extraits (25 minutes) d'une vidéoconférence entre un épidémiologiste de l’hôpital Bichât à Paris et des chefs de service réanimation tenue le mercredi 11 mars 2020
"Le document vidéo que nous diffusons est exceptionnel par la vérité qui y transparaît sur l’état de l’épidémie, des recherches et des moyens de la combattre. La diffusion la plus large possible de ce document nous a semblé souhaitable car l’échange entre ces spécialistes est très éclairante. Elle confirme la grande incertitude et les tensions du monde médical quant à l’avenir de la pandémie, l’inquiétude des personnels soignants, les risques pris par les équipes ayant à faire face à l’afflux de malades."
Pour les articles ci-dessous ce sont des extraits copié-collés.
- Test every suspected #COVID19 case.— World Health Organization
If they test positive, isolate them & find out who they have been in close contact with up to 2 days before they developed symptoms & test those people too"-@DrTedros #coronavirus - De fait, la France est aujourd’hui très loin de ce dépistage massif. Ce qui tient autant à une stratégie revendiquée qu’à une tension croissante sur les capacités de dépistage. «Face à l’afflux de malades, on doit faire des choix. Même au niveau des personnels soignants, nous ne pouvons tester tout le monde. Nous testons les cas les plus graves, qui sont pris en charge et hospitalisés», explique ainsi un médecin dans un grand hôpital parisien. Priorité est donné depuis plus d’une semaine aux seuls malades présentant des symptômes de maladies respiratoires sévères. Les personnes présentant des symptômes bénins se voient, elles, prescrire sans dépistage un retour à leur domicile et le seul respect des consignes de confinement.
- En théorie, cette limitation des tests aux seuls patients graves devait s’opérer en phase 3 (qui n’a été annoncée officiellement que samedi). Dans les faits, elle a été anticipée, sinon précipitée, dans plusieurs hôpitaux, face à la croissance exponentielle des cas dans certaines régions, et au sous-dimensionnement des capacités de dépistage.
- Ainsi, dès le 10 mars, Marc Noizet, chef des urgences de l’hôpital Emile-Muller de Mulhouse, avait annoncé : «nous ne prélevons plus tous les patients qui présentent une suspicion de coronavirus. L’établissement n’est plus en capacité de prélever que ceux qui présentent des critères de sévérité.» Même chose à Paris, donc, plusieurs jours avant le passage au stade 3. Un état de fait assumé par les autorités. « Il faut bien comprendre que les tests sont utiles pour comprendre où circule le virus. Ils deviennent moins indispensables dans les zones de circulation active où c’est la prise en charge sanitaire qui devient centrale », justifie le gouvernement sur le site d’information consacré au Covid-19
- Alexandre Bleibtreu, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière le confirmait, la semaine dernière : «On n’a pas les capacités, ni humaines, ni au niveau des laboratoires, pour tester à la fois les nouveaux cas et les guéris. On délaisse le suivi. C’est un choix pragmatique. Ça ne veut pas dire que les gens ne guérissent pas.» Le constat est le même à Bichat : «la décision de renvoyer des patients chez eux se fait sur l’amélioration symptomatique», expliquait le professeur Jean-Christophe Lucet.
- le dernier bulletin épidémiologique publié le 10 mars faisait état de plus de 2 350 tests réalisés ce jour. Soit trois fois plus que sept jours avant (interrogée par CheckNews sur des chiffres plus récents, la direction générale de la Santé ne nous a pas répondu). Mais on était encore très loin des volumes de tests pratiqués quotidiennement dans d’autres pays, comme en Italie (où cela n’a pas suffi à endiguer l’épidémie) ou surtout en Corée, qui a fait le choix d’un dépistage très massif (plus de 260 000 tests depuis janvier, soit probablement plus de dix fois les données françaises) dès le début de l’épidémie.
- Un décret du ministère de la Santé, toujours selon les Echos, autorise depuis lundi les laboratoires de ville à réaliser ce test.
Signe que la France va essayer de virer de bord pour essayer de se conformer à la recommandation de l’OMS? L’appel solennel de l’organisation mondiale à multiplier les tests interroge en tout cas la parcimonieuse stratégie hexagonale. Qui est déjà critiquée, y compris par certains médecins français. Dans l’après-midi de lundi, Didier Raoult, infectiologue à la tête de l’Institut Méditerranée Infection, s’est livré à un comparatif sévère des pratiques selon les pays. Se félicitant d’avoir, sur le site marseillais, effectué 8000 tests PCR, l’infectiologue a ensuite taclé tous azimuts : «On a pris une stratégie qui n’est pas la stratégie du reste du monde technologique. Qui est très basse. Qui est de très peu tester. Depuis le début, pour de multiples raisons, et notamment l’idée que cela devait se faire dans des centres de référence, alors que c’est un test PCR banal que tout le monde est capable de faire. C’est pas la technique. Pas la capacité de diagnostic. C’est un choix stratégique, qui n’est pas le choix de la plupart des nations, en particulier des Coréens qui avec les chinois ont réussi à maîtriser l’épidémie, en faisant ça : dépistage, traitement. »
- 6 633 casC'est le nombre de cas confirmés du Covid-19, le soir du lundi 16 mars, moment où Emmanuel Macron a annoncé que le pays passait à l'étape du confinement. Mais ce chiffre est en dessous de l'impact réel de la maladie : comme l'expliquent nos confrères de France 3, un cas est uniquement considéré comme "confirmé" lorsqu'un dépistage a été mené et est revenu positif. Or, en phase épidémique, les tests ne sont plus systématiques. Et la France est aujourd’hui très loin du dépistage massif demandé par l'OMS, explique ce mardi CheckNews. De plus, beaucoup de personnes infectées ne présentent pas ou peu de symptômes, et ne sont donc jamais détectées.
