Michael Hudson: la démocratie est incompatible avec la récuperation des dettes



Extraits traduits de l'interview de Michael Hudson par Amy Goodman de Democracy Now  jeudi 3 novembre.

Obama est ici pour représenter les intérêts des banques américaines. Et les Européens sont très en colère qu' il y a quelques semaines, Tim Geithner, le lobbyiste bancaire [le secrétaire d'état au trésor],est venu et a insisté pour que l'Europe n'efface pas les prêts bancaires de la Grèce, ne  laisse pas la Grèce déprécier ses emprunts[...]
M. Geithner a expliqué aux Européens que les plus grands assureurs de la dette grecque sont les  fonds du marché monétaire et les fonds spéculatifs américains. Il leur a expliqué que dans ce cas les hedge funds et les banques américaines perdraient de l'argent et  que l'économie américaine planterai si l'Europe faisait concession à la Grèce d'abaisser la valeur des dettes jusqu'à sa capacité à rembourser. Ainsi, au lieu d'une dépréciation de la dette (haircut), les banques ont dit:" OK, nous seront d'accord avec ce que les Américains veulent, et nous allons demander une dépréciation volontaire de la part des banques sur la dette grecque qu'ils détiennent". Évidemment, les banques européennes qui ne font pas partie des échanges sur défaut de crédit ont été en désaccord avec cela. Alors les Américains exercent une pression immense sur l'Europe, en disant : "nous allons détruire votre économie, si vous ne coulez pas l'économie grecque".
 [...]
  Alors, vous avez entendu le lundi, M. Papandréou a déclaré: "Nous allons avoir un référendum sur l'opportunité de choisir ou non le plan d'austérité". Le principe est le même que ce qu'a déclaré le président de l'Islande plus tôt cette année: si vous plongez l'économie dans une décennie de dépression et forcez une grande partie de la population à quitter le pays pour trouver des emplois, la population doit pouvoir voter sur ce choix.
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Hier, alors que M. Papandréou a rencontré Angela Merkel et Sarkozy en France, ils lui ont dit: "regardez, tous les sondages d'opinion montrent que les Grecs vont voter contre le référendum, nous allons donc penser à quelque chose de plus sympa. Préfèrent-ils plutôt être des êtres humains ou des singes? Que préféreraient-ils plutôt  ?" et ils ont avancés  une autre question: "Les Grecs veulent-ils faire partie de l'Europe ou non ?"
Un sondages rapport que 66% des Grecs veulent rester dans la zone euro. Ainsi, en essayant de reformuler la question afin d'obtenir un "oui", ils évitent de poser la question vraiment importante: Pensez-vous que, vous les Grecs, vous voulez  une décennie de dépression et vous imposer l'austérité? Avez-vous voter pour vendre votre domaine public, vendre le réseau d'assainissement d'Athènes, vendre vos îles, vendre vos droits miniers dans la mer, vendre même le Parthénon . Voulez-vous faire cela pour que les banques françaises et les assureurs  obligataires américains ne perdent pas d'argent?
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Hier, la une du journal "Frankfurter Zeitung" [journal allemand] était  «la démocratie c'est de la merde». La signification en était que le secteur financier dit en fait que la démocratie est incompatible avec la collecte des dettes et avec, lorsque les débiteurs ne peuvent pas payer, la saisie du domaine public et la privatisation d'un pays. Vous ne pouvez pas avoir une démocratie lorsque les dettes croissent au-delà de la capacité à payer et que le FMI impose l'austérité comme il le faisait dans les pays du tiers monde. Alors l'enjeu est de savoir si l'Europe, la Grèce et les autres pays vont être démocratiques ou si elles vont être dirigés par une oligarchie financière par le biais de la bureaucratie de l'Union Européenne, essentiellement la banque centrale européenne. Ceci est néo-libérale, anti-travailleurs, anti-gouvernemental et pour les poches des idéologues bancaires prédateurs.
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 Amy Goodman: Quel est la signification de la présence du président Obama, que signifie la réunion du G20, ce qui se passe en Grèce,  pour les États-Unis ?
 
Michael Hudson: Il  dit que l'Europe doit se couper la gorge afin de sauver les fonds spéculatifs  et les banques américaines pour éviter à celles-ci de prendre leur pertes sur les obligations grecques qu'elles ont assuré. Une des raisons pour laquelle les gens ont bien voulu acheter des obligations grecques, c'est qu'ils ont, en même temps acheté une assurance sur ces obligations. Et les banques européennes, principalement peut-être pas Barclays ou Deutsche Bank, mais la plupart des banques, ne sont pas prêtes à vendre de l'assurance crédit, car tout le monde lors de la conférence de la Fondation Böckler  ici à Berlin, tous les économistes disent qu'il n'existe aucun moyen concevable par lequel la Grèce peut rembourser ses dettes. Mais les fonds spéculatifs américains et les banquiers sont venus et ont dit: "Nous allons vendre des garanties." Puis ils se sont penchés vers le président Obama et Tim Geithner pour dire aux Européens: "Vous allez faire payer la Grèce, de sorte que nous puissions gagner les paris que nous avons fait, parce que si nous perdons ces paris, alors nous allons couler et le marché boursier va se crasher, et beaucoup de gens ne vont pouvoir  récupérer leurs fonds sur le marché monétaire. "Donc, c'est simplement de la force brute nue que M. Obama fait. Il dit fondamentalement à l'Europe, «Ne suivez pas la voie démocratique. Soutenez Wall Street. "


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