Il faudrait peut-être préciser que le déploiement informatique considérable qui est en cours n'est pas du tout de la technologie neutre mais va dans le sens de cet effondrement en faisant de chacun de nous un signe numérique.
Aujourd'hui, dans les recherches informatiques, on développe l'Interaction homme-machine et la réactivité immédiate de systèmes autonomes pouvant manipuler leurs utilisateurs humains en opérant sur les caractères de leurs états psychiques courants appréhendés par leurs expressions sur des sites tels que Google. Il ne s'agit donc plus seulement remplacer ceux qui travaillent par des systèmes de systèmes totalement autonomes opérant 24h sur 24 et se réparant eux-mêmes en cas de dysfonctionnements, mais de manipuler les humains qui communiquent sans cesse sur des thèmes suggérés et qui n'existent que pour acheter et consommer ce qui est produit.
On peut penser que c'est la voie normale de l'évolution de notre société humaine globalisée, si on se réfère à Freud : « L'intellect humain rationnel est une chose débile et dépendante, jouet de nos penchants pulsionnels et de nos affects » Alain Cardon
Lire sur le sujet "Un Capitalisme de Surveillance" de Shoshana Zuboff (cliquer sur les boutons jaunes pour lire les surlignages):
- Google, nouvel avatar du capitalisme, celui de la surveillance. Shoshana Zuboff. Framablog. 28 mars 2017.
"le capitalisme de surveillance dépasse les États ou toute forme de centralisation du pouvoir. Il est informel et pourtant systémique. Shoshana Zuboff nous donne les clés pour appréhender ces processus globaux, partagé par certaines firmes, où l’appropriation de l’information sur les individus est si totale qu’elle en vient à déposséder l’individu de l’information qu’il a sur lui-même, et même du sens de ses actions." - Surveiller et prédire, La Vie des idées, 7 mars 2019
"À propos de : Shoshana Zuboff, The Age of Surveillance Capitalism. The Fight for a Human Future at the New Frontier of Power, Public Affairs" - Bienvenue dans l'ère du capitalisme de surveillance, France Culture, 7 mars 2019
"Shoshana Zuboff développe, dans son dernier ouvrage, l'idée d'un capitalisme de surveillance, qui aurait remplacé le capitalisme industriel, et dont l'originalité serait d'orienter et d'exploiter nos préférences personnelles à son profit. " - Un capitalisme de surveillance, Shoshana Zuboff, Le Monde diplomatique, janv 2019
"L’industrie numérique prospère grâce à un principe presque enfantin : extraire les données personnelles et vendre aux annonceurs des prédictions sur le comportement des utilisateurs. Mais, pour que les profits croissent, le pronostic doit se changer en certitude. Pour cela, il ne suffit plus de prévoir : il s’agit désormais de modifier à grande échelle les conduites humaines."
le moyen le plus sûr de prédire le comportement reste d’intervenir à la source : en le façonnant. J’appelle « économies de l’action » ces processus inventés pour y parvenir : des logiciels configurés pour intervenir dans des situations réelles sur des personnes et des choses réelles. Toute l’architecture numérique de connexion et de communication est désormais mobilisée au service de ce nouvel objectif. Ces interventions visent à augmenter la certitude en influençant certaines attitudes : elles ajustent, adaptent, manipulent, enrôlent par effet de groupe, donnent un coup de pouce. Elles infléchissent nos conduites dans des directions particulières, par exemple en insérant une phrase précise dans notre fil d’actualités, en programmant l’apparition au moment opportun d’un bouton « achat » sur notre téléphone, en coupant le moteur de notre voiture si le paiement de l’assurance tarde trop, ou encore en nous orientant par GPS dans notre quête de Pokémon. « Nous apprenons à écrire la musique, explique un concepteur de logiciels. Ensuite, nous laissons la musique les faire danser. Nous pouvons mettre au point le contexte qui entoure un comportement particulier afin d’imposer un changement... Nous pouvons dire au réfrigérateur : “Verrouille-toi parce qu’il ne devrait pas manger”, ou ordonner à la télé de s’éteindre pour que vous vous couchiez plus tôt. » (Shoshana Zuboff)