être entendu et, sauf dans l'obscurité, tout mouvement scruté. »
(...)
Ce que ces systèmes de pensée apparemment différents reconnaissent, la conclusion qu'ils obtiennent, c'est qu'une société où les gens sont surveillés à chaque instant est une société qui pousse à la conformité, à l'obéissance et à la soumission, ce pourquoi, tous les tyrans, du plus manifeste au plus subtil, briguent ce système. A l'autre bout du spectre, et beaucoup plus important, on a le domaine de l'intimité : qui est la possibilité d'un lieu où l'on peut penser, raisonner, interagir et parler sans sentir sur nous le jugement d'autrui, car c'est là que la créativité, la recherche et la différence d'opinion peuvent se développer. Pour cette raison, lorsque nous acceptons une société où nous sommes en permanence sous surveillance, nous acceptons qu'on fasse une entaille profonde à l'essence de la liberté humaine.
La dernière observation que je ferai sur cette façon de penser, est l'idée que seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher auraient des raisons de se cacher et donc de défendre leur intimité. Cette idée envoie deux messages destructeurs, deux principes destructeurs. Le premier est que les personnes qui protègent leur intimité, les personnes qui recherchent l'intimité seraient, par définition, de mauvaises personnes. C'est une conclusion que nous devrions éviter à tout prix. Surtout parce que lorsqu'on imagine « quelqu'un qui fait du mal », nous, on imagine des terroristes organisant un attentat, ou un criminel violent, ce qui est une conception beaucoup plus restreinte que celle des ceux qui détiennent le pouvoir lorsqu'ils disent « faire du mal ». Pour eux, « faire du mal » signifie faire quelque chose qui pose un défi à l'exercice du pouvoir.
L'autre principe destructeur, plus insidieux encore, qui découle d'accepter cette vision du monde, c'est qu'il y aurait un marché implicite accepté par les gens qui souscrivent ces idées. Ce marché est le suivant : quand vous serez prêts à devenir suffisamment effacés et suffisamment inoffensifs, pour les pouvoirs en place, alors, et seulement alors, vous serez à l'abri des dangers de la surveillance. Uniquement les dissidents, qui défient le pouvoir, doivent s'en inquiéter. De multiples raisons devraient nous pousser à éviter ce principe. Peut-être que, aujourd'hui, ces comportements n'ont pas leur place dans votre vie, mais cela pourrait changer à l'avenir. Même si vous êtes certains de ne jamais vous y livrer, l'existence des gens prêts à s'opposer au pouvoir, capables de s'opposer au pouvoir - dissidents, journalistes, activistes et bien d'autres - est quelque chose qui profite à toute la collectivité et que nous devrions préserver. Tout aussi primordial, l'indicateur mesurant le degré de liberté dans une société n'est pas la façon dont elle traite ces bons citoyens obéissants, mais la façon dont elle traite ses dissidents et ceux qui résistent à sa doctrine. La raison la plus importante est qu'un système de surveillance de masse réprime notre liberté de plein de manières. Il proscrit toutes sortes de conduites sans qu'on s'en aperçoive. La célèbre socialiste Rosa Luxemburg a dit : « Celui qui ne bouge pas ne sent pas ses chaînes. » On peut tenter de rendre les chaînes de la surveillance de masse invisibles et indétectables mais les contraintes qu'elle nous impose n'en deviennent pas moins puissantes.
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