- 1 malade sur 5 hospitalisé
Si la plupart du temps, les symptômes du Covid-19 sont bénins, ou du moins gérables en restant à son domicile, certains patients peuvent souffrir de complications. D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne malade sur cinq doit être hospitalisée. - Les connaissances scientifiques manquent encore pour savoir avec précision les facteurs aggravant la maladie. Mais l'étude la plus complète à ce jour, menée par le Centre de contrôle des maladies chinois (CCDC), montre que les patients les plus à risque sont les plus âgés. Des complications peuvent aussi toucher les personnes déjà atteintes d'autres maladies (hypertension artérielle, problèmes pulmonaires, cancer, diabète...).
- 3,9% de décès parmi les malades
C'est le pourcentage de patients décédés dans le monde : selon les chiffres du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, on compte 6 507 morts sur 167 414 cas confirmés.
Mais là encore, il faut prendre en compte le fait que beaucoup de malades ne sont pas comptabilisés dans le nombre de cas confirmés, faute de dépistage.
Une personne infectée contamine 2 à 2,5 personnes
Le taux de contagiosité de la maladie était estimé le 6 mars entre 2 et 2,5, selon l'Organisation mondiale de la santé. Dans la pratique, cela signifie qu'une personne infectée va rendre malade un peu plus de deux personnes autour d'elle. Ce chiffre est "plus élevé que pour la grippe" (pour laquelle le taux de contagiosité se situe autour de 1), précise l'organisme.
Jusqu'à 14 jours d'incubation
Le délai d'incubation du coronavirus est de manière générale de 3 à 5 jours. Toutefois, il peut parfois s'étendre jusqu'à 14 jours. Or, le porteur du virus est contagieux avant même l'apparition des premiers symptômes : voilà pourquoi l'exécutif annonce que le confinement devrait durer au moins deux semaines avant de constater une évolution des chiffres de la maladie. - Toujours contagieux 20 jours après les premiers symptômes
Nouveau signe de la virulence du Covid-19 : selon une étude publiée dans la revue The Lancet, réalisée dans les hôpitaux de Wuhan, les patients guéris restent contagieux. Dans la pratique, leur organisme peut continuer à rejeter des particules virales (aussi nommées excrétions) contagieuses plusieurs jours après leur guérison. Sur les 191 cas testés par les chercheurs, la durée médiane de ces excrétions était de 20 jours. L'un des patients était même encore contagieux 37 jours après l'apparition de la maladie.
- Comment se transmet le virus ?
Le coronavirus est un virus dit respiratoire : il vit au niveau de la sphère nasale et de la gorge. Le virus n'est pas contenu dans la salive elle-même, mais dans des secrétions venues des sinus ou du larynx : il va alors se mélanger à la salive, et se transmettre, sous forme de micro-gouttelettes, quand un malade tousse ou éternue. - Les gouttelettes infectées ne se propagent pas au-delà d'un mètre en moyenne selon les experts, et le virus ne flotte pas dans l'air : voilà pourquoi les autorités sanitaires estiment que le port du masque chirurgical (à la fois par le malade et par la personne en face d'elle) peut aider à limiter sa propagation.
- Combien de temps le virus peut-il survivre en extérieur ?
Hors du corps humain, le virus reste infectieux pendant quelques heures. Sur une surface dite inerte, comme une paillasse en inox par exemple, il persiste entre 4 et 6 heures. Mais la durée de survie du coronavirus peut varier selon de nombreux paramètres : matériau, température, humidité... De manière générale, plus il fait frais et humide, plus le virus a des chances de survivre.
Si l'on touche une surface infectée et qu'on porte ensuite sa main à la bouche, il est possible d'attraper la maladie. C'est pourquoi le corps médical insiste sur les gestes-barrières à adopter. - Pour les personnes se trouvant ou revenant d’une zone où circule le virus :
- Surveillez votre température 2 fois par jour
- Surveillez l’apparition de symptômes d’infection respiratoire (toux, difficultés à respirer…)
- Quelle est la période d'incubation de la maladie ?
Le Covid-19 peut se transmettre avant l'apparition des premiers symptômes, et des personnes asymptomatiques peuvent également transmettre la maladie. L'école de santé publique de l'université américaine Johns Hopkins, à Baltimore, a publié une étude, cette semaine, qui porte sur 181 cas de malades chinois (en anglais) : leurs symptômes se sont déclarés en moyenne au cinquième jour de la maladie. Selon cette même étude, la quasi-totalité des patients qui contracteront des symptômes les auront au plus tard au onzième jour.
En revanche, dans 1,01% des cas, les chercheurs ont noté que des symptômes pouvaient encore se déclencher après quatorze jours : ces malades pourraient être contagieux après leur période de quarantaine. - "Cette maladie peut commencer par des symptômes assez banals", explique dans La Méthode scientifique, sur notre antenne, la médecin infectiologue Anne-Claude Crémieux, professeure en à l'hôpital Saint-Louis, à Paris : "qui sont une douleur pharingée [un mal de gorge souvent accompagné de douleurs lors de la déglutition], puis de la toux. Et qui peuvent ensuite, à la fin de la première semaine en général, donner une infection pulmonaire avec de la fièvre."
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